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Un cliché répandu parmi les professionnels de la vulgarisation scientifique veut que chaque équation introduite dans un livre fasse perdre à celui-ci la moitié de ses lecteurs potentiels. La formule est exagérée, mais il y a certainement là un vrai problème pour tous ceux qui souhaitent expliquer au public profane les grandes idées scientifiques. C’est particulièrement évident dans le cas de la physique, dont les concepts s’expriment directement en termes mathématiques. Généralement, les physiciens et les journalistes scientifiques contournent la difficulté en recourant à des images, des métaphores, des comparaisons plus ou moins adéquates qui peuvent aider à saisir intuitivement ce dont il est question. Mais avec de tels procédés, quelque chose des idées qu’on expose est nécessairement perdu, et leur utilisation peut avoir pour effet d’induire des représentations inexactes et trompeuses.
Refusant de s’accommoder de cette situation, Sean Carroll, physicien et vulgarisateur réputé, a fait le pari qu’il pouvait exister une forme de connaissance de la physique intermédiaire entre celle de l’amateur informé, qui reste imprécise et approximative, et celle du spécialiste. Pour donner au lecteur non professionnel accès à la vraie nature des connaissances en physique et à la manière dont les physiciens réfléchissent, l’idée est de leur apprendre, non à résoudre les équations régissant les différents phénomènes – une tâche que ne peuvent accomplir que les physiciens et les étudiants en physique –, mais à en comprendre le sens et la fonction, en précisant la signification des symboles et des termes qui les composent.
Cet effort s’est concrétisé sous la forme d’une trilogie de livres. Le premier était consacré à la mécanique classique, la théorie de la relativité (restreinte et générale) et la gravitation. Le second, qui vient de paraître, traite de la mécanique quantique, la théorie quantique des champs et la physique des particules. Le troisième portera sur les systèmes complexes et les phénomènes d’émergence. L’entreprise n’était pas tout à fait inédite. Il y a cinq ans, Leonard Susskind et des collaborateurs, sous le titre général « Le minimum théorique », ont entamé la publication d’une série d’ouvrages basés sur le même principe (comme ceux de Sean Carroll, ils trouvent leur origine dans des conférences en ligne). Mais ils s’adressent à un public plus formé et sont plus arides et moins agréables à lire.
Le premier volume de la trilogie, Espace, Temps et Mouvement, menait des lois du mouvement de Galilée à l’équation du champ gravitationnel d’Einstein, qui décrit l’influence de la matière et de l’énergie sur la géométrie de l’espace-temps, en passant par ce qu’il faut savoir du calcul intégral et des équations aux dérivées partielles, des principes de conservation, de la dynamique newtonienne, des opérateurs mathématiques caractérisant l’énergie d’un système (lagrangien et hamiltonien), etc. Un parcours que le lecteur, pour peu qu’il se concentre, effectue sans trop de difficultés. La mécanique classique, la théorie de la gravitation de Newton et la relativité générale d’Einstein, qui l’englobe comme un cas particulier (celui où les vitesses sont petites par rapport à celle de la lumière et où les champs gravitationnels sont faibles), sont en effet des théories élégantes reposant sur des idées mathématiques parfois très sophistiquées (la géométrie de Riemann pour la relativité) mais intuitivement claires.
Avec les sujets abordés dans le second volume, l’exercice est a priori plus ardu. La mécanique quantique est extrêmement contre-intuitive et fait appel à des idées mathématiques passablement abstraites, comme l’espace de Hilbert. C’est le cas aussi de la théorie quantique des champs et de la physique des particules, avec des notions comme les groupes de symétrie et les théories de jauge. Le modèle standard de la physique des particules est par ailleurs une construction complexe, fruit d’un effort collectif impliquant des dizaines de savants durant plusieurs décennies, et si son architecture d’ensemble est aisée à saisir d’un coup d’œil, son fonctionnement détaillé l’est nettement moins.
Après quelques considérations introductives sur le problème du rayonnement de corps noir, qui a fait naître l’idée de « quanta » d’énergie, et avant même d’évoquer la célèbre expérience des franges d’interférence de Young, qui mit en évidence la nature à la fois ondulatoire et corpusculaire de la lumière, Sean Carroll présente et installe d’emblée au cœur du livre l’équation fondamentale de la mécanique quantique, l’équation de Schrödinger, qui détermine l’évolution dans le temps de la fonction d’onde représentant l’état d’un système quantique. (Cette fonction permet de calculer la probabilité de trouver une particule dans une région donnée de l’espace.) De là, il passe à la question épineuse de la mesure dans les systèmes quantiques et celle, liée, de l’intrication quantique, ce phénomène étrange qui fait que les résultats de mesure des propriétés de deux particules, qu’on pourrait supposer indépendants, apparaissent corrélés même si ces particules sont trop éloignées l’une de l’autre pour pouvoir communiquer : elles doivent donc être considérées comme formant un système unique.
