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Aujourd’hui, la Libye a l’air d’un pays normal, raconte Francesca Mannocchi. La capitale, Tripoli, par exemple, avec les parents qui amènent leurs ­enfants à l’école, son bord de mer baigné par les brumes matinales, ses larges avenues sillonnées par des voitures de luxe et ses grands hôtels…

La chute de Mouammar Kadhafi, ce dictateur aussi fantasque que sanguinaire, remonte à 2011 ; la guerre civile opposant différentes milices, à 2014 ; et la dernière tentative – avortée – du maré­chal ­Haftar, basé à Tobrouk, en Cyrénaïque (dans l’ouest du pays), pour ­reprendre ­Tripoli date de 2019. Depuis, des pourparlers ont lieu entre les ennemis d’hier, et un semblant de normalité règne sur ce pays richissime, grand comme trois fois la France et qui tire l’essentiel de ses ­revenus des hydrocarbures.

Et pourtant, poursuit cette journaliste italienne spécialiste du monde arabo-­musulman, la situation n’est nullement apaisée. « Dans ce pays, il faut creuser les apparences pour trouver la vérité », écrit-elle dans Libye, le ­magistral récit graphique qu’elle signe avec son compatriote, le dessinateur ­Gianluca Costantini. Et, plus loin : « Tout ce qui semble évident de l’autre côté de la mer, en ­Europe, apparaît ici fluctuant et ­nébuleux. »

En sept chapitres qui racontent sept histoires distinctes et pourtant com­plémentaires pour assembler le puzzle de cette réalité complexe, les deux auteurs s’emploient à démontrer que tout ce que nous savons – ou pensons savoir – sur les migrants, les passeurs, les milices, le jeu des alliances et même sur le lourd héritage de l’ère Kadhafi, cette époque où la Libye était une « dictature de l’abondance », ne sont qu’idées reçues et chimères dans le brouillard des matins de Tripoli. « Quand le brouillard se dissipe, voilà la Libye que je vois… là où ombres et lumières se confondent… où le bien et le mal se chevauchent… où les rôles et les alliances basculent en un battement d’ailes », poursuit Mannocchi.

Prenons le chapitre consacré à Isaa, le garde-côtes de Garabulli (Castelverde), petit port tristement célèbre de la Méditerranée d’où partent, après des semaines de calvaire dans les centres de rétention locaux, des milliers de migrants en direction de l’Italie. Il raconte le système bien huilé du trafic, son impuissance, l’inaction de ses supérieurs et les noyés qu’il n’a pas pu sauver. Tous les jours, il croise son ami d’enfance, Hafed, qui est un ­acteur essentiel de ce trafic : en Europe, on l’appellerait un « passeur ». Un qualificatif qui le fait sourire : non, aucun de ses collègues ne montera jamais dans un tel rafiot pour escorter les migrants. Le « passeur » est toujours l’un d’entre eux, plus dégourdi que les autres, parlant un peu l’arabe et à qui l’on donne une boussole pointée sur Lampedusa.
Hafed n’est qu’un des maillons de la chaîne, et il n’a aucun sentiment de culpabilité – il pense même qu’il est indispensable. Il fait partie de cette ­armée de petites mains dans ce trafic, qui alimente les caisses des seigneurs de guerre et des fonctionnaires corrompus. À part les ­hydrocarbures, le trafic d’êtres ­humains est le seul secteur en Libye qui fonctionne et qui recrute à tour de bras. Et les migrants sont les seuls pourvoyeurs de liquidités dans un pays ­pourtant richis­sime mais dont les habitants sont obligés de faire tous les matins la queue pour retirer quelques ­dinars dans des banques sous le contrôle des milices. Ou, comme le dit l’un des nombreux Libyens à qui les deux auteurs donnent la parole, après avoir été dirigé par une main de fer pendant plus de quarante ans par un ­dictateur, la Libye d’aujourd’hui est deve­nue le terrain de jeu de « beaucoup de petits Kadhafi ».  

— Books

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C’est une histoire rocam­bolesque. La duchesse de Berry, dont le fils Henri pouvait prétendre au trône de France, avait tenté de conduire une rébellion contre le régime de Louis-­Philippe. Assail­lie par les forces de police, retranchée à Nantes dans un lieu tenu secret, elle fut trahie par un juif converti au catholicisme, Simon Deutz, moyennant une somme énorme extorquée à Thiers. On était le 6 novembre 1832.
Ce sympathique garçon, fils du grand rabbin de France, était un raté fantasque. L’histoire aurait pu en rester là si sa qualité de juif, bien que converti, ne lui avait pas valu de déclencher une vague d’antisémitisme.

