WP_Post Object ( [ID] => 116785 [post_author] => 51175 [post_date] => 2022-02-24 08:40:18 [post_date_gmt] => 2022-02-24 08:40:18 [post_content] =>Professeur à l’École des hautes études en sciences sociales, Emanuele Coccia se focalise dans son essai sur la maison, lieu peu exploré par la philosophie, qui s’est traditionnellement concentrée sur la cité, considérée comme l’espace public par excellence. Partant de son expérience – trente déménagements –, il consacre chaque chapitre à une pièce ou à un meuble. Il en résulte un « petit livre éclairant, qui allume la lumière dans toutes les pièces et fait comprendre ce qu’elles sont et ce qu’elles représentent », s’enthousiasme La Repubblica.
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L’auteur s’intéresse à la façon dont on « fait maison » : comment, en s’entourant de personnes et d’objets spécifiques, on transforme un lieu impersonnel en un endroit à notre image. Cependant, avec l’omniprésence d’Internet dans nos vies, des relations et des événements autrefois seulement possibles dans l’espace public sont entrés dans les foyers. Ils « élargissent notre expérience domestique », note Coccia dans Il Manifesto, et mettent fin à la forme que prend traditionnellement la maison. Si bien que, annonce-t-il en allant beaucoup plus loin, c’est à présent une « maison-monde » que nous devons penser, où « nos colocataires […] sont aussi des pingouins, des phoques, des lions, des bactéries et des virus ».
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Deux mondes s’entremêlent donc dans Mon plus grand rêve. Le monde réel d’abord, celui d’un enfant d’une douzaine d’années, malheureux, incompris, rejeté car pas comme les autres, et qui, faute d’avoir réussi à se faire accepter, décide que la solitude peut finalement faire l’affaire. Embarqué malgré lui dans un road-trip à l’arrière de la voiture familiale, tout ça pour rejoindre une destination inconnue alors qu’il préférerait se recroqueviller dans sa chambre, il devient l’otage des interminables disputes de ses parents, de la méchanceté de son père, manipulateur et absent sauf quand il s’agit de l’accabler, et de la tristesse de sa mère, trompée, humiliée, sur qui est retombée la charge du « fardeau » prénommé Oskar. Persuadé de n’être bon à rien, si ce n’est à décevoir ses parents, le jeune garçon se laisse assaillir par de drôles de pensées (« Vous croyez que si on est découpé en petits morceaux, on a mal à chacun des morceaux ? »). Jusqu’à perdre contact avec la réalité pour sombrer dans ce fameux monde surréaliste mouvant et suintant, peuplé de créatures abominables, d’horreurs organiques, de matières visqueuses, tentaculaires, parfois grotesques mais toujours menaçantes, qui finissent souvent par l’absorber, l’engloutir, le faire disparaître. À son plus grand soulagement ?
« Au fil des kilomètres, les épisodes fantasmagoriques et le riche réseau de métaphores finissent par dessiner une histoire cohérente et intime », écrit A2. Jusqu’au final bouleversant, fruit d’un « travail architectural hors pair », mais aussi, comme le note le magazine Respekt, d’une grande « finesse psychologique ».
WP_Post Object ( [ID] => 116739 [post_author] => 51175 [post_date] => 2022-02-24 08:40:06 [post_date_gmt] => 2022-02-24 08:40:06 [post_content] =>Il y a un mystère suisse. Tous ceux qui aiment comparer les pays le savent bien, à chaque fois ou presque qu’on croit avoir dégagé une loi universelle permettant d’expliquer la réussite des uns et l’échec des autres, on bute sur une exception, et cette exception, en général, c’est la Suisse. Voilà un pays dont au moins un quart du territoire est improductif en raison de son relief montagneux, qui ne dispose ni d’accès direct à la mer, ni de richesses naturelles et que n’unit aucune homogénéité linguistique. Selon tous les critères valables ailleurs, un tel pays devrait au mieux être pauvre et arriéré, au pire ne même pas exister. Or la Suisse existe, et elle est si prospère que son aisance matérielle est presque devenue identitaire. Elle a longtemps affiché le revenu moyen par habitant le plus élevé de la planète et, contrairement à une idée reçue ou, plutôt dépassée, elle ne doit pas l’essentiel de cette insolente prospérité à ses banques peu regardantes quant à l’origine de l’argent qui leur est confié ou à sa politique fiscale accommodante pour les riches résidents étrangers. Il est peu de pays qui, à taille équivalente, comptent autant de grandes multinationales leaders dans leur secteur : Nestlé domine l’agroalimentaire, Swatch est la plus importante société d’horlogerie du monde ; en 2013, sur les cinq plus grosses entreprises de l’industrie pharmaceutique, deux étaient suisses – dont la première du classement, Novartis, qui coiffait au poteau le géant américain Pfizer.
