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«La liberté ou la mort » fut leur devise. En 1821, les Grecs s’arment pour une révolution qui, après dix ans de guerre, fera naître un État indépendant. Fourmillant de héros et d’héroïnes, de faits d’armes et de sacrifices, ce soulèvement représente le moment fondateur de la nation grecque. Alors que la Turquie affirme un néo-otto­manisme toujours plus menaçant, le bicentenaire est aujour­d’hui célébré avec éclat et donne lieu à la publication d’une profusion d’ouvrages. Légèrement dépassée par ce phénomène, la presse multiplie les listes des « dix meilleurs livres à lire sur 1821 ». Ceux-ci se révèlent d’une intense variété, allant de l’histoire universitaire aux bandes dessinées en passant par les romans, la poésie, les essais de droit et les biographies. Deux siècles plus tard, la Grèce revient puiser à cette « nouvelle naissance » pour mieux comprendre qui elle est.
La révolution contenait en germe les plus cruciaux des pro­blèmes qui agitent encore le pays : rôle de l’Église, profonds clivages idéologiques et éternelle hésitation face à l’Europe. Le site culturel Tetrágono évoque « Achèvement national et désunion. Le cas grec », de l’historien Giorgos Mavrogordátos, qui étudie l’affrontement, toujours d’actualité, entre « les meneurs traditionnalistes et les pro-européens ». Conflit géopolitique, la révolution déploie aussi une dimension de classe, parfois oubliée – mais pas par l’économiste marxiste Yannis Milios dans « 1821. Sur les traces de la nation, de l’État et de la Grande Idée », ouvrage recommandé par l’édition grecque du magazine Esquire.
Récit des origines, la révolution grecque tient du mythe. Ce qui n’échappe pas à l’érudite Athens Review of Books, dans laquelle le grand historien Thános Vérémis offre une galerie de portraits des grandes figures de la révolution. De son côté, le quotidien de centre gauche To Vima parle avec émotion du roman « Femmes intrépides de 1821 », qui met en scène « l’abnégation et l’héroïsme des femmes grecques face aux malheurs de l’esclavage, du déracinement et de la mort » lors de l’affrontement gréco-­ottoman. Dans la même veine, la revue culturelle en ligne Diasticho vante le recueil « 1821 dans l’œil d’écrivains contemporains », dont les récits « parviennent à offrir aux générations suivantes des leçons de vaillance sans pareille ».
Citons également le lien affectif que les Grecs entretiennent avec l’ambigu mais si populaire « bandit d’honneur » Geórgios Karaïskákis. Ce hors-la-loi sanguinaire et valeu­reux qui s’est farouchement battu contre les Ottomans est le protagoniste du roman à succès « Parfois diable, parfois ange », de Kóstas Akrívos. Le journal régional de Thrace Paratiritis tis Thrakis y voit « la manière la plus forte de dépeindre la vie quotidienne de la révolution, loin des descriptions officielles de l’histoire politique. » Inscrite dans les sensibilités, l’insurrection a rejailli sur toutes les formes artistiques. Le quotidien de référence Kathimerini offre une pleine page à l’ouvrage « 1821 et le théâtre », tandis que son supplément Arts fait de même pour l’anthologie « La poésie grecque de la révolution de 1821 ».
À rebours des livres entretenant la légende, le quotidien I Avghi (affilié au parti de gauche ­Syriza) signale « Les Femmes et la révolution de 1821 », de Vassiliki Lazou. L’historienne y adopte une approche moins chauvine et souligne que « les femmes, qu’elles aient été chrétiennes ou musulmanes, furent les premières victimes de la révolution ». Ce nouveau regard critique se retrouve aussi dans « 21 failles dans l’histoire officielle de 1821 », de Spiros Alexiou, chroniqué par le quotidien de gauche Efimerida ton Syntakton. Cet auteur – « qui ne mâche pas ses mots » – rappelle à ses concitoyens que les glorieux révolutionnaires ne dédaignaient ni la piraterie ni la contrebande. Leur brutalité ne valait-elle pas celle de leurs oppresseurs ?
Selon l’angle choisi, la révolu­tion se fait genèse de l’État, sou­lèvement populaire ou re­nais­sance d’une civilisation. Une synthèse reste possible, à l’image du dernier essai de Yannis Kiourtsakis, Le Miracle et la Tragédie, salué par la presse locale et traduit en français. Vive et brève, cette méditation sur 1821 et ses suites invite à songer à la capacité d’adaptation d’un peuple grec conscient de son singulier humanisme, enraciné dans l’Histoire et le collectif. 

