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En France, la cause est entendue : Carlos Ghosn est un sujet d’opprobre (son avidité, ses manigances), voire de ridicule (son évasion rocambolesque, son arrogance stratosphérique, ses cheveux teints…). Mais deux journalistes américains, avec « le premier récit à la fois plausible et contextualisé de cette remarquable histoire », écrit Leo Lewis dans le Financial Times, portent un éclairage plus nuancé sur cette saga, qui, surtout dans sa phase descendante, possède tous les ingrédients d’un roman, sinon d’une tragédie shakespearienne, dont le climax serait la fameuse évasion.
L’opération était extrêmement risquée. Carlos Ghosn, l’homme le plus connu ou du moins le plus surveillé du Japon, traverse le pays en Shinkansen juste caché derrière un masque chirurgical ; à l’aéroport, la tentative pour corrompre une employée échoue ; le manutentionnaire qui transporte dans la soute du jet privé la caisse où se cache le fugitif remarque en riant qu’elle semble plus lourde qu’à l’aller et qu’il doit y avoir une jolie femme dedans... En cas d’échec, Carlos Ghosn aurait probablement subi au Japon une détention interminable et vengeresse. Pourtant, après cent vingt jours de garde à vue, des centaines d’heures d’interrogatoire, des semaines d’assignation à résidence coupé des siens, il juge qu’il se trouve contraint de fuir « non pas la justice du Japon mais son injustice et la persécution politique ». Il jette l’éponge (et la caution de 8 millions d’euros exigée pour sa remise en liberté conditionnelle). Mais l’opération réussit, et vingt-quatre heures plus tard Carlos Ghosn se retrouve à Beyrouth, inextradable et confortablement installé dans l’une de ses résidences palatiales.
Comment en est-on arrivé là ? Le fantastique Carlos Ghosn, s’interrogent les deux auteurs, a-t-il vraiment « tapé dans la caisse de Nissan », la société qu’il a sauvée ? Difficile de répondre sans enfreindre une foule de règles éthiques et juridiques. D’autant que, si les faits sont à peu près connus, les preuves réelles ou supposées dorment encore dans l’armoire blindée du procureur de Tokyo. Les auteurs choisissent de contourner le problème et de se focaliser plutôt sur le contexte, dont le rôle dans cette histoire est si puissant qu’il fait presque figure de suspect numéro un.
Le contexte, c’est d’abord et avant tout l’Alliance Renault-Nissan, conclue en 1999, lorsque Renault vole au secours de Nissan alors aux confins de la faillite. Renault injecte 5,4 milliards de dollars pour détenir 43,4 % du capital du constructeur japonais, qui prend lui-même 15 % de celui de son sauveteur. Un deal certes inégal mais incroyablement culotté, qui à l’époque suscite la stupeur. Et Renault apporte encore autre chose : un manager capable de diriger l’improbable attelage, Carlos Ghosn. Il lui faudra amener deux colossales entreprises, dont les cultures sont aux antipodes et les sièges sociaux éloignés de huit fuseaux horaires, à coopérer tout en restant indépendantes, à augmenter leurs parts de marché tout en réduisant leurs coûts.
Mission impossible, mais réussie haut la main. Renault et Nissan multiplient les nouveaux modèles en mettant en commun leurs atouts respectifs et en poussant les « synergies » – les réductions de coûts et de masse salariale, en bon français. En trois ans, Nissan va redevenir rentable. Quinze ans plus tard, l’Alliance sera numéro un mondial des ventes de voitures légères, la valeur boursière de Nissan dépassera les 60 milliards de dollars et Carlos Ghosn se retrouvera quasiment déifié au Japon pour avoir sauvé le constructeur national. Mais au prix d’un traitement radical aussi peu japonais que possible : hiérarchies court-circuitées, traditions défiées et système ancestral de participations croisées entre sociétés se tenant les coudes (le keiretsu) bafoué.