Le grand Victor Hugo lui-même a donné de sa plume :
« Juif : les impurs traitants
à qui l’on vend son âme
Attendront bien longtemps avant qu’un plus infâme
Vienne réclamer d’eux, dans quelque jour d’effroi,
Le fond du sac plein d’or qu’on fit vomir sur toi ! »1

L’historien Maurice Samuels, de l’université Yale, voit là le point de départ de ce qu’il appelle l’antisémitisme moderne, et qui allait, soixante ans plus tard, déclencher l’affaire Dreyfus. Selon lui, c’est « le moment où les stéréotypes modernes du juif ont cristallisé dans l’imaginaire collectif. Simon Deutz est le chaînon manquant entre Judas et Dreyfus ».

De fait, une gravure de 1836 le représente avec une peau sombre, des cheveux frisés et des lèvres épaisses, le faisant apparaître mi-juif, mi-africain. Entre-temps, Deutz, renié par les catholiques, s’était reconverti au judaïsme et, réfugié à Londres, avait publié un pamphlet grotesque intitulé Arrestation de Madame.

L’affaire semble être un peu tombée dans l’oubli jusqu’à ce qu’Édouard Drumont la fasse renaître, un demi-siècle plus tard, dans son ouvrage antisémite La France juive, publié en 1886 : « Un homme a vendu un Dieu qui venait porter au monde des paroles de miséricorde et d’amour, il s’appelait Judas, et il était Juif. Un homme a vendu une femme qui s’était confiée à lui, il s’appelait Simon Deutz, et il était Juif. » Entre 1890 et 1910, la presse consacre plus de 250 articles au cas Deutz et, sous Vichy, un journal publie un numéro entier à son sujet.

La thèse de Samuels est contestée par un autre historien américain, David A. Bell, de l’Université de Princeton. « Si Deutz n’avait pas trahi la duchesse, la cristallisation ne se serait-elle pas produite ? On peut en douter », écrit-il dans The New York Review of Books. Et il ajoute : « Si cette affaire a été si déterminante, pourquoi a-t-il fallu un demi-siècle pour qu’elle prenne toute sa dimension dans l’imaginaire antisémite français ? » Il observe d’ailleurs en passant que Samuels ne cite pas la suite du poème de Victor Hugo :
« Ce n’est pas même un juif ! C’est un païen immonde,
Un renégat, l’opprobre et le rebut du monde,
Un fétide apostat, un oblique étranger ». 

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Notre meilleur et plus ancien article d’expor­tation culturelle ? Montaigne à coup sûr – mais pas partout. À Rome, par exemple, le Gascon n’était pas trop bien vu ; sur l’avis « d’aucun frater François », il avait même été invité à « rhabiller » son texte pour en évacuer les choses « de mauvais goût » (en 1676, le Vatican le mettra carrément à l’index).

En revanche, en Angleterre, il semble que Montaigne soit devenu une star avant même d’être connu dans la France entière. En 1603 (onze ans après sa mort), la comtesse de Bedford, le pendant outre-Manche de la groupie française Marie de Gournay, commanditera ainsi sur ses deniers une traduction des Essais par l’Anglo-Italien John Florio. Cette traduction assez personnelle – par endroits presque une réécriture – révélera « l’Anglais caché chez Montaigne » (dit une autre groupie, contemporaine celle-là, Sarah Bakewell) et sera le vecteur de son influence chez dans le monde anglophone.

Non seulement le texte de Montaigne-Florio circulera partout dans les îles Britanniques, mais il y sera lu avec une telle attention qu’on a pu retrouver et étudier plus de 4 000 annotations portées dans les marges de ces exemplaires par les lecteurs du xviie siècle. Parmi ces derniers, le plus précoce et le plus notoire sera Shakespeare, dont on a cru retrouver la signature sur un volume des Essays (c’était un faux !) ; mais l’œuvre du dramaturge est bel et bien parsemée de références à Montaigne, des ambivalences qui paralysent Hamlet à la célébration des peuples premiers et de l’état de nature par Gonzalo dans La Tempête.

