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Les cellules des êtres vivants doivent leur nom à leur ressemblance avec celles des moines. P. 8

On a surévalué les performances intellectuelles des animaux. P. 12

La première technique de taille de la pierre a stagné pendant sept cent mille ans. P. 15

À Benin City, dans l’actuel Nigeria, l’oba n’apparaissait que deux fois par an, accompagné de 600 épouses. P. 17

Le nombre grandit d’artistes qui considèrent leur œuvre comme porteuse d’un message militant. P. 27

Des funambules sont représentés sur des peintures sur vase et des fresques datant de 1350 av. J.-C. P. 52

Certains logiciels de management peuvent surveiller le ton de la voix des employés. P. 59

Le scientisme est la croyance selon laquelle les sciences de la nature peuvent donner des réponses décisives aux questions sociales et intellectuelles. P. 65

Le mérite de la démocratie ne réside pas dans les valeurs auxquelles elle est associée mais dans son mode opératoire. P. 69 

Cervantès a vécu quelque temps avec cinq femmes. P. 75

Pour bien traduire, il faut trahir un peu et, si possible, à bon escient. P. 83

C’est l’instinct rituel qui conduit aux mythes et aux religions, plutôt que l’inverse. P. 85

Kim Il-sung s’attribue plus de 4 000 livres, sur tous les sujets concevables. P. 91

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Par bonheur surnagent encore des éditeurs sagaces et des classiques à rafraîchir de manière inventive. Tout n’est donc pas perdu au royaume de la littérature qui sait mieux penser la bêtise (et surtout la « bêtise intelligente » chère à Robert Musil) que toute la philosophie. C’est ce que je me dis en découvrant avec joie que les éditions Vagabonde viennent de publier Histoire de Martinus Scriblérus, de ses ouvrages & de ses découvertes, qui n’avait pas été réédité en France depuis 1796 ! Une négligence incroyable s’agissant d’un livre écrit à plusieurs mains par la fine fleur des lettres anglo-irlandaises de l’époque et qui, excusez du peu, constitue l’une des sources majeures du Tristram Shandy de Laurence Sterne. Mais voilà, la littérature britannique des XVIIe et XVIIIe siècles, mal connue, peu traduite, a toujours été négligée par l’édition française.

Revenons au Scriblerus Club (de scribbler, « gribouilleur », « plumitif »), composé en 1714 de Jonathan Swift, John Arbuthnot, Alexander Pope, John Gay, Thomas Parnell et Henry Saint John. Ni mouvement littéraire, ni école, cette amicale d’esprits libres imagine de satiriser l’abus de savoir et la bêtise universelle en créant le personnage de Martinus Scriblérus, amusant pédant à la cervelle encombrée de langues mortes et d’humanités, pétri de sciences et d’arts, auteur par ailleurs d’un savoureux Peri Bathos ou l’anti-sublime, c’est-à-dire l’art de ramper en poésie. Joyeuse charge contre les faux savoirs, les postures politiques, l’esprit de sérieux – bref, toutes les impostures intellectuelles et morales de l’époque –, l’Histoire de Martinus Scriblérus a pourtant été oubliée. Et, si brillant et magistralement écrit fût-il, ce canular collectif publié en 1741 avait peu de chances d’intéresser les lecteurs contemporains, que les études socioculturelles situent à des années-lumière du règne de la reine Anne.