Paradoxalement, c’est de cette réussite même que viendra la catastrophe, via un enchevêtrement de conséquences en apparence positives mais en réalité toxiques. La toute première d’entre elles, c’est l’inflation spectaculaire de l’hubris et des émoluments de Carlos Ghosn, persuadé (non sans fondement) d’être unique et irremplaçable. Problème : en 2010, dans un accès tardif de vertu comptable, le Japon impose aux sociétés cotées en Bourse de divulguer toute rémunération excédant 100 millions de yens par an (900 000 euros). Panique chez Nissan : comment révéler à l’ultranationaliste public japonais qu’un gaijin, Carlos Ghosn, gagne sur place six fois plus que les patrons de Honda ou de Toyota (mais à peine les deux tiers de ses homologues américains) ? Incidemment, comment faire avaler aux ouvriers de Renault confrontés à des licenciements massifs que leur PDG gagne cinq fois plus par jour qu’eux par an ? Hiroto Saikawa, le patron de Nissan, et quelques acolytes doivent trouver le moyen de conserver les excellents mais coûteux services du vorace Carlos Ghosn, par ailleurs régulièrement sollicité pour sauver des compagnies automobiles de la mouise. La seule solution est de le rémunérer le plus possible « sous les radars », comme l’écrit James Lasdun dans la London Review of Books, c’est-à-dire d’une façon optiquement (et peut-être fiscalement) discrète. À son salaire déjà réparti entre Renault, Nissan et Mitsubishi, un autre constructeur japonais aux abois qui a rejoint l’Alliance en 2016, viennent s’ajouter une astronomique « rémunération différée » de 80 millions de dollars sur huit ans et tout un attirail de moindres gracieusetés : un yacht hollywoodien baptisé, non sans impudence, Shachou (« patron »), l’absorption acrobatique par Nissan d’une perte sur la couverture de change subie par le chef, des résidences de luxe à Tokyo, Paris, Rio, Beyrouth. Au passage, quelques lignes rouges sont sans doute franchies puisque Carlos Ghosn se voit condamné par l’autorité boursière américaine à une amende de 1 million de dollars pour fausses déclarations ! Pour ne rien arranger, il fait aussi un usage très libéral d’une opaque holding néerlandaise afin de procurer de discrètes douceurs à bon nombre de gens, dont sa propre sœur et quelques amis bien placés. « Le système d’audit chez Nissan n’était guère rigoureux, et Ghosn n’était pas quelqu’un à qui l’on pouvait dire non », constate James Lasdun avec fatalisme.
Autre grande conséquence perverse de la résurrection commerciale, financière et surtout boursière de Nissan : les ingrats Japonais, oublieux du risque pris au départ par les Français, parlent de remettre en cause l’équilibre des pouvoirs au sein de l’Alliance. Nissan vend autant de voitures que Renault, fait bien plus de profits et pèse bien plus en Bourse. Le poids respectif des deux partenaires est complètement inversé, mais c’est Renault qui tient toujours les rênes. Côté japonais, on renâcle d’autant plus qu’on considère les 15 % détenus par l’État français chez Renault, donc indirectement chez Nissan, comme une scandaleuse contravention au sacramentel principe de séparation public-privé. Alarmé par ces velléités de rééquilibrage, Bercy réagit en s’attribuant en 2015 un droit de vote double lors des assemblées générales des actionnaires. Et, lorsqu’en 2018 Carlos Ghosn négocie le renouvellement de son mandat pour quatre ans, Bercy met une condition : le « co-chairman » doit trouver le moyen de rendre l’Alliance « irréversible ». Ce mot met le feu aux poudres : comment y parvenir sans une fusion, de fait sinon de droit, un anathème pour les Japonais ?
Carlos Ghosn, qui avait contre toute attente su faire longtemps collaborer la carpe japonaise et le lapin français, fera désormais figure de cheval de Troie au service d’une sournoise invasion française. Situation d’autant plus injuste que lui-même s’est toujours insurgé contre l’interventionnisme de Bercy, qu’il n’est pas favorable à la fusion et que son cœur comme son portefeuille penchent nettement du côté de Nissan (dit-on en France, où on le voit de moins en moins). Le Japon – nouvel élément contextuel – n’est structurellement guère accueillant pour les sociétés étrangères, notamment dans l’ultrastratégique secteur automobile. Il suffit de voir les mésaventures de Ford avec Mazda ou de Volkswagen avec Suzuki. Pourtant, soulignent les auteurs, « les Français, qui ne sont en général pas trop bien vus par le reste du monde, sont au Japon synonymes de beauté, de culture, de raffinement ». Cela ne suffit pas à sauver une Alliance déséquilibrée, de plus en plus dysfonctionnelle, qui se dirige tout droit vers la collision.