U.B.

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Après quatre années de présidence Trump et une passation des pouvoirs sous tension, les Américains ­seraient-ils tentés par une forme d’examen de conscience ? C’est ce qui semble ressortir du palmarès des meilleures ventes dans la ­catégorie non-fiction établi par The New York Times, où prédominent les livres portant un regard critique sur la société américaine. En tête de la liste ­figure ainsi un essai sur la ­mémoire de l’esclavage aux États-Unis, How the Word Is Passed, de Clint Smith, poète et plume du magazine The Atlantic. L’auteur revisite neuf lieux emblématiques qui « commémorent ou déforment » le souvenir de l’esclavage, esquissant ainsi une « cartographie de la conscience historique de l’Amérique », note The New York Times, qui salue la qualité exceptionnelle de l’ouvrage.
Dans After the Fall, c’est un tour du monde qu’entreprend Ben Rhodes, qui fut durant huit ans le rédacteur des discours de Barack Obama. Après avoir converti le monde à un capitalisme ­débridé et à une politique étrangère musclée, les États-Unis font désormais face à un douloureux effet boomerang. Toujours dans la même veine auto­critique, le journaliste ­Michael Lewis revient dans The Premonition sur la mauvaise gestion de la crise du Covid-19 par les autorités américaines, en dépit des multiples alertes émises par des médecins et des scientifiques sur l’éventualité d’une telle pandémie. Enfin, dans The Anthropocene Reviewed, John Green, auteur quadragénaire d’un podcast du même nom, passe en revue toutes sortes de phénomènes et d’inventions liés à l’humain, du clavier QWERTY au staphylocoque doré.
Sans surprise, on retrouve dans le palmarès de grandes figures médiatiques, à commencer par la reine de la télé américaine Oprah Winfrey, qui, dans un ouvrage écrit avec le psychiatre Bruce D. Perry, aborde la question des traumatismes infantiles – les siens notamment. Dans un autre genre, Bill O’Reilly, le très conservateur et ex-présentateur phare de Fox News, limogé en 2017 après des accusations d’agressions sexuelles, se penche sur le phénomène du crime organisé aux États-Unis. Après Killing Jesus et Killing Lincoln, il s’agit du dixième opus de la série Killing, les précédents s’étant vendus chacun à plus de 1 million d’exemplaires. Enfin, l’acteur Matthew McConaughey a profité, lui, de la tournée promotionnelle de son autobiographie Greenlights pour faire courir la rumeur de sa candidature au poste de gouverneur du Texas. 

[post_title] => Le temps des questionnements [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-temps-des-questionnements [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-08-26 10:21:12 [post_modified_gmt] => 2021-08-26 10:21:12 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=108185 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Dans La Chienne (Calmann-­Lévy, 2020), la romancière colom­bienne Pilar Quintana mettait en scène une jeune femme tarau­dée par le désir d’enfant. Los abismos explore à nouveau la question de la maternité, mais sous un autre angle : celui d’une mère qui se découvre dépourvue d’instinct maternel. Récompensé par le prix Alfaguara 2021, le livre ­défraie la chronique en Colombie, notam­ment parce qu’il « aborde des sujets qui n’avaient auparavant pas droit de cité », pointe Iván Andrade dans la revue Razón Pública.
L’histoire est racontée à travers les yeux de Claudia, une enfant de 8 ans qui assiste au lent naufrage de sa mère. Dans la Cali des années 1980, où est située l’intrigue, la dépression fait ­figure de gros mot. Aussi Claudia observe-t-elle, sans comprendre, sa mère rester cloîtrée des après-midi entiers, stores baissés. La fillette s’inquiète de la voir prendre l’apéritif de plus en plus tôt, du silence de son père. « Les femmes de la génération de ma mère avaient l’obligation d’enfanter. C’était une injonction sociale, raconte l’auteure dans le quotidien El Espectador. Et nous, nous devions porter la culpabilité d’être les filles de ces femmes qui n’avaient parfois aucun goût pour la maternité. » Un récit « subtile et lumineux » sur la fin de l’enfance, applaudit l’édition colombienne d’El País