Il est facile de s’arrêter à l’image lisse et tranquille que la Suisse aime donner d’elle-même, d’étouffer un bâillement dès qu’on l’évoque. Jonathan Steinberg l’a constaté à ses dépens. Dans le cadre d’une série de cours sur l’histoire de l’Europe au XIXe siècle, cet universitaire américain (récemment décédé) avait un jour annoncé qu’il consacrerait la séance suivante à la guerre civile suisse. Lorsqu’arriva la séance en question, la moitié de son auditoire habituel avait disparu : « Même une guerre civile, pour peu qu’elle soit suisse, devient ennuyeuse », note-t-il, désabusé, au début de Pourquoi la Suisse ?, ouvrage qui vise précisément à montrer à quel point ces élèves absents avaient tort de bouder son cours.
Paru en 1976, actualisé à plusieurs reprises jusqu’en 2015, Pourquoi la Suisse ? vient seulement d’être traduit en français grâce aux bons soins de l’éditeur genevois Markus Haller. Le titre n’a rien de trompeur. Il s’agit bien d’expliquer un « pays improbable ». Fort logiquement, Steinberg commence par en retracer l’histoire qui, seule, selon lui, peut rendre compte d’une existence qu’aucun déterminisme géographique ne laissait présager. Il est vrai que « la Suisse est dépourvue de frontières naturelles », puisque « les montagnes et les vallées des Alpes se prolongent à l’est et à l’ouest jusqu’en Autriche et jusqu’en France, et au sud jusqu’en Italie », que certaines régions comme le Vorarlberg autrichien ou la ville (allemande) de Constance pourraient être suisses, mais ne le sont pas, qu’il existe d’étranges enclaves allemandes en Suisse et suisses en Allemagne. Faire tout reposer sur de simples contingences historiques est néanmoins un peu excessif : difficile de croire que les Alpes n’aient joué aucun rôle dans l’émergence de la Suisse. Steinberg rappelle lui-même que la Rhétie (qui correspond à l’actuel canton des Grisons) comporte 150 vallées distinctes et que l’immense majorité de ses communes sont situées au-dessus de 700 mètres d’altitude : « Dans les conditions militaires du Moyen Âge », écrit-il, cela en faisait une zone « tout simplement impossible à contrôler ». La Suisse n’est pas faite que de montagnes, ses principales villes sont, bien entendu, bâties sur des plaines. Mais la possibilité qu’ont toujours eue ses habitants d’aller se réfugier dans des zones inaccessibles a grandement contribué à garantir leur indépendance.
Ce fut, du reste, encore le cas lors de la Seconde Guerre mondiale. Après l’effondrement de la France, les frontières suisses deviennent indéfendables en cas d’agression allemande. L’armée prend alors position dans un « réduit national » inexpugnable, au cœur des Alpes. L’objectif est de montrer à Hitler, qui a des vues sur la Suisse, qu’elle combattra jusqu’au bout. « Elle est prête à voir Zurich, Bâle, Berne, Lausanne, Genève, Bienne et toutes les basses terres tomber aux mains des Allemands, mais elle ne capitulera jamais », raconte Steinberg. On ne saura jamais si c’est cette stratégie qui dissuada le régime nazi d’attaquer la Suisse ou si c’est la politique conciliante du pays – il contribua à l’effort de guerre allemand, reçut d’importants dépôts d’or et accepta de refouler les juifs traqués qui cherchaient asile chez lui.
La protection des montagnes permit, de toute évidence, à un certain nombre de communautés d’échapper à l’emprise des grands États territoriaux qui se constituèrent en Europe à partir du XIVe siècle. Et Jonathan Steinberg montre bien que la singularité suisse tient, au bout du compte, au fait qu’elle a conservé des formes d’organisation et de gouvernement qui ont disparu ailleurs, à son anachronisme donc : elle est comme « un morceau du Saint Empire romain germanique qui [aurait] survécu à l’essor […] de l’État centralisé moderne ». D’où un système administratif et politique incompréhensible pour le commun des mortels : des bizarreries territoriales, des chevauchements de juridictions, un mode de scrutin d’une complexité telle qu’il n’est pas rare que les publications officielles elles-mêmes comportent des erreurs. Tout électeur est, par exemple, autorisé à modifier les listes présentées par les partis en votant deux fois pour le même candidat ou en biffant un nom sur telle ou telle liste pour le remplacer par un nom pris sur une autre !
