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En le gardant enchaîné la nuit, son propriétaire croyait prévenir toute tentative d’évasion. C’était mal connaître Samuel Long, jeune esclave noir dans la Virginie des années 1840. Pour se libérer, il se tranche une main d’un coup de hache et, comme il faut tout de même cautériser le moignon sanglant, il le plonge dans du goudron. Puis c’est la fuite vers le nord. Un fugitif à Walden raconte la rencontre entre ­Samuel et certains des plus grands noms des lettres américaines de l’époque – Thoreau, Emerson, Hawthorne –, qui forment alors un cercle de philosophes transcendantalistes. Quand Thoreau part vivre dans une cabane dans la forêt, expérience qui le rendra célèbre, Emerson confie à ­Samuel la mission de veiller sur lui. Une amitié se tisse peu à peu.
Écrit du point de vue du fugitif, le roman met à nu les contradictions d’intellectuels progressistes confrontés à un esclave de chair et d’os. « Dans un épisode remarquable, rapporte Benjamin Miller dans la Colo­rado Review, Thoreau, Hawthorne et Samuel Long remontent une rivière en barque. Au cœur d’un décor enchanteur, les deux hommes blancs échangent des réflexions philosophiques et se relaient à l’une des rames. Ils oublient complètement que Samuel s’échine sur l’autre rame depuis le début – le fait qu’il trime est normal à leurs yeux. » 

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Cela se passe dans une île imaginaire de la mer Égée au début du xxe siècle. Survient une épidémie de peste, comme l’Empire ottoman en connaissait encore en effet à cette époque (ainsi que le choléra). Orhan Pamuk travaillait à ce dernier roman depuis quatre ans quand l’épidémie de Covid-19 est arrivée. Elle l’a obligé à repenser ses personnages, pour mieux rendre compte d’un sentiment qu’il avait négligé, la peur. La peste et la peur : une double réalité qui lui sert aussi de métaphore pour évoquer la situation actuelle en Turquie. « Quelque chose de tout à fait nouveau s’est produit ces derniers temps dans ce pays, confie-t-il à The Economist dans sa maison au bord du Bosphore : ce sont ces silences qui s’installent quand le nom du président Erdoğan est prononcé. Avant, on pouvait sortir une méchanceté dans un taxi ou au supermarché. Maintenant, c’est le silence. »
Après cette visite, il avait rendez-­vous avec un journaliste d’une chaîne de télévision de l’opposition qui venait de passer un an en prison pour des motifs inventés de toutes pièces. Quelques jours plus tôt, ce journaliste avait vu arriver dans son studio un homme dont les doigts avaient été brisés par des sbires à la solde du gouvernement pour avoir osé critiquer le régime. « Ils mettent tout le monde en prison, mais, comme cela ne suffit pas, ils les tabassent », dit le Prix Nobel de littérature. Lui-même n’a plus été sollicité par les grands médias turcs depuis 2017. 