D’où le coup de génie de Benoît Laudier, maître éditeur de Vagabonde, qui a confié à Pierre Senges et à Pierre Lafargue le soin de préfacer, de postfacer et d’annoter l’ouvrage. On ne pouvait rêver attelage plus stimulant et jubilatoire que ces deux fines lames ironiques férues de rhétorique et de poésie. Le premier, auteur singulier de mémorables Fragments de Lichtenberg et de Projectiles au sens propre, est un esprit encyclopédique à l’aise dans l’érudition comme dans l’humour. Le second, tout aussi baroque, quoique dans une veine plus altière, est l’immortel auteur d’un Sermon sur les imbéciles prononcé dans ma cave avec toutes sortes de précautions fantastiques, de L’honneur se porte moins bien que la livrée et d’une douzaine d’autres livres où la crétinisation du lecteur à la manière féroce de Lautréamont le dispute aux accents du moraliste Grand Siècle. Aussi, à l’instar de celles qui accompagnaient son dernier roman 1, ses 438 notes constituent un régal de « satire dans la satire » et peuvent se lire de manière quasi autonome. Inspirées par les mânes d’Alfred Jarry et de Jacques Vaché, elles ne se refusent pas le plaisir de brocarder par anachronie « dame Christine Lagarde », Elon Musk ou le management de France Télécom. Mais c’est encore dans ce qu’il appelle « les égouts de la pleurnicherie universelle », peuplés de « victimes et victimettes », de « gentils racisés », de « fragiles offensés » et de « précieux discriminés systémiques », que Lafargue fait le mieux feu sur le quartier général de la « wokerie » et de ses jargons.

« Un jour viendra, écrit-il, où le nom du Scriblerus Club sera en exécration parmi les hommes à cause de ce genre de grosse plaisanterie que le goût, devenu bon, ne tolérera plus. Pour le moment, il est permis d’apprécier ce que l’on prend de bonne foi pour un aimable badinage. On doit aux simples cette indulgence. Mais quand ils entendront causer les gens qui sont les véritables illustrations de leur siècle, ils mesureront l’abîme qui les sépare les uns des autres et ne comprendront pas ce qui les aura éloignés si longtemps des vrais grands hommes pour l’avantage de quelques drôles qui n’auront pas rougi de se moquer d’eux. » Redoutable, vous dis-je !  

— Cécile Guilbert est essayiste et romancière. Son dernier livre, Roue libre (Flammarion, 2020), a reçu le Grand prix de la critique de l’Académie française.

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Quel est le point commun entre la mort d’Élisabeth II, Halloween, les élections de mi-mandat aux États-Unis, la Coupe du monde au Qatar et Noël ? A priori, ce sont simplement des événements d’actualité épars, entrecoupés de séquences ordinaires du calendrier annuel, qui ont rythmé les dernières semaines. Mais ils ont tous pour effet d’activer une constante anthropologique : ce sont des rituels.

À bien y regarder, en effet, nos cérémonies, commémorations, célébrations, manifestations, festivals et autres championnats sont remarquablement semblables et prévisibles. Pas dans le détail, bien sûr, mais dans leurs principes directeurs. Partout, et de tout temps, les êtres humains se sont réunis dans la performance commune de comportements stéréotypés, rigides, répétitifs et redondants, obéissant à des règles et orientés vers des buts dont il est étonnamment difficile d’identifier les origines et les fonctions exactes.

À quel mystérieux impératif répondent donc ces rituels ? Si l’on pose la question à ceux qui y participent, ils répondent généralement qu’ils ont « toujours fait comme ça » ou que c’est leur « tradition » – réponse bien peu satisfaisante si l’on veut aller au fond des choses. Pourquoi tel rituel et pas tel autre ? Pourquoi de cette façon précisément, et pas autrement ? Pourquoi à tel moment, dans tel lieu, pour telle durée, avec telles personnes ? C’est là ce que l’anthropologue Dimitris Xygalatas appelle le « paradoxe du rituel » : on ne sait pas vraiment pourquoi on le fait, mais il est impératif de le faire, et surtout de le faire correctement.

Dans son livre « Rituel » 1, il recense les études les plus récentes sur ces moments que le sociologue Émile Durkheim qualifiait d’« effervescence collective », en particulier dans leurs manifestations les plus exotiques et extrêmes : marches sur le feu dans des villages reculés, pèlerinages exténuants, automutilations démonstratives, transes collectives... Il en ressort que le rituel est une « technologie sociale » puissante, dont les effets sur le métabolisme, l’humeur, la mémoire, la sociabilité et la santé sont massifs et durables.

C’est précisément ce savant dosage entre arbitraire et nécessité qui en fait un dispositif culturel si prisé : dans un monde complexe, incertain et imprévisible, l’opacité causale au cœur du rituel dirige l’attention des foules sur des suites de comportements structurés et soude le groupe autour d’une activité commune. On ne sait pas exactement pourquoi on le fait ni à quoi ça sert, mais c’est précisément pour cela que l’activité parvient à transcender sa simple exécution. Véritable machine à produire du sens et Super Glue sociale, le rituel, par le coût qu’il impose en termes d’investissement personnel et collectif, offre à la fois le sentiment de contrôler son destin et un moyen efficace de distinguer « ceux qui en sont » et les autres.