[post_title] => Mères malgré elles [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => meres-malgre-elles [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-08-26 10:21:12 [post_modified_gmt] => 2021-08-26 10:21:12 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=108193 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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La peintre surréaliste Marie Čermínová, alias Toyen, est portée aux nues dans son pays : elle est avec František Kupka l’artiste tchèque la plus cotée sur le marché de l’art. Ses œuvres sont exposées dans le monde entier. Et sa biographie To je on !, de Milena Štráfeldová, trône en tête de gondole dans les librairies tchèques. Pourtant sa mort, en 1980 à Paris, était passée quasiment inaperçue. 
Il faut dire que Toyen l’introvertie ne courait pas après la célébrité. Elle refusait de se faire photographier et n’a laissé ni correspondance ni journal. Il a donc fallu plusieurs années à Štráfeldová pour démêler le vrai du faux. « Les livres et articles qui lui sont consacrés en Répu­blique tchèque contiennent des erreurs et reposent sur des spéculations », affirme-t-elle ainsi sur Radio Praha. 
Štráfeldová commence, note le site de Česká Televize, par « déconstruire le mythe sur les origines pauvres de Toyen » : ses parents étaient propriétaires d’un immeuble à Prague. Signe de sa rébellion contre la petite bourgeoisie, suggère l’auteure, la jeune femme quitte le foyer familial à 16 ans. Ouvrière, elle s’engage dans les milieux anarchistes, étudie un temps à l’École supérieure des arts décoratifs de Prague et, surtout, rencontre le peintre, poète et photographe Jindřich Štyrský. Compagnons de route, compagnons artistiques (mais pas amants ! assure Štráfeldová), ils seront inséparables jusqu’à la mort de Štyrský, en 1942.
Ensemble, ils rejoignent le mouvement d’avant-garde Devětsil. C’est là que Marie Čermínová devient Toyen. Un dérivé de ­« cito­yen », comme on a coutume de le lire ? Pour la biographe, rien n’est moins sûr. Il pourrait s’agir de la contraction de « To je on » (« C’est lui »), en référence à l’habitude de Toyen de parler d’elle au masculin. De ce fait, les spéculations sur son orientation sexuelle allaient bon train, d’autant que l’artiste se distinguait avec ses pantalons, ses cheveux courts et ses cigarettes.
En 1925, Toyen et Štyrský s’installent à Paris, où ils fondent l’arti­ficialisme, mouvement qui vise à provoquer « des émotions poétiques qui ne sont pas seulement optiques », expliquent-ils. Là, ils rencontrent Aragon, Éluard et Breton – le début d’une longue amitié.
De retour dans leur pays ­natal, Toyen et Štyrský créent le groupe surréaliste de Prague. Durant l’occupation nazie, Toyen cache chez elle le poète juif Jindřich Heisler. Puis, face au péril communiste, elle retourne à Paris. Elle y restera jusqu’à sa mort, isolée, endettée, réfugiée dans son monde à elle, un univers marqué par le rêve et la poésie que l’on retrouve dans ses ­tableaux. La biographe ne s’appesantit pas sur l’œuvre de Toyen. Pour se plonger dans son art, mieux vaut visiter la rétrospective inaugurée en avril à Prague, qui poursuivra bientôt sa route vers Hambourg et Paris.  

