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La bêtise serait responsable de bien plus de dégâts dans l’histoire humaine que toutes les armes et tous les virus réunis. P. 9

La guerre est du terrorisme autorisé. P. 10

Les hashashin étaient les premiers terroristes de l’Histoire. P. 19

La plupart des correspondants de guerre souffrent du syndrome de stress post-traumatique. P. 34

Pour un journaliste, comment faire la part entre objectivité et neutralité, entre les faits et la morale ? P. 36

Churchill était favorable à l’emploi du gaz pour mater les tribus rebelles. P. 46

Dans les sociétés latino-américaines du XVIIe siècle, les hommes qui s’habillaient en femme pouvaient être accusés de sodomie, un crime passible du bûcher. P. 54

Dans la Tchoukotka sibérienne, il peut neiger à la mi-août. P. 55

L’Afghanistan entretenait des relations étroites avec le régime hitlérien. P. 79

On vit une époque formidable de tartufferie. P. 83

Nous passons un temps fou à disqualifier des idées qui ne sont avancées par personne. P. 87

La coexistence de plusieurs talents a tendance à créer des synergies, l’un étayant l’autre. P. 97

L’historien attrape le type de faits qu’il recherche. P. 98

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Amis de la ligne claire, du ­réalisme et des histoires tirées au cordeau, passez votre chemin. Le monde mis en scène ici est peuplé de légendes, de démons, de figures héroïques, de champignons géants et d’une épée magique. Le récit emprunte tout à la fois aux contes de notre enfance – l’épée du roi Arthur – et aux créations audiovisuelles : ainsi du personnage du « héros », peau bleue et oreilles pointues, qu’on pourrait croire sorti d’Avatar, le film de James Cameron ; ainsi du château du Royaume du Nord, où l’héroïne est envoyée en mission, qui évoque la série Game of Thrones.

En quelques mots : Ania, la fille adoptive d’une reine qui concentre tous les pouvoirs (magiques), est destinée à lui succéder. Ce n’est pas une gentille princesse mais une fille au caractère bien trempé – comme l’acier de l’épée qui donne son titre à l’album. La souveraine a pourtant une nombreuse descendance officielle, dont des fils prêts à dégainer leur couteau pour se faire une place. Mais les apparitions masculines sont rares et brèves dans ce récit – et généralement négatives. 

La légende fondatrice du royaume veut qu’« il y a très, très longtemps, les jumeaux héritiers du trône se disputèrent une épée qui conférait à celui qui la possédait le pouvoir de gouverner » et que leur violent affrontement réveilla un puissant démon qui sema la destruction et la désolation. Mais, à peine avancé, ce récit est remis en cause par Ania : elle n’en croit pas un mot, forte de l’observation d’une fresque qui orne des ruines où elle trouve souvent refuge, captivée par cette bande dessinée lithographiée. Celle-ci (une « vérité alternative » ?) évoque un héros doté d’une épée magique qui arriva dans le royaume avec la mission de donner à la population des pouvoirs magiques afin de répandre le bien. Mais, pris à partie par le démon, il dut s’enfuir en abandonnant son épée. Le peuple perdit ses pouvoirs magiques, les­quels furent jalousement récupérés par la reine, qui cherche désormais à y initier Ania.

Nous sommes ici typiquement dans une histoire de transmission, de passage à l’âge adulte. Pour parvenir à ce stade, Ania devra perdre une main et affronter un démon – ses démons – selon le schéma classique. Elle ne réussira qu’avec l’aide de sa mère adoptive.

Certes, la structure familiale habituelle des contes de fées – le roi, la reine et un(e) enfant – est un peu chahutée. Ici, uniquement des génitrices : la mère biologique d’Ania et la reine, dont la lignée de rejetons est plus étoffée encore que celle du Petit Poucet (il est d’ailleurs question, au fil du récit, d’une étrange forêt dans laquelle Ania va demeurer pendant des jours et des jours). 