Les principes qui sous-tendent cette complexité sont une décentralisation et une démocratie plus poussées que dans n’importe quel autre pays au monde. Chaque commune jouit du maximum de souveraineté au sein du canton, qui lui-même jouit du maximum de souveraineté au sein de la Confédération. Contrairement aux régions à la française, cette décentralisation se traduit par de réels moyens d’action budgétaires : en 2009, l’ensemble des communes avait un revenu de plus de 42 milliards de francs suisses, l’ensemble des cantons un revenu de près de 76 milliards et la Confédération un revenu de 68 milliards. D’une certaine façon, aucune nation ne respecte davantage la souveraineté populaire que la Suisse, où la Constitution elle-même est provisoire, pouvant sans cesse être amendée au gré des référendums. Quand en 2014 le « Souverain », comme on désigne le peuple en Suisse, a approuvé de justesse une initiative populaire visant à limiter l’immigration, et ce à l’encontre des traités signés avec l’Union européenne en 1999, qui obligent à maintenir les frontières ouvertes, que s’est-il passé ? Le gouvernement suisse s’est-il assis sur ces résultats comme l’a fait le gouvernement français après le référendum sur la Constitution européenne de 2005 ? Bien au contraire. L’initiative du 9 février 2014 est devenue l’article 121a de la Constitution fédérale, qui impose à la Confédération de mettre en place des mesures limitant le droit des citoyens européens à entrer en Suisse. Et, malgré la pression de l’UE, le Conseil fédéral a mis en œuvre la loi de la nation. « Le peuple est réellement souverain, au-dessus du gouvernement, au-dessus du Parlement et, dans ce cas précis, au-dessus d’un traité international signé de bonne foi avec l’Union européenne », conclut Jonathan Steinberg.
L’un des derniers chapitres du livre s’intitule « Pourquoi la Suisse italienne ? ». On peut s’étonner que Steinberg consacre autant de pages à une minorité qui ne représente que 8 % de la population. En réalité, répondre à la question de ce chapitre revient à répondre à la question du livre. Ce que Steinberg suggère, c’est que, sans Suisse italienne, il n’y aurait sans doute pas de Suisse du tout. Les italophones désamorcent le face-à-face entre germanophones (les deux tiers de la population suisse) et francophones (un peu plus de 20 %). Sans eux, la Suisse ne serait sans doute pas restée multilingue : « Un pays composé d’un cinquième seulement de francophones pour quatre cinquièmes de germanophones aurait moins bien résisté à la force centrifuge d’un nationalisme linguistique et culturel. »— B. T.
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WP_Post Object ( [ID] => 116861 [post_author] => 48457 [post_date] => 2022-02-24 08:39:59 [post_date_gmt] => 2022-02-24 08:39:59 [post_content] =>« “Si l’on admet qu’un pessimiste est un optimiste bien informé, le pessimum devrait être le sommet des abysses”, déclarai-je après mûre réflexion. Mais, le lendemain, en comptant les bouteilles et en relevant ma chaise, Emily se souvint que ma voix était un peu pâteuse. » D. P.
Pessimum, antonyme d’optimum, n’existe pas en français ; le mot est pourtant couramment utilisé en anglais et en allemand. Curieux quand on sait que, d’après les enquêtes, les Français sont le peuple le plus pessimiste d’Europe.
Aidez-nous à trouver le prochain mot manquant :
Existe-t-il dans une langue un mot pour désigner un voyage extravagant ?
[post_title] => PESSIMUM [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => pessimum [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-02-24 08:39:59 [post_modified_gmt] => 2022-02-24 08:39:59 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=116861 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 114235 [post_author] => 56398 [post_date] => 2022-01-05 08:22:36 [post_date_gmt] => 2022-01-05 08:22:36 [post_content] =>Le livre le plus vendu en Italie en 2020 était français : Changer l’eau des fleurs, de Valérie Perrin. Plus de 500 000 exemplaires écoulés. Autant dire que les lecteurs italiens attendaient avec une certaine impatience son nouveau roman. Il semblerait qu’ils n’aient pas été déçus, car, depuis sa sortie en juin dernier, Tre (Trois en version originale) n’a pas quitté le classement des dix meilleures ventes.