Car le fonctionnement et le succès de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi ont sur la psyché de Ghosn un impact tout aussi spectaculaire que du côté business. Il est le cœur battant de l’Alliance ; toutes les décisions sont prises par lui, certes après ample consultation. Déjà peu porté sur la modestie et sur la diplomatie, le surhomme laisse ses tendances dictatoriales croître avec sa réussite et l’adulation qu’elle lui vaut à Tokyo. Seul dans son Gulfstream, grâce auquel il zigzague constamment d’un continent à l’autre, il perd contact avec la réalité et se laisse aller à quelques extravagances, comme cette fête versaillaise payée par Renault, à laquelle pratiquement personne de chez Renault ne participe (mais Jeff Bezos, oui). Et, bien sûr, étant à la tête de deux grandes sociétés potentiellement rivales, il se trouve en conflit d’intérêts structurel, situation schizophrénique. Cependant, en bon petit soldat, il confie à une équipe réduite le soin d’étudier dans le plus grand secret les modalités de la funeste fusion.
Or simultanément – oui, simultanément ! – une autre équipe ultrasecrète est mise en place à Tokyo, dans un tout autre but. Hiroto Saikawa, farouchement opposé à la fusion, demande à Hari Nada, l’un des intimes de Carlos Ghosn, d’« aller ramasser des patates », comme on dit en japonais, c’est-à-dire pêcher les preuves d’éventuelles malversations commises par le boss. Or Hari Nada, qui a activement participé à la mise en place des mécanismes de rémunération occulte, a tout à coup des sueurs froides. Craignant « que son propre rôle soit mal interprété », il juge plus prudent d’aller se confier au procureur de Tokyo moyennant une exemption de poursuites. C’est le début de la débâcle pour toutes les parties concernées, Nada excepté. Nissan s’effondre, commercialement et boursièrement. L’Alliance semble avoir subi un coup fatal. Quant à Carlos Ghosn, accusé de « dissimulation de salaire, de dissimulation de rémunération future et d’utilisation des ressources de Nissan à des fins personnelles », comme le résume John West dans Australian Outlook, il est pris dans la tourmente.
Car voici qu’un ultime élément contextuel particulièrement inquiétant s’ajoute au tableau : le système juridique japonais, un système qui « s’attache moins à la vérité des faits et aux droits de l’individu qu’à la préservation de l’ordre social », résument les auteurs. Si les inculpations sont rares au Japon, le taux de condamnation après inculpation est de 99,4 % ! Le système repose sur une forme de coopération justice-accusé (aveux rapides contre sanctions modérées), coopération lourdement stimulée par des gardes à vue longues et dissuasives, renouvelables, avec interrogatoires incessants. Mais voilà, Carlos Ghosn ne « coopère » pas. Au contraire, il alerte le monde sur l’iniquité d’un système juridique quasi médiéval qui prend les accusés en otage (il sera entendu jusqu’aux Nations unies) et hurle à pleins poumons pour dénoncer une instruction à charge dirigée exclusivement contre lui (aucun Japonais ne sera inquiété). Il se dit victime d’une lâche « conspiration » et dénonce les carences de la gouvernance nipponne. Pour l’archipel, l’humiliation est grave. Peut-être aurait-elle été plus grave encore s’il y avait eu un procès à grand spectacle, surtout si les allégations contre l’accusé y avaient fait pâle figure. Allez savoir.
— J.-L. M.