De plus, le héros – le personnage à l’épée magique – n’est pas précisément un modèle du genre : « Il a menti à tout le monde en faisant croire qu’il serait le sauveur pour finalement les abandonner à leur sort », dit de lui Ania à son amie Élisa. Enfin, le démon, quoique fort grand et fort noir, n’est pas vraiment effrayant : sa bouche en zigzag peut presque évoquer le rire, et il ne dévore personne ; seule la reine, qui est elle aussi un personnage complexe, lui abandonnera un bras. Serait-ce une forme de punition pour avoir confisqué tous les pouvoirs à son profit, pouvoirs qu’Ania souhaite partager avec les sujets du royaume ?

La question du pouvoir, de son exercice solitaire, des risques qu’il y a à le partager avec ceux qui pourraient en faire un usage dévoyé traverse en effet le récit. Un récit plein de méandres, parfois un rien nébuleux, qui autorise maintes lectures et interprétations – mais un récit aux tons chatoyants, aux décors foisonnants et saturés de couleurs, qui entraîne son lecteur dans un monde tout à la fois familier et inconnu.

Le conte se termine dans le sud du royaume, là où la terre s’arrête, avec une Ania décidée à se débarrasser d’un passé qui ne la concerne plus. Et où, peut-être, tout peut commencer ou recommencer, comme la dernière planche le laisse imaginer. 

— O. C.

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Dune page à l’autre, entre les bruissements des feuillets lentement tournés, le silence de la lecture se fait de plus en plus pesant pour qui se plonge dans les visions offertes – en noir et blanc ou en couleurs – par ce livre de photos. Calme ici. Là-bas fracas, cris, larmes, douleur, peur et pire : silence de mort. Parfois des rires d’enfants, un geste de résistance, le ronronnement de la vie malgré tout. C’est la guerre, tentaculaire, cacophonique, vue à travers le prisme de huit regards. Tous différents, ils ont cependant un point commun, énoncé dans le titre même de ce livre-catalogue, puissant concentré de l’exposition visible jusqu’au 31 décembre 2022 au musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin : Femmes photographes de guerre

Elles sont huit, donc, « sélectionnées pour leur travail d’une qualité indiscutable, récompensé par des prix prestigieux, souligne Sylvie Zaidman, directrice du musée et commissaire de l’exposition. Par la force de leurs images, elles ont chacune laissé leur empreinte sur la mémoire des conflits dont elles ont témoigné. » Elles, ce sont Gerda Taro et Lee Miller, nées au tout début du XXe siècle, qui ont rapporté des clichés de la guerre d’Espagne pour l’une et de la fin de la Seconde Guerre mondiale pour l’autre ; Christine Spengler, Françoise Demulder, Catherine Leroy et Susan Meiselas, enfants des années 1940 qui ont fait leurs débuts sur les fronts de la guerre froide – Vietnam, Cuba, Angola, Nicaragua... ; et enfin leurs cadettes Carolyn Cole et Anja Niedringhaus, entrées dans le métier avec les conflits des années 1990 et 2000 – Yougoslavie, Irak, Afghanistan...

Trois générations de femmes photojournalistes, soixante-quinze ans de guerres : le livre, enrichi de biographies, donne à voir l’évolution du statut de ces chasseuses d’images au sein d’un métier qui fut exclusivement masculin jusque dans les années 1920. En 1992 encore, « il aura fallu six semaines à Anja Niedringhaus, et une lettre chaque jour à son chef de la European Pressphoto Agency, pour être enfin autorisée à couvrir la guerre des Balkans », relate l’his­torienne de la photo Anne-Marie Beckmann. 

C’est dire le courage pugnace de ces femmes qui, toutes jeunes, se démènent pour partir témoigner de la guerre, qui connaissent la peur, parfois la détention, les blessures et pire (Gerda Taro et Anja Niedringhaus sont mortes en mission). Il arrive aussi qu’elles doivent batailler pour vendre des clichés qui contrarient les attentes de leur employeur : ainsi l’image devenue iconique de cette Palestinienne implorant un milicien chrétien, prise en 1976 à Beyrouth par Françoise Demulder, a failli ne jamais être publiée ; ou ces photos de Susan Meiselas, critiquée pour son introduction de la couleur. 