D’où la face sombre des rituels. Leur caractère rigide, arbitraire, physique, synchrone et émotionnel en fait une arme de choix pour soulever les masses, exacerber leur grégarité et leur instiller la haine des autres. On pense bien sûr au caractère sectaire des mouvements totalitaires, mais on retrouve cette exploitation négative du rituel dans les pratiques de bizutage, les séances humiliantes de team building et notre soumission ordinaire à quantité de normes et d’habitudes qui nous paraîtraient absurdes et barbantes en toute autre circonstance.

Mais nous aimons malgré tout ces marques d’affiliation, ces débauches de symboles, cette solennité performative et théâtrale qui se transmettent à travers les générations et les siècles, et on peine à imaginer à quoi ressembleraient nos sociétés si on en extirpait leur composante purement rituelle. De fait, pour Xygalatas, c’est bien une sorte d’instinct rituel qui conduit aux mythes, aux religions, aux légendes, aux superstitions et à toutes les institutions qui les chapeautent, plutôt que l’inverse. Le rituel vient toujours avant le prétexte qui sert à le justifier ; c’est peut-être ce simple fait qui devrait suffire à nous rassembler. Tous, nous tentons désespérément de conjurer l’inconnu : l’universalité, la diversité et la persistance des rituels montrent que ce n’est pas encore gagné. 

— Sebastian Dieguez est chercheur en neurosciences au laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l’Université de Fribourg,
en Suisse. Il est l’auteur de Total Bullshit ! Au cœur de la post-vérité (PUF, 2018).

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Chaque année, ça recommence. Le mois de janvier revient avec ses arbres nus, son crachin froid et sa masse graisseuse accumulée au cours de repas interminables. Il est là, charriant son lot d’exercices que l’on impose aux autres autant qu’à soi : résolutions remisées au placard avant le 10 février et autres « meilleurs vœux, etc. » copiés-collés dans des corps de mails professionnels. Le genre de geste social complexe en l’an 2023 : car il n’est pas simple de souhaiter la bonne année quand rien ne va. Un peu comme lancer un « Bonne soirée ! » enthousiaste à un type qui vient de se faire amputer d’une jambe : ça tombe à plat.

Ces derniers temps, il n’y a qu’à allumer la radio ou la télévision pour subir une litanie morose qui s’organise autour de quelques mots-clés : « guerre », « réchauffement climatique », « crise énergétique », « inflation » et le très actuel « récession ». Je ne parle même pas ici d’ouvrir Twitter. À l’heure où j’écris cette chronique, quantité de comptes migrent vers son rival Mastodon tandis qu’Elon Musk s’impose, un tweet après l’autre, comme le grand méchant que l’univers Marvel n’a pas osé imaginer. Un milliardaire mégalomane bien décidé à remodeler l’espace public mondial, ultralibertarien et long-termiste convaincu. À ce propos, le saviez-vous ? Le long-termisme, très en vogue dans le milieu de la tech, est un courant philosophique qui affirme la priorité morale de sauver des vies futures (dans plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires) sur l’amélioration des vies présentes. Cette école est notablement portée par de jeunes philosophes anglo-saxons promouvant, depuis le milieu des années 2010, ce qu’ils désignent comme une « éthique efficace », qui se concentre sur les résultats à obtenir rapidement plutôt que sur les moyens d’y parvenir. Dans cette logique, mieux vaut travailler dans la finance pour devenir un multimillionnaire philanthrope plutôt que de bosser au smic dans un hospice pour enfants malades ou, soyons fous, de réfléchir à un système de répartition des richesses impliquant de construire autre chose que des pyramides de Ponzi. L’Écossais William MacAskill s’est imposé comme une figure de proue du mouvement long-termiste depuis la parution, en août dernier, de son livre « Ce que nous devons au futur », qui lui a valu un précieux retweet de Musk lui-même 1. Dans une tribune du New York Times, il explique que l’humanité a plusieurs centaines de milliers d’années devant elle : « L’avenir est grand, martèle-t-il, et l’ambition d’avoir une influence positive sur l’avenir à long terme est la priorité morale de notre époque. » MacAskill semble cependant gêné par la digestion de ses théories par quelques-uns des géants de la Silicon Valley. Il s’inquiète de voir son propos mal interprété par des « acteurs politiques nuisibles » ayant à leur disposition des équipements technologiques puissants. Le cas échéant, nous pourrions, selon lui, basculer dans un futur semblable à une « dystopie totalitaire perpétuelle ».

