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Le groupe Actissia étant mis en liquidation, notre numéro de janvier-février (« Faut-il restituer l’art africain ? ») est aussi le dernier.

Books trouvera-t-il un nouveau sauveur, ou les moyens de renaître une seconde fois, sous une forme ou sous une autre ?

Vous pouvez adresser un message à 

Une soixantaine de personnalités ont signé notre appel à soutien, que voici :

Farid Abdelouahab, écrivain et historien

Claude Askolovitch, journaliste et écrivain

Jacques Attali, économiste et écrivain

Olivier Barrot, journaliste et écrivain

Olivier Bétourné, éditeur

Lucien Bianco, historien

Laurent Binet, écrivain

Pascal Blanchard, historien

Michel Blay, historien et philosophe des sciences

Mikkel Borch-Jacobsen, historien

Elvire de Brissac, romancière

Gérald Bronner, sociologue

Belinda Cannone, écrivain

Christophe Charle, historien

Catherine Clément, philosophe

Jérôme Clément, fondateur et ancien président d’Arte, écrivain

Sylvain Cypel, journaliste

Boris Cyrulnik, psychiatre et éthologue

Antoine Danchin, biologiste

Christophe Deloire, journaliste

Jean-Philippe Domecq, écrivain

Annie Ernaux, écrivaine

Sylvie Fainzang, anthropologue

Caryl Férey, romancier

Eric Fottorino, journaliste

Michel Foucher, géographe

Dan Franck, romancier et scénariste

Alain Genestar, journaliste

François Gèze, éditeur

Sophie Gherardi, journaliste

Bernard Granger, psychiatre

Christian Grataloup, géographe 

Frédéric Gros, philosophe

Nathalie Guérin, thérapeute

Cécile Guilbert, essayiste et romancière

Pierre Haski, journaliste

Nathalie Heinich, sociologue

Pierre Jacquet, économiste

Jean-Noël Jeanneney, historien

Jean de Kervasdoué, économiste de la santé

Eric La Blanche, auteur et écrivain

Rémi Labrusse, historien

José-Manuel Lamarque, journaliste

Alexandra Lapierre, romancière

Hervé Le Bras, démographe

Jean-Pierre Le Goff, sociologue

Jacques Le Rider, germaniste

Danièle Linhart, sociologue

Philippe Meyer, journaliste et écrivain

Gérard Mordillat, romancier et cinéaste

Priscilla De Moustier, présidente de Wendel-Participations

Anne Nivat, journaliste et écrivaine

Francoise Nyssen, éditrice

Denis Olivennes, chef d'entreprise et essayiste

ORLAN, plasticienne

Véronique Ovaldé, romancière

Robert Michel Palem, neuropsychiatre

Daniel Pennac, romancier

Anne Perrot, économiste

Michelle Perrot, historienne

Natacha Polony, journaliste

Jérôme Prieur, essayiste et cinéaste

Bruno Racine, haut fonctionnaire et écrivain

Robin Renucci, directeur du théâtre de La Criée, comédien 

Philippe Rey, éditeur

Angelo Rinaldi, écrivain et critique littéraire

Mustapha Saha, sociologue et poète

Steven Sampson, écrivain et critique littéraire

Maurice Sartre, historien

Dominique Schnapper, sociologue et politologue

Alain-Gérard Slama, essayiste et historien

Sylviane Tarsot-Gillery, haute fonctionnaire

Pierre-Henri Tavoillot, philosophe

Emmanuel Todd, historien et anthropologue

Jean Viard, sociologue et éditeur

Olivier Weber, écrivain et grand reporter

Michel Winock, historien

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Attisé par la vogue de la pensée « woke » et des études décoloniales, le mouvement en faveur de la restitution à leur terre d’origine des œuvres d’art pillées par les puissances coloniales, qui s’était endormi après un beau feu de paille entre les années 1960 et les années 1980, a repris de plus belle. Les arguments frappants fusent de toutes parts, certains convaincants, d’autres moins. D’un côté, on ne peut que souscrire au point de vue naguère superbement exprimé par le Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow, alors directeur général de l’Unesco : « Les peuples victimes de ce pillage parfois séculaire n’ont pas seulement été dépouillés de chefs-d’œuvre irremplaçables : ils ont été dépossédés d’une mémoire qui les aurait sans doute aidés à mieux se connaître eux-mêmes, certainement à se faire mieux comprendre des autres. » D’un autre côté, on ne peut qu’adhérer à l’argument invoqué en haut lieu en Europe et ailleurs, selon lequel les grands musées comme le British Museum ou le Louvre ont une vocation à l’universalité, confirmée par les foules qui les visitent.

La complexité de ce sujet sensible n’appelle pas de solution simple ; on doit s’attendre à des avancées et à des retours en arrière, à une évolution au cas par cas. Un exemple déjà ancien vaut d’être médité. En 1977, les organisateurs d’un festival d’art africain à Lagos avaient pris pour emblème La Reine mère Idia, un célèbre masque en ivoire représentant la mère d’un roi béninois du XVIe siècle. Le British Museum, qui le détient, a refusé de le prêter – mais proposa aux responsables du festival d’en envoyer une copie. Ils se sentirent injuriés, et l’écrivain nigérian Wole Soyinka, qui faisait partie du comité d’organisation, suggéra qu’on mette sur pied « un corps expéditionnaire de spécialistes, comprenant des mercenaires si nécessaire, pour aller récupérer le trésor ». 

Cet incident fait curieusement écho à l’un des mots utilisés par M’Bow dans son adresse, rédigée l’année suivante : « irremplaçable ». Irremplaçable, vraiment ? Jusqu’à quel point ? Rappelons l’histoire des Chevaux de Saint-Marc. Il s’agit d’un quadrige sans doute d’origine grecque qui ornait l’hippodrome de Constantinople. Ayant participé au sac de la ville par les croisés, les Vénitiens les enlevèrent en 1204 et les placèrent sur une galerie au-dessus du porche de la basilique Saint-Marc. En 1797, Bonaparte emporte les chevaux ; devenu empereur, il les fait installer sur l’arc de triomphe du Carrousel. Après Waterloo, les chevaux sont restitués à Venise. Vous pouvez toujours les admirer au-dessus du porche de la basilique Saint-Marc – sauf que ce sont des copies. Les vrais sont à l’intérieur. Le quadrige qui orne toujours le Carrousel à Paris est aussi une copie. Qui s’en soucie ? Et faudrait-il que la Turquie, ou pourquoi pas la Grèce, réclame les originaux à Venise ? 

Sans doute certains originaux sont-ils irremplaçables. Mais la copie est aujourd’hui un savoir-faire abouti qui empêche le visiteur non spécialiste de voir la différence. L’exemple le plus spectaculaire est Lascaux IV, reproduction quasi parfaite de la grotte d’origine. Il y a là clairement une piste à explorer pour régler des différends et apaiser les esprits.  

— Olivier Postel-Vinay

[post_title] => Une idée iconoclaste [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => une-idee-iconoclaste [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:50:47 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:50:47 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=125862 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Les cellules des êtres vivants doivent leur nom à leur ressemblance avec celles des moines. P. 8

On a surévalué les performances intellectuelles des animaux. P. 12

La première technique de taille de la pierre a stagné pendant sept cent mille ans. P. 15

À Benin City, dans l’actuel Nigeria, l’oba n’apparaissait que deux fois par an, accompagné de 600 épouses. P. 17

Le nombre grandit d’artistes qui considèrent leur œuvre comme porteuse d’un message militant. P. 27

Des funambules sont représentés sur des peintures sur vase et des fresques datant de 1350 av. J.-C. P. 52

Certains logiciels de management peuvent surveiller le ton de la voix des employés. P. 59

Le scientisme est la croyance selon laquelle les sciences de la nature peuvent donner des réponses décisives aux questions sociales et intellectuelles. P. 65

Le mérite de la démocratie ne réside pas dans les valeurs auxquelles elle est associée mais dans son mode opératoire. P. 69 

Cervantès a vécu quelque temps avec cinq femmes. P. 75

Pour bien traduire, il faut trahir un peu et, si possible, à bon escient. P. 83

C’est l’instinct rituel qui conduit aux mythes et aux religions, plutôt que l’inverse. P. 85

Kim Il-sung s’attribue plus de 4 000 livres, sur tous les sujets concevables. P. 91

[post_title] => 13 faits & idées à glaner dans ce numéro [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => 13-faits-idees-a-glaner-dans-ce-numero-2 [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:50:42 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:50:42 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=125859 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Par bonheur surnagent encore des éditeurs sagaces et des classiques à rafraîchir de manière inventive. Tout n’est donc pas perdu au royaume de la littérature qui sait mieux penser la bêtise (et surtout la « bêtise intelligente » chère à Robert Musil) que toute la philosophie. C’est ce que je me dis en découvrant avec joie que les éditions Vagabonde viennent de publier Histoire de Martinus Scriblérus, de ses ouvrages & de ses découvertes, qui n’avait pas été réédité en France depuis 1796 ! Une négligence incroyable s’agissant d’un livre écrit à plusieurs mains par la fine fleur des lettres anglo-irlandaises de l’époque et qui, excusez du peu, constitue l’une des sources majeures du Tristram Shandy de Laurence Sterne. Mais voilà, la littérature britannique des XVIIe et XVIIIe siècles, mal connue, peu traduite, a toujours été négligée par l’édition française.

Revenons au Scriblerus Club (de scribbler, « gribouilleur », « plumitif »), composé en 1714 de Jonathan Swift, John Arbuthnot, Alexander Pope, John Gay, Thomas Parnell et Henry Saint John. Ni mouvement littéraire, ni école, cette amicale d’esprits libres imagine de satiriser l’abus de savoir et la bêtise universelle en créant le personnage de Martinus Scriblérus, amusant pédant à la cervelle encombrée de langues mortes et d’humanités, pétri de sciences et d’arts, auteur par ailleurs d’un savoureux Peri Bathos ou l’anti-sublime, c’est-à-dire l’art de ramper en poésie. Joyeuse charge contre les faux savoirs, les postures politiques, l’esprit de sérieux – bref, toutes les impostures intellectuelles et morales de l’époque –, l’Histoire de Martinus Scriblérus a pourtant été oubliée. Et, si brillant et magistralement écrit fût-il, ce canular collectif publié en 1741 avait peu de chances d’intéresser les lecteurs contemporains, que les études socioculturelles situent à des années-lumière du règne de la reine Anne.

D’où le coup de génie de Benoît Laudier, maître éditeur de Vagabonde, qui a confié à Pierre Senges et à Pierre Lafargue le soin de préfacer, de postfacer et d’annoter l’ouvrage. On ne pouvait rêver attelage plus stimulant et jubilatoire que ces deux fines lames ironiques férues de rhétorique et de poésie. Le premier, auteur singulier de mémorables Fragments de Lichtenberg et de Projectiles au sens propre, est un esprit encyclopédique à l’aise dans l’érudition comme dans l’humour. Le second, tout aussi baroque, quoique dans une veine plus altière, est l’immortel auteur d’un Sermon sur les imbéciles prononcé dans ma cave avec toutes sortes de précautions fantastiques, de L’honneur se porte moins bien que la livrée et d’une douzaine d’autres livres où la crétinisation du lecteur à la manière féroce de Lautréamont le dispute aux accents du moraliste Grand Siècle. Aussi, à l’instar de celles qui accompagnaient son dernier roman 1, ses 438 notes constituent un régal de « satire dans la satire » et peuvent se lire de manière quasi autonome. Inspirées par les mânes d’Alfred Jarry et de Jacques Vaché, elles ne se refusent pas le plaisir de brocarder par anachronie « dame Christine Lagarde », Elon Musk ou le management de France Télécom. Mais c’est encore dans ce qu’il appelle « les égouts de la pleurnicherie universelle », peuplés de « victimes et victimettes », de « gentils racisés », de « fragiles offensés » et de « précieux discriminés systémiques », que Lafargue fait le mieux feu sur le quartier général de la « wokerie » et de ses jargons.

« Un jour viendra, écrit-il, où le nom du Scriblerus Club sera en exécration parmi les hommes à cause de ce genre de grosse plaisanterie que le goût, devenu bon, ne tolérera plus. Pour le moment, il est permis d’apprécier ce que l’on prend de bonne foi pour un aimable badinage. On doit aux simples cette indulgence. Mais quand ils entendront causer les gens qui sont les véritables illustrations de leur siècle, ils mesureront l’abîme qui les sépare les uns des autres et ne comprendront pas ce qui les aura éloignés si longtemps des vrais grands hommes pour l’avantage de quelques drôles qui n’auront pas rougi de se moquer d’eux. » Redoutable, vous dis-je !  

— Cécile Guilbert est essayiste et romancière. Son dernier livre, Roue libre (Flammarion, 2020), a reçu le Grand prix de la critique de l’Académie française.

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Quel est le point commun entre la mort d’Élisabeth II, Halloween, les élections de mi-mandat aux États-Unis, la Coupe du monde au Qatar et Noël ? A priori, ce sont simplement des événements d’actualité épars, entrecoupés de séquences ordinaires du calendrier annuel, qui ont rythmé les dernières semaines. Mais ils ont tous pour effet d’activer une constante anthropologique : ce sont des rituels.

À bien y regarder, en effet, nos cérémonies, commémorations, célébrations, manifestations, festivals et autres championnats sont remarquablement semblables et prévisibles. Pas dans le détail, bien sûr, mais dans leurs principes directeurs. Partout, et de tout temps, les êtres humains se sont réunis dans la performance commune de comportements stéréotypés, rigides, répétitifs et redondants, obéissant à des règles et orientés vers des buts dont il est étonnamment difficile d’identifier les origines et les fonctions exactes.

À quel mystérieux impératif répondent donc ces rituels ? Si l’on pose la question à ceux qui y participent, ils répondent généralement qu’ils ont « toujours fait comme ça » ou que c’est leur « tradition » – réponse bien peu satisfaisante si l’on veut aller au fond des choses. Pourquoi tel rituel et pas tel autre ? Pourquoi de cette façon précisément, et pas autrement ? Pourquoi à tel moment, dans tel lieu, pour telle durée, avec telles personnes ? C’est là ce que l’anthropologue Dimitris Xygalatas appelle le « paradoxe du rituel » : on ne sait pas vraiment pourquoi on le fait, mais il est impératif de le faire, et surtout de le faire correctement.

Dans son livre « Rituel » 1, il recense les études les plus récentes sur ces moments que le sociologue Émile Durkheim qualifiait d’« effervescence collective », en particulier dans leurs manifestations les plus exotiques et extrêmes : marches sur le feu dans des villages reculés, pèlerinages exténuants, automutilations démonstratives, transes collectives... Il en ressort que le rituel est une « technologie sociale » puissante, dont les effets sur le métabolisme, l’humeur, la mémoire, la sociabilité et la santé sont massifs et durables.

C’est précisément ce savant dosage entre arbitraire et nécessité qui en fait un dispositif culturel si prisé : dans un monde complexe, incertain et imprévisible, l’opacité causale au cœur du rituel dirige l’attention des foules sur des suites de comportements structurés et soude le groupe autour d’une activité commune. On ne sait pas exactement pourquoi on le fait ni à quoi ça sert, mais c’est précisément pour cela que l’activité parvient à transcender sa simple exécution. Véritable machine à produire du sens et Super Glue sociale, le rituel, par le coût qu’il impose en termes d’investissement personnel et collectif, offre à la fois le sentiment de contrôler son destin et un moyen efficace de distinguer « ceux qui en sont » et les autres.

D’où la face sombre des rituels. Leur caractère rigide, arbitraire, physique, synchrone et émotionnel en fait une arme de choix pour soulever les masses, exacerber leur grégarité et leur instiller la haine des autres. On pense bien sûr au caractère sectaire des mouvements totalitaires, mais on retrouve cette exploitation négative du rituel dans les pratiques de bizutage, les séances humiliantes de team building et notre soumission ordinaire à quantité de normes et d’habitudes qui nous paraîtraient absurdes et barbantes en toute autre circonstance.

Mais nous aimons malgré tout ces marques d’affiliation, ces débauches de symboles, cette solennité performative et théâtrale qui se transmettent à travers les générations et les siècles, et on peine à imaginer à quoi ressembleraient nos sociétés si on en extirpait leur composante purement rituelle. De fait, pour Xygalatas, c’est bien une sorte d’instinct rituel qui conduit aux mythes, aux religions, aux légendes, aux superstitions et à toutes les institutions qui les chapeautent, plutôt que l’inverse. Le rituel vient toujours avant le prétexte qui sert à le justifier ; c’est peut-être ce simple fait qui devrait suffire à nous rassembler. Tous, nous tentons désespérément de conjurer l’inconnu : l’universalité, la diversité et la persistance des rituels montrent que ce n’est pas encore gagné. 

— Sebastian Dieguez est chercheur en neurosciences au laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l’Université de Fribourg,
en Suisse. Il est l’auteur de Total Bullshit ! Au cœur de la post-vérité (PUF, 2018).

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Chaque année, ça recommence. Le mois de janvier revient avec ses arbres nus, son crachin froid et sa masse graisseuse accumulée au cours de repas interminables. Il est là, charriant son lot d’exercices que l’on impose aux autres autant qu’à soi : résolutions remisées au placard avant le 10 février et autres « meilleurs vœux, etc. » copiés-collés dans des corps de mails professionnels. Le genre de geste social complexe en l’an 2023 : car il n’est pas simple de souhaiter la bonne année quand rien ne va. Un peu comme lancer un « Bonne soirée ! » enthousiaste à un type qui vient de se faire amputer d’une jambe : ça tombe à plat.

Ces derniers temps, il n’y a qu’à allumer la radio ou la télévision pour subir une litanie morose qui s’organise autour de quelques mots-clés : « guerre », « réchauffement climatique », « crise énergétique », « inflation » et le très actuel « récession ». Je ne parle même pas ici d’ouvrir Twitter. À l’heure où j’écris cette chronique, quantité de comptes migrent vers son rival Mastodon tandis qu’Elon Musk s’impose, un tweet après l’autre, comme le grand méchant que l’univers Marvel n’a pas osé imaginer. Un milliardaire mégalomane bien décidé à remodeler l’espace public mondial, ultralibertarien et long-termiste convaincu. À ce propos, le saviez-vous ? Le long-termisme, très en vogue dans le milieu de la tech, est un courant philosophique qui affirme la priorité morale de sauver des vies futures (dans plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires) sur l’amélioration des vies présentes. Cette école est notablement portée par de jeunes philosophes anglo-saxons promouvant, depuis le milieu des années 2010, ce qu’ils désignent comme une « éthique efficace », qui se concentre sur les résultats à obtenir rapidement plutôt que sur les moyens d’y parvenir. Dans cette logique, mieux vaut travailler dans la finance pour devenir un multimillionnaire philanthrope plutôt que de bosser au smic dans un hospice pour enfants malades ou, soyons fous, de réfléchir à un système de répartition des richesses impliquant de construire autre chose que des pyramides de Ponzi. L’Écossais William MacAskill s’est imposé comme une figure de proue du mouvement long-termiste depuis la parution, en août dernier, de son livre « Ce que nous devons au futur », qui lui a valu un précieux retweet de Musk lui-même 1. Dans une tribune du New York Times, il explique que l’humanité a plusieurs centaines de milliers d’années devant elle : « L’avenir est grand, martèle-t-il, et l’ambition d’avoir une influence positive sur l’avenir à long terme est la priorité morale de notre époque. » MacAskill semble cependant gêné par la digestion de ses théories par quelques-uns des géants de la Silicon Valley. Il s’inquiète de voir son propos mal interprété par des « acteurs politiques nuisibles » ayant à leur disposition des équipements technologiques puissants. Le cas échéant, nous pourrions, selon lui, basculer dans un futur semblable à une « dystopie totalitaire perpétuelle ».

