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Après les festivités du bicentenaire de la révolution de 1821, les Grecs commémorent le centenaire de la « catastrophe d’Asie Mineure », épisode tragique tout aussi fondateur. En 1919, les troupes grecques envahissent l’Empire ottoman pour réunir les deux rives et réaliser le vieux rêve d’une Grande Grèce. La campagne est bientôt suivie en 1921 d’une déroute désastreuse face à Mustafa Kemal, entraînant la mort de centaines de milliers de civils, et de l’incendie de Smyrne, en 1922. Point final aux projets expansionnistes hellènes, cette année voit aussi et surtout 1,5 million de réfugiés chrétiens débarquer dans un État de 4 millions d’habitants. À l’occasion de ce triste anniversaire, « La catastrophe d’Asie Mineure. 50 questions et réponses » est resté en tête des ventes ce printemps.
De fait, ce choc colossal – démographique, politique, culturel – n’en finit pas de hanter la Grèce contemporaine. Rappelant l’influence de ce cataclysme, l’édition grecque du Huffington Post titre : « Nous sommes tous des descendants de la catastrophe d’Asie Mineure. » Sur le site Internet de Skai, grande chaîne de télévision privée, on remarque que la catastrophe représente « pour l’hellénisme le plus grand désastre qu’il ait connu en trois mille cinq cents ans », chassant des rives orientales de l’Égée un peuple établi là depuis Homère… La responsabilité de la débâcle fait toujours débat. Le site d’actualité culturelle Athinorama souligne que la décision d’attaquer l’Empire ottoman fut le fait d’Elefthérios Venizélos, la grande figure libérale qui l’emporta sur les royalistes, alors opposés à son bellicisme.
L’ouvrage, écrit par deux historiens spécialistes des relations internationales, incarne selon le Huffington Post « une exhortation claire à fuir les dissensions nationales, responsables entre autres de la catastrophe ». Ce best-seller met la presse grecque d’accord grâce à une neutralité de ton qui se fait rare dans les livres relatifs à ce traumatisme. En dernière analyse, ajoute Skai, « regarder la catastrophe en face est la meilleure manière de rendre hommage à ceux des nôtres qui sont passés par les affres de cette époque ». Pour Athinorama, le livre invite plus généralement à « réfléchir à la figure de l’homme providentiel qui exige foi et soumission ». Selon les deux auteurs eux-mêmes, l’événement aurait aussi permis à la Grèce de rebondir. Ils rappellent que, au-delà de la tragédie, « l’incorporation de ces 1,5 million de réfugiés fut la plus grande réussite de la Grèce moderne, plus grande encore que ses victoires à la guerre, plus grande que son entrée dans ­l’Europe. » 

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La dernière fois que je me trouvai en face d’une carte d’Asie à très grande échelle, c’était à Calcutta où je cherchais en vain un bateau susceptible de me ramener en Europe après six ans passés aux Indes ; la carte couvrait toute la paroi d’un studio et, une fois de plus, elle me fascinait. Baignant dans la chaleur d’avril, Calcutta suintait de partout : mes hôtes étant partis pour les hauteurs de Kalimpong, j’étais seule, pouvant rêver tout mon saoul devant ce continent massif où les coloris verts, bruns, orange et jaunes indiquaient des déclivités ou des altitudes que j’avais eu le privilège de goûter, d’éprouver de par tout mon être. Mon corps, souvent las mais toujours enthousiaste, se souvenait à sa manière lui aussi.
La carte murale qui me dominait de si haut rappelait combien l’immense s’impose à ceux qui parcourent Tibet ou Turkestan ; ce symbole d’un continent n’éveillait plus en moi d’aussi lancinants désirs que par le passé, car j’ai quelque peu assouvi les plus impérieux de mes besoins de voir. Partie cinq fois vers l’Asie, n’avais-je pas, contrairement à toutes les prédictions, conquis de haute lutte ces pays dont il m’avait semblé nécessaire de fouler le sol et de respirer l’air empoussiéré ?
