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« Ce livre est un voyage à travers des sensations familières – le goût du Kougelhopf et du Leberkäse, le son de la cloche du tramway n° 48 qui tourne dans la Herbstrasse », déclarent les jeunes auteurs du livre en question, les historiens Vojtěch Kessler et David Smrček. Ils évoquent un « voyage imaginaire dans une Vienne reconstituée à partir des souvenirs des Tchèques qui y résidaient dans l’entre-deux-guerres », après la désintégration de l’Empire austro-hongrois et leur indépendance, donc. Une « excursion symbolique » élaborée à partir de 23 témoignages de ces émigrés, avant tout révélatrice, selon iLiteratura, d’une identité ambiguë, entre leur volonté de rester de « bons Tchèques » et l’influence de leur « moi viennois ». Mais attention, « Les enfants baptisés par le Danube » est bel et bien un livre d’histoire, et il n’y sera pas uniquement question de saveurs, d’odeurs et de nostalgie. On y trouve aussi une série de faits : que les émigrés tchèques de première génération arrivèrent dans la capitale autrichienne sans le sou ; qu’ils y prospérèrent en tant qu’artisans spécialisés – « quand, de leur côté, les Polonais se concentraient sur le commerce et les finances, les Hongrois sur la diplomatie et les Croates sur l’armée », précise iLiteratura ; que ces Tchèques souffrirent de la xénophobie mais qu’ils parvinrent à créer des liens avec les autochtones qui s’approprièrent leurs plats nationaux ou se mirent à donner des prénoms slaves à leurs enfants ; qu’après 1945 la Tchécoslovaquie communiste en a fait revenir beaucoup en leur promettant une vie facile ; et que cela ne s’est pas toujours aussi bien passé que prévu... 

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Le héros du nouveau livre de l’historien Oleg Khlevniouk, éminent spécialiste de l’histoire politique de l’URSS, n’est pas un inconnu. Fils d’un meunier ukrainien exproprié, Nikolaï Pavlenko est parfois surnommé « le criminel numéro 1 de l’URSS ». Il a fait l’objet d’une série télévisée et de plusieurs documentaires ; la presse lui consacre régulièrement des portraits. Quel est son crime ? En 1948, Pavlenko a fondé une entreprise illégale spécialisée dans la construction de routes et de lignes de chemins de fer pour l’État soviétique. Il n’en était pas à son coup d’essai : il avait déjà chapeauté une structure fictive qui érigeait des infrastructures militaires pour l’Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale. L’ingénieur a pu reproduire la combine à son retour du front. Falsifiant des documents administratifs et des tampons, Pavlenko a créé le « Département de la construction militaire n° 1 », prétendument affilié au ministère de la Défense de l’URSS. Il s’est attribué le grade de colonel du génie militaire ; ses employés arboraient des uniformes. « Le statut d’organisation militaire facilitait les démarches commerciales », rapporte le site Gorky. En quatre ans d’existence, la société de Pavlenko a signé 64 contrats et conduit des chantiers bien réels en Ukraine, en Moldavie, en Russie. C’est la simple plainte d’un ouvrier qui a mis fin à l’entreprise florissante. Jugé à huis clos, l’ingénieux escroc a été fusillé en 1955, et ses complices furent envoyés dans les camps. « Pavlenko occupe une place d’honneur dans la longue lignée des imposteurs soviétiques et des caméléons sociaux », souligne Gorky. Loin d’être un cas isolé, son histoire reflète « l’ampleur du désordre qui régnait dans l’URSS stalinienne tardive ». 