Suit un exposé des champs associés aux quatre forces fondamentales de la nature (électromagnétique, nucléaires forte et faible, gravitation), et leur unification dans le cadre tout d’abord de l’électrodynamique quantique, puis de la théorie quantique des champs, qui fédère les trois premières forces en laissant la gravitation complètement de côté. Parmi les outils que Carroll présente figurent les diagrammes de Feynman, système original et astucieux de représentation des interactions entre particules mis au point par l’inventif Richard Feynman, et les techniques mathématiques de renormalisation qui permettent d’éliminer les quantités infinies apparaissant dans les calculs.
La théorie quantique des champs sert de soubassement au « modèle standard » de la physique des particules, auquel la dernière partie de l’ouvrage est consacrée. Il distingue d’un côté les fermions, particules correspondant en gros à la matière, plus particulièrement celle des atomes (les électrons et les quarks, composant les protons et les neutrons dans le noyau) ; de l’autre les bosons, essentiellement les vecteurs des différentes forces (photons pour l’interaction électromagnétique, gluons pour l’interaction forte, bosons Z et W pour l’interaction faible, ainsi que le fameux boson de Higgs, qui confère leur masse aux deux précédents ainsi qu’aux fermions).
Dans ce second volume comme dans le précédent, Sean Carroll va à l’essentiel sans entrer dans des détails techniques superflus ni s’attarder plus que nécessaire sur les dispositifs expérimentaux. Le livre n’est pas non plus un ouvrage d’histoire des sciences. Peu de protagonistes de la double aventure de la mécanique quantique et de la physique des particules manquent toutefois à l’appel, à tout le moins parmi les théoriciens. Planck, Bohr, Heisenberg, Born, Pauli, Landau, Jordan, Dirac, von Neumann, Wheeler, Feynman, Schwinger, Tomonaga, Wilson, Yukawa, Weinberg, Glashow, Gell-Mann : tous sont là, et leurs contributions respectives sont évoquées de manière succincte.
On saura gré à Sean Carroll, dont les explications sont toujours lumineuses dans leur simplicité, de s’abstenir des adjectifs hyperboliques (« mystérieux », « extraordinaire », « fantastique ») qui entachent souvent les livres sur ces sujets, ainsi que d’avoir délibérément évité de tomber dans un travers très fréquent. Beaucoup d’auteurs d’ouvrages de haute vulgarisation profitent de leur exposé pour faire passer en contrebande des théories très spéculatives qu’ils présentent comme bien plus assurées qu’elles ne sont. Fruits de leurs propres recherches, elles visent souvent à intégrer la gravitation dans le modèle standard ou à unifier mécanique quantique et relativité générale, qui demeurent à ce jour séparées : la théorie des cordes pour Leonard Susskind, Brian Greene et Lisa Randall, la gravitation quantique à boucles pour Lee Smolin et Carlo Rovelli, différentes théories du multivers en cosmologie et en physique quantique.
Sean Carroll aurait très bien pu céder à cette tentation. Dans un de ses précédents ouvrages, La Face cachée de l’Univers, il développe en effet des idées très personnelles sur la manière de rapprocher la mécanique quantique et la relativité générale. Au lieu de s’évertuer à quantifier la relativité générale, propose-t-il, essayons de faire émerger l’espace-temps à partir de phénomènes quantiques. Pour ce faire, il s’appuie sur une interprétation particulière de la mécanique quantique dite des « mondes multiples ». La transition des règles du monde quantique à celles de la physique classique qui règne à notre échelle représente un sérieux problème pour les physiciens. Comment passer de la superposition de systèmes quantiques dans des états distincts (illustrée par le célèbre paradoxe du chat de Schrödinger, à la fois mort et vivant tant qu’on ne l’observe pas) à un système dans un état défini, sans contredire l’équation de Schrödinger ni faire appel, par exemple, à de mystérieuses « variables cachées ». Pour les tenants de l’interprétation des mondes multiples, la façon la plus simple est de postuler la coexistence de mondes distincts se séparant en permanence en branches indépendantes. À chacun de ces mondes serait associée une version différente de nous-mêmes. Outre son caractère fantastique et la manière dont elle viole le principe d’économie dans l’explication, il a été reproché à cette hypothèse d’être impossible à tester, ces autres mondes étant par définition inobservables. Sean Carroll la défend généralement avec férocité, affirmant que si l’on prend au sérieux la mécanique quantique, cette interprétation est la plus logique et la seule possible.