Les paysages les mieux gravés en moi, fixés par l’acidité du temps, étaient ceux qui avaient « encadré » une difficulté intérieure, un obstacle vaincu en moi-même. Là, au nord de Calcutta, une tache sombre près de Gangtok évoquait le début de ma toute récente escapade de quinze jours au Tibet avec la charmante et nerveuse Beryl : malgré le manque de traces dans la neige fraîche, nous avions voulu faire la petite traversée de sept kilomètres qui va du Nathu La au Jelep La – deux cols qui mènent du Sikkim à Lhassa et par où les caravanes viennent troquer leur laine contre des étoffes, du sucre et du pétrole. Au ­sortir d’une gorge sauvage aux parois avalancheuses, au lieu de nous trouver en vue de la cabane, nous étions arrivées dans une petite combe plantée de pins charmants où nous nous enfoncions jusqu’aux hanches dans la neige molle. Nous ne savions pas quelle direction prendre, et nous nous épuisions en tentatives faites au hasard. Souriants selon leur habitude, leurs chapeaux de feutre fixés sur la tête au moyen de leurs longues tresses, nos coolies se reposaient, attendant que nous ayons fait des traces qu’ils puissent suivre sans trop de difficulté. Inutile de leur dire que nous étions au bout de notre latin car ils n’en savaient pas plus que nous, et ils avaient déjà abandonné leurs recherches infructueuses. La situation était comique : nous n’étions guère qu’à deux kilomètres de la cabane, nous entendions au loin les sonnailles de mules invisibles qui devaient suivre la grande piste internationale, il ne nous restait qu’à gagner le bord de cette riante combe, mais cela dans la bonne direction, et si possible au-dessus du sentier jusqu’ici introuvable. Il fallait en finir, la nuit venait et, comme un tulle encore transparent, la neige commençait à tomber. À bout de souffle, Beryl s’était assise sur un tronc, ayant fermé son parasol inutile par temps couvert (son teint de blonde exigeait des précautions radicales, car le soleil tibétain est déjà très dangereux à 14 000 pieds d’altitude). Je fis encore une tentative, me promettant que ce serait la dernière. Après plusieurs « enfoncées » épuisantes, j’adoptai une nouvelle technique, regrettant à chaque instant de ne pas avoir les muscles abdominaux de la limace ou du serpent, rampant tant bien que mal sur les avant-bras et sur les jambes. Je crois que ce sont là les 75 mètres qui m’ont coûté le plus d’efforts de toute ma vie.
Sur cette carte qui m’incitait à la rêverie, il y avait, bien plus haut que le Sikkim, l’œil bleu du Koko Nor qui me regardait et, non loin de là, je repérais Tangar, la dernière ville chinoise avant le Tsaidam morne et désolé. Tangar! où nous étions sortis des fortifications en une file indienne composée de l’imperturbable Peter, de nos quatre chameaux et de nos deux poneys ; nous avions passé la Porte de l’Occident pour sortir, avions traversé le pont de Tanjai. Combien mon cœur battait alors devant l’inconnue double qui s’offrait à nous : celle des obstacles jalonnant une clandestine traversée transasiatique, et l’inconnue d’une camaraderie entre Peter et moi ! Ne serait-il pas mille fois plus intelligent d’être sage, de faire demi-tour, de ne pas s’exposer à tant de risques, de ne pas vivre tant de mois tourmentée par l’inquiétude ?
Cependant je crois que rien n’égale en intensité certains moments que j’ai vécus seule : oublierai-je jamais le Sari Tor et ses 4 990 mètres d’altitude, sommet isolé dans la chaîne des Tien Shan d’où je voyais à l’est les cieux de Chine, à l’ouest ceux de Russie, ces derniers déjà connus, les autres parés de tous les charmes qu’on attribue à l’inatteignable ?