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En 2021, on fêtait le bicentenaire de la naissance de Baudelaire. Dans The New York Review of Books, l’universitaire et poétesse Ange Mlinko dresse le bilan éditorial non négligeable de l’événement aux États-Unis : une nouvelle traduction des Fleurs du mal par Aaron Poochigian (Liveright, 2021) et du Salon de 1846 par Jonathan Mayne (David Zwirner, 2021), ainsi que des écrits tardifs, souvent inachevés ou posthumes (Fusées, Mon cœur mis à nu, Petits Poèmes en prose, Pauvre Belgique), lesquels n’avaient jamais jusqu’ici été réunis en anglais (ils le sont désormais sous le titre Late Fragments). La nouvelle traduction des Fleurs du mal déçoit Mlinko. De son propre aveu, Poochigian ne l’a écrite qu’en quatre mois, au printemps 2020, et malheureusement le résultat « garde la trace de cette hâte ». On sent Mlinko, en revanche, séduite par les Late Fragments, où le poète, renonçant aux vers, explore des formes plus expérimentales : le chantre de l’art pour l’art abandonne la perfection formelle pour le précaire et l’avorté. « En lisant Pauvre Belgique, j’ai presque ri d’étonnement devant l’extravagance de la haine que Baudelaire voue au plat pays », remarque Mlinko. Une haine qui n’a d’égal que son mépris des… États-Unis, cette nation de « boutiquiers », responsable de la mort d’une des idoles du poète : Poe.
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Longtemps, la Révolution française a été considérée comme l’un des événements les plus importants, si ce n’est le plus important, de l’histoire humaine. C’était une sorte d’épiphanie, révélant non seulement au peuple français mais à ceux du monde entier les voies de l’avenir. Cela a duré grosso modo « un siècle et demi », note David A. Bell dans la London Review of Books. Aujourd’hui, après l’effondrement de l’URSS et les échecs relatifs aussi bien du Printemps arabe que des révolutions « de couleur » (orange en Ukraine, des roses en Géorgie…), le moins que l’on puisse dire, c’est que la foi dans la capacité des révolutions à vraiment changer les choses a pris du plomb dans l’aile. Bell, historien spécialiste de la France des XVIIIe et XIXe siècles, reconnaît que, désormais, « s’il y a une révolution qui enthousiasme [s]es étudiants de premier cycle, ce n’est pas la française, c’est l’haïtienne ».
Or voilà que paraît outre-Atlantique un ouvrage qui pourrait, selon Bell, « contribuer à rendre à la Révolution française la place qu’elle occupait naguère dans les comptes rendus de l’histoire du monde ». « Fruit de plusieurs années de réflexion », il est signé par l’historien américain William H. Sewell Jr. Il propose une « vision convaincante de la manière dont une variété spécifiquement française de capitalisme s’est développée au XVIIIe siècle et de comment les formes d’expérience sociale qui en ont résulté ont à leur tour jeté les bases d’une nouvelle politique, révolutionnaire ».
C’est que, la révolution ayant perdu de son lustre, bien des historiens avides de tournants décisifs se sont rabattus sur le capitalisme, sa naissance et sa montée en puissance. Que la France n’ait pas été en la matière le pays arriéré, à la remorque de l’Angleterre, qu’on a longtemps décrit, on le savait depuis un bon moment déjà. Mais l’originalité de la démarche de Sewell est de tenter de montrer que, « en 1789, le capitalisme avait conduit les Français à voir dans l’égalité civique un état des affaires aussi naturel que désirable ». À cette date, après des décennies d’une croissance annuelle moyenne de 0,6 % – bien modeste selon nos critères d’après la Seconde Guerre mondiale, mais prodigieuse comparée à ceux qui prévalaient jusqu’alors –, 40 % de la population masculine suffit à nourrir l’ensemble du pays. Voilà qui permet d’orienter les forces vives vers d’autres secteurs. Le plus dynamique de l’économie française est (déjà !) celui du textile de luxe : « Un nombre croissant de personnes bénéficient d’un revenu disponible, ce qui leur permet d’acheter davantage de vêtements et de prêter davantage attention à la mode. Des producteurs de soie astucieux ont favorisé cette évolution par le biais de la publicité et de ce qui s’apparentait à une étude de marché : ils surveillaient les goûts des consommateurs et proposaient chaque année de nouveaux motifs aux couleurs vives. La demande a fait grimper les prix – et les bénéfices –, permettant aux producteurs de prendre encore plus de risques », rapporte Bell.