Mais pas de panique ! Le monde de l’édition pense aussi à nous, qui sommes contraints de donner la priorité à ce qui se passera au cours des douze prochains mois de notre vie plutôt qu’à l’avenir lointain de l’humanité. Des dizaines de milliers de personnes ont ainsi trouvé sous le sapin le dernier opus de Michelle Obama, qui semble faire de l’ultra-anxiété son nouveau combat en proposant un guide pour « survivre à tout » et « s’accomplir dans des temps incertains » 2. Elle y donne des clés révolutionnaires pour affronter le monde contemporain – comme avoir des amis et tricoter des bonnets. Les mauvaises langues ne manqueront pas de critiquer des réponses aussi court-termistes à l’angoisse générale de l’hiver 2022-2023. Mais peut-être est-ce finalement tout ce dont nous avons besoin en ce début janvier ? Alors, bonne année (et bon courage) !  

— Floriane Zaslavsky est sociologue. Elle a publié avec la journaliste Célia Héron Dernier Brunch avant la fin du monde (Arkhê Éditions, 2020).

[post_title] => Meilleurs vœux ! Mais lesquels ? [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => meilleurs-voeux%e2%80%89-mais-lesquels%e2%80%89 [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:50:25 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:50:25 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=125974 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Ce dictionnaire des mots manquants est un vieux rêve, celui d’une Babel recomposée. Voyons, puisque tel mot n’existe pas en français, puis-je le trouver dans une autre langue ? Et, si je le trouve, pourquoi ne pas me l’approprier ? Ainsi rêve depuis toujours le romancier que je suis. Quand l’intuition me vient qu’à un point précis de mes cogitations (ou de mes élucubrations), le mot idoine manque à ma plume, et quand, vérification faite, je constate que ce mot n’existe pas dans notre langue, j’éprouve la tentation d’aller le chercher ailleurs, quelque part dans l’infini lexique des peuples. Un projet de dilettante. J’ai toujours su que sa réalisation – pour peu qu’elle soit possible – exigerait une vie entière de recherche, en butte à d’innombrables difficultés. Pour commencer, je ne parle aucune langue étrangère. Enfant, ma cancrerie me portait à supposer trop intelligent pour moi tout ce qui se disait dans un autre idiome que le mien. Autre difficulté, la définition du « manque ». Suffit-il qu’un mot me manque pour qu’il soit décrété manquant ? Ma langue en a-t-elle réellement besoin ? Quid de la métaphore, du néologisme et de la périphrase ? N’est-ce pas précisément leur rôle que de pallier ce déficit ? Et comment aller chercher un mot ailleurs ? Combien de langues questionner ? Par quelle méthode ? Autre chose : comment dresser a priori le répertoire de mes manques puisque je n’en prends conscience qu’au fil de mes besoins ? A fortiori,comment répertorier les manques de tous les autres locuteurs ? Est-il seulement possible d’établir une liste exhaustive des mots qui manqueraient à une langue ? Quel beau dictionnaire pourtant ce serait ! 