Mais parce qu’il a explicitement pris le parti, pour cette trilogie, de s’en tenir aux idées qui font consensus, il se contente ici d’exposer très brièvement les différentes positions sur cette question délicate des fondements de la mécanique quantique. Tout son récit reste toutefois basé sur un double postulat, qu’il demande d’accepter : la fonction d’onde est la représentation directe et complète de la réalité (elle est la réalité, même si parler de « particules » et de « champs » est plus commode) et il n’y en a qu’une pour l’ensemble de l’univers. Tout ce qui est décrit en ces termes, précise-t-il à deux reprises, peut cependant être traduit sans difficultés dans le langage d’une autre conception philosophique de la mécanique quantique : les équations ne changent pas.
Déterminé à se concentrer sur ce que l’on sait, Sean Carroll ne s’appesantit pas sur le caractère incomplet et les insuffisances du modèle standard. À ce titre, il se contente de mentionner en passant son incapacité à expliquer l’existence de la matière noire, qui constitue l’essentiel de la matière dans l’univers, ainsi que la valeur surprenante de certains des « paramètres libres » dont la valeur ne peut être établie qu’expérimentalement. Avec la théorie quantique des champs et le modèle standard, souligne-t-il sur un ton satisfait, nous possédons une théorie robuste qui, certes, ne s’applique pas aux phénomènes gravitationnels extrêmes comme le Big Bang et les trous noirs, mais est dûment validée au niveau où se déroule notre vie quotidienne. Il est possible et même probable qu’existent d’autres particules que celles que nous connaissons, associées à des forces inconnues, mais si c’est le cas, elles sont trop massives, ou interagissent trop faiblement avec le monde à notre échelle pour y exercer un quelconque impact. Dans l’ensemble, peut-on dire qu’il a gagné son pari ? Un peu moins clairement qu’avec le premier volume, peut-être, compte tenu de la plus grande difficulté du sujet, mais tous ceux qui liront le livre avec attention se sentiront récompensés de leur effort.
[post_title] => La physique quantique pour tous, avec les équations
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Vers 1010, dans son célèbre Decretum, l’évêque de Worms enjoint aux prêtres de demander à leurs paroissiennes si elles ont déjà inséré un poisson vivant dans leur vagin et l’y ont laissé jusqu’à ce qu’il soit mort, avant de le cuire et de le donner à manger à leur mari pour stimuler son désir. Sanction : deux ans de pénitence certains jours de jeûne. Exact contemporain de l’évêque de Worms, le philosophe persan Avicenne conseillait aux hommes de caresser « les seins et le pubis de sa partenaire et de l’entourer de ses bras, sans accomplir l’acte ». Autres lieux, autres mœurs. On trouve ces détails dans un ouvrage consacré au sexe au Moyen Âge par la médiéviste américaine Eleanor Janega. Dans The New York Review of Books, sa collègue britannique salue un travail remarquable mais regrette que l’auteure s’en tienne à la vision traditionnelle de femmes toujours forcément rabaissées et opprimées, sans évoquer celles qui pouvaient gagner beaucoup d’argent, comme les artisanes de la tapisserie de Bayeux, ni celles qui intervenaient de tout leur poids dans le « jeu patriarcal », comme Aliénor d’Aquitaine, qui négocia avec le pape, ou Urraca, reine de Castille, qui conduisit des armées contre les Maures.
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Un alphabet, c’est beaucoup plus qu’un alphabet. Le nôtre, le latin, issu du phénicien via le grec, est d’origine semi divine, car importé en Grèce par le légendaire roi Cadmos puis à Rome par Carmenta, déesse des accouchements. D’autres, plus récents, ont été inventés par de saints hommes ou de grands hommes – l’alphabet géorgien par des prêtres de Mithra vers l’an 400, l’arménien par Saint Mesrop à la même époque, le hangul coréen par Sejong le Grand au XVesiècle – avec à chaque fois des arrière-pensées de prosélytisme religieux et/ou d’affirmation politique.
L’alphabet cyrillique, mis au point au IXe siècle par deux diplomates byzantins, les frères Cyrille et Méthode, n’échappe pas à la règle. Ses créateurs, dûment canonisés, sont crédités d’avoir cimenté le monde slave depuis la Baltique jusqu’à la Mongolie autour d’une langue, le slavon, et d’une religion, l’orthodoxie. À ce titre, le cyrillique est peut-être l’alphabet le plus politique au monde, et aussi le plus célébré, avec un jour dédié du calendrier ainsi que pléthore de monuments et de statues « depuis Novossibirsk dans les profondeurs de la Sibérie jusqu’à la Bosnie », écrit l’historienne Mirela Ivanova dans History Today.