« Comment montrer la violence, la sauvagerie, la mort ? Faut-il choisir la crudité, quitte à choquer, ou contourner la brutalité par une approche plus esthétique ? » Ces interrogations, comme le relève Sylvie Zaidman, sont au cœur du travail de ces photographes. Leurs réponses fluctuent car la perception même de la guerre ne cesse d’évoluer. Quand Gerda Taro, en 1937, montre une républicaine espagnole à l’entraînement et quand Lee Miller, en 1944, photographie le calme héroïque des chirurgiens d’un hôpital de campagne, la guerre a un sens. Trente ans plus tard, elle devient, du Vietnam à l’Irak, un objet de révolte, d’empathie pour toutes les victimes militaires et civiles. 

Alors vient la ­question : en quoi le regard d’une femme photographe est-il différent de celui de ses confrères ? Une attention à la souffrance, un refus du spectaculaire, une capacité à suggérer l’horreur, peut-être. Catherine Leroy suit au plus près un GI luttant à chaque pas contre l’enlisement, tandis que Christine Spengler tourne son objectif vers un petit Cambodgien qu’elle a photographié riant aux éclats et qui à présent pleure son père tué. Susan Meiselas, elle, capte au Sal­va­dor les traces de la ­ter­reur semée par les escadrons de la mort. Quant aux deux visages aux yeux clos poudrés de blanc et saisis en gros plan par Carolyn Cole, ils sont admirables, jusqu’à l’instant où l’on comprend que cette image est celle d’un charnier au Liberia.  

— C. Bn.

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Auteur d’une « Histoire de la Russie soviétique de 1917 à 1929 » en 14 volumes, le très britannique Edward H. Carr comparait l’historien à un pêcheur en eaux troubles : « Les faits sont comme des poissons nageant dans un océan aux profondeurs souvent inaccessibles ; ce que l’historien attrape dépend pour une part du hasard, mais surtout de la zone dans laquelle il choisit de pêcher et du matériel qu’il utilise – ces deux facteurs étant bien sûr dé­terminés par le type de poissons qu’il veut attraper. D’une manière générale, l’historien attrape le type de faits qu’il recherche. » 

Les historiens qui prétendent faire œuvre objective seront tentés de rejeter cette vision des choses ou d’en minimiser l’impact. D’autres, au contraire, affichent et revendiquent leur parti pris. Ainsi de Ian Morris, lui aussi britannique. L’auteur de Pourquoi l’Occident domine le monde… pour l’instant 1 prend l’exemple du Brexit pour montrer qu’à l’ère de la mondialisation la géographie continue de jouer un rôle fondamental dans le déroulement de l’Histoire. Il vient de publier un livre au titre un brin provocateur, « La géographie comme destin. La Grande-Bretagne et le monde : dix mille ans d’histoire » 2. Le Brexit, pense-t-il démontrer, est « simplement le dernier coup d’un jeu qui dure depuis huit mille ans ». Il y a déjà eu, d’après lui, une demi-douzaine de Brexit depuis que les îles Britanniques ont pour la première fois « rejoint l’Europe », lors du bien oublié concile de Whitby, en 664. Dans The Times, Simon Jenkins, auteur d’une « Brève histoire de l’Angleterre » 3, applaudit : « Le commerce n’est pas un pacifi­cateur tout-puissant. Les nations comptent. Voyez l’Afghanistan et l’Ukraine. » Mais, sur War on the Rocks, un site texan spécialisé dans les questions de sécurité, un jeune historien de Harvard, Andrew Ehrhardt, remet Ian Morris à sa place : ce dernier se rend coupable de « déterminisme géographique » et de surcroît « tombe dans le piège de l’histoire universelle ». Deux péchés d’un coup pour ce hardi pêcheur, coupable de lancer ses lignes un peu trop loin.

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, et dans le monde des historiens il y a de quoi faire. Les déterminismes que l’on prend plaisir à dénoncer sont légion : ici géographiques, là économiques, technologiques, ins­titutionnels, religieux, inégalitaires, environnementaux, climatiques… Autres cas pendables : non seulement l’histoire « universelle », mais l’histoire « globale », la « big history » (dont Ian Morris se réclame également), l’histoire « scientifique », l’histoire « totale », l’histoire « immédiate »... Sans parler de l’histoire ouvertement idéologique, nationaliste, marxiste, décoloniale, révisionniste… et bien sûr de l’histoire populaire, destinée au plus grand nombre. 

Inversant la perspective, Ri­chard Cohen – encore un Anglais – s’emploie à illustrer une forme de déterminisme qui ­sous-tend tous ces partis pris, celle qu’expose la métaphore du pêcheur. Tout historien n’a-t-il pas son prisme déformant, lié à sa propre histoire, à ses racines, à sa personnalité, à ses convictions, à ses préjugés ? Ce qui « détermine » l’historien, écrit Morris, c’est bien « le type de poissons qu’il veut attraper ».

Cette évidence avait déjà été soulignée par Edward Gibbon, l’immortel auteur d’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain : « Tout homme de génie qui écrit l’Histoire y diffuse, peut-être inconsciemment, le caractère de son propre esprit. » Éditeur, journaliste et essayiste, Cohen n’est pas un universitaire. Il rue dans les brancards sans complexe. Si tout regard d’historien est biaisé (pas forcément pour le pire), pourquoi réserver ce titre aux professionnels ? L’Histoire n’est-elle pas aussi forgée par les romanciers, dramaturges, journalistes, reporters, photographes, peintres, documentaristes, scénaristes et artistes de tout poil ? Et jusqu’aux faussaires, petits maîtres ou chefs d’État ? Laissons aux historiens le privilège de rechercher la rigueur, même illusoire ; et ouvrons largement la porte aux voix susceptibles de nous aider à « sentir », serait-ce à tort, ce qu’il en était de vivre alors.  

— O. P.-V.

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« Je ne connais qu’une preuve de l’existence de Dieu, mais elle est irréfutable : c’est l’existence du substantif allemand Sachlichkeit. Qui peut-il désigner d’autre ? » D. P.

Sachlichkeit est un nom allemand évoquant une faculté d’objectivité, de pragmatisme, de détachement émotionnel qui permet de se concentrer efficacement sur les problèmes à résoudre.

Aidez-nous à trouver le prochain mot manquant :

Existe-t-il dans une langue un mot désignant le bon moment de la journée pour lancer une malédiction ? 

Écrivez à

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À sa sortie, en 2009, le polar « Refroidissement » avait connu un succès de bon aloi, bien rangé parmi ses congénères à suspense qui font le bonheur des librairies. Son auteur, le traducteur et diplomate tchèque Michael Žantovský, dépeignait un monde dans lequel les relations entre la Russie et l’Otan se tendaient tellement que Moscou cessait de fournir du gaz et du pétrole à l’Europe tandis que ses chars écrasaient les démocrates biélorusses. « C’est un roman d’espionnage digne des meilleurs du genre, et pleinement d’actualité », jugeait alors le site Neviditelný pes. Treize ans plus tard, c’est encore le moins que l’on puisse dire : « Refroidissement » s’est mué en best-seller depuis l’invasion de l’Ukraine par les Russes. Même trajectoire pour d’autres livres du classement, exhumés eux aussi à la faveur de l’actualité : deux essais de Tony Judt parus en tchèque en 2019 et 2020, mais datant pour certains textes du début des années 1990. « Pour le dire vite, notait le quotidien Dnes en 2019, l’historien et écrivain britannique explique que l’optimisme et la foi dans la démocratie qui prévalaient à la fin de la guerre froide sont sans fondement. Près de dix ans après sa mort, on le sait, ou du moins on le soupçonne. » Et trois ans plus tard, il semble ne plus y avoir de doute pour les lecteurs qui plébiscitent ces théories pessimistes, comme le prouve le succès à retardement de l’essai du journaliste tchèque d’origine russe Alexandr Mitrofanov sous-titré « Pourquoi la Russie d’aujourd’hui est ce qu’elle est et pourquoi elle ne peut pas être autrement ». Une deuxième édition actualisée de ce livre sorti en 2021 vient de paraître.
Mais les librairies ne font pas que dans le recyclage. Et la guerre n’a pas eu raison de la mainmise des jeunes auteures tchèques sur les meilleures ventes. Pour représenter cette génération multi­primée, nous retrouvons Kateřina Tučková et Karin Lednická avec deux romans ancrés dans l’Histoire (le communisme pour l’une, la Seconde Guerre mondiale pour l’autre) et la campagne tchèque (la Moravie chez Tučková, la Silésie chez Lednická). Les femmes (deux livres d’Elena Ferrante figurent aussi dans le classement) laissent la quatrième place à un homme, Stanislav Biler, lauréat du Magnesia Litera 2021, avec, là encore, un roman sur la campagne tchèque. Il y raconte l’histoire d’un enseignant qui se retranche dans un village pour échapper à la complexité du monde. Un thème qui, en cette période d’incertitude, parle aux lecteurs tchèques. 

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Selon la légende, au VIe siècle, un garçonnet surnommé Kentigern surprit une bande de voyous en train de lancer des pierres sur des rouges-gorges. Quand un oiseau tomba au sol, il le recueillit et pria. Quelques instants plus tard, le rouge-gorge revint à la vie et s’envola. Cette parabole évoque l’un des quatre miracles attribués par les hagiographes à saint Kentigern, premier évêque de Glasgow, ­surnommé affectueusement par les Écossais « saint Mungo ». C’est ainsi que se prénomme le tendre et fragile héros du nouveau roman de Douglas Stuart, Young Mungo, paru en avril dernier.
Mungo Hamilton, 15 ans, le dernier né d’une fratrie de trois enfants, vit dans un quartier ­défavorisé de Glasgow. Sa famille est protestante, et son frère aîné, Hamish (« Ha-Ha »), est le chef d’une bande d’adolescents qui volent et intimident les catholiques du voisinage. Sa sœur Jodie, à peine plus âgée que Mungo, entretient une relation toxique avec un professeur de l’école. Ha-Ha et Jodie s’acquittent tant bien que mal du rôle de parents de substitution de leur jeune frère : leur père est mort depuis longtemps ; leur mère, « Mo-Maw », est alcoolique et s’absente parfois pendant des semaines.
Le roman se situe au début des années 1990, dans cette métropole écossaise dévastée par la politique de Margaret Thatcher. « C’est un endroit sans espoir, fait d’industries démantelées, de toxicomanie et de misère qui se transmet de génération en génération », note The Washington Post.
Designer de mode à New York, Douglas Stuart, qui a grandi dans les banlieues pauvres de Glasgow, s’inspire pour ce roman de son enfance. C’est d’ailleurs à Glasgow, une décennie plus tôt, que l’auteur campait son premier roman, Shuggie Bain¹, lauréat du Booker Prize en 2020.
Dans cet environnement rude et hostile, Mungo va vivre son éveil sexuel. Les chapitres les plus émouvants racontent la romance naissante de l’adolescent avec James, un jeune catholique qui élève des pigeons voyageurs. Leur relation sera hélas contrariée par des forces plus véhémentes « que l’animosité opposant les Montaigu aux Capulet », souligne The New York Times : « d’une part, la haine entre protestants et catholiques, de l’autre, l’homophobie de leurs pères et de leurs frères ».
L’intrigue se développe en suivant deux lignes parallèles : « Avant janvier » et « Après mai ». L’avant, c’est l’éclosion de la relation entre Mungo et James. L’après, une partie de pêche au bord d’un loch à laquelle participent Mungo et deux étranges individus, dont Mo-Maw a fait la connaissance lors d’une réunion des Alcooliques anonymes et qui se révéleront être d’anciens détenus. « Le résultat est un roman qui progresse vers deux crises simultanément : ce qui s’est passé avec James à Glasgow et ce qui pourrait arriver à Mungo dans la nature écossaise », détaille The Washington Post. Le romancier « rapproche ces deux lignes temporelles telles les lames d’une paire de ciseaux » et crée ainsi une tension qui imprègne le texte de la première à la dernière page.
De l’avis des commentateurs, Douglas Stuart passe avec Young Mungo du statut de romancier prometteur à celui d’écrivain accompli. Le roman s’est rapidement retrouvé en tête de la liste des best-sellers publiée par The Sunday Times, côté britannique, et dans celle du Los Angeles Times, côté américain. « Peu de romanciers ont connu une ascension aussi rapide, mais la fulgurance du succès de Stuart cache des années de lutte », rappelle The Washington Post. De fait, le manuscrit de Shuggie Bain avait été rejeté par des dizaines d’éditeurs avant d’être reconnu à sa juste valeur.
« Stuart écrit magnifiquement et témoigne d’un formidable sens de la poésie dans l’évocation du trivial et de l’ordinaire », convient The New York Times. « Ce roman vous cisaille avant de vous recoudre. Puis, quelques pages plus loin, une nouvelle entaille », note pour sa part The Los Angeles Times. Stuart, estime le quotidien californien, n’est jamais mièvre ni misérabiliste. Toutefois, s’étonne The Critic, « le livre semble étrangement timide sur la question du sexe. Pourquoi ne pas appeler une queue une queue ? Surtout quand on voit à quel point certaines scènes de violence peuvent être explicites ». Le magazine britannique estime toutefois qu’il serait injuste « d’ergoter sur des détails aussi minimes » : « Il s’agit bien d’une grande fiction digne de Dickens ; les personnages ont de l’épaisseur, et l’émotion affleure en permanence. » 

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Qu’est-ce qui pousse une psychiatre en vue, experte judiciaire dans plusieurs faits divers retentissants, à écrire sur la bêtise ? Heidi Kastner s’est fait connaître en 2008 en Autriche à l’occasion de l’affaire Josef Fritzl, cet homme qui avait séquestré sa fille pendant vingt-quatre ans et lui avait fait plusieurs enfants. Son domaine, n’est-ce pas plutôt le mal ? En bonne platonicienne, elle estime que les deux phénomènes sont souvent liés : on commet souvent l’irréparable par simple bêtise, et celle-ci, à l’en croire, serait responsable de bien plus de dégâts dans l’histoire humaine que toutes les armes et tous les virus réunis. « La stupidité, ce n’est pas d’être incapable de calculer cinq fois douze, mais d’entreprendre une action dommageable pour tout le monde, explique-t-elle à Die Zeit. En règle générale, les actions stupides ne sont pas orientées vers l’avenir – ou, si elles le sont, elles ne le sont qu’à très court terme. » Dans son livre, sorti fin 2021 et qui, en avril, en était déjà à son huitième tirage, Kastner constate que si la bêtise n’a sans doute pas augmenté ces dernières années, les réseaux sociaux lui ont offert une chambre d’écho inédite : auparavant, la stupidité restait cantonnée à un cercle restreint. « Aujourd’hui il est possible, quelle que soit sa position, de trouver des personnes partageant les mêmes idées et de se sentir fort au sein du groupe. »  