J’en étais là de mes paresseuses interrogations quand, il y a une dizaine d’années, je tombe sur un numéro de Books dans un kiosque de la gare Saint-Charles, à Marseille. Le parti pris de la revue me ravit. Faire connaître la littérature planétaire en chroniquant des bouquins qui ne seront jamais traduits chez nous, l’idée m’enchante. Magnifique ouverture ! Après en avoir parlé à l’ami Alberto Manguel, je propose à Olivier Postel-Vinay, directeur de la rédaction de Books, cette petite rubrique sur les mots manquants. Commence alors une aventure qui, soyons francs, tient davantage du jeu que de la recherche scientifique. Mais comme j’ai aimé les trouvailles de ce jeu ! Par exemple, la découverte de mots dont j’ignorais qu’ils me manquaient. Certains d’entre eux désignaient des habitudes miennes que je n’aurais jamais eu l’idée de nommer. Le fait que les Indonésiens possèdent un nom pour stigmatiser les histoires les plus idiotes que j’ai la manie de raconter à mes amis les plus chers m’en dit long sur le raffinement d’une langue dont j’ignore tout.

Jayus : nom indonésien désignant une plaisanterie si mal racontée et si peu drôle qu’on ne peut pas s’empêcher de rire. Nos meilleures histoires, nous les racontons aux inconnus, à des fins de séduction. Les pires, la blague la plus calamiteuse, le jayus intégral,c’est à nos meilleurs amis que nous les réservons. Il y a du joyau dans le jayus : nous y rions ensemble de la certitude que nous ne sommes pas bêtes à ce point-là.Exemple de jayus : « T’as vu Monte-Carlo ? Non, j’ai vu monter personne. » Hyper jayus : « T’as vu Monaco ? Non, j’ai vu monter personne. » Ah ! mes amis, faut-il que je vous aime, pour vous offrir pareils jayi !

Et combien me plaît ce desencuentro ­espagnol qui façonne nos existences infiniment plus sûrement que nos réalisations les plus abouties ! Desencuentro : substantif espagnol désignant le fait de ne pas s’être rencontré. Ils avaient tout pour se plaire, et tout les destinait à s’unir. De fait, ils se croisèrent une nuit, entre le soixante-quinzième et le soixante-­seizième étage de l’Empire State Building. Seulement, il grimpait par l’ascenseur B quand elle descendait par le A. Ce fut le desencuentro le plus désolant de la légende amoureuse.

Et que dire de la Schadenfreude allemande, cette joie mauvaise qu’on éprouve à voir le malheur des autres ? Le mot manque en français pour désigner les mises au pilori quotidiennes qui, en ces temps de dénonciations anonymes, réjouissent ce qu’il y a de plus bas en nous.

Sale époque, par ailleurs, que celle où l’on menace de fermeture une revue aussi généreusement ouverte que Books, signe que le monadisme l’emporte sur le nomadisme. J’aimerais tant que Books continue de paraître ! Au moins jusqu’à ce que soit fini mon dictionnaire des mots manquants. 

— Daniel Pennac

[post_title] => Quand les mots me manquent [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => quand-les-mots-me-manquent [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:50:20 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:50:20 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=125978 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Lémergence des lettres estoniennes est relativement récente. Elle remonte au réveil identitaire du XIXe siècle et se nourrit du folklore finno-ougrien. Aujourd’hui encore, cette jeune littérature, qui a connu un nouveau souffle depuis la restauration de l’indépendance en 1991, se fait l’écho d’une histoire troublée, marquée par les dominations étrangères à répétition. À partir de la christianisation de la région par les chevaliers Porte-Glaive allemands au XIIIe siècle, la petite nation estonienne a été soumise successivement aux puissances livonienne, danoise, germano-balte, tsariste, nazie et soviétique.

Témoin de l’engouement des Estoniens pour leur histoire, la « Chronique de la province de Livonie », écrite au XVIe siècle par Balthasar Russow, pasteur de l’église du Saint-Esprit à Tallinn : elle se hisse en deuxième position de la liste des meilleures ventes du principal réseau de librairies, Rahva Raamat. Ce texte fondateur a façonné la compréhension de la zone baltique durant des siècles. Il ne s’agit pas seulement d’un compte rendu sur la guerre de Livonie vue à travers les yeux d’un témoin direct des événements. C’est aussi l’une des rares sources évoquant les croyances préchrétiennes. Pays le plus tard christianisé et le moins croyant d’Europe, l’Estonie garde un attachement viscéral à la nature et aux pratiques néopaïennes.

En cinquième position du palmarès, Andrus Kivirähk est sans nul doute l’auteur estonien le plus emblématique (et le plus apprécié à l’international) : son livre L’Homme qui savait la langue des serpents (Le Tripode, 2013) a rencontré un beau succès en France. Jouant finement avec l’histoire et le folklore au moyen d’un humour grinçant, il s’efforce d’atteindre l’universel à travers le particulier. D’un genre hybride, son dernier livre, « Voyage sur la Lune », embarque le lecteur dans un périple plus métaphorique que réel, à travers un univers fantasque peuplé de personnages étranges mais d’autant plus humains. L’auteur fait s’attabler un cosmonaute dans un café : un être extraordinaire dans un lieu ordinaire, où le voyage qui se joue est avant tout intérieur.

Cette introspection, ancrée dans un folklore vivant, se retrouve chez Kristiina Ehin, poétesse et folkloriste très appréciée, dont le dernier recueil nous invite, au milieu des pandémies et des guerres, à rechercher la paix de l’esprit sur les rives de l’Ajajõgi (« le fleuve du temps »). Sa poésie fait d’ailleurs écho au chef-d’œuvre posthume de Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité, un kaléidoscope des paysages intérieurs de l’auteur et un voyage métaphysique au sein même de la réalité. 

— Audrey Vermillard

[post_title] => À la recherche du folklore perdu [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => a-la-recherche-du-folklore-perdu [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:50:15 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:50:15 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=126019 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Les écrivains ont souvent voué une dévotion proche du fétichisme à leurs instruments. Voyez le calame, roseau taillé pour l’écriture, pressé dans l’argile au temps des cunéiformes puis trempé dans l’encre aux époques ultérieures : il a droit à une sourate dans le Coran et, quelques siècles plus tard, aux éloges d’Érasme. La plume métallique, elle, séduit tant Victor Hugo qu’il collectionne toutes les siennes, avec mention de l’œuvre qu’elles ont transcrite (mais Goethe juge son utilisation impropre à la poésie, à cause du désagréable bruit qu’elle produit). Le léger, le solide, le commode petit crayon est l’outil favori des auteurs qui marchent ou voyagent, bien qu’il ne soit pas très fiable : Rousseau, qui l’utilise pour consigner ses rêveries (sur des cartes à jouer) lors de ses promenades (solitaires), doit repasser ses notes à l’encre en rentrant. Quand à la fin du XIXe siècle arrive le stylo (à plume d’abord, puis à bille avant de se transformer en feutre), on lui trouve tous les avantages – portabilité, rapidité, fluidité, variété des couleurs – plus un : la sensualité du tracé. La machine à écrire (moins sensuelle mais moins fatigante et bien plus rapide) enfièvre bientôt toute la littérature, depuis Nietzsche (qui avait la vue basse) jusqu’à Henry James (qui aimait le cliquetis de l’engin) ou Gide. Dans sa version portative, elle devient l’emblème des écrivains-routards de la Beat Generation. Le zénith technique, c’est sans doute l’ordinateur avec traitement de texte qui l’incarne. Imaginez Proust avec. La Recherche aurait tutoyé les 10 000 pages.

Mais la main va-t-elle longtemps garder la main ? Avec l’efficacité croissante des systèmes de dictée vocale, verra-t-on la remontée en puissance du larynx ? Jadis, l’essentiel de la littérature était en effet dicté, les auteurs se reposant, s’ils le pouvaient, sur un amanuensis ou un secrétaire – esclave, bénévole ou (faiblement) salarié. L’Histoire n’a guère retenu les noms de ces humbles, sauf une poignée : la fille du poète aveugle Milton ou encore Jean-Louis Wagnière, victime du dicteur-dictateur Voltaire, qui lui inflige des journées de dix-huit heures (Montesquieu ne doit pas être plus compréhensif : dans sa carrière, il aura consommé trente secrétaires). Sans oublier la sensible et dévouée Anna Grigorievna, qui pleure à chaudes larmes sur ce que Dostoïevski lui dicte. Heureusement, la dictée d’aujourd’hui s’est démocratisée – et humanisée – avec l’électronique. Et d’autres évolutions se dessinent. Le texte peut déjà passer directement du larynx de l’écrivain (qui n’écrit plus) à l’oreille du lecteur (qui ne lit plus mais écoute des romans sur smartphone). Un jour lointain, si le projet Neuralink d’Elon Musk tient ses promesses, le texte pourrait même circuler directement par ondes cérébrales ! La littérature, qui ne cherche après tout qu’à faire passer une pensée ou une émotion d’une cervelle à une autre, aurait alors atteint son point ultime. 