Cette évolution est d’autant plus remarquable qu’elle prend place « dans un pays où les marchés restaient limités par des taxes internes punitives, un strict contrôle des prix, des règlements de corporation étouffants et des mécanismes de crédit peu développés ». Toutes les astuces sont bonnes pour échapper aux réglementations trop lourdes et trop contraignantes. D’une certaine manière, les nouvelles pratiques capitalistiques s’imposent peu à peu en dépit d’un cadre archaïque qu’elles vont finir par faire voler en éclats. « Dans un exemple classique illustrant la façon de contourner les règles des corporations et de créer un nouveau secteur économique, les chefs cuisiniers ont contesté le monopole de la vente de plats cuisinés détenu par les traiteurs en créant des établissements proposant des bouillons de viande dits “restaurants” et quelques plats d’accompagnement présentés comme des produits médicinaux. » C’est la naissance de nos restaurants.
Les Français étaient conscients de ces bouleversements, du moins ceux, de plus en plus nombreux, qui savaient lire : « Les écrivains pouvaient difficilement ne pas s’en apercevoir, car l’expansion vertigineuse du marché du livre signifiait que, pour la première fois, ils pouvaient espérer vivre et peut-être même s’enrichir de la vente de leurs écrits, plutôt que de dépendre de riches mécènes. » De fait, constate Sewell, au cours des quatre décennies qui ont précédé 1789, il paraît plus de livres d’économie politique que de romans, « même si les romans se vendent mieux ».
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Quand les plus grands journaux de nos démocraties, de droite et de gauche, vous expliquent ce qu’il faut penser d’un sujet, votre opinion est faite. Et s’il advient que lesdits journaux se trompent, vont-ils le reconnaître ? Un exemple parmi d’autres est l’affaire Assange. La démonstration en est apportée par un spécialiste du droit international, Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture de 2016 à 2022. Ayant compris tardivement – en 2019 – avoir été intoxiqué par les médias, il mena sa propre enquête puis intervint auprès des États concernés pour dénoncer un cas de torture psychologique. Il reprend le sujet à fond pour l’exposer pas à pas dans un livre remarquable, dont bien sûr les grands journaux en question ne parlent pas.
Julian Assange est à l’origine un hackeur australien, marqué par une enfance errante. Nous en avions publié un long portrait rédigé par un journaliste du New Yorker 1. De fibre anarchiste, passionné de cryptographie, il a créé en 2006 le site très protégé WikiLeaks, qui proposait aux lanceurs d’alerte d’y publier des documents compromettants pour les États et les grands de ce monde. Assange appartient au mouvement des « cypherpunks » (les punks du chiffrement). Il exprime ses idées dans un ouvrage transcrivant une discussion entre lui et trois autres compères 2. C’est à la fois une mise en garde réaliste contre les dangers des outils de surveillance généralisée rendus possibles par Internet et un manifeste dystopique aux accents apocalyptiques. En deux mots : contre l’avènement proche et inévitable d’une « civilisation de la surveillance » orchestrée par les États et les grandes entreprises, la seule solution est de créer des refuges abrités par des instruments cryptés. Le bitcoin est issu de ce mouvement.
Après une première série de révélations, qui valent à Assange d’être primé en tant que journaliste par Amnesty International, WikiLeaks publie en 2010 une cascade de documents : une vidéo montrant des soldats américains héliportés faisant dans l’allégresse un carton sur des civils en Irak ; en collaboration avec The Guardian, The New York Times et Der Spiegel, les « carnets de guerre afghans », ainsi que plus de 400 000 notes officielles sur la guerre en Irak ; puis quelque 250 000 câbles diplomatiques américains, certains exploités par Le Monde.
Assange devient une star internationale. Mais il est dans le collimateur des autorités américaines et, très vite, le vent tourne. Le secrétaire à la Défense assure qu’en diffusant ces documents il met des vies en danger : « Il a peut-être déjà du sang sur les mains » – accusation gratuite bientôt reprise par The New York Times. Un sénateur le présente comme un « terroriste high-tech », formule répétée par Biden, alors vice-président. Des voix s’élèvent pour le supprimer physiquement, option effectivement envisagée en haut lieu. Mais c’est un autre mode d’action qui est mis en place. Il comporte trois volets : financier, judiciaire et médiatique. Ses cartes de crédit sont bloquées ainsi que l’accès des donateurs au site WikiLeaks. Un mandat d’arrêt international est lancé contre lui. Et, surtout, on monte un véritable kompromat, à la russe, destiné à le discréditer. Avec la complicité de la justice suédoise, les États-Unis obtiennent qu’il soit accusé de viol. Ce troisième volet est décrit avec minutie par Melzer, aidé par sa connaissance du suédois. Aujourd’hui, ce dissident de l’Occident, psychologiquement détruit, est sans motif sérieux mis au secret dans une prison de haute sécurité en Angleterre.