[post_title] => Vie réelle, vie rêvée [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => vie-reelle-vie-revee [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-08-26 10:21:12 [post_modified_gmt] => 2021-08-26 10:21:12 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=108201 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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«Quelque chose d’in­quiétant se passe entre vos jambes », commence élégamment Nicholas Kristof, chroniqueur au New York Times. D’emblée, il résume : « Le nombre de spermatozoïdes par éjaculat dégringole, de plus en plus de bébés garçons présentent des anomalies génitales, les filles sont plus nombreuses à avoir une puberté précoce ; les femmes adultes connaissent une baisse de la qualité de leurs ovules et sont plus susceptibles de faire une fausse couche. » Il poursuit : « Il ne s’agit pas seulement des humains. Les scientifiques observent des anomalies génitales chez toute une série d’espèces, notamment des pénis anormalement petits chez les alligators, les loutres et les visons. »
Le prétexte est la parution d’un livre de l’épidémiologiste américaine Shanna H. Swan, Count Down. Nicholas Kristof avait déjà publié une chronique similaire à l’occasion de la publication en 2017, sous la direction de Shanna H. Swan, d’une méta-analyse des études épidémiologiques publiées sur le sujet depuis 1973. « Selon Shanna H. Swan, écrit Kristof, la numération des spermatozoïdes a baissé de 59 % dans les pays occidentaux ».
Et le coupable est identifié : « Swan et d’autres experts estiment que le problème vient d’une classe d’agents chimiques nommés perturbateurs endocriniens, qui miment les hormones du corps et trompent nos cellules. » Or ces perturbateurs endo­criniens « sont partout : dans les shampoings, les cosmétiques, les coussins, les pesticides, les boîtes de conserve, les reçus de distributeurs de billets. »
Le remède, en attendant que les agences de régulation prennent l’affaire au sérieux ? Swan nous invite à modifier nos pratiques quotidiennes : « Rangez la nourriture dans des récipients en verre et non en plastique, et, surtout, proscrivez tout plastique lors de la cuisson au micro-ondes. Évitez les pesticides. Achetez si possible des produits bio. Pour la douche, utilisez un rideau en coton ou en lin et non en vinyle. N’utilisez pas de sprays désodorisants. Empêchez la poussière de s’accumuler. »
Kristof cite plusieurs instances sanitaires appelant à se méfier des perturbateurs endocriniens, y compris l’Organisation mondiale de la santé. Il interroge une généticienne qui a montré expérimentalement la transmission de l’exposition de bébés souris à des perturbateurs endocriniens sur trois générations.
Dans une interview accordée au Guardian, Shanna H. Swan avertit : « Si l’on suit la courbe du déclin du sperme constatée dans la méta-analyse de 2017, on en déduit qu’en 2045 nous arriverons à une numération moyenne des spermatozoïdes égale à zéro. Cela signifie que la plupart des couples devront faire appel à la procréation assistée. »
Dans quelle mesure ces cris d’alarme sont-ils vraiment justifiés ? Difficile de se faire une opinion tant les points de vue s’opposent. Les avis contraires abondent. On peut s’en faire une idée en lisant l’analyse de l’épidémiologiste Gregory Bond sur le site Science 2.01. Pour lui comme pour d’autres, la position de Shanna H. Swan relève de l’alarmisme écologiste pur et dur : les données scientifiques qu’elle présente sont biaisées, elle oublie le vieil adage selon lequel « la dose ne fait pas le poison » et néglige la multiplicité des facteurs qui peuvent être mis en cause dans le déclin de la qualité du sperme. Un déclin d’ailleurs tout relatif aux yeux de Paul Turek, spécialiste de la reproduction. Il observe que la méta-analyse de 2017 ne décèle pas de déclin en Amérique latine, en Afrique ou en Asie. « Vous savez où aller si vous voulez assurer votre survie en tant qu’espèce », écrit-il. Il ajoute : « Selon une analyse tirée de l’article, la concentration par éjaculat est passée de 100 millions à 50 millions de spermatozoïdes par millilitre […]. Or cela reste tout à fait dans les normes de la fertilité (plus de 15 millions). » 

[post_title] => La décadence du sperme [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => la-decadence-du-sperme [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-08-26 10:21:12 [post_modified_gmt] => 2021-08-26 10:21:12 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=108458 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Le globe-trotter Gunnar Garfors est connu pour divers records insolites – être le premier homme à avoir mis les pieds deux fois dans chaque pays du monde, par exemple. « Il aura fallu une pandémie pour qu’il écrive sur son propre pays », note malicieusement le quotidien Aftenposten. Neuf mois durant, l’aventurier-photographe au long cours a donc parcouru la Norvège, des fjords et îles du littoral aux forêts profondes, de la toundra du Grand Nord aux montagnes culminant jusqu’à 2 469 mètres. En voiture, en bus, en avion, en bateau, à vélo, à pied. Et le plus possible « hors des sentiers battus », comme le proclame le titre du livre.
Promesse tenue ? Visiblement oui : « La plupart des destinations ne sont pas ou que peu connues », constate le quotidien Dagbladet. Illustré par 450 photos, l’ouvrage de Gunnar Garfors est structuré autour de 81 idées de périple dans un pays plus vaste que l’Allemagne ou le Japon. Chemin faisant, il a rencontré des pêcheurs, des alpinistes ou des restaurateurs dont il relate les « histoires passionnantes », note le magazine de voyage Reiselyst. « Garfors est terre à terre et sans prétention, contrairement à la mouvance des influenceurs qui parlent le plus souvent d’eux », conclut Dagbladet