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Frei Betto, dominicain brésilien et militant politique – engagé depuis les années 1980 aux côtés de Luiz Inácio Lula da Silva, réélu en octobre à la tête du pays –, est aussi un écrivain prolifique. Il a reçu à deux reprises le prix Jabuti, l’équivalent du Goncourt, en 1982 et en 2005. Dans son nouveau roman très documenté, il retrace l’histoire des Waimiris-Atroaris, un peuple autochtone d’Amazonie qui se désigne par le terme « Kinjas » (« vraies gens »). Au cœur du récit, le drame qui les frappe dans les années 1970, quand la dictature militaire lance la construction de l’autoroute BR-174 qui traverse le Brésil du sud au nord. Au nom du progrès et du profit, le colonel Fontoura veut « percer la forêt de routes ». Diário do comércio juge qu’il s’agit là d’une « lecture nécessaire alors que les compagnies minières et forestières font pression sur les peuples indigènes pour qu’ils abandonnent leurs terres ». Dans une interview accordée à O Tempo, Frei Betto déplore « la triste coïncidence entre le lancement du livre et l’assassinat de Bruno Pereira [expert des populations indigènes] et Dom Phillips [reporter britannique] », en juin 2022. 

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Dans son nouveau roman d’anticipation, l’écrivain Chu Yu-hsün met en scène une guerre qui éclate entre Taïwan et la Chine en 2047 et que relate, vingt ans plus tard, un narrateur âgé ayant recueilli les témoignages de protagonistes de tous bords : femmes, immigrés, maoïstes de la première heure… Son objectif : rendre plus concret un scénario absent, selon lui, de la littérature taïwanaise, alors même que l’éventualité d’un tel conflit hante tous les esprits. Dans ce roman au style documentaire, il s’agit moins d’imaginer une trame militaire plausible que de montrer, dans un contexte de guerre, le cheminement des Taïwanais en fonction de leur âge, de leur engagement politique, de leur histoire familiale. D’où un récit fractionné rassemblant cinq expériences en marge de l’histoire officielle. Pour Chou Sheng-kai, chroniqueur dans la revue Okapi, « la lecture que fait Chu de la situation taïwanaise actuelle sert d’ossature au roman ; pour donner du corps à ses cinq récits et étoffer son imaginaire sur le sujet, il puise ensuite dans les contrastes qui caractérisent le peuple taïwanais ». 

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S’il est un pays qui entretient un lien ambivalent avec la Russie, c’est bien l’Allemagne. On l’a vu ces derniers mois. Ce lien complexe d’amour-haine, où se mêlent convergences d’intérêts et violentes rivalités, ne date pas d’hier. C’est ce que nous rappelle un livre sur les relations germano-russes au XXe siècle, écrit par l’historien Stefan Creuzberger avant l’invasion russe de l’Ukraine, mais qui, « à bien des égards, note Frank Breuner sur le site de la Norddeutscher Rundfunk, a un caractère prophétique ». 

Prenez Guillaume II et Nicolas II : ils sont cousins, leurs sujets on ne peut plus interdépendants. « En 1913, rappelle Josef König dans le magazine Spektrum, l’empire tsariste achetait 47,6 % de ses importations totales à l’Empire allemand ; inversement, 44,3 % des exportations totales de marchandises russes étaient destinées à l’Allemagne. » Or, à partir de 1914, on se livre une guerre sans pitié. D’ailleurs, fait peu connu, « la première utilisation de gaz toxiques par l’Allemagne eut lieu en Russie – au total, plus d’un demi-million de Russes ont été tués ainsi ». Après la guerre, Russie bolchevique et Allemagne vaincue se rapprochent : ce sont désormais deux États parias. Cette alternance de lunes de miel et de violents carnages culmine, bien entendu, avec le pacte germano-soviétique de 1939, bientôt suivi de la dévastatrice opération Barbarossa… À partir de 1955 et du voyage de Konrad Adenauer à Moscou, l’Allemagne se veut l’intermédiaire entre la Russie et le camp occidental. « Même après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et la résurgence des rêves impérialistes à Moscou, la politique allemande a continué de miser sur l’entente, estime Breuner, par gratitude pour l’unité allemande [à laquelle les Russes ne se sont pas opposés] et par sentiment d’une responsabilité historique. » 