Le terme français « essai » (à prendre dans le sens de « tentative ») fera même l’objet d’une OPA britannique, essay devenant un mot – et un art – essentiellement anglais où s’illustreront entre autres le roi Jacques Ier (The Essayes of a Prentise, 1585) et Francis Bacon (The Essays, 1597). Mais bien d’autres grandes plumes d’outre-Manche se tremperont aussi dans l’encre des ­Essais : celles de Thomas Hobbes (qui partage avec Montaigne une vision mitigée de l’être humain), du mélancolique ­Robert Burton (qualifié de « Montaigne ­anglais »), de John Locke (lui aussi grand observateur de « l’état de nature »), de Samuel Johnson (autre méticuleux analyste de lui-même, mais dont l’introspection débouche sur un vertueux souci d’auto­réforme, et non sur la résignation goguenarde de son inspirateur français), de ­Laurence Sterne (dont le roman Tristram Shandy est tellement désorganisé et zigzaguant qu’on a pu le qualifier de « Montaigne sous stéroïdes »), et des William Hazlitt père et fils (commentateurs et éditeurs des Essais).

En traversant l’Atlantique, Montaigne et son œuvre vont encore gagner en notoriété et en influence. Plusieurs des pères fondateurs de la république américaine en seront en effet d’ardents lecteurs : Thomas ­Jefferson, John Adams, ­Alexander Hamilton et, surtout, le polygraphe Benjamin Franklin, qui lui aussi, écrit Daniel Brunstetter dans la revue Montaigne Studies, « charme ses lecteurs pour les amener à regarder le monde autrement ». « Et en nous montrant comment lui-même se considère et considère le monde, il nous apprend à nous étudier nous-mêmes », poursuit-il.

Curieusement, le plus grand promoteur au xixe siècle du truculent Gascon sera le très pieux et très pudibond ancien pasteur Ralph Waldo Emerson, auteur lui aussi d’essais et même d’un essay (au sens anglais) intitulé « Montaigne ou le sceptique ». Emerson, ardent nationaliste, s’agace pourtant de la popularité du Français : « Nous avons trop longtemps prêté l’oreille aux gracieuses muses de l’Europe. », déplore-t-il.

Pourquoi Montaigne plaît-il tant outre-Atlantique ? Parce que, écrit David Brooks dans The New York Times, « il ne cherche pas à créer une idéologie totalisante ni à conquérir le monde […]. Il se contente de s’observer lui-même avec une totale candeur, acceptant ses limites avec un ­aimable sourire. S’il a une mémoire défail­lante, il le dit. S’il a un petit ­pénis, il le dit […] L’honnêteté avec laquelle il s’examine génère une sorte d’équilibre clinique. Il est à l’aise avec la vie et même avec la mort […]. Si vous ne savez pas comment mourir, ne vous tracassez pas, la nature vous le montrera ».
Montaigne semble même séduire de plus en plus, notamment sur les campus, où pullulent les experts de son œuvre et où se multiplient les colloques et les sociétés savantes qui lui sont consacrés. Serait-ce parce que, au pays du politiquement correct, Montaigne est l’un des rares auteurs anciens à présenter quelques garan­ties ? Par exemple sa ­défense et illustration de l’état de nature – symbolisé, qui plus est, par l’Amérique elle-même, omni­présente dans les Essais (le Brésil des fameux Tupinambas, voire le Mexique des Aztèques, dont les descendants, comme le raconte le critique Pablo Sol Mora dans ­Letras libres, effectuent toujours un pèlerinage au château de Montaigne). Ou encore son « libéralisme », visible aussi bien dans la forme de son texte que dans les attitudes morales et intellectuelles qui s’y révèlent. Un libéralisme qui se manifeste même en matière d’éducation, au point que le chantre américain de « l’éducation libérale-progressiste », le fameux John Dewey, déclarait à 80 ans passés « vouloir suivre un cours sur Montaigne », dont il se sentait particulièrement proche (rejet des châtiments corporels et primat donné à l’expérience dans l’éducation notamment).

Et du libéralisme au protoféminisme il n’y a qu’un pas, que Montaigne a souvent franchi, donnant à ses lectrices locales le plaisir de l’entendre dire : « les mâles et les femelles sont sortis d’un même moule : ne seraient l’éducation et les usages, la différence ne serait pas grande »1, ou prôner aussi une certaine déconnexion entre l’amour et la sexualité, ou la stricte égalité hommes-femmes devant « les besoins du corps » et un droit égal à les satisfaire (il est moins paritaire s’agissant de l’accès au « savoir »).