[post_title] => La peste façon Pamuk [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => la-peste-facon-pamuk [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-07-01 07:02:43 [post_modified_gmt] => 2021-07-01 07:02:43 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=105075 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Encore un livre sur Amazon ? N’a-t-on pas déjà tout dit sur l’effrayante démesure et les pratiques très critiquables du géant du commerce en ligne ? L’ouvrage du journaliste Alec MacGillis reprend un certain nombre d’accusations qu’on a pu lire ailleurs (et qui n’ont rien perdu de leur pertinence) : des employés sous-payés (l’auteur ­relève qu’aux États-Unis ils sont des milliers à être éligibles à l’aide alimentaire) et mal traités (blessures à répétition, pauses inexistantes ou trop courtes, au point que l’un d’entre eux raconte ­devoir uriner dans un coin de l’entrepôt, dissimulé par son chariot élévateur), un talent inouï pour engranger des milliards sans payer d’impôts (mieux : en obtenant des subventions publiques en tout genre)… Mais MacGillis explore aussi un aspect plus inattendu : la façon dont Amazon aurait refaçonné le territoire américain. Pour le pire.
« L’Amazon que dépeint son livre est à la fois cause et métaphore, note Jennifer Szalai dans The New York Times. C’est l’un des moteurs de l’inégalité régionale croissante qui bride le sentiment de solidarité natio­nale. L’entreprise exacerbe la concentration économique en canalisant l’argent vers les régions les plus riches du pays, comme Seattle et Washington. Résultat : une prospérité galopante pour certains Américains et une précarité implacable pour d’autres. » Seattle, où Amazon a son siège social, est ainsi devenue une ville inabordable où seuls les plus fortunés peuvent s’acquitter des loyers délirants. Les sans-abri y prolifèrent en même temps que les cafés sophistiqués, dont l’un ne sert que les chiens.
Rendre Amazon responsable de cette explosion des inégalités sociales et géographiques, n’est-ce pas cependant lui faire un peu trop d’honneur ? Certes, avec ses 800 000 salariés, l’entreprise est le deuxième plus gros employeur des États-Unis après Walmart. Et, comme le rappelle Vauhini Vara dans The Atlantic, « le nombre d’abonnés à son service Prime est supérieur au nombre de personnes ayant voté pour Donald Trump ou Joe Biden lors de la dernière élection : plus de 100 millions, selon des estimations récentes ». Mais les problèmes auxquels font face les divers interlocuteurs de MacGillis « semblent découler de forces qui dépassent la seule influence d’une entreprise en particulier : la mondialisation, la gentrification, la crise des opioïdes », poursuit Vara.
Dans The Washington Post (journal appartenant à Jeff ­Bezos, le PDG d’Amazon), James Kwak met en avant la complaisance générale dont bénéficie la firme : « Cela fait des années que nous savons comment elle traite ses travailleurs, met ses vendeurs sous pression, dévaste les ­petites entreprises et extorque de l’argent aux collectivités locales. Nous n’en sommes pas heureux, mais nous continuons à acheter sur ­Amazon. Qu’est-ce que cela dit de nous ? » 

[post_title] => Au pays d’Amazon [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => au-pays-damazon [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-07-01 07:02:43 [post_modified_gmt] => 2021-07-01 07:02:43 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=105188 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Philip Matyszak est de ces auteurs qui cherchent à rapprocher l’Antiquité de nous, à la rendre aussi vivante et concrète que possible. Son dernier livre, 24 Heures dans l’ancienne Athènes, nous fait découvrir la plus brillante des cités-États grecques comme aurait pu le faire une sorte de Guide du routard de l’époque, note Ed King dans The Sunday Times : « Matyszak y dispense beaucoup de conseils avisés (ne jamais prendre la route de Delphes sans un bon bâton et un âne paisible) et d’anecdotes amusantes (deux Spartiates survécurent à la bataille des Thermopyles – l’un d’eux se suicida de honte). »
Le livre est centré sur l’âge d’or que connut Athènes, au sommet de sa puissance et de son rayonnement entre la fin des guerres médiques et le début de la guerre du Péloponnèse, même s’il est fait allusion à des événements dépassant largement ce cadre. On y suit, au fil des chapitres, des personnages appartenant à toutes les strates de la société : de l’esclave au hoplite et au capi­taine de ­navire en passant par le médecin, la poissonnière, la danseuse ou encore la sorcière. Les grands noms de l’époque ne sont pas oubliés, tel le jeune Platon, ­excellent lutteur mais chanteur médiocre à cause de sa « voix faible et criarde ». 

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Condamné en appel comme organisation criminelle en octobre 2020, le parti néonazi grec Aube dorée a vu ses principaux responsables emprisonnés pour meurtre. Figure centrale de cette affaire historique, l’avocat de l’accusation Thanásis Kambagiánnis dresse le réquisitoire implacable de ces « loups » aux portes du pouvoir dès 2012. Il leur oppose la « solidarité du monde des abeilles », en rendant hommage aux adolescentes grecques et aux immigrés qui témoignèrent à ­visage découvert. La revue culturelle en ligne Lifo prescrit cette « leçon de démocratie » qui « sort de la cour d’appel pour dialoguer avec l’Histoire » et mériterait d’être enseignée en classe. Selon cette revue, « la puissance sereine de la parole de l’avocat fait face à la force brute » symbolisée par l’assassinat en pleine rue du rappeur antifasciste Pávlos Fýssas en 2013.
D’une haute teneur politique, ce plaidoyer révèle comment ratonnades et exactions, loin d’être des actes isolés, furent méthodiquement organisées et bénéficièrent du soutien tacite de la police. Célé­brant une « précieuse source de force morale », le site d’information ­AlterThess appelle à y puiser au-­delà du procès. 