Les deux éléments les plus troublants dans cette affaire sont la soumission des appareils judiciaires suédois et britannique à la volonté des États-Unis et la facilité avec laquelle les grands médias mainstream, même ceux qui avaient collaboré avec WikiLeaks, se sont laissé retourner. Concernant Le Monde, on peut se reporter à l’analyse par le journaliste Laurent Dauré d’un éditorial particulièrement consternant 3. Il faut dénoncer le complotisme sous toutes ses formes, mais il arrive que la réalité dépasse la fiction 4.
— O. P.-V.
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Les mâles n’ont pas bonne presse par les temps qui courent. Le mouvement #MeToo, l’idée d’une « toxicité masculine » quasi consubstantielle, sans parler du comportement des soldats russes en Ukraine… 1 Tout propos tendant à promouvoir la mâlitude risque fort de tomber à plat. Pourtant, les essais consacrés aux problèmes des mâles et aux moyens de les atténuer continuent de se multiplier 2. Dans What Do Men Want? (Allen Lane, 2022), la philosophe britannique Nina Power décrit après d’autres une crise de la masculinité dont la poussée de l’extrême droite, des deux côtés de l’Atlantique, pourrait être un symptôme. Elle parle d’une génération d’hommes jeunes qui se sentent de plus en plus marginalisés dans une société marquée par la montée en puissance des femmes à l’école, à l’université, au travail, dans les rapports sexuels et en famille.
Le livre de Richard V. Reeves, un Britannique devenu américain, est plus original. Après avoir passé en revue l’ensemble des données statistiques disponibles sur le monde des adultes (la plus faible longévité des mâles, leur taux de suicide beaucoup plus élevé, leur forte propension à la toxicomanie et aux excès de toute sorte, la stagnation ou la baisse de leurs revenus et leur tendance à se faire exclure de la vie familiale), il se concentre sur ce qui se passe à l’école. Revenant avec force détails sur une réalité déjà décrite ailleurs, il explore la question de l’échec croissant des garçons dans le système éducatif américain 3. Dès le début du primaire, les filles affichent de bien meilleurs résultats en lecture et en expression écrite et orale, et le décalage s’accroît au fil des classes. Dans le secondaire, on trouve deux fois plus de filles que de garçons parmi les meilleurs élèves et deux fois plus de garçons que de filles parmi les moins bons. Dans les premières années d’université, les deux tiers des étudiants sont des filles, et elles sont plus nombreuses que les garçons à obtenir une licence.
Parmi les raisons évoquées, il y a la féminisation du milieu enseignant (les trois quarts des profs, de la maternelle à la terminale, sont désormais des femmes). Mais, pour Reeves, « la principale raison est simplement que le cerveau masculin se développe plus lentement que le cerveau féminin ». Il a épluché la littérature scientifique et interrogé nombre de neurophysiologistes. L’avance du cerveau féminin est « clairement visible » dès l’âge de 5 ans et s’accroît avec le temps, atteignant un maximum à l’adolescence, vers 16 ou 17 ans. Le cortex préfrontal, associé au contrôle des impulsions et à la faculté de planifier, « atteint sa maturité deux ans plus tard chez les garçons que chez les filles ». Le cervelet, impliqué dans les facultés de régulation des émotions, atteint sa taille finale à 11 ans chez les filles mais seulement à 15 ans chez les garçons. On observe aussi une différence significative dans le développement de l’hippocampe, plaque tournante de la mémoire et de l’apprentissage 4.
