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L’or de Byzance fascine toujours les Grecs, qui se tournent parfois avec une pointe de mélancolie vers ce passé d’avant la domination ottomane. Preuve en est l’unanimité des critiques qui ont accueilli un ambitieux roman historique de plus de 700 pages. Isidore Zourgo y conte l’histoire de Stavràkios Kladàs, un moine copiste échappé de son monastère pour partir à la découverte du vaste monde et de ses tentations, voyageant de l’Anatolie à l’Épire et se muant en chroniqueur de son époque mouvementée (de 1072 à 1144). Le site culturel Diastixo loue une fresque « d’où émane l’odeur du bois ancien, de l’encens et de la guerre ». Son succès tient à l’attention portée aux détails de la vie quotidienne comme à la haute culture orthodoxe mêlée, çà et là, de paganisme antique. C’est un monde en plein effondrement qui est ressuscité.
Le lecteur y suit un homme fuyant les conséquences des désastres qui s’abattent alors sur l’Empire : à l’est, l’invasion des Turcs seldjoukides ; à l’ouest, celle des « Francs », ces croisés européens eux aussi avides des richesses de Constantinople et responsables de son ébranlement, comme le rappelle le journal conservateur Estia. Au-delà de la vivacité du style et de la précision documentaire, il y a là une expérience proprement grecque. D’où cette formule éloquente confiée par l’auteur au grand quotidien Kathimerini : « Byzance est une part de notre inconscient national. » 

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Taïwan est un caillou dans la chaussure du Parti com­mu­niste chinois (PCC) depuis 1949. À l’époque, la victoire de Mao Zedong pousse Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi), le chef du Kuomintang (« parti nationaliste chinois ») et son gouvernement à trouver refuge à Taïwan, suivis par tous ceux qui refusent de vivre sous un régime communiste. En tout, l’exode concerne plus de 1 million de personnes. Depuis, le PCC ne cesse de revendiquer sa souveraineté sur l’île – la rhétorique est celle de la « réunification » de la Chine – tandis que Taïwan cherche, depuis 1971, à être considéré comme un État indépendant.
Ces tensions qui minent depuis plus d’un demi-siècle les relations entre la Chine et Taïwan, ainsi que le spectre jamais conjuré d’une attaque chinoise, sont autant de raisons pour lesquelles l’invasion de l’Ukraine par la Russie trouve un écho particulier chez les Taïwanais. Pour preuve, les très nombreux articles dressant un parallèle entre l’Ukraine et Taïwan et les manifestations de soutien. La liste des best-sellers établie par Readmoo en mars 2022 reflète ces inquiétudes. En première position, « Et si la Chine attaquait ? » se veut un ouvrage de vulgarisation militaire et un rempart contre la guerre de désinformation menée par la Chine. Selon le site d’information PTS, « il comble un déficit de connaissances et traduit un changement dans le climat social : la population taïwanaise a besoin de se doter de son propre discours militaire sur le sujet ». Vient ensuite le « Manuel d’action à l’usage des populations civiles en temps de guerre », traduit du japonais. Il fournit des conseils sur les meilleures techniques de survie en cas de conflit armé. En outre, on trouve en quatrième position le recueil d’entretiens entre des activistes hongkongais et Kiwi Chow, le réalisateur de Revolution of Our Times, documentaire qui retrace la répression des manifestations pro-démocratie à Hongkong en 2019 et 2020.
Pour ce qui est des autres titres, citons le roman de science-fiction d’Andy Weir dans lequel l’humanité fait face à un risque d’extinction de masse, et l’essai du journaliste Liu Chih-hsin qui documente les tristes conséquences de la « réalité alternative ». Dans un autre régistre, signalons l’ouvrage sur la révolte des Taiping au XIXe siècle écrit par l’Américain Jonathan D. Spence. Cet historien spécialiste de la Chine livre un portrait nuancé d’un personnage clé de l’insurrection, Hong Xiuquan. 