Pour illustrer cette vocation expansionniste du slavon et de son alphabet, Mirela Ivanova insiste sur deux exemples, la Moravie et la Russie. Dans le premier cas, le roi Sviatoslav tente en 870 d’imposer chez lui le cyrillique et le slavon, pour faire pièce, avec le support du pape, à l’expansion carolingienne ; mais un changement de pape fait échouer le projet si bien que Tchéquie et Slovaquie demeureront sous l’obédience de Rome et leurs langues slaves resteront transcrites en alphabet latin. À la différence de la Bulgarie, qui à la même époque sous l’égide du roi Boris passera dans le camp de l’orthodoxie et du cyrillique, tout comme, un peu plus tard, la Russie. L’importance de l’alphabet n’a d’ailleurs pas échappé à Poutine. N’a-t-il pas dans un article de 2021 déployé, à l’occasion du « jour national de l’alphabet et de la culture slave », ses talents de linguiste pour célébrer « l’unification spirituelle et nationale des nations russe et ukrainienne qui partagent les mêmes origines, traditions, coutumes au sein de la même sphère culturelle » ? On connaît la suite…
[post_title] => L’alphabet, des Phéniciens à Poutine
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« Il est plus difficile de faire un roman facile qu’un roman difficile », confie Miguel Ángel Hernández dans Letras Libres. L’écrivain murcien (de Murcie, en Espagne), qui est aussi historien de l’art, a réécrit Anoxia dix fois avant de parvenir à un résultat qui le satisfasse. L’histoire est celle d’une femme dont la vie s’éteint du fait de la mort de son mari dans un accident de moto après une violente dispute entre eux au cours d’une fête. Elle possède un studio de photographie et un jour, dix ans après le drame, elle reçoit l’appel d’un homme qui lui confie la mission de photographier une personne décédée. Lui-même est photographe. Plus âgé, veuf lui aussi, il est proche de la retraite. Se noue entre eux une relation complexe, instaurée autour de cette tradition ancienne de photographier les morts. Elle reprend goût à la vie et son corps aussi se ranime grâce à une relation sexuelle qui s’instaure avec un autre homme, un bureaucrate sans scrupules. Elle avait cessé de respirer (anoxie), elle respire : telle est la métaphore centrale du livre, dont l’action, proche d’un thriller, se déroule sur les bords de la plus grande lagune salée d’Europe, la mer Mineure, au sud de Murcie – laquelle souffre elle aussi d’anoxie (les poissons meurent). L’auteur dit avoir également voulu illustrer « l'idée de comment l’art permet de surmonter le deuil […], comment les paroles et les images s’inscrivent dans la mémoire et permettent de prendre en charge le passé et de continuer d’avancer. » Hernández, dont deux romans ont été traduits en français, estime être parvenu à ressentir et rendre la douleur d’un personnage féminin.
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Blessé par un cinglé en 1990, Wolfgang Schäuble a fait la moitié de son immense carrière politique en chaise roulante. Élu au Bundestag en 1972, il est resté député jusqu’à sa mort, au lendemain de Noël 2023. Ministre de l’Intérieur du chancelier Kohl, c’est lui qui a mené les négociations de réunification de l’Allemagne. Atteint par le « scandale des dons » en 1999 (contributions illégales à son parti, la CDU, dont il était devenu président), il a rebondi de façon spectaculaire sous Merkel, qui l’a nommé ministre de l’Intérieur puis et surtout ministre des Finances : il a géré (durement) la crise grecque lors de la crise de l’eurozone.
Parus trois mois après sa mort, ses souvenirs (650 pages) sont un bestseller. On y apprend que la CDU avait aussi une caisse noire au Parlement européen, et que Schäuble a pensé renverser Merkel pendant la crise des réfugiés. Le livre comprend d’interminables comptes-rendus de réunions ministérielles, écrit Lukas Wallraff dans Die Tageszeitung, mais aussi des notes plus personnelles, quand il parle par exemple des moqueries de ses enfants à son égard. Il met souvent en avant son credo politique : « L’optimisme est un devoir », relève Stephan Lamby, de la chaîne régionale publique SWR, mais les dernières pages du livre sont plus sombres. Il y évoque l’intervention russe en Ukraine, « à laquelle il ne s’attendait pas ».
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Comme Ingmar Bergman et Federico Fellini, Luchino Visconti a créé un univers cinématographique très personnel. Il est évident qu’il avait un monde intérieur extrêmement riche et qu’il a mis beaucoup de lui-même dans ses films. Mais c’était un homme peu porté à la confidence, qui n’aimait pas beaucoup s’exprimer à son propre sujet, moins par goût du secret et de la dissimulation que dans un souci de discrétion. Dans des textes et des entretiens, il lui est arrivé de mentionner des souvenirs d’enfance, d’évoquer, par exemple, la plaine du Pô noyée dans un épais brouillard, comme elle l’était souvent avant l’assèchement des canaux et des rizières de la vallée, ou la circulation des calèches et l’odeur des chevaux dans les rues de Milan au début du siècle dernier. Il parlait aussi volontiers de ses films, de la portée psychologique et sociale des histoires qu’ils racontent, ainsi que de la manière dont les œuvres de Verga, Dostoïevski, Proust, Thomas Mann et d’autres écrivains l’ont nourri et influencé.