Précurseur, Montaigne affirme déjà que le statut des femmes (et de femme) est largement une construction culturelle, si variable d’un peuple à l’autre qu’on en trouve certains où « ce sont les femmes qui pissent ­debout et les hommes accroupis » ! Mieux encore, il pousse l’amour de la fluidité intellectuelle et stylistique jusqu’à tolérer la fluidité des mœurs (on n’a pas fini de débattre de la nature exacte de son « amitié romantique » avec Étienne de La Boétie) et même celle des genres.

N’évoque-t-il pas avec grand intérêt le cas de cet homme de Vitry-le-François qui avait commencé sa vie comme fille avant qu’un jour, « en faisant un effort pour sauter, ses membres virils apparurent »2 ? Montaigne prolonge d’ailleurs cette anecdote en soulignant que « Marie Germain » n’avait pas forcément gagné au change et que, dans leurs chansons, les filles du coin « s’avertissaient de ne pas faire de trop grandes enjambées de peur de devenir garçons » ! Pas étonnant dès lors que les pionnières américaines des études de genre aient si tôt revendiqué notre penseur comme un des leurs, et que leur porte-drapeau, Judith Butler, ait accepté avec émotion d’être faite docteure honoris causa de l’université Bordeaux Montaigne. 

— J.-L. M.

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Longtemps, les astrophysiciens ont imaginé que l’Univers disparaîtrait dans un big crunch ou effondrement terminal (qu’ils n’attendent pas avant plusieurs milliards d’années). Dans un processus inverse à celui du big bang, il se contracterait sous l’effet de la densité de la matière accumulée et de la gravité combinée, précipitant planètes et étoiles, galaxies et trous noirs les uns contre les autres dans un enfer destructeur. Mais les données accumulées au fil des ans les ont conduits à changer leur fusil d’épaule : l’expansion de l’Univers semble ne pas avoir de limite.

Aujourd’hui, ils parient plutôt sur la mort thermique de l’Univers. Un scénario « long et angoissant », écrit l’astrophysicienne américaine Katie Mack. En se fiant aux lois de la thermodynamique, explique-t-elle dans The End of Everything (Astrophysically speaking), la perpétuelle expansion de l’Univers conduira les étoiles, les galaxies et même les trous noirs à tomber en ruine lentement, très lentement, par manque de matière et d’énergie, jusqu’à ce qu’il ne reste rien que quelques particules et une faible radiation.
Cette hypothèse n’est visiblement pas la préférée de Mack. Trop déprimant pour cette vulgarisatrice aguerrie, qui a fait de son tour d’horizon des théories sur la fin des temps un voyage drôle et entraînant. « Ce qui ressort d’abord du livre, c’est le plaisir que prend Katie Mack à parler physique, et il est contagieux », souligne Leah Crane dans l’hebdomadaire New Scientist.
Cette spécialiste des liens entre astrophysique et physique des particules décrit une foule de scénarios étranges impliquant des dimensions parallèles ou la collision de branes, des univers tridimensionnels décrits dans la théorie de cordes. « En marge, les théories cosmologiques avec le plus beau jargon et les noms les plus savants sont souvent les plus hypothétiques », relève James Gleick dans The New York Times.

Mack avoue sa préférence pour la théorie de la bulle de mort quantique, séduite par son côté « spectaculaire » et « far­felu ». Cette hypothèse repose sur l’idée que l’Univers n’est pas totalement stable et qu’une perturbation pourrait bouleverser tout le reste. Au fin fond de l’espace naîtrait ainsi une sorte de bulle contenant un univers régi par de nouveaux principes physiques – bulle qui grossirait à la vitesse de la lumière, pulvérisant tout sur son passage. Une fin instantanée, indolore et, surtout, imprévisible.

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Dans Söndagsvägen, un ­roman de non-fiction, l’historien ­Peter ­Englund sort de l’oubli un meurtre qui défraya la chronique en Suède, en 1965. Alors que le pays bâtissait avec optimisme cet État-providence qui allait devenir un modèle à l’étranger, Kickan Granell, une lycéenne blonde de 18 ans, était violée et tuée chez elle alors que ses parents étaient en vacances en Espagne.