Ce récit d’une amitié née entre trois enfants en province à la fin des années 1980 et de ses développements jusqu’en 2017 est, selon le Corriere della Sera, un « merveilleux roman de formation » qui brosse le portrait d’une génération tout en restituant par touches l’atmosphère de l’époque. La presse spécule sur la recette du succès : « Une intrigue prenante, un peu d’amour, un peu de larmes, une pincée de mystère et quelques coups de théâtre », avance-t-elle. Ou encore un « mélange équilibré » entre « drame, polar et roman à l’eau de rose » pour ce récit polyphonique construit sur des allers-retours temporels, analyse Fatto quotidiano. Mais, pour le quotidien conservateur Il Giornale, le secret se trouve peut-être simplement dans l’air du temps : « Valérie Perrin elle-même qualifie son roman de “curatif” et “réconfortant”, c’est-à-dire thérapeutique. Dans un monde malade et difficilement vaccinable, que pouvions-nous espérer de mieux ? »
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WP_Post Object ( [ID] => 114336 [post_author] => 56398 [post_date] => 2022-01-05 08:22:36 [post_date_gmt] => 2022-01-05 08:22:36 [post_content] =>Stefano Mancuso, botaniste et chercheur à l’université de Florence, où il enseigne la neurobiologie végétale, passionne les lecteurs de tous horizons pour sa discipline. Après L’Intelligence des plantes et La Révolution des plantes (Albin Michel, 2018 et 2019), le voici de retour en librairie avec Nous les plantes. Son essai se présente comme la Constitution de la nation des plantes, déclinée dans huit articles défendant « le respect universel des êtres vivants actuels et de ceux des générations à venir », explique La Repubblica. Les plantes – qui représentent 85 % de la biomasse terrestre, alors que les animaux, hommes compris, ne comptent que pour 0,3 % – n’ont peut-être pas de cerveau, mais elles ont leur intelligence, car « elles résolvent des problèmes, sont capables de s’adapter aux changements climatiques et d’inventer des stratégies pour leur survie », développe Il Manifesto. Le botaniste les imagine voler au secours de l’humanité face au réchauffement climatique : il suffirait d’en planter d’immenses quantités pour faire baisser rapidement le taux de CO2 dans l’atmosphère. Par ailleurs, souligne encore Il Manifesto, les plantes « raisonnent en tant qu’espèce et non en tant qu’individu ; elles privilégient l’adaptation permanente ». Les hommes feraient bien d’en prendre de la graine, suggère l’ouvrage.
[post_title] => Prenons-en de la graine [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => prenons-en-de-la-graine [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-01-05 08:22:36 [post_modified_gmt] => 2022-01-05 08:22:36 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=114336 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 114353 [post_author] => 56398 [post_date] => 2022-01-05 08:22:36 [post_date_gmt] => 2022-01-05 08:22:36 [post_content] =>Dans L’Homme sans qualités, les protagonistes préparent les 70 ans du règne de François-Joseph, jubilé prévu pour 1918. Le lecteur sait qu’il n’aura jamais lieu. Et pour cause : en 1918, François-Joseph sera mort, tout comme son empire. Cette ironie dramatique est l’un des charmes du roman de Musil. Elle participe du ridicule qui s’attache à ses personnages : comment n’ont-ils pas vu que l’Autriche-Hongrie était condamnée ? De fait, note Aram Bakshian Jr dans The Washington Post, « la plupart des ouvrages récents qui traitent de la monarchie des Habsbourg tendent à la présenter comme un anachronisme, un patchwork féodal de territoires transmis de génération en génération n’ayant rien d’autre en commun que leur propriétaire – l’empire était donc voué à disparaître avec la montée du nationalisme de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. » Et si cette vision, toute déterministe, était faussée ?
Dans son « histoire inédite » de l’empire des Habsbourg, Pieter M. Judson en propose une « plus nuancée », où il décrit « une entité étatique qui, tout bien considéré, a fait preuve d’une remarquable capacité à se remettre des désastres et à s’adapter à de nouveaux défis au fil de sa longue histoire. »
Le livre de Judson passe vite sur l’ascension des Habsbourg. Il est à peine fait mention de l’événement qui propulsa cette dynastie d’un coin perdu d’Europe centrale sur les devants de la scène internationale : le mariage de Maximilien d’Autriche avec Marie de Bourgogne et la captation de l’héritage de la maison cadette des Valois. Le propos du livre concerne, pour l’essentiel, la période du XVIIIe siècle à 1918. Grâce à la décadence d’un autre empire, celui des Turcs ottomans, l’Autriche est parvenue à s’étendre à l’est. À son apogée, elle coiffe une masse continentale qui va de l’Ukraine à la Belgique actuelles. Judson met en avant l’œuvre de modernisation de ses souverains : la fin du servage et du régime féodal, le développement d’un État de droit et même de la sécurité sociale. Des mesures souvent dictées par l’intérêt : « Ce n’est pas l’altruisme qui a inspiré l’émancipation de la paysannerie et la mise en place d’un système plus égalitaire. La dynastie avait besoin de nouvelles sources de revenus, et une paysannerie émancipée et payant des impôts était une mine d’or. Pour la même raison, l’État avait tout intérêt à améliorer la productivité agricole, ce qui favorisa ensuite les réformes sociales et économiques. L’éducation, pensait-on, améliorerait l’hygiène et la santé (nécessaires pour le service militaire) et préviendrait le risque de dissolution morale dans les communautés paysannes nouvellement libérées », résume Natasha Wheatley dans The London Review of Books.
[post_title] => L’empire réhabilité [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lempire-rehabilite [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-01-05 08:22:36 [post_modified_gmt] => 2022-01-05 08:22:36 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=114353 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 114397 [post_author] => 56398 [post_date] => 2022-01-05 08:22:35 [post_date_gmt] => 2022-01-05 08:22:35 [post_content] =>Une équipe de scientifiques marche d’un pas décidé vers un laboratoire où se trouvent plusieurs machines connectées les unes aux autres. La personne qui mène le groupe déclare : « Notre système algorithmique d’écriture n’a pas encore écrit de roman. Mais il a écrit une série de courriels à son éditeur affirmant y être “presque arrivé” et promettant d’envoyer le manuscrit “très bientôt”. » Ce mème a largement circulé sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, provoquant un éclat de rire nerveux chez les écrivaillons de tout poil (force est de constater que, sans l’image, cette scène perd malheureusement 90 % de son potentiel comique). Un rapide coup d’œil à l’actualité internationale devrait cependant nous permettre de comprendre la soudaine viralité de cette vignette. En effet, une bien étrange nouvelle est arrivée au début de l’automne : une intelligence artificielle (IA) serait désormais capable de fournir un résumé convaincant des textes qui lui sont soumis.
Cette prouesse technologique est le fait de l’entreprise américaine OpenAI, basée à San Francisco et cofondée en 2015 par le milliardaire Elon Musk. Dans le style classiquement pompeux de la Silicon Valley, l’objectif affiché de ses dirigeants est de développer une intelligence artificielle « à visage humain qui bénéficiera à toute l’humanité ». OpenAI avait déjà été à l’origine de nombreux débats en 2019 après la présentation de son produit GPT-2 : une IA capable de rédiger des articles de presse et des œuvres de fiction grâce à un générateur de texte intelligent. Elle avait été conçue pour assimiler les quelques phrases ou expressions qui lui sont transmises et en proposer une suite logique correspondant à leur ton ainsi qu’à leurs enjeux. Le « bénéfice pour l’humanité » que représente cette innovation est pour le moins discutable, et les chercheurs qui ont travaillé à son élaboration rechignent à communiquer trop largement leurs résultats. La cause ? Un potentiel particulièrement dangereux à l’heure des fake news. La version bêta de cette IA est aujourd’hui au cœur des discussions. Lancée à l’été 2020, GPT-3 intègre 175 milliards de paramètres, soit dix fois plus que des algorithmes équivalents. Une expérience menée en septembre 2021 a en effet démontré que cette IA est capable de résumer n’importe quel ouvrage en quelques lignes, quelle que soit sa longueur. Un court article paru dans Le Progrès le 7 octobre annonçait ainsi : « Tous les élèves en ont rêvé un jour : plus besoin de lire le livre, mais juste un résumé ! » De quoi faire trembler les doigts qui pianotent actuellement sur un clavier dans l’espoir de rendre cette chronique à temps. Bien entendu, il ne s’agit pas de sombrer dans une technophobie primaire. Pour certains secteurs professionnels, voire dans ce moment de panique qui caractérise généralement les quelques jours précédant un examen, l’utilité d’une telle innovation peut s’entendre. Mais de quel résumé parle-t-on exactement ? C’est plus fort que moi, une terrible image mentale vient se superposer à cette annonce : celle d’une ribambelle de tech bros décidés à miser sur le génie du code pour s’offrir la plus grande culture littéraire possible en un minimum de temps, mâchonnant une barre protéinée Feed sous un portrait géant de Jeff Bezos.
La quête d’un temps optimisé à tous crins est un leurre, et il est bon de se rappeler combien la lenteur est non seulement douce, mais l’alliée du lecteur. C’est vrai dans le domaine de la recherche, où les idées novatrices germent et mûrissent bien souvent au détour de pages lues par hasard. Elle est surtout fondamentale en littérature, laquelle exige du lecteur qu’il crée sa propre temporalité, personnelle et intime. Si l’on peut sans peine envisager qu’une intelligence artificielle propose un synopsis reprenant les principales péripéties d’une trame narrative, il faut avoir un cœur, une expérience de l’existence, de ses joies et ses douleurs pour connaître la richesse de tout texte littéraire : une résonance qui n’appartient qu’à soi. C’est par cette force unique que, en bien moins de 175 milliards de paramètres, les livres non résumés sont capables de bénéficier à toute l’humanité.
— Floriane Zaslavsky est sociologue. Elle a publié avec la journaliste Célia Héron Dernier Brunch avant la fin du monde (Arkhê Éditions, 2020).
[post_title] => Vers nos lectures artificielles [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => vers-nos-lectures-artificielles [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-01-05 08:22:35 [post_modified_gmt] => 2022-01-05 08:22:35 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=114397 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 114406 [post_author] => 56398 [post_date] => 2022-01-05 08:22:35 [post_date_gmt] => 2022-01-05 08:22:35 [post_content] =>Les grands auteurs français du XIXe avaient une certaine bougeotte. Tant mieux, car les livres issus de leurs pérégrinations méritent en général de figurer dans le canon littéraire. Alexandre Dumas est du lot, sauf qu’avec ses 20 volumes de récits de voyage il occupe une place à part. Mieux encore, tandis qu’à quelques exceptions près ses confrères se limitent à la vieille Europe et aux pourtours orientaux de la Méditerranée avec de rares incursions dans l’intérieur des terres, Dumas étend, lui, sa zone de chalandise jusqu’au Caucase. C’est d’ailleurs de cette région extrême à tous points de vue qu’il rapporte son récit le plus ébouriffant, gorgé d’aventures vécues et d’anecdotes remarquables. Du super-Dumas, l’authenticité (présumée) en sus.
En 1859, après une épique traversée en diagonale de l’inaccessible Russie par des moyens de plus en plus rustiques, Dumas finit par atteindre le Grand Caucase, le contourne par la Caspienne et arrive en Géorgie. Voilà un pays vraiment à sa (dé)mesure : massifs impénétrables, paysages grandioses et peuplades sauvages aux mœurs singulières mais essentiellement violentes. L’exposé qu’il fait de son séjour est à la hauteur des montagnes traversées et des dangers encourus. L’écrivain-voyageur, écrit Dumas, doit manier dans ses récits « la plume et le pinceau », mais il tient bien mieux la première que le second. Ses descriptions des paysages tombent en effet vite dans la grandiloquence, mais il croque les gens et les situations avec verve et précision. Et abreuve le lecteur de formules chocs : « Un Géorgien tient à grand honneur d’être cité comme ivrogne de première force » ; « Le ronflement de quelques-uns des dormeurs témoignait de la conscience qu’ils mettaient à s’acquitter de cette douce occupation »… Dumas pratique volontiers le remplissage, voire le plagiat, mais il a des excuses : plus de texte veut dire plus d’argent, et s’il voyage c’est pour regonfler ses finances en racontant son expédition – afin de pouvoir à nouveau voyager. Sous la pression commerciale, il multiplie donc les digressions historiques, prétextant que l’auteur doit « toujours procéder comme s’il savait ce que les lecteurs ne savent pas ».
Ce n’est pas que Dumas fasse bon marché de l’Histoire – au contraire, il la vénère et prend plaisir à restituer à très grands coups de brosse l’immense connaissance qu’il en a. Mais de façon très personnelle, en laissant le maximum de place aux légendes et surtout aux anecdotes – à tout ce qui frappe l’esprit et raconte l’humain et ses croyances. D’où des dissertations sur Prométhée, enchaîné trente mille ans sur le mont Kazbek, le foie dévoré par un aigle ; ou sur Mithridate, qui parlait les 24 langues des 24 peuples qui lui étaient soumis. Ou encore pas moins de quatre chapitres sur le rapt de la famille Tchavtchavadzé par le terrible imam Chamil. N’escomptez pas de fines analyses géopolitiques, mais plutôt des jugements à l’emporte-pièce du type : « Un jour, la Russie prendra Constantinople, c’est fatalement écrit ; la race blonde a toujours été la race conquérante ». Ou encore : « Il en est des fleuves russes comme de la civilisation russe : de l’étendue, pas de profondeur ».
D’ailleurs, chez Dumas voyageur, l’histoire dérive vite vers l’anthropologie, dont il est une sorte d’impertinent précurseur. Il multiplie les précisions comme : « La race ossète s’étend entre la grande Kabardah et le mont Kasbek. Elle se divise en 21 familles et donne 27 339 individus. » Mais, face à ce grouillement de peuplades volontiers hostiles qui parlent toutes d’impénétrables langues non indo-européennes saturées de consonnes (sauf les Ossètes, avec leur variété de persan), il va au plus pittoresque. Et, tandis que le cliché tient souvent lieu d’analyse (« En général, dans le Caucase et dans les provinces qui en dépendent, ce sont les Arméniens qui font tout. […] En général, la réputation de l’Arménien n’est pas très bonne »), il emploie des pages et des pages à décrire les concours de têtes coupées, les rapts sauvages avec victimes traînées à l’arrière des chevaux, les pendaisons dans des sacs de cuir pour que le condamné souffre davantage.
Même la religion n’est considérée par Dumas que d’un point de vue historico-anthropologique. Il s’attarde peu sur les nuances doctrinales : « Les Ingouches ne sont ni mahométans ni chrétiens ; ils ont une religion très simple. Ils sont déistes. » En revanche, il décrit avec gourmandise la violence des cultes en lutte les uns contre les autres, et plus encore leurs extravagances. La palme ici va aux scoptes, « l’une des soixante et douze hérésies de la religion grecque », qui, « après un premier enfant […], se mutilent et stérilisent leurs femmes à l’aide d’opérations presque aussi douloureuses sur un sexe que sur l’autre ». Même la religion de sa chère Géorgie n’éveille guère sa curiosité. Pourtant, dans cet avant-poste très avancé et très isolé de la chrétienté en terre d’islam, les surprises abondent – par exemple ce pèlerinage annuel à la cathédrale d’Alaverdi, tout près de Tsinandali où Dumas a pourtant séjourné, qui (à ce jour encore) réunit chrétiens, yézidis, chaldéens, zoroastriens et musulmans pour la célébration… des vendanges.
En fait, l’activité principale de Dumas en voyage consiste à rencontrer des gens – toutes sortes de gens, des plus insignes au moins recommandables. Comme c’est un snob invétéré, il ne passe pas à portée d’un prince géorgien ou d’un grand-duc russe sans l’accrocher dans sa galerie de portraits. Mais il s’intéresse tout autant aux malfrats, aux ivrognes, aux aubergistes – à n’importe qui susceptible d’alimenter son moulin à anecdotes ou de justifier une description savoureuse.
Le personnage qui intéresse pourtant le plus l’auteur – et probablement les lecteurs –, c’est Dumas lui-même. Quel étonnant, incroyable voyageur ! Dumas en mouvement, c’est un Dumas surmultiplié : plus enthousiaste, plus énergique (à 56 ans), plus travailleur, plus égocentrique, plus vantard. Il se met constamment en scène et signale méticuleusement tous les hommages reçus, toutes les occasions où il est « spontanément » reconnu. Sa célébrité s’étend en effet jusqu’au tréfonds du Caucase et lui vaut certains privilèges – comme ce passeport impérial qui lui permet de circuler et même d’être assisté en route comme un « vrai général » et qu’il accepte sans étonnement ni vergogne. Mais il passe ses journées à cheval ou plutôt en tarantass (car peu de montures supportent son poids), sous un soleil de plomb comme dans un froid polaire, traversant des étendues de sable, de neige ou de boue. La nuit, il dort dans une mauvaise auberge ou un caravansérail sale « à faire reculer un Kalmouk », voire à la belle étoile. Il ne mange, lui, l’éternel affamé, que ce qu’il aura arraché à grands cris à l’aubergiste ou tué en cours de route, comme lorsqu’il était enfant dans la forêt de Retz. S’il y a des chambres, il installe ses deux acolytes – l’interprète Kalino et surtout le peintre Moynet, sa caméra ambulante – dans l’une et garde la meilleure pour lui, car il va passer des heures à consigner ses observations du jour. Et s’il n’y a pas de chambres, tant pis : « Si gênante que soit la position, quelque angle que fasse mon corps, je dors cinq minutes, et, au bout de cinq minutes, je me réveille assez reposé pour me remettre immédiatement au travail. »
Dumas parcourt ainsi « quelque chose comme 3 000 verstes 1 dans des chemins où une voiture de France ne ferait pas dix pas sans se briser », défiant l’inconfort mais plus encore le danger. Les contrées qu’il traverse grouillent en effet de kidnappeurs plus sauvages les uns que les autres, Lesguiens, Tchétchènes, Ingouches, Tatars, Avars… « Sur ce chemin-là tout est danger : on ne peut pas dire “l’ennemi est ici, ou l’ennemi est là” ; l’ennemi est partout. » Quoiqu’une troupe de cosaques l’accompagne souvent d’un relais à l’autre, il se fait tout de même tirer dessus, ce qui l’enchante. Et, quand il en a l’occasion, il ajoute encore du risque au risque, en se lançant par exemple dans une ascension du mont Kazbek au début de l’hiver (il devra rebrousser chemin après avoir failli mourir de froid) ou en obtenant d’accompagner ses cosaques dans une embuscade nocturne, ce qui nous vaut quelques pages dignes de ses meilleurs romans. « Le danger est une chose étrange, note-t-il ensuite avec une insolite modestie, on commence par le craindre, puis on le brave, puis on le désire […]. J’ai bien peur que le courage ne soit qu’une affaire d’habitude. » Une chose est sûre, Alexandre Dumas aime le « boum-boum », comme disent les reporters de guerre ; et il aime plus encore le décrire, avec un sens hollywoodien du spectaculaire sanglant. L’écrivain aux 38 ouvrages est plus à son affaire dans les steppes grouillantes de bandits que parmi les vestiges sacrés de l’Antiquité.