Se fondant sur les résultats encourageants d’expérimentations pratiquées dans des écoles privées, Reeves préconise une première mesure qui pourrait à ses yeux se révéler décisive : retarder d’un an l’entrée des garçons à l’école. « Je ne vois pas de contre-indication à cette proposition », écrit Nina Power dans sa recension du livre de Reeves parue dans la Literary Review. Seule réserve, dûment soulignée par Reeves : cela supposerait d’aider les familles les moins aisées à financer la garde de leur garçon une année de plus. Et de préconiser une seconde mesure : vu la raréfaction des métiers faisant appel à la force musculaire, accorder des bourses et des facilités d’embauche pour inciter les garçons à s’orienter vers des métiers qui ont tendance à être trustés par les femmes : la santé, l’éducation, l’administration… « Aucun retour en arrière n’est possible, écrit Nina Power. Dans ce nouveau monde où réussissent les femmes, les hommes doivent s’ajuster, encouragements financiers à l’appui si nécessaire. »
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« “Il faut environ dix ans pour former un danseur aguerri”, écrivait Martha Graham... Et il en faut un peu plus de dix (comme je viens d’en faire l’expérience) pour produire un livre sur une artiste transcendante », note sur son site Neil Baldwin, un biographe réputé, à l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage consacré à la pionnière de la danse moderne Martha Graham. Dans cette somme de presque 600 pages, il se penche davantage sur la première moitié du parcours de la célèbre danseuse et chorégraphe, souvent considérée comme la plus fructueuse. Née en 1894 dans le comté d’Allegheny, en Pennsylvanie, dans une famille de médecins, Graham ne vient à la danse qu’au début de la vingtaine. En 1917, elle intègre la Denishawn School de Los Angeles, une école révolutionnaire dont émergeront plusieurs figures de la danse moderne. En 1925, elle commence à enseigner et fonde son école. L’année suivante, elle crée sa propre troupe, The Martha Graham Dance Company, qui deviendra mythique. Elle affûte son style imparable, en résonance avec les bouleversements qui se produisent dans l’art à l’époque. Son langage chorégraphique, basé sur les contractions et les relâchements du corps, est expressif, majestueux, nerveux. Graham arrête de se produire sur scène en 1969, à l’âge de 75 ans. Durant sa longue carrière, elle aura créé 181 ballets. « Flamme céleste, suprême, sévère et impénétrable », la décrit Claudia La Rocco dans le magazine Bookforum. Cette spécialiste de la danse salue le « travail considérable » effectué par Baldwin, tout en rappelant la « difficulté inhérente à l’histoire de la danse » : sa beauté éphémère est impossible à documenter. « Qu’il s’agisse de récits de première main, d’enregistrements flous ou de films sophistiqués, ils ne pourront jamais nous dire ce qui s’est réellement passé. »
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Né en 1932, auteur d’une œuvre foisonnante, Thanassis Valtinos est aujourd’hui reconnu comme « l’une des figures les plus éminentes de la littérature grecque contemporaine », selon le journal centriste To Víma. Son dernier roman a été largement commenté par la presse athénienne. Évoquant l’adolescence de deux garçons en pleine guerre civile (1946-1949), qui opposa le gouvernement royaliste aux forces communistes, le livre s’ouvre sur une pyramide de cadavres de partisans, surmontée de celui d’une femme, jupe relevée, déclenchant « une violente excitation » chez l’un des deux héros. Tout à leur découverte du plaisir sexuel, ils se révèlent indifférents aux luttes collectives.
Le succès de cette histoire où le fantasme prime sur l’idéologie semble symptomatique d’un pays écœuré par la politique. D’abord de gauche, Valtinos fit polémique en 1995 en écrivant sur les violences communistes lors de l’affrontement avec les monarchistes. Distinguant querelles de partis et littérature, l’écrivain, aujourd’hui conservateur, ne déteste pas le scandale. Pour preuve, la couverture de « Nouvelle lune », très discutée sur les réseaux sociaux : une femme nue, jambes écartées, sans tête. Le quotidien libéral I Kathimeriní salue une prose « allusive à l’extrême, révélant la matière première poétique des choses en nous et autour de nous ». Moderniste mais pétri de culture classique et biblique, Valtinos concentre traditions et ruptures, à l’image de sa patrie.