Mais ce que nous savons de son existence et de son caractère, c’est essentiellement à d’autres que lui que nous le devons. Des biographies qui lui ont été consacrées (la plus complète est celle de Laurence Schifano), des témoignages de ceux qui l’ont connu, comme ceux du romancier et dramaturge Giovanni Testori dans un livre récemment réédité, et des films documentaires réalisés sur sa vie, ressort l’image d’une personnalité pleine d’apparentes contradictions : un aristocrate aimant les chevaux et les chiens qui était un fervent communiste ; un homosexuel dont toutes les femmes (notamment Coco Chanel, Elsa Morante, Maria Callas et Marlene Dietrich) tombaient amoureuses ; un homme profondément catholique d’éducation et de culture mais qui croyait surtout à un « Dieu intérieur » ; qui a vécu toute son existence entouré de domestiques mais d’une générosité légendaire, comblant ses amis de cadeaux, et qui voyait dans le peuple le véritable héritier des valeurs de la noblesse en train de disparaître au profit de la bourgeoisie ; un célibataire solitaire qui vécut toujours très entouré et accordait une importance fondamentale à la famille.
Sous le titre Epistolario 1920-1961, un premier volume de sa correspondance vient de paraître. Nous aide-t-il à mieux comprendre l’homme ? Malheureusement pas beaucoup, pour plusieurs raisons. La première est que, parmi les quelque 700 lettres reproduites, la proportion de celles qui sont de lui est limitée. Pour l’essentiel, le recueil comprend des lettres qu’on lui a adressées, retrouvées dans ses archives.
Le livre ne couvre par ailleurs que ses années de jeunesse et de maturité. En 1961, âgé de 55 ans, il était l’auteur de six longs métrages, parmi lesquels les produits exemplaires du néoréalisme italien que sont Ossessione (Les Amants diaboliques), première adaptation du roman de James Cain Le facteur sonne toujours deux fois ; La Terre tremble, fiction documentaire sur la vie des pauvres pêcheurs siciliens, et Rocco et ses frères, histoire d’une famille du Mezzogiorno venue chercher fortune à Milan, qui finit en tragédie. Tournés en noir et banc, ces trois films marient réalisme des situations et des personnages et extrême beauté des images. Il avait aussi déjà réalisé Senso, le premier de ses films en couleur, drame sentimental sur le fond historique de l’occupation de la Vénétie par l’Autriche. Mais pas encore Le Guépard (1963), adaptation du roman du même titre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, justement considéré comme son chef d’œuvre, ni les trois volets de sa « trilogie allemande » (Les Damnés, Mort à Venise et Ludwig), funèbres et crépusculaires variations sur les thèmes de la fin d’un monde, de l’inexorable passage du temps, de la déchéance physique et morale, de la vieillesse et de la mort, de la fragilité de la beauté.
Enfin et surtout, la plupart des lettres rassemblées dans le livre ne concernent que des problèmes pratiques et d’organisation : questions administratives, calendrier des spectacles, indications techniques de mise en scène. Un de leurs mérites à cet égard est de mettre en lumière la place considérable qu’ont occupé le théâtre et l’opéra dans la carrière de Visconti. Jusqu’à la fin de sa vie, à côté de ses films, il a travaillé pour la scène. Et c’est surtout dans la période couverte par le livre que se sont concentrées ses créations dans ce domaine.
S’inspirant d’une formule de Stendhal, Visconti disait souhaiter qu’on inscrivît sur sa tombe : « Il adorait Shakespeare, Tchekhov et Verdi ». À un moment où, dans une Italie en modernisation rapide, la disparition du monde ancien auquel il était attaché n’était pas rachetée par l’avènement du monde nouveau dont l’espoir était né au sortir de la guerre, le désenchantement de l’écrivain russe le touchait beaucoup. Mais il monta aussi souvent des pièces d’auteurs contemporains, français (Cocteau, Anouilh, Sartre) et américains, Tennessee Williams et Arthur Miller. Chez ces derniers, il retrouvait des thèmes qui lui étaient chers et qu’il traitera souvent dans ses films : la violence du désir, les tensions destructrices engendrées dans les familles par les forces sociales. On retiendra une instructive lettre à Arthur Miller, que préoccupait l’utilisation du dialecte sicilien dans la représentation en italien de Vu du pont : n’allait-elle pas atténuer le caractère tragique de la pièce ? Après avoir précisé que seuls deux personnages étaient en cause, et pour quelques expressions, Visconti souligne l’importance du dialecte dans ses films et ceux de Vittorio De Sica et de Fellini, avant d’ajouter : « Tout le meilleur théâtre italien, de la commedia dell’arte à Goldoni, à Pirandello, est basé sur le dialecte, qui reflète de la façon la plus authentique la vie italienne. »
Quant à l’opéra, il y baignait depuis l’enfance. Ses parents habitaient à proximité de La Scala et l’y emmenaient souvent. La magie du lever du rideau rouge au moment où se font entendre les premiers accords de l’orchestre l’a envoûté précocement, et il n’est pas fortuit que Senso s’ouvre sur une représentation du Trouvère de Verdi à La Fenice de Venise. Il aimait le mélodrame, qui se situe, disait-il, « à mi-chemin du théâtre et de la vie ». La rencontre avec Maria Callas lui a fourni une occasion unique de donner à celle-ci le moyen d’épanouir son formidable talent dramatique tout en renouvelant en profondeur la mise en scène d’opéra. La Traviata qu’il a montée avec elle en 1955 est de l’avis général la représentation d’opéra la plus mémorable du XXe siècle.
On ne peut qu’être frappé à ce propos par la place qu’occupent dans cette correspondance les échanges avec les costumiers : Marcel Escoffier, Lila de Nobili, Piero Tosi. L’obsession de Visconti pour le réalisme des costumes, comme d’ailleurs celui des accessoires et des décors, était notoire. Dans ces domaines, il a toujours voulu s’entourer des meilleurs professionnels, comme d’ailleurs, pour ses films, des meilleurs chefs opérateurs : Armando Nannuzzi, Pasquale de Santis et, surtout, Giuseppe Rotunno.
Assez similaires par leur contenu – elles traitent largement des mêmes types de sujet –, les lettres de Visconti se distinguent surtout par leur ton, qui varie en fonction des correspondants. Avec les femmes, il est généralement plus libre et joyeux, avec les hommes souvent plus strictement professionnel. Ses lettres à ses amies se terminent par un affectueux « un abbraccio ». Dans le cas des hommes, la formule la plus fréquente est « tanti saluti ». Ses lettres à Maria Callas sont particulièrement chaleureuses : autant que par une énorme admiration mutuelle, ils étaient liés par une profonde affection. On sent également celle-ci dans ses lettres à la scénariste Suso Cecchi d’Amico, qui a travaillé sur six de ses films, et l’actrice Lilla Brignone. Un peu curieusement, rien, dans la teneur et le ton de ses échanges avec le réalisateur Franco Zeffirelli, avec lequel il eut une longue liaison, ne trahit l’intimité de leur rapport. Visconti avait avec ses amants des relations compliquées qui n’étaient pas exemptes de violence. Dans un entretien, Zeffirelli évoque la manière brutale dont il a mis fin à leur histoire, d’un jour à l’autre. Ses rapports passionnés avec Helmut Berger furent également souvent dramatiques.
Il avait la réputation d’être un réalisateur tyrannique, et ses colères légendaires ont été comparées à celles d’Arturo Toscanini. Comme le chef d’orchestre, s’il malmenait ses collaborateurs, c’était pour les forcer à tirer le meilleur d’eux-mêmes, ce à quoi il parvenait à force d’acharnement et dont, tout en se plaignant de ses sarcasmes et de ses remarques cruelles, ils lui gardèrent presque toujours reconnaissance. Il est difficile de se faire une idée de ses rapports avec les acteurs à partir de sa correspondance, car peu d’entre eux y figurent, surtout au nombre des destinataires (certains, par exemple Anna Magnani, Ingrid Bergman, Vittorio Gassman ou Raf Vallone, lui ont écrit sans qu’on ait sa réponse). Ni Alain Delon, ni Annie Girardot, ni Marcello Mastroianni, ni Claudia Cardinale, qui avaient pourtant déjà travaillé sous sa direction et dont il a contribué à lancer la carrière, n’apparaissent dans le livre. A fortiori Dirk Bogarde et Burt Lancaster, qui tournèrent chacun à deux reprises dans ses films, mais plus tard.
On notera tout de même une longue lettre de reproches envoyée à un de ses plus fidèles collaborateurs au théâtre, Paolo Stoppa, à la suite d’un article paru dans le magazine Oggi. Par son ton indigné et sa férocité, elle fait penser à celle qui mit fin à l’amitié de François Truffaut et Jean-Luc Godard. Stoppa protesta énergiquement, mettant les propos qu’on lui reprochait sur le compte de l’imagination de la journaliste responsable, et ils se réconcilièrent suffisamment pour que Visconti lui confie cinq ans plus tard le rôle de Don Calogero dans Le Guépard. On a dit de certains écrivains (Flaubert est le meilleur exemple) que c’est dans leur correspondance qu’ils se révèlent complètement et sont vraiment eux-mêmes. Mais l’observation ne vaut pas pour tous, et encore moins pour tous les artistes. Pour appréhender la personnalité complexe et tourmentée de Luchino Visconti, ses lettres sont d’un médiocre secours. Le meilleur moyen, sinon de la cerner, en tout cas de l’approcher, reste de se plonger dans l’abondante littérature que son œuvre et sa personne ont suscitée, et de la confronter avec ses films, dont la plupart ont été restaurés et sont à présent visibles tels qu’il les avait conçus, dans tout l’éclat de leur beauté. Après tout, si lettré qu’il fût, c’est avant tout visuellement qu’il s’est exprimé, et si certains de ses films sont loin d’être parfaits, tous contiennent quelques images et séquences inoubliables, très révélatrices à leur manière.
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La Booksletter n’est en principe consacrée qu’à des ouvrages non traduits. Nous faisons ici une exception, pour évoquer un pays que les médias français ont tendance à ignorer : l’Indonésie, quatrième État du monde par sa population. En février dernier, 200 millions d’Indonésiens inscrits sur les listes électorales ont élu à la présidence Prabowo Subianto. Cet ancien général avait contribué à l’invasion du Timor oriental en 1975 et soutenu la dictature de Suharto jusqu’à sa chute en 1998. Il était directement impliqué dans la répression, y compris l’enlèvement de militants hostiles à la dictature. En rendant compte du livre majeur de David Van Reybrouck consacré à la lutte des Indonésiens pour leur indépendance (les Hollandais avaient envoyé une armée les combattre, en 1945-1949), Max Lane, un spécialiste de l’Indonésie vivant à Singapour, en profite pour s’interroger sur les raisons pour lesquelles les Indonésiens ont élu, avec 58 % des voix, ce suppôt de l’ancienne dictature. « Les électeurs n’ont pas consciemment avalisé ses actions passées, écrit-il dans la Literary Review. Cela reflète plutôt le fait que l’histoire est pratiquement absente dans l’Indonésie actuelle. » Suharto avait pris soin de falsifier l’enseignement de l’histoire dans le cursus scolaire, et « cette falsification a perduré », souligne-t-il.
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La globalisation, un phénomène récent ? Non : « Chez les experts de la littérature et de l’histoire médiévales, le concept de “Moyen Âge globalisé” a déjà au moins vingt ans d’existence », écrit Marion Turner dans la London Review of Books. Mais il ne s’agit pas de la même globalisation que la nôtre, issue de la domination postcoloniale et fondée sur une langue quasi unique, l’anglais. Au Moyen Âge, en revanche, les langues s’entremêlaient au point que l’on ne faisait parfois pas la différence entre elles, et le plurilinguisme était la règle. Dans le royaume d’Angleterre on parlait cinq langues (l’anglais, le gallois, le vieil irlandais, le cornouaillais et le gascon, plus le français, l’anglais et le latin chez les seigneurs) ; trois dans le duché de Bourgogne (le français, le flamand et le latin) ; et dans la péninsule Ibérique, l’arabe faisait jeu égal avec les langues vernaculaires. Même les ordres religieux devaient être polyglottes, prosélytisme oblige : outre le grec et l’hébreu, les dominicains enseignaient à leurs recrues l’arabe, le tartare et l’arménien ; et le roi Jacques II d’Aragon avait établi à Majorque un monastère où étaient enseignés l’arabe et « les langues schismatiques » comme le persan, le chaldéen. Le « paradigme » des échanges, explique la médiéviste croato-américaine Zrinka Stahuljak, était différent du nôtre. Dans l’écrit, les textes existaient surtout dans leur traduction – le savoir antique ne se diffusant que via les versions arabes des textes grecs – et le nom de l’auteur disparaissait derrière celui du traducteur. Et quand on voyageait, on se reposait sur des interprètes qui étaient surtout des « arrangeurs » – des « fixers » comme disent les journalistes, auxquels Zrinka Stahuljak a emprunté le titre de son ouvrage. C’est-à-dire des « drogmans » (d’où « truchement », en français), des intermédiaires tous azimuts dont le champ d’intervention allait de la linguistique à la diplomatie en passant par les arrangements financiers et la friponnerie. La fluidité des langues avait même un effet sur les religions, et ce que l’on connaissait du lointain bouddhisme s’était dilué au fil de son cheminement d’est en ouest, le Bouddha lui-même devenant Yudhasaf dans le monde arabe, puis Yusafad en Géorgie avant d’intégrer le christianisme romain, et aussi son calendrier, sous le nom de Saint Josaphat ! Notre globalisation d’aujourd’hui ne fait-elle pas pauvre figure, de ce point de vue-là du moins ?
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Le roman se déroule dans les années 1980 et met en scène deux jeunes hommes qui, en pleine dictature de Pinochet, vivent une histoire d’amour. Tomás Mena et Clemente Fabres viennent de deux mondes différents. Tomás attend avec impatience d’entrer à l’université pour inaugurer une nouvelle étape de sa vie. Il développe un sentiment de répulsion envers sa famille qui soutient Pinochet, son quartier et la dictature. Clemente est un « cuico » (nouveau riche), fils d’exilés en Angleterre. À 22 ans, il est dans un pays qu’il ne considère pas comme le sien. Il envisage de retourner en Angleterre dès qu’il aura terminé ses études de journalisme. Ce qui le sauve, c’est d’écrire un fanzine sur la musique, le cinéma et les livres, qu’il distribue gratuitement. Clemente est rejeté par ses camarades de gauche, qui ne lui pardonnent ni son espagnol, ni son physique, ni le fait qu’il lise des écrivains japonais au lieu de Galeano, l’auteur uruguayen des Veines ouvertes de l’Amérique latine (1971).
Tomás et Clemente se poursuivent, se cherchent chez les disquaires, au cinéma et lors de soirées underground pleines de personnages excentriques. Chacun lutte à sa façon contre une atmosphère étouffante et conservatrice.
Dans une interview à l’édition chilienne du journal El País, l’auteur, le Chilien Alberto Fuguet, raconte : « Je suis peut-être en train de rembourser une dette : j’écris sur mes années universitaires, la dictature, mais aussi sur l’ère de la nouvelle vague et mes débuts. J’ai l’impression que personne ne s’en souvient. Peut-être qu’en entrant dans le troisième âge, il est plus facile de regarder cela en face. J’ai plus de liberté et moins de pudeur […]. J’ai quelque chose des deux protagonistes, mais je me reconnais plus chez Clemente : la même paranoïa, la même solitude, le même sentiment de non-appartenance, la peur du harcèlement et de la haine. La peur à la fois de la culture de la gauche anti-pop et de celle de la droite qui prétendait être cultivée alors qu’elle ne parvenait pas même à être kitsch. »
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Aujourd’hui, l’affaire est à peu près entendue, on s’accorde à considérer Claus von Stauffenberg comme l’un des grands héros de la résistance allemande au nazisme. Son attentat contre Hitler, en juillet 1944, et, surtout, son improbable échec avaient, il est vrai, de quoi marquer les esprits : une mallette bourrée d’explosifs qui aurait dû faire des ravages, mais un Führer qui, par un concours stupéfiant de circonstances, sort indemne de la déflagration.
Dans son livre « L’alibi allemand », la journaliste Ruth Hoffmann ne se contente pas de reconstituer la genèse d’une action qui valut à Stauffenberg et ses complices d’être fusillés, puis à leurs familles d’être implacablement pourchassées. Elle s’intéresse aussi à la suite : comment ces hommes ont-ils été perçus dans l’après-guerre ? Stauffenberg a-t-il tout de suite été salué comme l’un des rares à avoir sauvé l’honneur de son pays ?
La réponse pourra étonner : à l’instar des autres résistants allemands, ses compatriotes virent d’abord en lui un traître. « Il a fallu attendre un bon moment avant que l’attentat du 20 juillet 1944 – qui donne aujourd’hui lieu à de fiers discours du dimanche – ne soit considéré comme une rébellion légitime contre un régime ignoble », rapporte Ulrich Rüdenauer dans le Tagesspiegel. C’est qu’après 1945, l’épuration ne concerna qu’une petite minorité de nazis : beaucoup continuaient d’occuper « des postes clés dans les tribunaux, en politique et dans les institutions publiques » de l’Allemagne de l’Ouest. Hors de question pour eux de remuer un passé où ils avaient fait si piètre figure. Jusque dans les années 1950, écrit Hoffmann, « à quelques exceptions près, ce ne sont donc pas les persécuteurs et les bourreaux qui étaient au pilori, mais leurs victimes. Tandis que les uns bénéficiaient de pensions, d’une assistance juridique ou d’attestations en leur faveur, les autres continuaient à être exposés à la calomnie – et le gouvernement laissait faire. » L’ouvrage d’Hoffmann montre que même la reconnaissance d’une valeur positive à l’attentat du 20 juillet semble avoir été dictée par de mauvaises raisons. D’abord, on le réduisit à un complot d’officiers conservateurs alors que des sociaux-démocrates avaient été étroitement impliqués dans ses préparatifs. Ensuite et surtout, cette reconnaissance eut moins pour but de réparer une injustice que de dévaloriser les autres actes de résistance. Lesquels avaient un inconvénient majeur : ils étaient, pour un bon nombre, le fait de communistes.
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