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Fidèle à sa devise (« Du bon usage de l’esprit critique »), Books présente dans ce dossier la quasi-totalité des arguments avancés sur la question ô combien délicate de la restitution à leur pays d’origine des œuvres d’art pillées ou acquises par les puissances coloniales. Au fil de votre lecture, vous trouverez de quoi alimenter une autre devise, chère au dessinateur Sempé : « Rien n’est simple. » Le premier article raconte le pillage en 1897 des « bronzes du Bénin », dans l’actuel Nigeria, par les troupes britanniques. Il est signé d’un écrivain nigérian qui, surprise, ne se dit guère favorable à leur restitution. Après avoir donné à lire le très beau texte rédigé en 1978 par l’ancien directeur général de l’Unesco, le Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow, nous passons à l’examen du rapport qui a servi de base à Emmanuel Macron pour amorcer la restitution d’œuvres au Bénin, ex-colonie française du Dahomey. Des signes de rétropédalage se font jour, cependant, et l’article en page 30 montre comment un mouvement de grand enthousiasme en faveur de la restitution, entre les années 1960 et les années 1980, a été stoppé net par une savante coalition de conservateurs de musées européens. Et, à vrai dire, l’état de délabrement de nombreux musées africains laisse songeur, explique un spécialiste de la conservation. Le dossier s’achève par un reportage réalisé au Nigeria par un journaliste canadien ; il soulève des questions dérangeantes. Nous abordons aussi des sujets connexes, comme le pillage de chefs-d’œuvre italiens par Bonaparte, la revendication par le Mexique de la coiffe de Moctezuma ou encore le rapt de l’or des Scythes par l’armée russe en Ukraine. — Books

Dans ce dossier :

[post_title] => Faut-il restituer l’art africain ? [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => faut-il-restituer-lart-africain%e2%80%89 [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 12:16:19 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 12:16:19 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=125872 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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« Certaines personnes mènent une existence si trépidante qu’elles donnent l’impression que, pour arriver à tout concilier, elles rémunèrent quelqu’un d’autre pour dormir à leur place. » C’est en ces termes que l’hebdomadaire britannique The Economist présente Siddhartha Mukherjee, chercheur et cancérologue au CHU de l’université Columbia et auteur star d’ouvrages de vulgarisation scientifique. L’Empereur de toutes les maladies. Une biographie du cancer (Flammarion, 2013) lui a valu le prestigieux prix Pulitzer et a été traduit en 40 langues. Son quatrième livre, paru fin octobre, The Song of the Cell, une plongée dans le monde de la biologie cellulaire, s’est immédiatement retrouvé sur la liste des meilleures ventes du New York Times. Le protagoniste de cette somme de 500 pages « n’est pas tant la cellule elle-même que les connaissances que nous en avons », précise le quotidien new-yorkais.

En guide passionné, Siddhartha Mukherjee « nous emmène au XVIIe siècle, lorsqu’un marchand de tissus hollandais du nom d’Antoni Van Leeuwenhoek braque un microscope simple (qu’il utilisait pour examiner des fibres textiles) sur une goutte d’eau, fasciné par les organismes frétillants qu’il appellera “animalcules” [en fait, les bactéries et les protozoaires] », poursuit le journal. Moins de dix ans auparavant, en 1665, Robert Hooke, un polymathe anglais, avait réalisé la première description d’une cellule biologique en observant de fines lamelles de liège (il s’agissait en réalité de cellules vidées de leur contenu). Il avait nommé ces petites cases du mot latin cellula, en raison de leur ressemblance avec les cellules de moines. C’est au XIXe siècle que les scientifiques découvrent progressivement ce qui se passe à l’intérieur des cellules. Dans les années 1830, le botaniste Matthias Schleiden et le zoologiste Theodor Schwann formulent les bases de la théorie cellulaire : tous les êtres vivants sont formés d’un ensemble d’unités de construction de même type, les cellules.