Le drame se déroula sur la ­Sondags­vägen, la « route du dimanche », dans une de ces petites maisons qui fleurissaient dans les nouvelles banlieues de Stockholm. « Ce meurtre d’une innocente contrastait avec l’image que la Suède se faisait alors d’elle-même », celle d’une nation moderne et meilleure, résume Aftonbladet, quotidien proche du Parti social-démocrate, tout puissant à l’époque. Ce fait divers, ajoute-t-il, est aussi « le symbole de ce que le pays risquait de devenir ».

Le quotidien Dagens Nyheter s’intéresse davantage au profil du coupable présumé, un désé­quilibré autrichien qui avait voulu se venger après avoir été éconduit par une autre jeune femme blonde. « La plongée dans la psyché du meurtrier rend l’histoire de Peter Englund inhabituellement effrayante », écrit le journal. Membre de l’Académie suédoise et fan de Georges ­Sime­non, l’auteur « se plaît aussi à brosser les portraits » de bon nombre de personnages impliqués dans ­l’affaire. 

[post_title] => Meurtre en banlieue [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => meurtre-en-banlieue [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:44:36 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:44:36 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101436 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Le journaliste indien ­Ashutosh Bhardwaj a passé près de dix ans à arpenter les forêts du ­Bastar, dans l’État du ­Chhattisgarh, sous contrôle des insurgés maoïstes ou « naxalites ». Ce territoire est habité par des populations aborigènes, les Adivasis, ­victimes ­collatérales du conflit qui agite cette région depuis les années 1960.

Ashutosh Bhardwaj y a vu de ses propres yeux les corps mutilés de quelque 200 Adivasis, victimes des exactions de la police, de la milice Salwa Judum, proche du gouvernement, et parfois aussi des maoïstes eux-mêmes, rappelle Partha P. Chakrabartty sur le site d’information The Wire. Il en rend compte dans The Death Script avec une précision qui peut parfois paraître « excessive », mais qui procède d’un souci de rigueur.

« Il existe aujourd’hui de nombreux livres sur le “conflit naxalite”, cette expression qui évite de parler de guerre civile pour désigner les violences commises dans le centre de l’Inde depuis maintenant quelques décennies », observe Supriya Nair dans le quotidien Mumbai ­Mirror. Contrairement à la plupart d’entre eux, The Death Script n’est pas un document, « même s’il ­apporte des éléments factuels neufs et bouleversants », ajoute Nair, qui voit plutôt dans ce livre un « exorcisme ».

« Citoyen urbain de l’Inde moderne, hindou de haute caste », écrit-elle, l’auteur assume sa condition privilégiée pour faire entendre les voix des aborigènes (hors castes), des combattants maoïstes, parfois des miliciens – voix habituellement inaudibles dans les médias, restituées ici sous forme de fragments.

Comme le note encore Supriya Nair, Ashutosh Bhardwaj pointe la responsabilité de l’Indien des villes dans les violences perpétrées sur les Adivasis, dont les terres riches en minerais sont convoitées par les grandes sociétés du pays. 

[post_title] => Le calvaire des Adivasis [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-calvaire-des-adivasis [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:43:57 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:43:57 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101433 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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À la fin de la guerre d’Espagne, quand la Catalogne tombe aux mains des forces franquistes, ­Julián Fuster Ribó décide de fuir en URSS. Ce chirurgien barcelonais, affilié au Parti communiste, est alors séduit par le soutien que les Soviétiques ont apporté au camp républicain.

Mais quelques années d’exercice au sein de l’Institut de neurochirurgie de Moscou auront raison de ses illusions. Ses critiques du culte de la personnalité de Staline lui valent de se retrouver dans le collimateur la police politique. En janvier 1948, il est arrêté, interrogé, torturé et condamné pour « espionnage » et « propagande antisoviétique ». Il passera sept ans dans le camp de travail de Kengir, au Kazakhstan, avant d’être libéré en 1955.

Dans Cartas desde el Gulag, l’historienne Luiza Iordache Cârstea retrace l’itinéraire de Julián Fuster Ribó et évoque les 345 Espagnols qui, comme lui, furent envoyés au Goulag après avoir trouvé refuge en Union soviétique. Par l’entremise du fils de Fuster, l’auteure a eu accès à ses archives personnelles, notamment à des lettres adressées à une femme aimée dans lesquelles il décrit par le menu la rudesse de la vie ­concentrationnaire.