Mais à Calcutta ce jour-là, le lieu qui me fit rêver le plus longtemps, ce fut Khodjeili, au cœur de ce désert qui forme le Turkestan russe. Non pas que ce hameau ait été particulièrement riche en dangers ou en beautés rares, mais parce que là, malgré moi-même, j’avais pris une décision qui me coûta des larmes tant j’étais lâche. C’était en plein hiver sibérien et la mer d’Aral toute proche avait gelé quatre jours auparavant : la navigation étant interrompue, il m’était devenu impossible de rejoindre par cette voie-là le chemin de fer de Russie qui devait me ramener à Berlin. Je venais de descendre l’Amou-­Daria (le fleuve fameux que les Grecs de Bactriane avaient appelé Oxus). À notre droite, c’était l’immensité plate du désert des Sables rouges ; à gauche, l’immensité du désert des Sables noirs qui s’étale entre l’Oxus et la Caspienne. Un peu en amont, à l’intérieur des terres, somnolait l’oasis de Khiva, dont la production cotonnière était venue s’amonceler en sacs sur la berge proche de moi.
À bord du bateau-mouche sur lequel je me trouvais, mes six compagnons de voyage – tous des hommes – avaient décidé d’hiverner à Khodjeili, leur voyage vers le chemin de fer étant irrémédiablement interrompu. Quant à traverser les Sables noirs tout proches, personne n’y songeait, des brigands ayant dévalisé les deux dernières caravanes qui s’y étaient aventurées. Notre petit bateau à moteur allait, il est vrai, repartir vers le sud, remontant lentement le grand fleuve beige que nous avions pris quelque dix jours à descendre, nous échouant parfois sur de pâles bancs de sables mouvants. Retracer mes pas me semblait quasiment impossible, et d’ailleurs le fleuve risquait de geler d’un jour à l’autre. Passer quatre mois dans ce pays perdu pour y attendre la débâcle des glaces me paraissait tout aussi saugrenu. Il ne me restait donc qu’à traverser le Kizil Koum, le désert des Sables rouges, ce qui représentait un voyage de 500 à 600 kilomètres. Pour cela, il fallait trouver des chameaux, chose difficile car ils avaient, paraît-il, tous été réquisitionnés par la lointaine république soviétique du Kazakhstan. Mon hésitation fut de courte durée : puisque je ne voulais pas hiverner sur place et pas davantage retracer mes pas, je continuerais droit vers le nord malgré mon peu d’argent et mon manque de renseignements.
Dehors les rives du fleuve étaient recouvertes d’une croûte de glace ; les rares bateliers ou pêcheurs de la région portaient d’immenses bottes de feutre, des vêtements ouatinés et d’épais bonnets de fourrure à longues oreillères pendantes. Cette terre pâle et vide semblait figée dans l’immensité. Parfois, sur l’autre rive, une carriole sortait d’une fente de la falaise pour avancer silencieusement vers le passeur, une carriole avec deux grandes roues propres à naviguer dans le sable profond. Le froid était tel que les ailes de mon nez se collaient : il semblait que l’air lui-même allait se coaguler d’un seul coup.
La chaude cabine de notre vieux rafiot me parut le lieu le plus désirable de l’Asie. Servie sur la table, une soupe au poisson fumait, tandis que j’annonçais au capitaine ma décision de continuer droit au nord. Malgré les difficultés du rationnement – c’était en 1932 – il me procura deux poissons séchés et deux miches de pain. Il me conseilla de gagner sur l’autre berge un village distant de quelque quinze kilomètres.
Au moment de devoir la quitter, cette misérable mais accueillante cabine devenait le symbole du confort, de la chaleur qui me ferait sans doute défaut pendant deux ou trois semaines… symbole de la sécurité qu’on éprouve à vivre dans un groupe où l’entraide n’est pas un mot vide de sens. Le capitaine semblait comprendre ma décision, l’encourager même : je ne pouvais plus lui laisser voir combien j’avais peur de partir dans ce vide jaune et craquant de froid.
Jamais le geste d’épauler mon rucksack ne me parut si difficile et si contraire à mon désir de rester au chaud. Le quart d’heure qui s’écoula à attendre le passeur me vit la proie d’une hésitation maladive. Mais une fois sur la rive, cassant ici la glace pour embarquer d’un pied plus sûr, puis sur l’autre rive marchant à la rencontre d’un véhicule pouvant me mener au hameau tête de ligne du désert à traverser… une fois l’action commencée, je me sens mieux.