Mukherjee « est particulièrement doué pour dénicher les héros oubliés », relève The Economist. « Qui se souvient de George Emil Palade, qui a pratiquement inventé la biologie cellulaire moderne en ouvrant les cellules et en les centrifugeant pour en séparer les composants ? Ou de Walther Flemming, qui a découvert la mitose, ce ballet chromosomique qui crée deux noyaux à partir d’un seul pendant la division cellulaire ? Ou encore de Karl Landsteiner, dont la détermination des groupes sanguins a jeté les bases de la transfusion sanguine ? Pourtant, ils ont été, en leur temps, les Monet, lesTurner et les Picasso de leur domaine. »

Utilisant la métaphore d’un astronaute s’approchant d’un vaisseau spatial inconnu, l’auteur passe de l’anatomie de la cellule et de la division cellulaire à la formation d’organismes complexes à partir d’une cellule. « Le rythme du voyage s’accélère », note The Wall Street Journal, au point, ajoute-t-il, que, « en dépit de l’éloquence du narrateur, la quantité d’informations et leur complexité peuvent paraître écrasantes ». Le récit trouve un rythme de croisière lorsque Siddhartha Mukherjee aborde ses sujets de prédilection, les cellules sanguines.

La biologie cellulaire, dont nous sommes encore loin de comprendre tous les mécanismes, a des applications incroyablement vastes : de la thérapie immunitaire pour les patients atteints d’un cancer à la fécondation in vitro en passant par la compréhension de la pandémie de Covid-19. Elle est « au cœur des mystères médicaux », souligne Mukherjee. Le scientifique passe au crible les thérapies cellulaires existantes et celles à venir – qui semblent si futuristes qu’elles suscitent « un vertige moral ».

Comme ses livres précédents, The Song of the Cell est un ouvrage très personnel, dans lequel l’auteur, né à New Delhi en 1970, évoque les cas de patients ou d’amis emportés par la maladie, son histoire familiale, sa dépression après le décès de son père, en 2018. Mukherjee conserve des attaches avec l’Inde, où il a cofondé Immuneel Therapeutics, un laboratoire qui œuvre à la mise au point d’un traitement contre le cancer plus abordable, détaille l’hebdomadaire indien The Week

Bien que le livre puisse sembler « tentaculaire », telle une ville qui se développe de façon chaotique, selon The New York Times, « certains passages sont si beaux qu’on se laisse emporter par leur musique ». Cette musicalité affichée jusque dans le titre n’est pas le fruit du hasard. Formé dès l’âge de 5 ans à la musique classique indienne, Siddhartha Mukherjee continue à répéter quotidiennement et même à se produire en petit comité. 

[post_title] => L’homme qui faisait chanter les cellules [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lhomme-qui-faisait-chanter-les-cellules [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:49:56 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:49:56 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=126013 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Le chef du Service de renseignement militaire danois, suspendu depuis plus d’un an, attend d’être jugé pour avoir divulgué des secrets d’État concernant, notamment, la coopération secrète avec les services américains. Dans un livre devenu un best-seller dès sa parution, Lars Findsen, l’« espion en chef » du titre, raconte comment il a vécu son arrestation et ses soixante et onze jours passés en détention, tout en déroulant sa carrière de fonctionnaire. « L’histoire est tellement folle qu’elle serait considérée trop invraisemblable dans un roman », pointe le quotidien Jyllands-Posten. Écrit avec une journaliste, le livre a fait l’effet d’une « bombe », constate le tabloïd Ekstra Bladet, puisqu’il est sorti en pleine campagne électorale en vue des législatives du 1er novembre – et qu’il accuse le gouvernement social-démocrate sortant d’avoir laissé l’affaire prendre une telle ampleur uniquement pour des raisons de politique intérieure. Tandis que Politiken réclame une « réponse politique » à ces allégations, Berlingske, lui, estime que l’ouvrage contient « des réflexions intéressantes », en particulier sur « les limites de la surveillance de la population et les dangers d’une politisation excessive de la fonction publique ». 

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