Étant donné la rareté des témoignages d’anciens détenus des camps soviétiques, l’historien Juan Avilés qualifie ces lettres de véritable « trésor ». Un trésor d’autant plus précieux que le médecin espagnol « a vu de ses yeux un épisode célèbre de l’histoire du Goulag : le soulèvement du camp de Kengir au printemps 1954 », souligne-t-il dans le magazine El Cultural.

Jusqu’à présent, l’un des seuls récits connus de cet événement était celui d’Alexandre ­Soljenitsyne. Dans son Archipel du Goulag, un certain « Fuster l’Espagnol » est mentionné en passant – le voilà désormais tiré de l’oubli. 

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Au fil des pages de Rummage, le lecteur tombe sur des chaussettes en laine de poils de chien, des parchemins du Moyen Âge recyclés en cerfs-volants ou en papier toilette, une autoroute dont le revêtement est composé de 2 millions d’exemplaires invendus de romans à l’eau de rose de la collection Harlequin.

Des « objets merveilleusement bizarres, sauvés de la décharge » par l’historienne Emily Cockayne pour « retracer l’évolution des pratiques en matière de consommation et de recyclage », résume Caroline Crampton dans The ­Spectator.

« Il n’y a, selon Emily Cockayne, pas de progrès linéaire, pas d’âge d’or où tout le monde triait automatiquement les déchets de la maisonnée et passait sa soirée à transformer des épées en socs de charrue parce que c’était la bonne chose à faire », relève ­Kathryn Hughes dans The ­Guardian. Dans l’Angleterre d’Henri VIII, qui se voulait celle de la surabondance, jeter était même un devoir. 

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Entre les années 1960 et le début des années 1990, les forces de ­sécurité sud-africaines ont édité une sorte de trombinoscope rassemblant les photos d’iden­tité des opposants au régime de l’apartheid. Plus de 7 000 portraits figuraient dans ce qu’elles appelaient « l’album terroriste ».

« Officiellement, la police utilisait ce livret uniquement pour surveiller les personnes qui quittaient le pays sans autorisation. Mais, si votre photo y figurait, vous étiez considéré comme un terroriste », note l’historien sud-africain Jacob Dlamini dans The Terrorist Album. « Cet ouvrage passionnant montre à quel point l’album était un outil de pouvoir et de surveillance pour l’État », précise Bon­gani Kona dans le magazine américain The Baffler.

En 1993, quand il a senti sa fin approcher, le régime a détruit 44 tonnes de documents. Seuls trois exemplaires de l’album en ont réchappé. Certains policiers que Dlamini a rencontrés clament encore que ce livret, mis à jour tous les six mois, n’était qu’un aide-mémoire pour traquer les fugitifs. Mais il « faisait partie de l’offensive du régime contre ses opposants », note Kona. « Être considéré comme un terroriste par les forces de sécurité, c’était vivre dans l’ombre de la mort. Cela signifiait que vous pouviez périr dans une explosion, un mardi après-midi, avec votre paire de chaussures italiennes préférée aux pieds ». C’est ce qui est arrivé en 1982 à Ruth First.

L’universitaire exilée au Mozambique a reçu un colis piégé à son bureau. Sa photo était dans l’album. 

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Les aéroports, les décharges, les camps de réfugiés, les terrains vagues sous les échangeurs auto­routiers, les espaces de rassemblements éphémères (comme la Theresienwiese, à Munich, où se tient l’Oktoberfest) : autant de lieux qui n’en sont pas, selon l’architecte et poétesse tchèque Anna Beata Háblová.

Dans son nouveau livre, elle emprunte à l’anthropologue français Marc Augé le concept de « non-lieu » pour parler de ces endroits négligés, laids, inhospitaliers que les citadins refusent de voir parce qu’ils les mettent mal à l’aise.

« Chaque chapitre commence par une histoire poétique, qui lie l’atmosphère d’un lieu au sort de l’un de ses habitants ou usagers. Et, une fois qu’elle a accaparé notre attention, l’auteure nous guide en urbaniste expérimentée pour nous proposer des solutions censées améliorer la situation sociale et environnementale », écrit la revue culturelle Artalk, spécifiant bien qu’il ne s’agit là en aucun cas de faire disparaître ce qui peut aussi être des espaces de vie communautaire, de créativité ou même des refuges pour les marginaux. Certes, ces zones sont le résultat d’une mauvaise conception urbaine, mais ils sont aussi les « derniers îlots de ­liberté dans des villes surcontrôlées », écrit Anna Beata Háblová. 

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