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Ils sont trente et un, âgés de 21 à 87 ans. Vivant en Suède, ils sont d’origines sociales et géographiques différentes. Hommes ou femmes, ils sont mariés, séparés, veufs, en quête d’une histoire sentimentale ou ayant abandonné tout espoir. Ce qui unit ces inconnus, c’est qu’ils ont raconté comment ils vivent ou ont vécu l’amour, comment ils le conçoivent, ce qu’ils en attendent, comment ça a commencé et, souvent, fini. Leurs témoignages ont été transcrits, malaxés, épurés par Marit Kapla pour finir sur le papier. D’où vient le « magnétisme » qui émane de ces 587 pages, s’interroge Aftonbladet. Et le journal d’évoquer « une sorte de banalité cristalline dans ces brèves paroles qui nous arrivent sous forme de lignes brisées », à la limite de la poésie. Ces quidams, constate Svenska Dagbladet, « parlent du bonheur quotidien et du drame de la passion ; des pistes de danse, des petites annonces et des applications de rencontre ; des relations à distance et de la migration amoureuse ; des divorces, des nouveaux amours et des noces d’or. Des relations qui les ont brisés ou construits, des pertes qui continuent de façonner leur vie ». Ce qui est étrange, remarque la presse, c’est que Marit Kapla n’a pas rencontré les trente et une personnes en question. Elle a puisé leurs propos dans un film documentaire réalisé par Staffan Julén. Lequel Suédois a aussi filmé les entretiens réalisés, sur le même thème de l’amour, par Svetlana Alexievitch – influence revendiquée de Marit Kapla – pour un livre que la Biélorusse, prix Nobel de littérature, n’a pas encore achevé. « À qui appartient donc Kärlek på svenska, n’est-ce pas un peu tricher que de créer de la littérature de cette façon ? » demande le Dagens Nyheter. Avant, conquis, d’y voir « un appel à l’acte d’aimer ».
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C’est un spectacle qui se fait de plus en plus rare : une personne debout sur le bord de la route, pouce tendu, une pancarte à la main avec une destination gribouillée au feutre. L’auto-stop est-il sur le point de tomber aux oubliettes ? Cette question est au cœur de l’essai de Jonathan Purkis, qui se décrit comme un « sociologue vagabond » : lui-même a parcouru en auto-stop près de 65 000 kilomètres avec 1 309 inconnus. Le chercheur prend pour point de départ de son récit la très ancienne tradition de voyage en autonomie que l’on retrouve déjà dans les aphorismes de Lao Tseu : « Le voyage est plus important que la destination. » Mais « c’est aux États-Unis, à l’époque de la Grande Dépression, que l’auto-stop a véritablement pris son essor et a été codifié comme un acte de solidarité sociale », détaille la London Review of Books. De Cuba à la Pologne en passant par la Corée du Nord (seul pays au monde où l’auto-stop est interdit), l’ouvrage offre un vaste panorama de cette pratique à travers les époques, jusqu’à ses avatars les plus récents – les applications de covoiturage.
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Pour le chercheur et éditeur Martin Machovec, la culture underground tchèque occupe une place à part dans le monde. Déjà parce que, comme il l’explique à Radio Praha, « elle a un sens plus large que l’underground venu d’Amérique par le rock ». Dénommée en tchèque podzemí (« souterrain »), elle se rapporte à tout ce qui était illégal, clandestin, dans la Tchécoslovaquie totalitaire de 1948 à 1989, où l’interdit était susceptible de conférer de l’intérêt à des productions même médiocres. « La répression allait de pair avec ces œuvres, note le site Aktuálně.cz. Si les communistes ne s’en étaient pas pris à ThePlastic People of the Universe [un groupe de rock tchèque], cela aurait pu être un groupe parmi d’autres, aujourd’hui oublié. » Tout cela, selon Machovec, a donné à l’underground tchèque – fait unique, là encore – la force de résister à la culture mainstream d’après 1989 et lui a assuré un bel avenir.
Certes, ses auteurs n’ont jamais été beaucoup lus : « Ils ne craignaient pas la censure puisqu’ils écrivaient sous la forme de samizdat, raconte Machovec dans le même entretien à Radio Praha. Ils n’avaient donc ni limites ni tabous, ce qui les rend difficiles à aborder. »Il en faudrait plus cependant pour décourager notre auteur, qui dans son livre s’efforce de rendre ces anticonformistes plus accessibles, en particulier ceux qui gravitaient autour du mythique Egon Bondy, écrivain, philosophe et poète, célèbre pour avoir pulvérisé dans ses écrits comme dans la vie tous les codes sociaux et politiques, les normes morales ou verbales de son époque.
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