[post_title] => Le spectre ravivé d’une attaque chinoise [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-spectre-ravive-dune-attaque-chinoise [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-04-28 07:24:51 [post_modified_gmt] => 2022-04-28 07:24:51 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=118342 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Notre volonté de mesurer le monde qui nous entoure est vieille comme l’humanité. Dans cet essai, le physicien Piero Martin revisite le long processus qui, depuis une diversité extrême des unités de mesure, a conduit à l’établissement d’un système international, lequel est à la fois « un produit et un producteur de la mondialisation », souligne le Corriere della Sera. Ses sept unités fondamentales – le mètre, la seconde, le kilogramme, le kelvin, l’ampère, la mole et la candela – permettent de « comprendre et d’évaluer l’Univers, du micro au macro », explique l’auteur. La dernière révolution en date a eu lieu en 2018, lorsque les sept unités ont été redéfinies non plus sur la base « d’événements périodiques ou de fabrications humaines » mais de « constantes physiques universelles ». Émaillé « d’anecdotes savoureuses et de références aux biographies des grands noms de la physique », l’ouvrage « mêle habilement science, culture et même spiritualité », précise La Repubblica. La Yale University Press en a acheté les droits avant même sa parution : « Un succès made in Italy », s’enorgueillit Il Gazzettino

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Dans la nouvelle biographie que le journaliste américain Arthur Lubow consacre à l’un des artistes les plus énigmatiques du XXe siècle, « l’ombre est le mot clé » soutient The Art Newspaper.
« Man Ray a été le pionnier de la photographie pratiquée sans appareil photo. Ces images, appelées rayographies et solarisations, sont réalisées avec les ombres d’objets projetées sur le papier […]. Sa pratique photographique a évolué à l’ombre de la peinture, qu’il revendiquait comme sa principale vocation […]. De même, il a laissé ses origines juives dans l’ombre », égrène la revue britannique. Man Ray (1890-1976) est né Emmanuel Radnitsky, à Philadelphie, de parents juifs : la famille avait américanisé son nom pour mieux s’assimiler. Son père était un tailleur de Kiev, sa mère une couturière des environs de Minsk. « Les compositions géométriques des images de Ray doivent-elles quelque chose aux professions de ses parents ? » s’interroge The New Republic. Ce qui ressort de cette biographie « ramassée, presque pointilliste », ce sont « les pérégrinations incessantes de Man Ray », observe The Spectator. « Il ne se passe pas une page sans qu’il ne parte pour un autre studio, un autre appartement, un autre pays ou une autre femme. » Plusieurs chapitres narrent ses relations tempétueuses avec celles qui ont été ses amantes et ses muses, parmi lesquelles Adon Lacroix, Kiki de Montparnasse et Lee Miller. Ray ne supportait pas « l’indépendance sociale et sexuelle » de ses compagnes, pointe The New Republic. Le pionnier de l’art moderne dépeint par Lubow reste toutefois insaisissable. « Man Ray continue à frustrer ceux qui aimeraient le faire sortir de l’ombre », résume The Art Newspaper.

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Avec « La vraie histoire d’Anna Karénine », l’écrivain et critique littéraire Pavel Bassinski signe son cinquième ouvrage consacré à Léon Tolstoï et à son œuvre. Il y revisite l’un des plus grands romans de la littérature européenne, injustement méconnu, selon lui, en raison des multiples adaptations pour le grand écran. « Il existe plus de trente versions cinématographiques d’Anna Karénine […]. Or, si chaque film est remarquable à sa manière, ils sont tous assez éloignés de ce qui se passe réellement dans le roman », explique l’auteur au journal Vedomosti. Pour mettre les choses au clair, Bassinski adopte une posture d’« inspecteur pugnace », note le portail Meduza. Anna et Vronski se connaissaient-ils avant de vivre leur liaison ? Si le divorce était autorisé dans l’Empire russe de la fin du XIXe siècle, pourquoi l’héroïne ne se sépare-t-elle pas de son mari ? L’auteur passe méticuleusement en revue les prototypes d’Anna Karénine, dont Maria Nikolaïevna Tolstaïa, la sœur très aimée du romancier, ou encore Maria Hartung, la fille aînée du poète Alexandre Pouchkine, dont les traits auraient inspiré ceux du personnage. Quant à la scène la plus emblématique du roman, elle est née d’un fait divers. Une certaine Anna Pirogova, gouvernante et amante éconduite d’un voisin de Tolstoï, s’était jetée sous un train. L’écrivain avait assisté à la dissection du corps de la défunte, ce qui l’avait profondément bouleversé… L’ouvrage ne tient pas sa promesse, regrette toutefois Meduza : « Bassinski ne fait aucune découverte littéraire majeure, pas plus qu’il ne propose de lecture alternative originale. » 