La griserie de découvrir du nouveau exerce une fois de plus son prestige, cette incomparable griserie qui envoie comme un coup de fanfare dans les veines, alors que le sang enfin réchauffé semble courir en chantant : « Réussir, réussir, aux audacieux la réussite sourira peut-être ! »
Sur cette nouvelle rive il n’y avait rien, ni cahute, ni entrepôts, ni maison, rien que le désert… rien qu’un homme solitaire vêtu d’une peau de mouton, un musulman accroupi, touchant parfois le sable de son front, un homme qui priait, tourné vers un inoubliable couchant balafré de couleurs sanglantes. 

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D’un mouvement alerte, elle rejetait ses seins pendants par-dessus ses épaules. Une prouesse inédite, propre à l’ebu gogo, créature improbable souvent mentionnée dans les légendes populaires sur l’île de Florès, en Indonésie.
Avant même que soient dénichés les premiers squelettes du dérangeant Homo floresiensis, ou homme de Florès, les anthropologues avaient assimilé l’ebu gogo à une population récemment disparue d’hominoïdes, mi-hommes mi-singes, de petite taille, de faible capacité crânienne et très poilus. Quand Homo floresiensis fut découvert, en 2003, la légende revint sur le devant de la scène. L’homme de Florès, il faut l’avouer, avait de quoi surprendre. Des individus mesurant quelque 1,10 mètre en moyenne, munis d’une pierre ­taillée de bon aloi, que leurs découvreurs ont d’abord situés dans une période allant de 38 000 à 13 000 ans av. J.-C., soit l’époque des grottes ornées en Europe. Une nouvelle espèce d’humains, sans relation claire avec les espèces connues.
Bientôt baptisé « Hobbit » par les paléontologues en question, experts en communication, l’homme de Florès a fait le tour du monde grâce aux médias. On en sait plus aujourd’hui sur son compte. L’époque à laquelle vivaient ces braves gens a été nettement reculée ; on la situe à présent entre 100 000 et 60 000 ans av. J.-C. Autrement dit, l’espèce aurait disparu au moment où Homo sapiens, venu d’Afrique, est arrivé dans ces contrées. Les pierres taillées retrouvées près des squelettes rappellent celles qu’utilisait Homo sapiens, mais l’espèce est issue d’humains beaucoup plus anciens. La dernière estimation conclut à une descendance lointaine d’une lignée non identifiée, remontant à plus de 1,75 million d’années.
On a longtemps cru que la petite taille de l’homme de Florès était due à un phénomène classique de nanisme insulaire, bien étudié chez certaines espèces animales comme l’hippopotame, le mammouth et l’éléphant. On n’en est plus si sûr. Si son cerveau n’était pas plus volumineux que celui du chimpanzé, il avait du moins des aires frontales de bonne taille, manifestement suffisantes pour lui permettre de faire du feu et dépecer des animaux avec des outils en pierre. Et il n’a pu arriver à Florès qu’en bateau – ou par accident, sur un radeau improvisé, à moins que ce ne soit à dos d’éléphant.
Se référant à la légende locale, un géologue australien qui faisait partie de l’équipe impliquée dans la découverte avait d’emblée émis l’hypothèse que ces humains avaient pu continuer à vivre discrètement à Florès jusqu’à une date suffisamment proche pour pouvoir s’inscrire dans la mémoire populaire. Presque ­aussitôt, l’anthropologue canadien Gregory Forth, spécialiste des peuples de Florès, a repris l’idée à son compte. Dans un article publié en 2005 dans Anthropology Today, il allait jusqu’à proposer qu’Homo floresiensis rôdait peut-être encore quelque part dans la jungle de l’île. Il se moquait du biais d’occidentalisme dont étaient victimes, à ses yeux, la plupart de ses collègues ethnologues qui, dans la tradition de Durkheim, considèrent tout mythe « sauvage » comme dénué de fondement empirique.
Depuis lors, Gregory Forth n’a cessé d’enquêter sur le sujet. Son ouvrage Between Ape and Human est le produit de ces investigations. Il y raconte par le menu ses entretiens avec des habitants de Florès, appartenant en particulier au peuple des Lios, qui vaque dans une partie de l’île se trouvant à 150 kilomètres des squelettes d’Homo floresiensis. En essayant de faire la part entre les récits ­fantasmés et ceux qui lui paraissent plus dignes de foi, il rapporte ses conversations avec « plus de trente témoins oculaires ». Le plus intéressant est peut-être ce qu’il nous dit de la cosmogonie des Lios : pour eux, et contrairement à nous, les humains ont été créés avant les autres animaux. Les ebu gogo ou assimilés (la légende varie d’un peuple à l’autre) ne sont donc pas des humains primitifs mais des animaux qui descendent des humains.