[post_title] => Le lointain, près de chez soi [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-lointain-pres-de-chez-soi [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-08-26 10:21:12 [post_modified_gmt] => 2021-08-26 10:21:12 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=108210 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Le journaliste Karol Kopańko l’affirme : « La Pologne fut une grande puissance mondiale… et elle l’est toujours ! » Sauf que, désormais, elle ne s’impose plus sur les champs de bataille médiévaux mais sur le terrain des jeux vidéo. Counter-­Strike, StarCraft, Quake… Manette au poing, les Polonais ont remporté de nombreux titres et acces­sits mondiaux, et ils ont même réussi à accéder aux ligues d’élite coréennes ! Quant à la capitale de l’e-sport, qui organise chaque année les Intel ­Extreme Masters, rendez-vous majeur des équipes professionnelles, c’est Katowice, une ville de Silésie de quelque 300 000 habitants. Et de quelle nationalité est Piotr Kusielczuk, entré dans le Guinness pour avoir réussi à finir (en 3 435 heures, 12 minutes et 24 secondes) tous les jeux de la Nintendo ? Il est polono-mexicain.
Dans Polski e-sport, Kopańko raconte, telle une épopée, l’essor du sport électronique en Pologne et dresse le portrait de ses champions, montrant comment ce qui ressemblait au départ au délire pathétique d’une poignée de geeks figure désormais à la une des journaux. « Kopańko explique les débuts de cette folle histoire », écrit Polskie Radio, insistant sur le travail « d’archéologue » de l’auteur. Lequel a déterré, souvent dans les tréfonds de forums en sommeil depuis vingt ans, les premiers pas de ces pionniers « rejetés à l’école, mal à l’aise en famille et accusés de gâcher leur vie à jouer ». Des héros, souvent ados, que Kopańko n’hésite pas aujourd’hui à comparer à Messi ou à Ronaldo : « La carrière d’un pro gamer, c’est beaucoup de sacrifices, de stress et d’heures épuisantes d’entraînement. » Le Comité international olympique, qui envisage de rendre médaillables certains sports virtuels pour les Jeux 2028, semble d’accord avec lui. 

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Le prix Ingeborg-Bachmann, décerné tous les ans à Klagenfurt, en Autriche, n’est pas seulement l’une des plus prestigieuses récompenses littéraires du monde germanophone, il obéit à des règles qui ont peu à voir avec celles des grands prix littéraires français : les auteurs présentent devant le jury, en vingt-cinq minutes, des textes inédits. L’an dernier, le prix est échu, un peu à la surprise générale, à Helga Schubert, une psychologue octo­génaire qui n’a pu participer à la compétition que parce que celle-ci, en raison de la pandémie, avait exceptionnellement lieu en ligne. Son livre, un recueil de 29 nouvelles autobiographiques, a été publié quelques mois plus tard, en mars 2021. « Un best-seller immédiat, écoulé très vite à 90 000 exemplaires », rapporte le critique littéraire du Spiegel Volker Weidermann.
Sans jouir d’une grande noto­riété, Helga Schubert n’est pas non plus une parfaite inconnue. Elle « a passé presque toute sa vie d’adulte en RDA, jusqu’à la chute du Mur. Le hasard avait voulu que sa mère se trouve dans la partie orientale de Berlin après leur fuite devant les Russes. C’est donc une coïncidence si elle est devenue citoyenne de la RDA, pays qu’elle a toujours voulu quitter. Son mari ne voulait pas. Elle l’aimait et l’aime toujours. Elle est restée avec lui », résume Weidermann. Sous la dictature communiste, Schubert se lie à quelques grands noms de la littérature est-allemande d’après-guerre, dont Christa Wolf, qui, dans un premier temps, l’encourage. Mais les deux femmes finissent par se brouiller. En cause, leur rapport très différent au régime, que l’une déteste et l’autre soutient. En 1983, quand Helga Schubert se voit décerner par la RFA le prix Hans-Fallada, elle est contrainte de le refuser sous la pression non seulement des autorités, mais de Wolf elle-même. Ironie de l’Histoire : trois ans plus tôt, elle avait été invitée une première fois à Klagenfurt pour le prix Ingeborg-Bachmann, mais elle n’avait pas obtenu l’autorisation de s’y rendre.
Vom Aufstehen retrace toute une vie qui aurait très bien pu ne pas être, puisque la mère de l’auteure, devant l’avancée de l’Armée rouge en 1945, envisage de tuer sa fille (sur les conseils du grand-père). Certaines nouvelles sont très courtes, d’autres embrassent son existence entière. Dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Dirk von Petersdorff évoque leur effet thérapeutique et les compare aux Confessions de saint Augustin, où « la description des différentes étapes de la vie et la recherche d’une forme de transcendance sont liées ». Schubert, qui ne fait pas mystère de sa foi chrétienne, « écrit elle aussi des confessions : elle veut justifier ses actions et ses décisions, et se considère comme faisant partie d’un ensemble plus vaste. » 