— J.-L. M.
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WP_Post Object ( [ID] => 114415 [post_author] => 56398 [post_date] => 2022-01-05 08:22:35 [post_date_gmt] => 2022-01-05 08:22:35 [post_content] =>«Sortie mondiale », font valoir les éditions du Seuil sur la couverture de ce livre publié en plein Covid. Un bandeau rouge le justifie : « Si j’ai raison, c’est la plus grande découverte de l’histoire de l’humanité. » En 2017, les télescopes Pan-STARRS, perchés sur le volcan Haleakalā, à Hawaii, ont identifié un objet en forme de cigare basculant sur lui-même dont la trajectoire signalait une origine interstellaire. Bientôt évanoui dans le silence des espaces infinis, l’objet a été baptisé Oumuamua, mot hawaïen signifiant « messager venu de loin ». Pour Avi Loeb, « l’explication la plus simple des particularités de cet objet est qu’il a été créé par une civilisation intelligente ». Entre autres titres de noblesse, précise la couverture française du livre, Loeb dirige le département d’astronomie de Harvard et siège au « Comité des conseillers du président des États-Unis sur les sciences et les technologies à la Maison-Blanche » (sic).
La sortie mondiale du livre a valu à son auteur, ravi, de crouler sous les interviews et d’être contacté en l’espace de quelques semaines par « dix scénaristes et producteurs de films d’Hollywood ». Dans une interview donnée au mensuel Scientific American, il n’en dénonce pas moins la propension de trop de scientifiques à se laisser mener « par leur ego ». Il avait anticipé le mauvais accueil qu’une bonne partie de ses collègues ont réservé à son livre : « La quête d’une vie extraterrestre n’a jamais été plus qu’une bizarrerie pour la grande majorité des scientifiques. Pour eux, c’est un sujet digne au mieux d’un coup d’œil distrait, au pire de la pure dérision. » Et, pour dénoncer « les préjugés et l’étroitesse d’esprit de la communauté scientifique », il en appelle à un cas célèbre : « Souvenez-vous des clercs qui ont refusé de regarder dans le télescope de Galilée », dit-il au Washington Post, le journal de Jeff Bezos.
Il n’est pas Galilée, et ce n’est pas Jeff Bezos mais Mark Zuckerberg qui contribue à financer le projet Breakthrough Starshot, dont Avi Loeb préside le conseil scientifique. L’objectif ? Envoyer une flottille de microsondes spatiales de la taille d’un timbre-poste à la rencontre d’Alpha du Centaure, le système stellaire le plus proche de notre soleil. Proche, certes, mais tout de même à 4,37 années-lumière. Même si les microsondes voyagent à 20 % de la vitesse de la lumière, ce qui est une gageure, il leur faudra vingt ans pour atteindre leur objectif, relève le mensuel Astronomy. Breakthrough Starshot a été créé en 2017 sous les généreux auspices de l’oligarque russe Iouri Milner, qui en évalue le coût final à 5 à 10 milliards de dollars. Milner finance aussi le projet Breakthrough Listen, qui vise à détecter une vie intelligente extraterrestre.
Dans l’austère London Review of Books, l’astrophysicien Chris Lintott, professeur à Oxford et pilote du projet Planet Hunters (« chasseurs de planètes »), rejette courtoisement mais fermement la thèse de son collègue de Harvard – et dresse, pince-sans-rire, la liste non exhaustive des découvertes en astrophysique qui ont été interprétées comme autant de signes de la présence d’extraterrestres. Quand Jocelyn Bell Burnell observa en 1967 ce qu’on devait appeler ensuite un pulsar, celui-ci fut baptisé officiellement LGM-1 (pour Little Green Men-1, « petits hommes verts-1 »), ce qui l’exaspéra. Quand, plus récemment, on vit une étoile dont la brillance fluctuait considérablement, un article publié dans le très respecté Astrophysical Journal suggéra que c’était en raison d’une flotte de mégastructures orbitant autour d’elle. L’idée était empruntée au roman d’Olaf Stapledon Créateur d’étoiles 1. Plus récemment encore, la détection par l’observatoire de Parkes, en Australie, de « sursauts d’ondes radio » de nature incertaine a suscité une grande excitation. L’extraterrestre était un micro-ondes défectueux dans la cuisine de l’observatoire.
Il ne faut jurer de rien, car notre ignorance est grande. Nous n’avons peut-être examiné qu’un quintillionième (10-18) de la Voie lactée, écrit Lintott. Et pourquoi ne pas imaginer que nous vivons dans une réserve naturelle cosmique, mise sous cloche par une civilisation extraterrestre beaucoup plus avancée que la nôtre ?
— O. P.-V.
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