Gregory Forth maintient qu’une espèce apparentée à Homo floresiensis se cache peut-être toujours à Florès – ou y a disparu au cours des cent dernières années. Il aimerait beaucoup qu’on le croie. 

[post_title] => Le double mystère de Florès [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-double-mystere-de-flores [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-08-30 15:46:40 [post_modified_gmt] => 2022-08-30 15:46:40 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120577 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Pier Paolo Pasolini écrivait dans une lettre à Alberto Moravia que son roman Petrolio n’était « pas une proclamation […] mais le préambule à un testament ». Ce que ce poète, écrivain et réalisateur, figure phare du XXe siècle italien, ignorait alors, c’est que Petrolio serait véritablement son testament littéraire, car l’écriture de ce qu’il envisageait comme un « métaroman philologique » fut interrompue par son assassinat, en 1975. Ainsi, ce texte très expérimental – qui devait être une enquête sur les machinations politiques et financières dans l’Italie post-boom économique mais dont l’ambition était de « traverser tous les genres et tous les styles » – est resté à l’état de feuillets et de notes éparses, parfois contradictoires. Il n’a pas de « clé de lecture univoque », explique Il Libraio.
Après une première publication en 1992, une nouvelle édition a paru cette année, pour le centenaire de la naissance de Pasolini. Les différences entre les deux éditions résultent du travail minutieux d’un duo d’éditeurs composé de Maria Careri, qui avait participé à la publication précédente, et de l’écrivain Walter Siti : intégration de paragraphes raturés, ajout d’une dizaine de pages inédites, déplacement de certains fragments, développe Siti dans La Stampa. De l’avis de ce spécialiste de Pasolini, s’il avait été achevé, cet « anti­roman que [Pasolini] envisageait aussi comme une révolution de la forme roman » aurait pu être « le chef-d’œuvre annoncé » tout comme un « somptueux échec ». Toujours est-il, conclut Il Libraio, que son « charme tient surtout à son caractère inachevé ». Quant au « véritable intérêt » de cette nouvelle édition, il tient à la longue postface de Walter Siti, lit-on dans Linkiesta

[post_title] => L’antiroman de Pasolini [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lantiroman-de-pasolini [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-06-30 07:19:57 [post_modified_gmt] => 2022-06-30 07:19:57 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120580 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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L’intrigue de Glory se déroule dans le Jidada, pays africain imaginaire qui n’est pas sans rappeler le Zimbabwe de 2017, lors de la chute du prési­dent Robert Mugabe. On ne trouve pas un seul être humain dans ce roman, mais des chevaux, des cochons, des chèvres, des chiens, des poulets, des paons : ces animaux parlants ont été inspirés à NoViolet Bulawayo par les histoires que lui racontait sa grand-mère dans son Matabeleland natal, écrit-elle dans la préface. Et de préciser qu’en rédigeant Glory elle a eu « en permanence à l’esprit La Ferme des animaux, de George Orwell, satire d’une révolution qui se termine par une trahison et une tyrannie ».
En Afrique australe, le Zimbabwe est synonyme depuis vingt ans de déclin et de mauvaise gouvernance. Glory porte sur la corruption politique dans l’Afrique postcoloniale et égratigne au passage le successeur de Mugabe, Emmerson Mnangagwa. En 2013, NoViolet Bulawayo a été la première Africaine noire à être sélectionnée pour le prestigieux Booker Prize au Royaume-Uni, lors de la parution de son premier ouvrage, Il nous faut de nouveaux noms (Gallimard, 2014). Glory était donc très attendu. Selon le critique Percy Zvomuya, du site sud-africain New Frame, la technique littéraire de l’anthropomorphisme « ne fonctionne pas totalement en tant qu’allégorie » dans ce roman. Toutefois, il estime que Glory est « par endroits un récit émouvant, souvent saisissant, des maux de la nation de Jidada ». 