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De nos jours, difficile d’échapper à cette exigence : tout doit être « authentique », le logement, le restaurant, ce qu’on dit, ce qu’on fait… Agir, parler, écrire en conformité avec son moi profond, voilà la recette du bonheur, mais aussi, pour les vedettes ou les hommes politiques qui en font étalage, de la popularité. Dans un petit livre paru à l’automne dernier outre-Rhin, l’universitaire Erik Schilling critique impitoyablement cette tendance. Selon lui, elle a pour défaut d’essentialiser les choses comme les personnes et d’évacuer la possibilité de l’ambivalence et de la contradiction. Dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, le sociologue Andreas Reckwitz salue un essai « stimulant et convaincant », en particulier quand il aborde le vrai domaine de compétence de Schilling, la littérature. Fini, dans les romans qui triomphent aujourd’hui, les jeux postmodernes sur l’identité du narrateur et les différents modes de narration. Désormais, l’heure est à la stricte coïncidence de l’auteur et de l’histoire qu’il raconte ; on porte aux nues les récits impudiques du Norvégien Knausgaard et du Français Édouard Louis, autant d’ouvrages qui, « à la place d’un contrat fictionnel, proposent un contrat d’authenticité ». Cette aspiration à la sincérité, qui remonte au moins à Rousseau, n’est pas nécessairement mauvaise en soi, admet Reckwitz. Le problème est qu’elle est devenue une norme et, par là même, quelque peu artificielle. 

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Homère est-il l’auteur unique de l’Iliade et de l’Odyssée, les deux ­célèbres épopées aux fondements de la littérature occidentale ? La « question homérique » agita les philologues dès le XVIIe siècle. Les « unitariens » attribuaient ainsi l’œuvre à un seul poète de génie, alors que les « analystes » y voyaient une collection de poèmes indépendants, cousus ensemble par un rhapsode tardif. Bien qu’on présente Homère comme un poète aveugle, qui aurait vécu au VIIIe siècle av. J.-C., il n’existe pas de sources pour l’attester. « Nous ne savons peut-être pas quand Homère est né, mais nous pouvons affirmer avec certitude qu’il a cessé d’exister au début des années 1930 », ironise Adam Kirsch dans le magazine The New Yorker à l’occasion de la parution d’une nouvelle biographie de Milman Parry, ce philologue américain qui a démontré dans ses travaux que l’épopée était une composition orale. Mort prématurément à 33 ans, il n’a laissé aucun livre. Mais le « coup de génie de Parry » a été de révéler « deux particularités indéniables de la poésie homérique : le mètre et les épithètes », particularités qu’il a ensuite analysées dans sa théorie de l’oralité. Afin de la prouver empiriquement, Parry fit deux voyages en Yougoslavie, où existait encore une tradition vivante de poésie orale, « l’expérience la plus passionnante de sa vie », relève Adam Kirsch. 

[post_title] => L’helléniste qui tua Homère [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lhelleniste-qui-tua-homere [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-08-26 10:21:11 [post_modified_gmt] => 2021-08-26 10:21:11 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=108469 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )