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En 1906, le prix Nobel de physiologie ou médecine fut attribué à l’Italien Camillo Golgi et à l’Espagnol Santiago Ramón y Cajal pour leurs recherches en neurobiologie. Dans son discours de réception, Golgi, tout en reconnaissant la qualité des travaux de son jeune confrère, se livra à une attaque en règle de ses idées au sujet de l’organisation du cerveau. Le lendemain, Cajal présentait les découvertes pour lesquelles il avait été récompensé, en prenant soin de répondre point par point aux critiques formulées par son corécipiendaire. En utilisant une technique de coloration au nitrate d’argent mise au point par Golgi, il avait montré que le tissu cérébral était constitué de cellules séparées les unes des autres, ultérieurement baptisées « neurones » par l’anatomiste allemand Wilhelm von Waldeyer-Hartz. Pour Golgi, la matière grise consistait en un ensemble d’éléments formant un réseau continu. Au moment où les deux savants furent distingués, la « théorie neuronale » de Cajal avait largement triomphé. Le discours agressif de Golgi était un combat d’arrière-garde.

Ramón y Cajal est le plus grand savant espagnol de l’Histoire, le seul dont la stature puisse être comparée à celle de Vésale, de Darwin ou de Pasteur. Comment une telle figure a-t-elle pu surgir dans un pays qui, à cette époque, occupait une place marginale sur la scène scientifique ? Le domaine dans lequel il s’est illustré, souligne l’historien des sciences José Manuel Sánchez Ron, l’explique en partie : « L’apparition d’un Cajal en physique, en chimie ou en mathématiques aurait été beaucoup plus difficile. » 1 Une tradition d’enseignement de la médecine et de recherche en biologie existait en Espagne, assez importante pour que l’un des biographes de Cajal lui consacre les cent premières pages de son ouvrage 2. Mais il faut aussi prendre en compte la personnalité de l’homme, bien mise en lumière par Benjamin Ehrlich dans sa biographie très fouillée 3 : ses dons d’observation exceptionnels, sa curiosité insatiable et sa persévérance hors du commun.

Ramón y Cajal est né en 1852 dans un petit village de montagne du Haut-Aragon, au cœur d’une région pauvre et aride qu’il décrira comme romantique, triste et désolée, un « lieu d’expiation et de châtiment, [peuplé de] paysans condamnés à une dure existence ». Son père était un médecin autodidacte : pour s’arracher à la pauvreté, il avait appris à lire et était devenu chirurgien « de seconde classe », puis médecin, un métier qu’il exercera dans plusieurs petites villes de la région. Alors que Santiago était déjà adulte, son père obtint un doctorat en médecine et termina sa carrière comme professeur de dissection à la faculté de médecine de Saragosse. De tempérament utilitariste et rationaliste, il détestait les romans. Cajal hérita de beaucoup de ses traits de caractère, à commencer par une confiance absolue dans le pouvoir de la volonté. Mais sa mère qui, elle, appréciait la littérature, eut sur lui une grande influence, et il lui resta attaché toute sa vie.

Ce fut un enfant sauvage et solitaire, qui n’aimait rien davantage qu’explorer la nature, dont le spectacle, écrira-t-il, ne le lassait jamais – « la magie des crépuscules, les alternances de la végétation, […] le mystère de la résurrection des insectes, le paysage varié et pittoresque de la montagne ». Ce fut aussi un adolescent rebelle. Son comportement dissipé et désordonné exaspérait son père, qui le corrigeait physiquement avec une incroyable férocité. Cajal aimait beaucoup lire (Miguel de Cervantes, Francisco de Quevedo, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Daniel Defoe) et, surtout, dessinait et peignait avec un talent qui lui serait extrêmement utile par la suite. Ce don aurait pu le conduire, remarque Francisco Cánovas Sánchez, à devenir un grand artiste. Son père n’envisageait pour lui aucun autre avenir que la médecine, à laquelle il le préparait. Pour lutter contre ses penchants artistiques et le priver de tout temps libre en dehors de ses études, il le plaça en apprentissage chez un barbier, puis chez un cordonnier.

En 1869, Cajal entrait à la faculté de médecine de Saragosse, d’où il sortit quatre ans plus tard avec une licence de chirurgie. Durant ses années universitaires, il développa une passion pour la philosophie, mais aussi pour l’écriture de fiction ainsi que la gymnastique et la musculation. Soumis aux obligations militaires, il posa sa candidature pour un poste d’assistant médecin, qu’il obtint avec le grade de lieutenant. Son envoi à Cuba, où l’armée tentait de mater une insurrection des planteurs créoles alliés à des travailleurs noirs, fut une expérience désastreuse. Il y contracta le paludisme et la dysenterie. Accusé d’insubordination, il perdit ses galons d’officier. Gravement malade, désillusionné, traumatisé par le souvenir des souffrances qu’il avait contemplées, il revint en Espagne. Il présenta avec succès une thèse de doctorat sur la « pathogénie de l’inflammation ». Ayant fait l’acquisition d’un microscope grâce aux indemnités que l’armée lui avait versées à sa démobilisation, il écrivit plusieurs articles de vulgarisation sur ce que cet instrument permet de découvrir. Pour évoquer le fonctionnement de l’organisme, il employait un langage imagé dont il continua à faire usage dans ses travaux ultérieurs, à l’étonnement admiratif de son confrère anglais Charles Scott Sherrington, qui se demandait « jusqu’à quel point sa capacité à présenter les faits en termes anthropomorphiques [avait]contribué à son succès comme chercheur ». Quelques semaines après avoir échoué à un concours pour une chaire d’anatomie à Saragosse, il fut victime d’une hémorragie pulmonaire, interprétée par son père comme un symptôme de tuberculose. La vitesse avec laquelle il se rétablit donne à penser qu’elle était le produit d’une maladie moins sérieuse.

Durant ses dernières années d’université, Cajal avait entamé une relation amoureuse avec une jeune fille qui, à son retour de Cuba, l’éconduisit brutalement. En 1879, contre la volonté de son père, qui craignait qu’un mariage trop précoce ne compromette sa carrière, il épousa la fille d’un fonctionnaire, Silveria Fañanás García. Simple, directe, active, elle fut entièrement dévouée à son mari et facilita son travail en prenant en charge les tâches domestiques et l’éducation de leurs enfants. Ils en eurent sept, dont deux moururent prématurément.

Après avoir échoué à un autre concours, Cajal réussit à obtenir un poste à Valence, où sa carrière de chercheur commença véritablement. Il y rédigea sa première œuvre importante, un manuel d’histologie couvrant tous les tissus du corps humain à l’exception des tissus nerveux. Ces derniers allaient bientôt se trouver au centre de son attention. À l’occasion d’un voyage à Madrid, où il était appelé à siéger dans un jury de concours, il découvrit la technique de coloration de Golgi. Elle permettait de produire des images très claires et contrastées des cellules nerveuses et de leurs prolongements, qui l’émerveillèrent : « Spectacle inattendu ! Sur un fond jaune d’une translucidité parfaite apparaissent clairsemés des filaments noirs, lisses et minces, ou épineux et épais, des corps noirs, triangulaires, étoilés, fusiformes ! On dirait des dessins à l’encre de Chine sur un papier transparent du Japon. »

Depuis les travaux de Rudolf Virchow et de Theodor Schwann, au début du XIXe siècle, on savait les organismes composés de cellules. La théorie cellulaire était acceptée pour tous les tissus, avec un doute au sujet des systèmes nerveux. Le tissu nerveux était-il constitué de cellules séparées ou celles-ci formaient-elles un continuum ? En observant des coupes obtenues par microdissection, l’anatomiste allemand Otto Friedrich Karl Deiters avait identifié deux types de fibres partant des corps cellulaires : des arborescences, que le Suisse Wilhelm His nomma peu après des « dendrites », et un long tube, ultérieurement baptisé « axone » par son compatriote Albert von Kölliker. His et un troisième chercheur suisse, Auguste Forel, étaient arrivés à la conclusion que ces types de fibres ne se touchaient pas. Cajal parvint à le démontrer. Comme Golgi, il choisit de travailler sur le cervelet ; non celui des mammifères, toutefois, mais celui des oiseaux, étudiés au stade embryonnaire. À la main, avec une précision comparable à celle d’une machine, il réalisa de très nombreuses coupes de tissu embryonnaire, synthétisant ses observations dans des dessins composites d’une extrême finesse et d’une grande beauté. En 1887, il fut nommé à l’Université de Barcelone. Deux ans plus tard, il présentait les résultats de ses recherches au congrès de la Société allemande d’anatomie, où ils furent accueillis avec enthousiasme par Kölliker. La théorie neuronale était établie. Telle que Cajal, Kölliker et Waldeyer-Hartz la défendirent, elle tient en quelques propositions : les neurones, unités structurelles et fonctionnelles du système nerveux central, sont des cellules individuelles distinctes les unes des autres ; ils sont composés d’un corps central, le soma, et de deux terminaisons, les dendrites et l’axone ; l’influx nerveux se propage de façon unidirectionnelle, des dendrites vers le soma, et de celui-ci vers l’extrémité de l’axone. Il reviendra à Sherrington de montrer la manière dont le signal se transmet d’un neurone à l’autre à travers l’intervalle qui les sépare, qu’il appellera la « synapse », par l’intermédiaire de mécanismes d’inhibition et d’excitation.

En 1892, devenu un savant réputé, Cajal fut nommé à Madrid. Il y écrivit ce qu’il appelait l’œuvre de sa vie, la monumentale Histologie du système nerveux de l’homme et des vertébrés 4. « Probablement le livre le plus important jamais écrit dans le domaine des neurosciences », observe Sánchez Ron. Cet ouvrage, rédigé dans une langue qui est un modèle de simplicité, de clarté et de concision, joue pour les neurosciences un rôle comparable à celui de L’Origine des espèces de Charles Darwin pour la théorie de l’évolution. 

À côté d’une abondante production scientifique et d’un ouvrage sur la photographie, technique qu’il pratiquait en professionnel, Cajal est l’auteur d’une œuvre variée. Décrit par Cánovas Sánchez comme « la plus littéraire de ses œuvres scientifiques et la plus scientifique de ses œuvres littéraires », « Règles et conseils sur la recherche scientifique » 5 contient une série d’observations sur le travail de recherche (les qualités d’un bon chercheur, le rôle des hypothèses et de l’expérimentation, l’administration de la preuve) qui conservent leur pertinence aujourd’hui. On y trouve aussi des réflexions sur les raisons du retard de l’Espagne dans ce domaine : le rôle du fanatisme religieux et, surtout, l’isolement du pays. Tel que le formule le médecin et penseur Gregorio Marañón, ami de José Ortega y Gasset, l’un des enseignements de ce livre est que les grandes réalisations scientifiques sont moins le produit du talent et du génie que celui de la « discipline de la volonté » 6.

Les « Souvenirs de ma vie » 7 de Cajal sont composés de deux parties. La première, initialement publiée en 1901, écrite dans une langue qu’il trouvera plus tard trop lyrique et fleurie, porte sur son enfance et sa jeunesse. La seconde, parue seize ans plus tard, est consacrée à l’histoire de ses travaux scientifiques. Durant la plus grande partie de son existence, Cajal participa aux tertulias (« réunions de discussion ») qui se tenaient dans les cafés qu’il aimait fréquenter : le Café de Pelayo et le Gran Café à Barcelone, le Café Suizo et le Café del Prado à Madrid. Il en a tiré un petit livre intitulé « Conversations de café » 8 : un ensemble de courts textes mêlant aphorismes à la manière des moralistes, observations psychologiques plus ou moins fines, anecdotes amusantes et réflexions sur la vie, parfois originales, parfois banales, souvent marquées par les préjugés de l’époque. Comme le soulignent les auteurs d’une de ses premières biographies 9, les vues critiques sur l’amour, le mariage et les femmes qu’il exprime dans ces pages ne reflètent guère son expérience vécue et son comportement dans la réalité : il était très attaché à sa femme, son mariage fut heureux, il admirait la figure de Marie Curie et a promu avec vigueur l’instruction scientifique des jeunes filles.

La Première Guerre mondiale marque une inflexion prononcée dans sa vie. Le spectacle des horreurs que s’infligeaient les peuples européens renforça son pessimisme naturel au sujet de la nature humaine. « Dans vingt ou trente ans, écrivait-il avec prescience en 1915, lorsque les orphelins de cette guerre seront devenus adultes, les mêmes stupéfiants massacres se répéteront. » La guerre affectait de surcroît beaucoup de ses collègues et amis étrangers, notamment allemands, avec lesquels la communication devenait impossible. Déçu et découragé, il se réfugia dans l’étude de ce qui avait toujours été son organe de prédilection, la rétine – plus particulièrement celle des insectes, dont l’organisation le fascinait et à côté de laquelle celle des vertébrés lui semblait « grossière et déplorablement simple ». Dans sa jeunesse, il avait été ébloui par les écrits de l’entomologiste français Jean-Henri Fabre, dont il admirait le style. À partir des derniers mois de la guerre, il passa de plus en plus de temps à observer les fourmis, prenant de nombreuses notes sur leur comportement.

Cajal s’est aussi intéressé à l’hypnose, qu’il a pratiquée, ainsi qu’à l’étude des rêves. Il refusait la thèse de Sigmund Freud selon laquelle ceux-ci sont dotés d’une signification inconsciente. « La majorité des rêves, soutenait-il, consistent en fragments d’idées, non liées ou assemblées de façon étrange, une sorte de monstre absurde, sans proportions, harmonie ni raison. » Longtemps, il nota ses propres rêves, auxquels il refusait d’attribuer le moindre sens, même lorsque s’y reflétaient clairement ses préoccupations professionnelles ou ses anxiétés personnelles 10. Totalement dévoué à son métier, qu’il pratiquait comme un sacerdoce, se définissant comme un « ouvrier de la science », « adepte fervent de la religion des faits » et pratiquant la « religion du laboratoire », il se distinguait par son caractère obsessionnel et son esprit de compétition. Éprouvant, note Ehrlich, « un sentiment de particulière fierté lorsqu’il avait appris ou découvert quelque chose tout seul, sans que personne le lui ait enseigné », il n’utilisait pas volontiers les termes inventés par d’autres. En 1920, il se brouilla avec l’un de ses plus brillants collaborateurs, Pío del Río Hortega, qu’il expulsa de son laboratoire pour différentes raisons dont, à l’évidence, une forte jalousie : à l’aide d’une méthode nouvelle, del Río avait démontré l’existence d’un type particulier de cellules gliales (les cellules entourant les neurones) qui avait échappé à Cajal. Celui-ci reconnut plus tard son erreur et les mérites de la découverte de son confrère, avec lequel il renoua des relations cordiales.

Les dernières années de sa vie furent tristes et solitaires. Devenu sourd, il cessa de participer aux tertulias. Fuyant les contacts, il ne quittait plus guère le laboratoire-bibliothèque qu’il avait aménagé sur deux niveaux dans le sous-sol de sa maison. Sa santé se dégrada. L’abus du véronal, un barbiturique puissant qu’il utilisait pour lutter contre les insomnies, affecta son humeur. Il se pensait atteint d’artériosclérose cérébrale, mais les migraines constantes dont il souffrait étaient probablement en partie d’origine psychosomatique. Républicain fervent, il avait salué la révolution de 1868. Durant les dernières années du régime monarchique restauré en 1873, sous le règne d’Alphonse XIII, puis sous la dictature du Premier ministre Miguel Primo de Rivera, il était devenu une gloire nationale. Comblé d’honneurs et de décorations, il considérait les hommages qui lui étaient rendus comme une perte de temps et leur trouvait une saveur funèbre. L’érection de plusieurs statues à son effigie, dont une dans le parc du Retiro, à Madrid, lui donna l’impression d’être inhumé de son vivant. Quelques mois avant sa mort, en 1934, trois ans après l’instauration de la Seconde République espagnole, il publia un petit livre intitulé « Le monde vu à 80 ans » 11. On y trouve une analyse clinique des effets du vieillissement sur les différents organes et la mémoire, des réflexions critiques sur la civilisation moderne (les méfaits du machinisme, le « délire de la vitesse », la dégradation du langage) et des conseils, notamment de lecture, pour bien vieillir. Quelques heures avant sa mort, il travaillait encore, couché dans son lit.

« L’œuvre de Ramón y Cajal, observe Michel Imbert dans son Traité du cerveau, ouvre l’ère moderne des neurosciences 12. » Au XXe siècle, à côté de la transmission électrique de l’influx nerveux, aujourd’hui appelé « potentiel d’action », le long de l’axone, on a identifié les mécanismes de la transmission chimique entre les neurones, qui impliquent plusieurs dizaines de neuromédiateurs. On a découvert que les neurones opèrent souvent collectivement, en groupes de cellules connectées en réseaux. Sans être totalement remise en cause, la théorie neuronale a été complétée, et certains de ses dogmes relativisés.

Bien des questions demeurent toutefois sans réponse. En 1899, Cajal n’hésitait pas à déclarer : « L’état de conscience est lié [aux] changements chimiques engendrés dans les neurones par les terminaisons nerveuses. » Pour justifier cette affirmation, relève Matthew Cobb 13, il ne proposait ni mécanisme ni analogie. Il l’avouait : de quelle manière « un mouvement vibratoire de la matière devient un fait de conscience », nous ne le savons pas. « Pour être honnête, reconnaît Cobb, un siècle après, nous ne sommes pas plus avancés. »

Au fil du temps, le système nerveux central a été comparé à un automate hydraulique, une horloge mécanique, un système télégraphique, un réseau ferroviaire ou un standard téléphonique. Aujourd’hui, le modèle privilégié est celui de l’ordinateur. C’est dans la nature, plus particulièrement le règne végétal, que Ramón y Cajal allait chercher ses images, comparant les petites branches des axones à de la mousse ou des ronces, les fibres nerveuses à du lierre ou de la vigne, pointant la différence de complexité, dans les tissus nerveux embryonnaires, entre « la forêt adulte » et « le jeune bois ». L’une des idées à laquelle il était le plus attaché était que le système nerveux ne possède pas une architecture rigide, immuable, qu’il a la capacité de changer et d’évoluer en fonction de ce qu’il appelait son « dynamisme », sa « force de différentiation interne », sa « capacité d’adaptation » ou sa « plasticité ». Il y voyait le signe que « l’organe de la pensée est, à l’intérieur de certaines limites, malléable et capable de perfectionnement ». Instruit par son expérience, il en avait la conviction : « Chacun peut devenir le sculpteur de son propre cerveau. » 

— Michel André, philosophe de formation, a travaillé sur la politique de recherche et de culture scientifique au niveau international. Né et vivant en Belgique, il a publié Le Cinquantième Parallèle. Petits essais sur les choses de l’esprit (L’Harmattan, 2008). — Cet article a été écrit pour Books.

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Pour contrer les premiers travaux scientifiques faisant le lien entre tabagisme et cancer, qui remontent aux années 1950, l’industrie a inventé le filtre, assurant contre toute évidence qu’il protégeait efficacement. Avec l’aide d’agences de publicité astucieuses, les cigarettes à filtre ont longtemps dominé le marché. Une seconde invention a suivi : la cigarette mentholée, censée protéger les voies respiratoires des fumeurs « soucieux de leur santé ». Après une première période de succès, l’enthousiasme des consommateurs s’est étiolé. Mais, dès les années 1960, de brillants conseillers en marketing firent valoir qu’un marché avait été négligé : celui de la communauté noire. L’un de ces conseillers était Ernest Dichter, l’inventeur du slogan : « Mettez un tigre dans votre moteur » adopté par Esso/Exxon. En 1964, la société Brown & Williamson a donné une nouvelle vie à sa marque Kool en menant une campagne de pub nationale. Les images montraient un beau couple noir assis près d’une fontaine entourée d’une végétation luxuriante, avec ce slogan : « Sentez plus de fraîcheur dans votre gorge ». Quand la publicité télévisée pour les cigarettes fut interdite aux États-Unis, en 1970, la population noire, qui se concentrait désormais dans les centres-villes, fut bombardée de panneaux grand format, y compris sur les bus et dans le métro.

Historien à Princeton et lui-même noir, Keith Wailoo a publié Pushing Cool, un minutieux travail d’enquête montrant comment l’industrie du tabac a efficacement ciblé cette communauté. Une étude de consultants constate que le segment des Noirs américains peut être « exploité » et représente « de nouvelles opportunités pour le marché des cigarettes mentholées ». L’agence de communication Dancer Fitzgerald Sample a conçu pour l’industriel R. J. Reynolds un plan de bataille intitulé « La Camel menthol et le marché nègre ». 

L’opération a si bien fonctionné que la communauté noire s’est approprié les cigarettes mentholées pour en faire une marque de distinction par rapport à la communauté blanche. Le magazine Ebony, destiné au lectorat afro-américain, a accueilli des pages de publicité montrant des mannequins noirs fumant des menthols. Et quand les campagnes antitabac se sont mises à cibler les cigarettes mentholées, des représentants de la communauté noire se sont rebellés, arguant qu’on portait atteinte à leur libre arbitre. L’Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP) a fait valoir : « Il est raciste de dire que les Noirs sont malléables au point de ne pas avoir la faculté de décider de fumer ou non ». Et, quand, au moment où le mouvement Black Lives Matter prenait son essor, il fut question d’interdire purement et simplement les cigarettes mentholées, l’influent pasteur noir Al Sharpton s’est insurgé, avançant que cela conduirait à l’émergence d’un marché souterrain et à une intensification de la répression policière visant les fumeurs noirs. 

En rendant compte de Pushing Cool, la revue Science le rapproche d’un autre livre, non moins édifiant 1. Écrit par une journaliste, il relate l’histoire de la cigarette électronique Juul. Conçue par deux anciens élèves de Stanford, James Monsees et Adam Bowen, qui en avaient fait leur sujet de thèse en 2004 dans le cadre du programme « product design » de l’université, elle devait, comme les autres cigarettes électroniques alors en gestation, permettre aux fumeurs d’abandonner le tabac pour de bon. Monsees et Bowen vendirent leur projet aux investisseurs de la Silicon Valley. Ils firent appel aux mêmes techniques de marketing que les industriels du tabac : en 2017, la cigarette Juul avait raflé 30 % du marché de la cigarette électronique. Dotée d’un design très étudié, elle avait pour vertu de faire absorber en une seule recharge autant de nicotine (non cancérigène mais addictive) que dans un paquet de Marlboro. Problème : en 2019, année où le magazine Time promut Monsees et Bowen dans sa liste des « cent personnes les plus influentes », la Food and Drug Administration (FDA) jugea que la cigarette électronique avait généré une véritable épidémie chez les adolescents. La compagnie – dont Altria, société mère de Philip Morris, venait d’acquérir 35 % du capital pour la modique somme de 12,8 milliards de dollars – dut retirer du marché une partie de sa production. 

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Le vagabond qui débarque un jour d’automne 1910 (au mois de tishri 5671) dans un shtetl (quartier juif) de Podolie, typique des confins du Sud-Est polonais de l’époque, est-il vraiment un simple vagabon ? La population s’interroge. Cet homme boiteux est-il venu pour voir le tsadik (l’homme juste) ? Est-ce un fuyard ? Un fou ? Un escroc ? Un démon ? Le Messie ? Quant au Golem, qui apparaît vers la fin du roman, est-il vraiment le Golem – un monstre prêt à se retourner contre ses créateurs ou, au contraire, un défenseur des juifs ? Ou alors, ose le site Culture.pl, « la métaphore moderne d’un extraterrestre » ? Face à ces personnages, les lecteurs de Golem sont aussi perplexes que les habitants du shtetl. Et l’auteur, Maciej Płaza, finaliste pour ce roman du prix Nike, ne leur vient pas en aide. Car, pour lui, l’essentiel est ailleurs, estime le magazine culturel Dwutygodnik : « Son objectif est de créer l’image la plus riche possible d’une communauté juive de province », bientôt menacée par les pogroms et la guerre. Et ce surtout grâce à la langue, mêlant polonais, yiddish et hébreu. De quoi s’attirer les louanges de la presse, comme Dwutygodnik, qui « ne doute pas que des doctorats lui seront consacrés » : « La question de la langue est essentielle pour comprendre le projet de Płaza, qui fait preuve d’une grande sensibilité et d’une imagination linguistique considérable. » Quant à l’érudition de l’auteur, elle est sans faille, assure le magazine : « Płaza a lu tout ce qui peut l’être sur la kabbale et le folklore juif. » Culture.pl salue la capacité du romancier à s’approprier cette tradition hassidique pour mieux la « réinterpréter » dans une œuvre unique où les frontières entre mysticisme et réalisme ont disparu. 

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La célèbre tour de Babel peinte par Bruegel l’Ancien impressionne par son architecture surréaliste en forme de spirale. À l’instar de ses contemporains, le peintre associait cet épisode de la Bible à l’extraordinaire expansion de la ville d’Anvers au cours du XVIe siècle. Cette ville était l’épicentre du « commerce du monde entier », selon l’expression du diplomate vénitien Bernardo Navagero. Un essor dû à l’ensablement du Zwin, ancien bras de la mer du Nord, vers 1500, qui avait rendu Bruges inaccessible par bateau et fait d’Anvers le port commercial le plus important d’Europe. On pouvait y acheter de tout : de la laine anglaise, des épices, du papier, des pierres précieuses, de la soie, de l’ivoire, de l’or, de la porcelaine chinoise, du vin, et bientôt des livres… Dans un ouvrage paru cette année, Michael Pye, historien et journaliste britannique, explore les « années fastes » d’Anvers, « ces quelques décennies fugaces pendant lesquelles elle a brillé de mille feux », souligne la London Review of Books. Un succès surprenant, car Anvers n’avait ni cour, ni évêque, ni dynastie régnante. « Une tolérance pragmatique » faisait de cette ville cosmopolite un endroit propice aux affaires. C’est là que prend racine la financiarisation de la vie et qu’apparaît, en 1531, la première Bourse au sens moderne du terme. Le vent tourne dans les années 1560, avec l’avènement de la Réforme. « Les ingrédients magiques qui faisaient le succès d’Anvers se sont dissous rapidement », écrit The Guardian. En 1585, la ville est mise à sac par les troupes de Philippe II d’Espagne. Vers 1600, les rues du centre sont quasi désertes. Les forces vives ont fui vers le nord, vers Amsterdam, qui devient le nouvel Anvers.  

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La pratique de l’isolement dans les îles, qui remonte à l’Antiquité, n’a cessé d’être employée aux quatre coins du monde, déclinée sous différentes formes : prison, exil forcé, assignation à résidence… C’est à cette thématique qu’est consacré le dernier ouvrage de Valerio Calzolaio, journaliste et essayiste italien, présenté par La Stampa comme un « intellectuel curieux » qui adopte « des points de vue extrêmement originaux, fins, érudits ». Dans son tour des mers, des fleuves et des lacs de la réclusion insulaire, l’auteur s’intéresse aussi bien aux colonies pénitentiaires d’Australie ou de Nouvelle-Calédonie au XVIIIe siècle qu’aux îlots tels qu’Alcatraz ou l’île du Diable, au large des côtes guyanaises, qui étaient destinés à la détention de prisonniers. 

Passant en revue plus de 270 îles, ce « livre original », enrichi de cartes, de photographies et de graphiques, permet de « rendre compte de pages très importantes de l’histoire de l’humanité et du pouvoir », explique le Corriere della Sera. Grâce à une « recherche rigoureuse » et à une « écriture très agréable », Calzolaio « surprend le lecteur par sa réflexion singulière, où science et histoire se confondent », s’enthousiasme La Stampa. Et de conclure : « Un essai important sur l’histoire de l’homme et son besoin d’“isoler” pour exiler ou punir. » Une nouvelle page de cette histoire est en train de s’écrire dans les centres de rétention pour migrants situés aux entrées de l’Europe, comme ceux des îles de Lampedusa et de Lesbos. Depuis leur création, ils font l’objet d’alertes répétées de la part des ONG sur les conditions de vie des demandeurs d’asile. 

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Coordinatrice de production et scénariste dans l’audiovisuel, Hsiao Wei-hsüan fait dans son premier ouvrage un clin d’œil au célèbre roman Le Parfum, de l’Allemand Patrick Süskind. Yang Ning, une jeune fille douée d’un odorat extraordinaire, travaille dans une chambre mortuaire et cherche à faire venir son petit frère à Taipei. Lorsque celui-ci se suicide, elle perd ce sens hyperdéveloppé et ne le retrouve que sur des scènes de crime. Jusqu’au jour où elle-même est mise en cause dans une affaire de meurtre, ce qui l’oblige à mener l’enquête pour identifier le coupable. Chemin faisant, elle découvre que la mort de son frère pourrait bien ne pas être un suicide et se résout à « devenir un monstre » afin de percer le mode opératoire de l’assassin. Selon l’agence de presse taïwanaise Central News Agency, ce roman raconte l’histoire d’un « deuil impossible qui se transforme en obsession. Au bout du compte se pose la question de savoir à quel moment on cesse d’être humain. » 

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C’est une scène qui en dit long sur le personnage. Le jour des élections générales de 2010, le trublion de l’extrême droite britannique Nigel Farage tient à faire un tour à bord d’un avion biplace traînant une banderole « Votez pour votre pays – Votez Ukip [Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni] ». Une action inutile, puisqu’il était trop tard pour que la télévision s’en fasse l’écho. De fait, personne n’en aurait entendu parler si la bannière ne s’était emmêlée dans le gouvernail, faisant s’écraser l’avion dans un champ. Farage s’en tire avec des blessures superficielles. Le journaliste Michael Crick, auteur d’une biographie « captivante » de Nigel Farage, « a eu l’intelligence de placer cet accident au début », estime Andrew Rawnsley dans The Guardian (journal très hostile à l’Ukip). L’histoire récente du Royaume-Uni « aurait été très différente si Farage était mort ce jour-là », déplore-t-il. Sans lui, « l’Ukip ne se serait pas transformé en la force insurrectionnelle » qui a conduit David Cameron à organiser un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. Et, sans ce référendum, il n’y aurait pas eu de Brexit. L’ancien trader de 58 ans ressort de cette biographie en homme égoïste, arrogant, guidé par « son obsession pour la gloire, l’argent et le sexe ». « De nombreuses anecdotes de ce livre, les plus hilarantes comme les plus effroyables, sont littéralement irriguées par des flots d’alcool », que l’intéressé est capable d’ingurgiter en quantités prodigieuses. « Cette biographie de Farage est la meilleure qui puisse être écrite », conclut Rawnsley, qui reproche tout de même à l’auteur son « indulgence » à l’égard de son sujet. 

[post_title] => Portrait d’un brexiteur [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => portrait-dun-brexiteur [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-09-01 06:29:54 [post_modified_gmt] => 2022-09-01 06:29:54 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=121854 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Une pratique artistique exigeante est-elle compatible avec la maternité ? Dans son nouvel essai, Julie Phillips, auteure et critique littéraire, explore la question à travers les portraits d’artistes célèbres du XXe siècle qui ont eu un ou plusieurs enfants. Six d’entre elles sont mises en lumière : la peintre Alice Neel et les écrivaines Doris Lessing, Ursula K. Le Guin, Audre Lorde, Alice Walker et Angela Carter. D’autres figures, telles Adrienne Rich, Susan Sontag ou encore Shirley Jackson, apparaissent en pointillé. Ce « méli-mélo d’expériences », commente The New York Times, fait ressortir les difficultés communes à toutes : jours et nuits hachés, temps de création réduit comme peau de chagrin, regard désapprobateur de la société, remords ressentis en fermant la porte au bambin, impossibilité de rêvasser – acte vital pour tout artiste. « Un bébé ne peut prendre soin de lui-même, l’art ne peut se créer de lui-même. Il est rare que les deux activités puissent être réalisées en tandem », constate The Atlantic. Comme le disait Doris Lessing : « Je ne sais pas ce qui est le plus désirable, avoir un bébé ou écrire un roman. Malheureusement, les deux sont tout à fait incompatibles. » Certaines avaient élaboré des techniques pour travailler à la volée : Audre Lorde griffonnait ses poèmes sur des bouts de papier dont elle remplissait le sac à langer de sa fille ; Toni Morrison disposait un carnet sur le siège passager de sa voiture pour prendre des notes aux feux rouges. D’autres ont fait le choix de s’éloigner de leur progéniture, telle Alice Neel qui, après une dépression, a laissé sa première fille à la famille de son père à Cuba pour continuer à peindre. 

[post_title] => Le dilemme des artistes mères [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-dilemme-des-artistes-meres [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-09-01 06:29:20 [post_modified_gmt] => 2022-09-01 06:29:20 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=121858 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Célèbre auteur de romans en yiddish, prix Nobel de littérature en 1978, Isaac Bashevis Singer aimait raconter que, à sa naissance dans un shtetl polonais, sa mère avait demandé à la sage-femme : « C’est un garçon ou une fille ? » Ce à quoi celle-ci avait répliqué : « Un écrivain ». Cette boutade, qui figure dans un nouveau recueil de dix-neuf essais, presque tous inédits en anglais, « n’aurait pas amusé les pieux parents de Singer », commente The Wall Street Journal. « Fils et petit-fils de rabbin, il a mené “une guerre intime contre le Tout-Puissant”, comme il le disait, en remplaçant la foi orthodoxe par “une sorte de kasha (bouillie) de mysticisme, de déisme et de scepticisme”. » À la mort de Singer, en 1991, des milliers de ses pages manuscrites non publiées, carnets de notes, lettres et photos ont été transférés aux archives de l’Université du Texas, à Austin. « Après un long processus de catalogage, peu d’universitaires ont exploré ces écrits inédits », rapporte The Times of Israël. Raison supplémentaire pour se réjouir de cet ouvrage, fruit de dix ans de travail du spécialiste de la littérature David Stromberg, qui jette un nouvel éclairage sur l’œuvre prolifique de Singer. 

[post_title] => Bashevis Singer redécouvert [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => bashevis-singer-redecouvert [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-09-01 06:29:15 [post_modified_gmt] => 2022-09-01 06:29:15 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=121862 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Qu’est-ce qui peut pousser une femme à abandonner ses enfants ? L’adolescent Joseph Masabo est habitué aux absences de son père, qui lutte contre l’apartheid dans l’Afrique du Sud des années 1980. Mais quand sa mère, zambienne, se volatilise de leur domicile à Lusaka, il entame un voyage périlleux en Afrique australe pour la retrouver. Dans une interview au site Newframe.com, Mandla Langa fait remarquer que son protagoniste a 14 ans, l’année qui est considérée dans de nombreuses cultures comme celle de la « transition ». Ainsi, précise-t-il, « The Lost Language of the Soul raconte le passage initiatique d’une vie antérieure à une nouvelle vie ». En chemin, Joseph rencontre « des personnages convaincants, plus vrais que nature », rapporte Jonathan Amid sur le site News24.com : Elias, un tailleur de pierre véreux ; la courageuse Leila et ses chevaux ; le « Camarade Dictionnaire », un ancien prisonnier imbattable au Scrabble ; des trafiquants de pangolins ; et « Jean le Baptiste », qui aide les combattants à tra­verser le fleuve Zambèze. Pour la romancière écossaise d’origine sud-africaine Zoë Wicomb, « Langa forge une vision de l’humanité à partir de la violence, de l’effusion de sang et de la trahison – caractéristiques de la transition de l’Afrique du Sud vers la démocratie. Ce récit tout en nuances de la lutte pour la liberté est un incontournable. » La critique littéraire Michele Magwood écrit sur Wantedonline.co.za que le roman aurait gagné à être plus court, mais que Langa « mérite désormais sa place auprès des géants de la littérature sud-africaine ». 

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