[post_title] => Une fable africaine [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => une-fable-africaine [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-06-30 07:19:48 [post_modified_gmt] => 2022-06-30 07:19:48 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120619 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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La maladie n’est pas une expérience binaire de type « soit on est malade, soit on est en bonne santé ». La convalescence – un processus essentiel, à la fois physique et mental – est aujourd’hui négligée, car la médecine moderne concentre ses efforts sur le paroxysme de la maladie, avance le praticien écossais Gavin Francis. Le terme de « convalescence » est absent des index des manuels de médecine. Il suffit d’observer les hôpitaux publics du Royaume-Uni pour constater qu’ils « ressemblent à s’y méprendre à des centres commerciaux ou à des aéroports », note Henry Marsh, lui-même médecin, dans The New Statesman : ces lieux n’ont rien d’un havre de paix et de tranquillité.
Avant d’exercer comme généraliste au sein de son cabinet privé d’Édimbourg, Francis a sillonné le globe en qualité de chirurgien et de médecin urgentiste. Dans Recovery, il évoque ses années d’étudiant en médecine, qui l’ont amené à travailler dans deux établissements conçus à l’origine comme des lieux de convalescence. Ces bâtiments spacieux répondaient aux critères de salubrité – accès à l’air frais et à la lumière – prônés au XIXe siècle par Florence Nightin­gale, la pionnière des soins infirmiers modernes. Les établissements de convalescence ont progressivement été vendus et transformés en résidences privées. En tant que praticien, Gavin Francis a pu observer des milliers de personnes luttant pour se remettre d’une maladie. Pour qu’un patient se rétablisse, il lui faut du temps et un accompagnement médical approprié, affirme celui qui se présente comme un « guide dans le paysage de la maladie ». « Je suppose que [Gavin] est le généraliste que la plupart d’entre nous aimeraient avoir », conclut Marsh avant de recommander ce livre « profond » et particulièrement actuel aussi bien aux patients qu’aux médecins. 

[post_title] => Le temps de la guérison [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-temps-de-la-guerison [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-06-30 07:19:41 [post_modified_gmt] => 2022-06-30 07:19:41 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120622 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Les récits politiques et sociaux dominent depuis si longtemps la littérature grecque que les livres s’écartant de cette tendance se remarquent. C’est le cas du deuxiè­me roman du jeune Georges Pétrakis, « Les dimanches quand décollent les avions ». Dans la Crète d’aujourd’hui, des personnages en marge de la société se retrouvent à dialoguer avec le dernier tsar de Russie, des membres de sa cour et de son état-major… Farfelu ? Le site culturel Popaganda a été sensible à la « langue d’une simplicité désarmante » avec laquelle sont racontées ces « histoires singulières, prises entre réalisme étrange et fantaisie menaçante ». Face à ces visions hallucinatoires, l’influente critique Lina Padaléon, du quotidien de référence I Kathimeriní, note que « grâce à leurs fantasmes, ces héros parviennent à survivre à leur environnement miteux ». Ces rêveries improbables semblent dessiner un portrait de la Grèce contemporaine, contrainte de se réfugier dans des illusions tant le réel se révèle décevant.

[post_title] => L’asile des chimères [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lasile-des-chimeres [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-07-03 10:28:00 [post_modified_gmt] => 2022-07-03 10:28:00 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120625 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Dans les huit nouvelles qui composent son premier recueil, la jeune auteure Lin Wen-hsin, remarquée pour sa prose réaliste et sa sensibilité, s’attaque au rapport des femmes à leur corps, notamment à ses fonctions – supposément – les plus inavouables. Dans « Terrain de jeux », une jeune fille rêve de la fois où elle a surpris quelqu’un en train de la regarder déféquer dans des toilettes publiques ; dans « Une femme propre », l’héroïne – à qui sa mère a appris à laver à la main ses culottes tachées de sang – en vient, par souci d’hygiène, à épier les usages de ses camarades pensionnaires ; dans « Gravé dans l’os », un tatoueur, épris du corps d’une de ses clientes, la désire secrètement. Il suffit à Lin de pousser le curseur un cran plus loin pour que ses personnages passent de propres à maniaques ou de désirants à obsédés. Ce ressort narratif, qui fait à l’occasion basculer le récit dans le fantastique, permet de jouer avec la transgression tout en mettant en exergue les attentes que la société nourrit encore aujourd’hui à l’égard des femmes.
Selon Wu Hsiao-le dans le magazine en ligne Okapi, « Lin Wen-hsin tend à écrire des romans denses mais économes, un art dans lequel elle excelle. Le foisonnement et la diversité se voient au premier coup d’œil, comme si le texte était un meuble dont tous les tiroirs étaient ouverts ». Un clin d’œil aussi au talent qu’a l’auteure pour révéler ce qui reste habituellement caché. 

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Le loup-garou est une figure familière et omniprésente de la culture du divertissement, aux côtés des vampires, zombies et autres démons. Ce que l’on sait moins, c’est à quel point son origine est ancienne. Pour son livre The Werewolf in the Ancient World, Daniel Ogden, professeur de lettres classiques à l’Université d’Exeter, au Royaume-Uni, a remonté les siècles à l’affût de la moindre trace laissée par un loup-garou dans la culture mondiale. Se voulant exhaustif, l’ouvrage va de la mythologie grecque aux textes chrétiens du Moyen Âge, des sagas islandaises aux contes des frères Grimm, des histoires de fantômes de l’époque victorienne aux délires de lycanthropie dans les hôpitaux psychiatriques (lorsque le patient se croit transformé en loup).
« Le fantasme du loup-garou et ses multiples ramifications sont au cœur de cette étude savante et souvent amusante », commente The New York Review of Books. Et le magazine de citer l’une des plus belles descriptions de lycanthrope : celle qui se trouve dans le Satyricon de Pétrone, dans l’épisode du « Festin chez Trimalcion ». Les éléments narratifs indissociables de cette créature hybride – la pleine lune, les errances nocturnes, les hurlements, la transformation et la marque du coupable – y sont déjà bel et bien présents. 

[post_title] => Tout sur le loup-garou [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => tout-sur-le-loup-garou [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-06-30 07:19:23 [post_modified_gmt] => 2022-06-30 07:19:23 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120665 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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S’il s’est grandement tari, le flot d’ouvrages consacrés au meurtre, en 1986, du Premier ministre suédois Olof Palme peut toutefois remplir une bibliothèque. Le dernier en date, paru en février, « est d’un autre calibre », estime le quotidien Svenska Dagbladet. D’abord, il ne cherche pas à imposer une hypothèse quant à l’identité de l’assassin et à ses motifs. Et, surtout, il donne « pour la première fois un aperçu complet de l’enquête » tout en fournissant « des explications effrayantes à son échec ». Le livre est l’œuvre de l’ancien secrétaire de la commission d’enquête chargée de comprendre pourquoi la police n’a pas réussi à résoudre une telle affaire – autant de travaux dans lesquels l’auteur a puisé pour rédiger cette somme de 450 pages. Dans un « style clair et élégant », selon Dagens Nyheter, Hans-Gunnar Axberger décortique les ratés qui se sont accumulés dès les minutes suivant le drame, survenu sur un boulevard de Stockholm. Le commissaire chargé de l’enquête « avait une expérience très limitée du minutieux travail de policier. Il s’intéressait plutôt aux grandes lignes. De quoi égarer les esprits ». À partir de là, note le quotidien suédois, « l’enquête s’est mise à ressembler à une baleine échouée, pourrissant lentement ». Autre raison de l’enlisement de l’enquête : « La conviction que le meurtre d’une personnalité politique comme Palme devait avoir des causes politiques à la hauteur de sa réputation mondiale. » En 2020, la justice suédoise a fini par classer l’affaire, non sans désigner un homme seul – un obscur graphiste mort vingt ans plus tôt – comme le tueur présumé. Mais sans apporter de preuves… Décidément, il s’agit de « l’enquête la plus embarrassante du monde », raille Aftonbladet, journal proche du Parti social-démocrate dont Palme était une grande figure. 

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