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L’avantage incomparable de l’histoire romaine ? Avoir un début, un milieu et une fin ; constituer donc un objet d’étude complet et, de ce fait, un modèle pour comprendre les histoires qui, comme la nôtre, ne sont pas (encore) finies. Dans son Histoire incorrecte de Rome, Giusto Traina ne déroge pas à ce principe au moins aussi vieux que les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, de Montesquieu. « De te fabula narratur » (« C’est de toi que parle cette histoire »), annonce d’emblée son premier chapitre, qui, comme les suivants, a pour titre une citation latine. Et Traina d’expliquer sa démarche : « Nous allons essayer de comprendre pourquoi nous sommes tous concernés par l’histoire romaine. » Plus qu’une nouvelle histoire de Rome, il nous propose une promenade à travers une grande variété de thématiques, « une galerie de personnages et d’épisodes », selon les termes de Ludovica Virgili sur le site culturel PuntoZip. Dans un entretien publié sur un autre site culturel italien, Letture, Traina note que « la logique du monde universitaire tend à récompenser ceux qui se concentrent sur des thèmes étroits ». Son ouvrage se veut, lui, accessible, ludique (il est illustré de dessins et de photos) et tout sauf étriqué quant aux sujets qu’il aborde.
On y découvre ou, plutôt, redécouvre (Traina ne prétend pas révolutionner l’interprétation de l’histoire romaine) « comment Romulus a fondé la Ville éternelle en accueillant des migrants. Comment César a exterminé plus de 400 000 Germains pour sécu­riser ses frontières. Comment le fait de piétiner les bouches d’égout romaines portant l’inscription SPQR équivaut à un crime de lèse-majesté. Comment le concept de jus soli [droit du sol] est une élaboration des juristes médiévaux. Et, enfin, comment pas moins de 210 raisons différentes ont été invoquées pour expliquer la chute de l’Empire », résume Virgili.
Parmi cette pléthore d’hypothèses, Traina tord le cou à celle du saturnisme, qui voudrait que les Romains aient fini empoisonnés par leurs canalisations en plomb : trop déterministe. Les arguments avancés récemment par l’Américain Kyle Harper en faveur d’un refroidissement climatique ayant entraîné des épidémies ne trouvent pas davantage grâce à ses yeux [lire « Froid, épidémies, la fin de l’Empire romain », Books n° 95, mars 2019]. Ce débat est étroitement lié à une autre controverse : on sait que la partie occidentale de l’Empire tomba en 476, bien plus tôt que la partie orientale. Mais à partir de quand cette partie orientale, qui devait survivre formellement jusqu’en 1453, a-t-elle cessé d’être vraiment « romaine » ? Traina tranche pour l’époque de Justinien, lequel fut, selon lui, sinon le « dernier Romain », du moins le « dernier empereur à avoir ­tenté de restaurer le grand empire ­méditerranéen ». 

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L’Écossais Graham Bell a inventé le téléphone en cherchant le moyen d’aider les sourds à communiquer. Sa mère, pianiste, avait perdu l’ouïe enfant et lui avait appris le langage des signes. Son père avait créé un système de transcription phonétique, le Visible Speech, qui décrivait les mouvements de la bouche et de la gorge pour encourager les sourds à apprendre à parler. Adolescent, Graham fabriqua avec son frère un automate simulant la parole. Entraîné par son père, il devint un spécialiste de l’enseignement du Visible Speech.
Lorsque, émigré en Amérique, il inventa le téléphone, il y vit surtout l’opportunité de gagner de l’argent pour mieux se consacrer à la communication entre sourds. Il se maria avec une sourde et créa une école pour les sourds, qu’il dut fermer après s’être rendu compte que l’apprentissage du Visible Speech était préjudiciable au développement des enfants. S’étant par ailleurs passionné pour les questions d’hérédité, il publia un article scientifique dans lequel il s’inquiétait que les mariages entre sourds créent une « variété déficiente de la race humaine ». Sans aller jusqu’à approuver une loi interdisant ces mariages, il participa activement au mouvement eugéniste. 

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Après avoir publié trois romans remarqués, le Mexicain Emiliano Monge s’essaie à un genre qui, bien que très prisé en France, reste relativement marginal en Amérique latine : l’autofiction. Son histoire familiale telle qu’il la raconte dans Omissions contient, il faut le dire, son lot de personnages romanesques. Dans la famille Monge, vous avez le grand-père, Carlos Monge ­McKey, qui, parce que sa vie l’ennuie, décide de mettre en scène sa mort et de recommencer une nouvelle existence incognito. Vous avez aussi le père, Carlos Monge Sánchez, qui déserte son foyer pour s’enrôler dans la lutte armée révolutionnaire. Et voici enfin le fils, Emiliano Monge, l’auteur du présent récit, qui semble avoir hérité d’un certain penchant pour la disparition et la fuite en avant.
« Ce roman échappe aux pièges de l’autofiction, tellement à la mode en Europe », juge Antonio Ortuño dans la Revista de la Universidad de México. Le projet de Monge n’a rien à voir avec une « soumission névrotique du monde à l’ego de l’auteur », poursuit-il. Un avis partagé par Yanet Aguilar Sosa, qui, dans le quotidien El Universal, souligne que, « tout en dépeignant la vie d’une famille sur trois générations, l’écrivain parvient à retracer l’histoire du Mexique ». De fait, le récit de Monge court sur quelque soixante-dix ans et aborde la ­genèse du narco-État mexicain, la formation du puissant Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), ou encore ce que les hispanophones appellent El Halconazo, ce massacre, le 10 juin 1971, de près de 120 étudiants lors d’une manifestation à Mexico.
Au-delà de sa dimension historique, Omissions est vu par la presse mexicaine comme une analyse quasi sociologique des rapports familiaux. « Le roman montre très bien comment la plupart des pères mexicains se comportent avec leurs enfants : sans sensibilité ni affection. Cette rudesse empêche le développement d’une masculinité saine », observe Felipe Restrepo Pombo dans le mensuel Gatopardo. Le critique salue également l’habile structure narrative du roman. Et pour cause : Monge entremêle trois voix singulières – celle de son grand-père, celle de son père et la sienne – en variant les modes d’énonciation. La vie du grand-père est racontée à travers son supposé journal intime ; le récit du père prend la forme d’un dialogue ; et la version d’Emiliano Monge est livrée à la troisième personne. Ce dispositif « permet à l’auteur de prendre de la distance et de composer certains des passages autobiographiques les moins complaisants que j’aie lus ces derniers temps », note ­Nadal Suau dans El Cultural. De quoi rassurer ceux qui, quand ils entendent le mot « autofiction », sortent leur revolver. 

[post_title] => Autofiction, mais à la sauce mexicaine [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => autofiction-mais-a-la-sauce-mexicaine [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-07-01 07:02:43 [post_modified_gmt] => 2021-07-01 07:02:43 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=105202 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Le chasseur de rats qui donne son titre au roman est l’un de ces résis­tants norvégiens dont la tâche consistait à liquider les collaborateurs pendant l’occupation nazie du royaume, entre mai 1940 et le printemps 1945. Peu après la guerre, le dénommé Freddy fait part de ses doutes et désillusions. À travers ce probable alter ego, l’auteur « suggère qu’il n’y avait pas toujours une si grande différence entre les Norvégiens qui ont combattu les Allemands et ceux qui se sont retrouvés du mauvais côté », résume le quotidien Verdens Gang. Il y est aussi question d’injustices et d’erreurs commises après guerre.
Ce qui rend ce roman remarquable, pointent de concert les médias du royaume, c’est qu’il a été écrit en 1948 par l’un des plus grands ­héros de la résistance norvégienne. Max Manus préféra alors le garder dans un tiroir. Ce n’est que récemment, parce que la Norvège porte un regard moins manichéen sur cette période, que la famille de Manus (mort en 1996) décida de le faire paraître. « Il est tout à fait compréhensible que ce roman n’ait pas été publié à l’époque, c’était probablement la dernière chose que le public norvégien voulait entendre de la part du grand héros. On peut presque parler d’une opération de sabotage littéraire », estime le site de la radio-télévision publique NRK. S’il juge l’ouvrage « étrange et désordonné », le quotidien Dagbladet le trouve néanmoins « impressionnant » par sa dureté et l’honnêteté de son propos.

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Au départ, il s’agissait d’un fait divers terriblement banal mis au jour en 2007, en Moravie, par un homme dont le babyphone avait capté les sévices infligés dans la maison voisine à deux petits garçons et une petite fille. Et puis tout s’est compliqué. Anna, la fillette pourvue de deux couettes et de lunettes à monture épaisse, s’est avérée se prénommer Barbora et être une musicienne de 33 ans. Puis Barbora-­Anna s’est enfuie. Elle a été retrouvée en Norvège. Où elle était devenue Adam, 13 ans, crâne rasé, toujours maltraité… Alors, Barbora-Anna-­Adam, victime ou instigatrice de son propre martyre ? Les autres protagonistes de l’affaire sont tout ­aussi troubles. Son père, d’abord : le leader d’une brigade scoute d’extrême droite, dissidente du Mouvement du Graal. Ses inféodés, ensuite : une flopée de personnalités locales mouillées jusqu’au cou dans cette histoire de… fanatisme mystique ? Réseau pédocriminel ? Manipulation psychologique ? Ou tout ça à la fois ? De révélations en élucubrations, l’affaire dite de Kuřim allait passionner les Tchèques pendant de longs mois.
« Le 3 avril 2008, MF Dnes titrait : “La police a bouclé l’enquête, le dossier fait plus de 6 000 pages.” Six mois plus tard, les six principaux protagonistes font l’objet d’un procès. Quatre femmes et deux hommes sont alors condamnés à des peines allant de cinq à dix ans de prison ferme pour mauvais traitements infligés à des enfants. On ne connaîtra jamais le motif qui les a poussés à agir. » Vojtěch Mašek, Marek Šindelka et Marek ­Pokorný annoncent la couleur dès la préface de L’Étrange Cas Barbora Š. Les auteurs de ce roman graphique ont enquêté pendant six ans sur l’affaire. Au fil de leurs recherches, ils ont renoncé à leur projet de BD strictement documentaire pour y mêler de la fiction, mettre en scène leur version des faits (il s’agissait selon eux de créer une sainte en transformant une adulte en petite fille dotée d’une intelligence hors norme et d’un passé de martyre) et leurs propres états d’âme de voyeuristes (d’après Radio ­Praha, la journaliste Andrea est le personnage fictif qui représente les auteurs du livre dans « leur recherche de la vérité, mais aussi dans leur curio­sité malsaine qui transgresse souvent les limites de la dignité humaine »).
Et c’est ainsi que, à travers leur triple regard, l’un des faits divers « les plus bizarres et sinistres de l’histoire tchèque moderne », selon la BBC, a engendré « une œuvre magnifique, au sommet de la BD tchèque » (pour la revue iLiteratura), qui marque « un tournant narratif et stylistique sans précédent dans le pays » (aktualně.cz). Son dessinateur, Marek Pokorný, comparé au pape de la BD indépendante américaine Chris Ware, est particulièrement porté aux nues, iLiteratura saluant « des partis pris peu orthodoxes, avec des pages qui se lisent de gauche à droite, mais aussi de haut en bas, en cercles ou en toile d’araignée ». ­L’album a été sacré meilleure BD de l’année en 2018. Barbora, elle, a été libérée et dotée d’une nouvelle identité. 

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