[post_title] => En quête d’Anna Karénine [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => en-quete-danna-karenine [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-04-28 07:23:57 [post_modified_gmt] => 2022-04-28 07:23:57 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=118489 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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« Le livre qui vient de sortir sur le hockeyeur Jaromír Jágr représente parfaitement la bande dessinée tchèque de cette dernière décennie, analysait le site Aktualně à la sortie de l’album de Lukáš Csicsely et Vojtěch Šeda : des biographies ou des événements historiques racontés sans controverse. Idéal pour les parents et les adolescents en quête d’une source d’inspiration. »
Et qui de mieux que Jaromír Jágr, « Jarda » pour les intimes (soit 10 millions de Tchèques), pour inspirer la jeunesse de son pays ? Qui de mieux que ce garçon de Bohême-Centrale parti de rien et devenu le symbole du rêve américain, ce héros national, ce Rocky Balboa tchèque, membre du Club Triple Or (le cercle très fermé des joueurs ayant remporté à la fois l’or olympique, le championnat du monde et la coupe Stanley du championnat américain), infatigable titan qui continue à chausser les patins, à 50 ans, avec le maillot 68 (en référence à l’année de l’écrasement du printemps de Prague), aux côtés de coéquipiers qui n’étaient pas nés quand il faisait la loi dans le championnat américain ?
Oui mais quand même, Aktualně attendait plus de ce récit « habilement conçu » mais qui « n’offensera ni n’étonnera personne » : « On n’y trouve que ce qui est connu, comme son adoration pour sa mère, le fait qu’il a dû tout sacrifier, y compris ses études, pour le hockey… Les sujets plus complexes, tels que sa relation avec les femmes, son penchant pour l’ésotérisme ou son appartenance à l’Église orthodoxe, ne sont qu’effleurés. » Sans compter les histoires d’argent et d’accointances politiciennes pas toujours glorieuses dont il n’est pas fait mention.
Les auteurs, eux, assument (ils voulaient faire une BD de super-héros), et Deník les soutient : « L’objectif de cet album n’est pas seulement de décrire la vie d’un joueur célèbre, mais de mêler réel et imaginaire. » Le quotidien y voit une épopée chevaleresque dans laquelle le Saint-Graal serait remplacé par la Coupe Stanley, l’épée par la crosse. Et, de toute façon, finit par reconnaître Aktualně, « parler de Jágr différemment aurait signifié provoquer la colère des fans, voire se retrouver au tribunal », dans un pays qui vient de célébrer comme une fête nationale les 50 ans de son demi-dieu à la coupe mulet. 

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Le dernier livre de l’historien brésilien Luiz Antônio Simas est consacré au célèbre stade construit en 1950 pour la quatrième Coupe du monde de football : le Maracanã, à Rio de Janeiro. Le personnage central n’en est cependant pas le stade, mais le vendeur d’oranges, l’ouvrier, le médecin… tous ceux à qui il était destiné, et en particulier le « geral », les tribunes les plus populaires. Exposés à la pluie et au soleil, les supporters y restaient debout et distinguaient mal le terrain. Le stade est malgré tout un lieu de fête, avec « des supporters déguisés, sur des patins, allumant des bougies à genoux, masqués », décrit Quatro Cinco Um. D’ailleurs, le projet initial du Maracanã était de « réunir les “grandes masses” – pauvres, riches, Blancs, Noirs, métis, hommes, femmes et enfants – qui feraient autant le spectacle que les dieux du football sur le terrain », résume la Folha de São Paulo. Inclusif, certes, mais non égalitaire : pauvres et riches sont donc spatialement divisés, la hiérarchie sociale est préservée. La fermeture du « geral » en 2005 sonne le glas du mythe fondateur de l’union des classes dans la passion du jeu. Le prix prohibitif des places et le contrôle tatillon des comportements des supporters finissent par saper l’idéal qui était à l’origine du projet. « Le Maracanã est, d’une certaine manière, une puissante métaphore d’un rêve de Brésil brisé », déclare l’auteur à la revue espagnole Líbero

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Nous vivons dans une société qui, tout en continuant d’opérer dans le cadre des institutions démocratiques, tend à s’en désintéresser en laissant le champ libre aux acteurs d’une élite « politico-économique ». Tel était le constat fait dès 2000 par le politologue britannique Colin Crouch dans son livre Post-démocratie (Diaphanes, 2013). Si l’on y ajoute le discrédit dans lequel sont tombés les partis, cet état de choses a contribué à doper les populistes. À gauche comme à droite, ceux-ci pensent (ou se voient) représenter les aspirations des classes populaires et entendent bousculer à la fois les anciens partis et les élites qui tiennent le haut du pavé. Mais, en Europe, où le problème identifié par Colin Crouch est aiguisé par l’éloignement d’une Commission bruxelloise aux pouvoirs croissants, les populistes se heurtent désormais à l’avènement de nouveaux venus, les « technopopulistes ». Forgé par le politologue Christopher Bickerton et le professeur-chercheur Carlo Invernizzi Accetti, le mot désigne des êtres hybrides, qui eux aussi rejettent les anciens partis et leurs compromissions mais se gardent de tout prophétisme et même de toute idéologie affirmée : ils ne se déclarent ni de gauche ni de droite et entendent fonder leur légitimité sur des compétences mises au service d’une politique pragmatique, censée s’attaquer aux dysfonctionnements de la société et de l’économie.
Bickerton et Accetti se pen­chent sur trois exemples très différents : Tony Blair avec son « New Labour », le Mouvement 5 étoiles en Italie et Emmanuel Macron. S’ils méritent l’étiquette de populistes, c’est en ce sens qu’ils entendent fédérer les intérêts véritables de la population prise dans son ensemble, au-delà des clivages qui, avant eux, structuraient le monde politique. Ils se réfèrent d’ailleurs eux-mêmes à la notion de peuple, mais un peuple qui comprend l’intérêt de se fier à leur expertise. Le peuple est « lucide », dit Macron, qui a aussi lâché : « Notre projet n’est pas de parler au nom du peuple, mais de faire avec le peuple. »
Dans la London Review of Books, le sociologue allemand Wolfgang Streeck, un homme de gauche, s’étonne que Bickerton et Accetti ne se soient pas intéressés au cas d’Angela Merkel, dont « la rhétorique technopopuliste a seulement réussi à établir une période de régime quasi présidentiel dans le cadre d’une Constitution parlementaire ».
Bickerton et Accetti considèrent le technopopulisme comme un nouveau facteur de risque. Il « amoindrit la qualité de la démocratie contemporaine en rétrécissant l’horizon des possibles », résume le politologue australien Ben Wellings. 

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C’est devenu une habitude. À peine sorti en France, le nouveau Houellebecq a paru dans plusieurs autres pays, dont l’Allemagne, où le romancier est depuis longtemps considéré comme un auteur majeur. Vernichten, traduction littérale d’Anéantir, s’y est aussitôt hissé en tête des ventes (avant d’être détrôné par un autre livre français, Serge, de Yasmina Reza, très populaire aussi outre-Rhin). Il y a les inévitables déçus, ceux qui, à l’instar de Sigrid Brinkmann, de la station de radio Deutschlandfunk Kultur, regrettent qu’il n’y ait pas autant de scènes de sexe que d’habitude. Il y a, en plus grand nombre encore, les thuriféraires. Adam Soboczynski, par exemple, qui, dans Die Zeit, crie au chef-d’œuvre. Bien sûr, écrit-il, Houellebecq est « un penseur étonnamment à droite, oscillant entre mélancolie conservatrice et fantasmes réactionnaires de violence ». Pour autant, Anéantir « éclipse les romans à thèse assez rudimentaires qu’étaient Sérotonine et Soumission. Il a une force inédite, parce que Houellebecq a baissé sa garde : aucun de ses livres n’est plus vulnérable, plus ouvert, plus compatissant avec ses protagonistes, aucun n’explore leur psychologie de manière aussi touchante ». Même son de cloche dans le supplément dominical de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, où Julia Encke estime que l’écrivain est au sommet de son art. 

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Derrida plaisait beaucoup aux étudiantes américaines (et vice versa). « On peut dire ce qu’on veut, le type avait vraiment l’air cool. Pommettes saillantes, yeux malicieux et ophidiens, et cette touffe de cheveux blancs – il aurait pu être un chanteur pop, le Sacha Distel de la déconstruction sémiotique », se pâme Christopher Bray dans The Critic Magazine. Le philosophe français est en effet devenu l’emblème de la French Theory outre-Atlantique ; et la déconstruction, son concept phare, sommairement brandi comme un appel à la rébellion contre la culture occidentale, a contribué à mettre le feu aux campus californiens à la fin des années 1970. Les jeunes contestataires arboraient des tee-shirts floqués d’une caricature de Derrida. Woody Allen intitulera même un de ses films Deconstructing Harry (Harry dans tous ses états). Et, comme le philosophe était réputé illisible, y compris en France, on pouvait l’invoquer sans se donner la peine de le lire.
Mais comment un jeune enseignant presque inconnu à domicile était-il devenu en Amérique « le roi Babar du postmodernisme », selon les mots du philosophe-­romancier australien Peter Salmon, qui vient de lui consacrer une biographie très bien accueillie, « Un événement, peut-être » ? Grâce précisément à l’événement en question : un colloque international sur le structuralisme, en 1966, à l’université Johns-Hopkins de Baltimore, où la quasi-totalité des figures françaises des sciences humaines était présente. Derrida, lui-même un peu là par raccroc, était intervenu en dernier devant un auditoire épuisé. Mais, comme le déplorerait plus tard l’organisateur de la conférence, il avait en une demi-heure « pulvérisé les colonnes du temple structuraliste ». Dans The New Statesman, John Gray explique en effet que « pour le structuralisme, la signification d’un texte ne repose pas sur les notions d’auteur et d’intention mais sur le système de signes au sein duquel le texte est produit […]. Or Derrida avait fait valoir que ces systèmes contenaient des éléments contradictoires qui débouchaient sur des apories ». Le structuralisme n’était pas mort sur le coup, non ; mais, « en tant que mythe romantique imposant une méthode d’analyse universelle à tous les champs de la connaissance humaine », écrit Julian Baggini dans Prospect, le projet structuraliste chutait de son piédestal. L’heure du poststructuralisme, nouvelle obédience du postmodernisme, avait sonné. La déconstruction se retrouvait propulsée sur le devant de la scène américaine, tandis que lui-même s’embarquait dans ce que Peter Salmon décrit comme « une vigoureuse carrière transatlantique ».
Et pourtant, quel malentendu ! « Derrida n’a jamais été post­moderniste. Il partageait certes la méfiance du mouvement envers les grandes explications qui prétendent gommer la complexité du monde réel dans une approche unique et volontiers simplificatrice. Mais à son point le plus extrême, le postmodernisme conduit à l’impossibilité de la vérité, au relativisme, à l’indéterminisme radical », corrige Julian Baggini. Or la déconstruction, elle, se contente de « postuler que le contexte est tout, ce qui implique que la signification d’un texte est instable, contingente, indéterminée, multiple », précise John Gray. « La déconstruction n’est pas destructrice », confirmait Derrida, qui disait ne pouvoir déconstruire que les ouvrages qu’il aimait. Affirmant l’absolue primauté du texte sur l’auteur et le reste (« Il n’y a pas de hors-texte »), il proposait de soumettre celui-ci à « une analyse rigoureuse de ses spécificités, attentive aux implications et aux sédiments historiques gisant au sein du langage », pour reprendre les termes de Julian Baggini. « Mais, ironise Peter Salmon, pour des étudiants de premier cycle sournoisement iconoclastes, il y a là quelque chose de manifestement séduisant : les livres peuvent signifier tout ce qu’on veut qu’ils signifient. La décons­truction sape la notion même de littérature. Mieux encore, elle permet aux critiques de se prétendre plus importants que les auteurs qu’ils déconstruisent ! » Au fil des années, la déconstruction s’appliquerait à l’ensemble des sciences humaines, et la pensée derridienne s’épanouirait en une floraison d’autres concepts un peu opaques mais plaisamment nommés : « métaphysique de la présence », « logocentrisme » (bientôt radicalisé en « phallogocentrisme »), « destinerrance », « archi-trace », « phonocentrisme », « auto-affection », « itérabilité », « hantologie », sans oublier la célèbre mais énigmatique « différance ».
Sans surprise, la vindicte contre Jacques Derrida croîtra dans son pays à proportion de son succès outre-Atlantique. On dénigrera sa gouroutisation, sa starisation, on l’accusera de charlatanisme (à noter que Derrida lui-même, selon son biographe, souffrait d’une sorte de syndrome de l’imposteur). On dénoncera aussi – non sans raison – le caractère « foncièrement incompréhensible de sa prose », dit Peter Salmon. « Une prose d’une élégante impénétrabilité, ajoute-t-il, qui ne cesse d’être turgide que pour devenir turbide […]. Quand Derrida assimile le style littéraire de Rousseau à de la masturbation, sous sa plume c’est un compliment. » Christopher Bray assène encore que, comme pour la physique quantique, « si l’on prétend comprendre Derrida, c’est qu’on ne l’a pas compris ». Julian Baggini, lui, se montre plus indulgent et va jusqu’à considérer les « obfuscations » de Derrida comme « inhérentes à sa philosophie […] car elles servent à souligner combien certaines notions sont impossibles à clarifier et donc à mettre leur complexité en exergue ». D’autres coups portent plus profond. Dans The Guardian, le philosophe Daniel Dennett a ainsi accusé le postmodernisme d’avoir encouragé « le cynisme à l’égard de la vérité et des faits ». Ce qui aurait même pu conduire, soutient la critique littéraire du New York Times Michiko Kakutani, à l’élection de Trump. Derrida a parfois été présenté comme un nihiliste (mais « d’un nihilisme rigolard », tempère Andrew Hussey dans The Critic), ou comme un promoteur du relativisme moral et un corrupteur de la jeunesse. D’ailleurs Anders Breivik, l’auteur du grand massacre de 2011 en Norvège, a rendu spécifiquement Derrida coupable d’avoir « endoctriné la nouvelle génération ». Enfin, cette démonétisation a sans doute culminé avec la lettre publiée en 1992 dans The Times par dix-huit philosophes de tous pays s’indignant que l’Université de Cambridge songe à conférer à Derrida un doctorat honoris causa. Leur argument : même si l’on discerne dans son œuvre « des traces de philosophie », celle-ci n’est pour l’essentiel qu’une suite de « farces et d’astuces confinant au dadaïsme […] indignes de la philosophie française ». Mais ces vindicatifs gardiens du temple n’avaient sans doute pas vraiment lu l’œuvre de leur confrère, car ils lui attribuent l’un des rares jeux de mots conceptuels qu’il n’ait pas inventés, « logical phallusies ». Quoi qu’il en soit, l’université passa outre et décida de décerner à Derrida son doctorat honoraire par 336 voix contre 204.
On peut comprendre que les dix-huit imprécateurs n’aient pas lu tous les textes de Derrida, sans conteste l’un des philosophes les plus prolifiques avec un corpus dépassant les 80 livres. Dommage, toutefois, qu’ils n’aient pas eu le livre de Peter Salmon sous la main. Ils se seraient en effet aperçus que la pensée de Derrida, loin du « nihilisme cognitif » dont on lui fait grief, poursuit à travers ses concepts acrobatiques et ses formulations fuligineuses un but parfaitement respectable philosophiquement : celui, écrit Omar Sabbagh dans Philosophy Now, de recourir « à la “technique” [de la déconstruction] non pas pour critiquer la métaphysique mais pour procéder à l’intérieur même de celle-ci à une sorte de maïeutique, de dévoilement, d’élucidation, de révélation de ce qui a toujours été là. Et la maïeutique n’est pas un acte de violence mais de délivrance ». Omar Sabbagh se réjouit aussi que cette biographie « parvienne à humaniser un penseur de grande envergure […] en montrant au passage combien une pensée peut être puissante lorsqu’elle est radicale ». Peter Salmon a en effet écrit non pas une biographie classique – il en existait déjà une, magistrale, celle de Benoît Peeters1 – mais une biographie intellectuelle, qui permet de retracer la trajectoire d’une « philosophie d’une cohérence remarquable à travers le temps », depuis ses racines profondes dans d’autres pensées – Husserl, Heidegger, Hegel, Freud, Marx, Levinas, Nietzsche – jusqu’à ses ramifications déconstructrices les plus insolites. « Les Français dédaignent ce type d’analyse, ironise au passage Andrew Hussey, qu’ils qualifient de “bio à l’anglo-saxonne” – avec l’idée sous-jacente que les anglophones sont trop bornés ou trop simplistes pour relater une vie d’écriture avec une authentique subtilité philosophique. » Mais Peter Salmon mérite la reconnaissance, en France comme ailleurs, de tous les fans de Derrida – d’abord parce qu’il contribue à tirer leur héros de l’opprobre ou de l’incompréhension, sinon de l’oubli ; ensuite parce qu’il leur épargne d’avoir à le lire. 

— J.-L. M.

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