[post_title] => Amour-haine germano-russe [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => amour-haine-germano-russe [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:44:30 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:44:30 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=126171 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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« Si aujourd’hui, les artistes et les écrivains se doivent d’être alcooliques, toxicomanes, incestueux ou fêlés, il fut un temps où ils avaient un statut similaire à celui des saints, observe El País. [...] Il n’est donc pas surprenant que les biographes de l’ère romantique aient tenté par tous les moyens de faire de leurs protagonistes des saints laïcs. Et c’est ce qui s’est produit avec Cervantès. Il aurait été inconcevable, au XIXe siècle, que le plus grand écrivain de notre pays fût une crapule. Résultat : toutes les précédentes biographies – même les bonnes – déforment, taisent ou cachent ce qui, chez lui, pourrait être vu comme immoral. » Toutes les précédentes sauf la dernière, celle que vient de publier Santiago Muñoz Machado, l’actuel président de l’Académie royale espagnole (l’équivalent de notre Académie française). Fruit de quatre années de travail, cette somme de plus de 1 000 pages passe pour une œuvre totale, une véritable « encyclopédie cervantine ». « Ce volume contient, entre autres, une analyse de l’édition de Don Quichotte et de sa signification profonde, de la façon dont les œuvres de Cervantès ont été reçues, des sources littéraires qu’il a exploitées, de la société et de la politique de son époque », énumère La Voz de Galicia.

Pour le biographe, cet opus est surtout l’occasion de dissiper un certain nombre de mythes : non, Cervantès n’était pas le polymathe très instruit de la légende, plutôt un autodidacte doté d’une imagination fertile ; non, il n’était pas un pourfendeur des religions, mais soutenait ardemment le concile de Trente ; non encore, les spéculations sur son homosexualité n’ont rien de fondé, et ceux qui prétendent qu’il séduisit le gardien de sa prison d’Alger pour s’en échapper se basent sur les élucubrations d’un religieux dominicain qui le jalousait. Dans sa quête de vérité, l’auteur n’occulte pas la face sombre du personnage, révélant la légèreté de ses mœurs – il vécut quelque temps avec cinq femmes que les voisins appelaient « las Cervantas » ; lorsqu’il se maria, en 1584, naquit au même moment une fille illégitime qu’il avait eue avec l’épouse d’un aubergiste – et le cynisme dont il faisait preuve pour ne pas froisser les puissants (« Mieux vaut être un hypocrite qu’un bon croyant », prônait-il). Un « tour de force », estime le Diario de Sevilla, susceptible de percer enfin « l’énigme Cervantès ». 

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La réflexion menée par l’anthropologue Barbara Sorgoni sur l’accueil des immigrés tombe à pic dans une Italie qui constitue l’un des principaux points d’entrée dans l’Union européenne. Pour rappel, le règlement de Dublin impose au premier État membre où les empreintes d’un étranger en situation irrégulière sont enregistrées de traiter sa demande d’asile. Or les accords de relocalisation des demandeurs d’asile passés entre les différents États membres restent souvent lettre morte. D’où la tentation de se délester d’un certain nombre de dossiers en renvoyant les migrants vers un autre pays.

Partant d’« une analyse très complète des études existantes », selon Internazionale, Sorgoni se penche sur cette politique migratoire européenne, qu’elle juge bureaucratique et déshumanisante. Elle développe notamment une réflexion critique sur les typologies appliquées aux migrants : régulier/illégal, volontaire/forcé, économique/politique. L’auteure décrypte les origines de ces dichotomies, leurs multiples usages et les différentes significations politiques, juridiques et symboliques que celles-ci ont prises au fil du temps. Comme elle l’explique dans une interview au site Letture, cette catégorisation veinée de jugement moral est simplificatrice et nocive, car elle ne reflète pas « la complexité des vies et des expériences des personnes immigrées » et « déforme notre compréhension » du sujet. 

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Les livres d’histoire sur les Pères fondateurs des États-Unis paraissent à la chaîne de l’autre côté de l’Atlantique. Parmi les derniers en date, The Revolutionary met en scène Samuel Adams. Il est signé Stacy Schiff, à qui l’on doit déjà des biographies de Véra Nabokov et de Cléopâtre. Deux figures qui, comme le rappelle le Time, malgré leur renommée, ont laissé peu de traces : toutes les lettres de la première ont été « perdues ». Quant à la seconde, ne demeurent d’elle que quelques effigies sur des pièces de monnaie et un texte écrit un siècle après sa mort. 

Ce sont ces mêmes carences qui ont donné envie à l’auteure de relater la vie de Samuel Adams. Car, pour lui aussi, les documents font souvent défaut : le politicien agissait principalement en coulisse et prit soin de détruire la plupart de ses archives personnelles – « une lacune au beau milieu du récit de la genèse de la nation », observe le magazine.

Né en 1722 dans une famille prospère, Samuel Adams obtient un diplôme à Harvard en 1740. Après avoir dilapidé son héritage, il devient percepteur des impôts et s’implique dans la politique locale. « Sa formation d’élite a facilité son maniement du verbe, et sa débâcle financière a nourri son empathie pour les travailleurs – ainsi que sa rage à l’encontre des hommes bien nés », note l’historien Alan Taylor dans The Washington Post. Il est la figure clé de la résistance coloniale à Boston, que Schiff détaille dans son livre, notamment de son épisode le plus connu : la Boston Tea Party de 1773, au cours de laquelle les habitants jetèrent les cargaisons de thé trouvées sur les bateaux pour protester contre le monopole accordé par l’Angleterre à la Compagnie des Indes orientales. « Dans chaque événement, [Stacy Schiff] trouve Adams tapi en coulisse, coordonnant divers radicaux : “Il semblait exercer une influence étrange sur l’esprit des hommes. Il savait quand il fallait effrayer, apaiser, flatter ou intimider” », rapporte Taylor, citant Schiff. Orateur doué, idéaliste, incorruptible, abhorrant l’esclavage, l’homme était également un agitateur redoutable qui n’hésitait pas à falsifier des documents et à propager des rumeurs atroces afin de radicaliser les colons contre les fonctionnaires et l’armée britanniques. La biographe offre « une exploration extrêmement divertissante des soubassements du théâtre politique américain. La propagation de fausses rumeurs, la rédaction d’articles de presse biaisés, le détournement des symboles, voire la diffusion de mèmes viraux – tout cela était présent depuis le début », souligne Adam Gopnik dans The New Yorker. De son côté, The New York Times évoque plutôt le « mythe » de l’omnipotence de Samuel Adams, qui avait déjà été battu en brèche par des historiens. 

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Dabord, on pense que c’est une petite fille. Elle fait un cauchemar, un de ceux où l’on tombe sans fin dans le noir – non pas pour arriver au pays des merveilles, comme Alice, mais dans un univers donné ici pour l’enfer. Le lieu est plutôt agréable, cependant, piqueté de fleurs rouges ; un personnage tout en rondeurs, à l’aspect inconnu ici-bas – un tiers souris, un tiers chouette, un tiers ogive nucléaire –, étrange plus qu’inquiétant, fait à cette jeune personne un accueil somme toute sympathique. Celle-ci resterait volontiers dans cette grotte protectrice, mais elle se fait renvoyer sur Terre contre son gré, à la faveur d’une loterie qui donne sa chance à un mort de repasser de l’autre côté du miroir. La voici de retour dans la réalité, en l’occurrence dans sa salle de bains : elle a chu dans la baignoire – la corde à laquelle elle a tenté de se pendre a cédé. 

En fait d’enfant, il s’agit d’une jeune femme. Nous ne saurons jamais son nom. Elle ne parle guère, descend chaque matin de la tour vertigineuse où elle habite, se mêle à une foule grise, masse humaine informe et indifférente, pour rejoindre son lieu de travail – un bureau où elle passe ses journées à appuyer sur un bouton rouge, à côté d’autres qui font de même. Absurde. 

Absurde, c’est le mot qui plane constam­ment au-dessus de cet album, avec sa compagne solitude. Roman Muradov met en scène une ville lugubre, sans âme, où même les gratte-ciel sont solitaires, surgissant seuls, minces et fragiles comme un doigt dressé vers le ciel – celui d’un élève qui voudrait demander à Dieu à quoi rime tout cela.

Notre héroïne reprend donc sa morne vie. Mais le soir, de retour chez elle, elle y trouve son fantôme, telle une jumelle évanescente mais bonne compagne, susceptible de faire la cuisine et la vaisselle, de dormir à ses côtés. Comme elle est revenue d’entre les morts, elle a le privilège de voir son fantôme et de pouvoir converser avec lui. Enfin « quelqu’un » avec qui parler ! Enfin « quelqu’un » avec qui dormir, « quelqu’un », même, à qui s’attacher !

Les scènes terrestres et « infernales » alternent : dans les premières, un dessin à peine esquissé évoque la fragilité de la vie. Les tons pastel dominent. La finesse du trait épouse la vulnérabilité du personnage, que l’on sent toujours prêt à s’effacer. 

Sous terre (ou dans l’au-delà, comme on voudra), c’est une débauche de rouge et de noir. Mais, entre les deux personnages qui « vivent » là, l’inquiétude point : les humains arriveront-ils un jour à se débarrasser de la mort ? Dans ce cas, que deviendront-ils, eux qui sont chargés de l’accueil des défunts ? « Ben, j’ai toujours eu envie de faire de la céramique, dit celui qui a reçu la jeune femme. Un bol rond à deux anses, 12 centimètres de diamètre, deux lignes décoratives et un vernis mat. »

L’auteur n’hésite pas à mêler l’humour à l’absurde – l’intérêt qu’il porte à Marcel Duchamp, à qui il a consacré une BD 1, n’y est sans doute pas étranger.

L’héroïne, si on peut l’appeler ainsi, se rend compte que les fantômes sont partout, jusque sur son lieu de travail, où elle converse avec une femme décédée quarante-sept ans plus tôt. Cela donne lieu à ce dialogue délicieusement saugrenu :

« Et cette histoire d’éternité, tu le vis bien ?

– Au début, ça rend chèvre, et puis on s’habitue, et au bout d’un moment on n’y fait plus attention. »

Et la morte de lui conseiller de « vivre un peu plus ». Forte de cette recommandation, la voilà qui invite chez elle un bibliothécaire, personnage graphiquement improbable doté d’une énorme tête et d’un corps riquiqui, qui finit dans son lit.

Absurde, encore : mort au cours de leur nuit d’amour au moment fatidique, l’amant bibliothécaire revient en fantôme avec un immuable jet de sperme au bout du sexe. 

Natalia Sedova, la femme de Léon Trotski, disait : « Nous cheminons entou­rés de fantômes aux fronts troués. » Ici, les fantômes n’ont pas le front troué, mais ils sont bel et bien là, partout, à nos côtés. 

— O. C. 

[post_title] => En l’agréable compagnie des spectres [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => en-lagreable-compagnie-des-spectres [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:44:07 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:44:07 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=126131 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Au printemps 2022 s’est tenue dans l’Alte Nationalgalerie de Berlin une exposition consacrée à Paul Gauguin. L’un de ses buts, comme l’annonce le catalogue : « démasquer » le peintre. Lui qui s’est toujours présenté comme un réfractaire à l’ordre établi n’était au fond qu’un vulgaire colonialiste, un pédophile abusant de jeunes Polynésiennes, bref, un imposteur. Sans nier qu’il y ait eu chez Gauguin une certaine « hypocrisie » et qu’il ait « profité du régime auquel il prétendait échapper », l’historien de l’art Hanno Rauterberg juge, dans Die Zeit, réductrice cette manière si contemporaine d’envisager les choses. C’est, selon lui, ignorer l’« ambivalence » des tableaux du maître, leur « caractère énigmatique ». « Pourquoi, s’interroge Rauterberg, laisse-t-il deux Tahitiennes accroupies sur la plage prendre un air si résolument rébarbatif ? Que signifie la boîte d’allumettes posée à leurs pieds, qu’est-ce qui doit être allumé ? Et pourquoi ne sont-elles pas nues comme au paradis, mais portent-elles des vêtements occidentaux, à col haut ? Gauguin a donné à de nombreuses femmes qu’il a peintes à Tahiti une expression âpre de dignité et de fierté. Une attitude sceptique se fait jour. Ce n’est pas là l’ingénuité enfantine dont rêvaient certains hommes du Nord. » 

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