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En 1910 – c’est avéré –, Lénine passe deux mois à Copenhague. Il y participe à un congrès de l’Internationale ouvrière, puis fait des recherches en bibliothèque sur le mouvement coopératif danois. Leif Davidsen s’est saisi de cet épisode pour livrer un roman d’aventures mêlant ­histoire, amour et politique. « Un récit épique qui s’étend du pays des cow-boys, avec ses bandits et ses Indiens, à celui des Russes bolcheviques en passant par Copenhague, véritable repaire d’espions, de prostituées et de fêtards », résume le quotidien Politiken. Un soir, Vladimir Ilitch Oulianov marche en direction de la pension où il loue une chambre lorsqu’il est agressé par deux inconnus. Celui qui se fait déjà appeler Lénine ne doit sa survie qu’à l’intervention d’un jeune Danois, qui met en fuite les hommes de main du tsar Nicolas II. Oskar Madsen est un dur à cuire de 22 ans, qui a passé les trois dernières années outre-Atlantique sous l’uniforme de la cavalerie américaine. Lénine et lui se parlent en allemand. Une relation de confiance se noue. Le Russe s’en souviendra.  
Pour l’heure, Oskar quitte la capitale danoise pour rendre visite à sa sœur à la campagne et découvre l’homosexualité. Des démêlés avec la justice précipitent son départ. Il regagne l’Amérique puritaine où il devient shérif dans les grandes prairies du Montana et s’amourache d’une femme resplendissante. Sa voie semble désormais tracée. Jusqu’à un appel à l’aide reçu en 1917. À Petrograd, l’ex-Saint-Pétersbourg, Lénine se méfie de tout le monde. Il a besoin du Danois pour sa protection rapprochée. Oskar devient son garde du corps personnel et, partant, un témoin direct de l’histoire mondiale. Révolution faite, il le suit à Moscou alors que la terreur bolchevique s’installe.  
« Le roman de Davidsen se fonde sur des recherches impressionnantes », ce qui lui confère « une vraie authenticité » même si son héros est fictif, remarque Berlingske. L’auteur « parvient de manière élégante et divertissante à tisser un fil rouge » entre les divers épisodes et lieux de son intrigue. Pour Jyllands-Posten, « les nombreux lecteurs de Davidsen retrouveront là tout ce qu’ils apprécient dans son écriture ». Notamment sa connaissance de la Russie, où il travailla comme journaliste pour la radio publique danoise à l’époque soviétique. Lenins Bodyguard est le huitième ouvrage qu’il campe dans ce pays depuis 1988.  
Si les précédents, entre polars et romans d’espionnage, sont plus contemporains, ce dernier-né n’est pas sans lien avec l’actualité, pointent plusieurs journaux. Achevé avant l’invasion de l’Ukraine, il est « tristement opportun, car il raconte aussi ­l’histoire récente, tragique et traumatisante de la Russie », juge Politiken. « Lénine était l’homme qui avait changé le monde d’un seul coup, et comme Vladimir Poutine aujourd’hui, pas pour le meilleur », commente Weekendavisen. Et l’hebdomadaire d’ajouter : « Le lecteur s’agace presque que les agents du tsar n’aient pas réussi à liquider Lénine en 1910. La faute à notre héros, Oskar Madsen. » 

[post_title] => Dans les coulisses de la révolution russe [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => dans-les-coulisses-de-la-revolution-russe [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-06-30 07:21:12 [post_modified_gmt] => 2022-06-30 07:21:12 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120489 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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En août 2021, l’Italie pleurait la disparition de Gino Strada, personnalité phare du milieu humanitaire et fondateur de l’ONG Emergency, créée en 1994 pour soigner les victimes de la guerre et de la pauvreté. Issu d’un milieu ouvrier et militant, Gino Strada s’était formé à la chirurgie d’urgence. Amené par son métier à intervenir dans des zones de conflit aux quatre coins du monde, il soutient dans cet ouvrage posthume que « la guerre est du terrorisme autorisé, une injustice absolue, une violation irrémédiable de tous les droits ». Il y revisite « sa vie de chirurgien de guerre, l’expérience directe et dévastatrice de la violence, […] le sens et l’esprit d’Emergency et de son activisme », explique Carlo Rovelli dans le Corriere della Sera. « Tout le monde devrait connaître ce livre, on devrait le faire lire dans les écoles », poursuit-il. Même son de cloche dans Il Manifesto, où cette lecture est qualifiée d’« urgente » et de « nécessaire ». Le quotidien s’attarde sur les « réflexions radicales sur la guerre et le droit à la santé » qui « réduisent en miettes toute rhétorique belliqueuse, tout récit nationaliste, tout interventionnisme démocratique ». À l’heure où la guerre fait rage en Ukraine, l’inébranlable pacifisme de l’auteur prend une résonance particulière, qui explique peut-être en partie la place de ce titre parmi les meilleures ventes italiennes depuis sa parution. 

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