Mais pas de panique ! Le monde de l’édition pense aussi à nous, qui sommes contraints de donner la priorité à ce qui se passera au cours des douze prochains mois de notre vie plutôt qu’à l’avenir lointain de l’humanité. Des dizaines de milliers de personnes ont ainsi trouvé sous le sapin le dernier opus de Michelle Obama, qui semble faire de l’ultra-anxiété son nouveau combat en proposant un guide pour « survivre à tout » et « s’accomplir dans des temps incertains » 2. Elle y donne des clés révolutionnaires pour affronter le monde contemporain – comme avoir des amis et tricoter des bonnets. Les mauvaises langues ne manqueront pas de critiquer des réponses aussi court-termistes à l’angoisse générale de l’hiver 2022-2023. Mais peut-être est-ce finalement tout ce dont nous avons besoin en ce début janvier ? Alors, bonne année (et bon courage) !  

— Floriane Zaslavsky est sociologue. Elle a publié avec la journaliste Célia Héron Dernier Brunch avant la fin du monde (Arkhê Éditions, 2020).

[post_title] => Meilleurs vœux ! Mais lesquels ? [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => meilleurs-voeux%e2%80%89-mais-lesquels%e2%80%89 [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-12-22 08:50:25 [post_modified_gmt] => 2022-12-22 08:50:25 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=125974 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Ce dictionnaire des mots manquants est un vieux rêve, celui d’une Babel recomposée. Voyons, puisque tel mot n’existe pas en français, puis-je le trouver dans une autre langue ? Et, si je le trouve, pourquoi ne pas me l’approprier ? Ainsi rêve depuis toujours le romancier que je suis. Quand l’intuition me vient qu’à un point précis de mes cogitations (ou de mes élucubrations), le mot idoine manque à ma plume, et quand, vérification faite, je constate que ce mot n’existe pas dans notre langue, j’éprouve la tentation d’aller le chercher ailleurs, quelque part dans l’infini lexique des peuples. Un projet de dilettante. J’ai toujours su que sa réalisation – pour peu qu’elle soit possible – exigerait une vie entière de recherche, en butte à d’innombrables difficultés. Pour commencer, je ne parle aucune langue étrangère. Enfant, ma cancrerie me portait à supposer trop intelligent pour moi tout ce qui se disait dans un autre idiome que le mien. Autre difficulté, la définition du « manque ». Suffit-il qu’un mot me manque pour qu’il soit décrété manquant ? Ma langue en a-t-elle réellement besoin ? Quid de la métaphore, du néologisme et de la périphrase ? N’est-ce pas précisément leur rôle que de pallier ce déficit ? Et comment aller chercher un mot ailleurs ? Combien de langues questionner ? Par quelle méthode ? Autre chose : comment dresser a priori le répertoire de mes manques puisque je n’en prends conscience qu’au fil de mes besoins ? A fortiori,comment répertorier les manques de tous les autres locuteurs ? Est-il seulement possible d’établir une liste exhaustive des mots qui manqueraient à une langue ? Quel beau dictionnaire pourtant ce serait ! 

J’en étais là de mes paresseuses interrogations quand, il y a une dizaine d’années, je tombe sur un numéro de Books dans un kiosque de la gare Saint-Charles, à Marseille. Le parti pris de la revue me ravit. Faire connaître la littérature planétaire en chroniquant des bouquins qui ne seront jamais traduits chez nous, l’idée m’enchante. Magnifique ouverture ! Après en avoir parlé à l’ami Alberto Manguel, je propose à Olivier Postel-Vinay, directeur de la rédaction de Books, cette petite rubrique sur les mots manquants. Commence alors une aventure qui, soyons francs, tient davantage du jeu que de la recherche scientifique. Mais comme j’ai aimé les trouvailles de ce jeu ! Par exemple, la découverte de mots dont j’ignorais qu’ils me manquaient. Certains d’entre eux désignaient des habitudes miennes que je n’aurais jamais eu l’idée de nommer. Le fait que les Indonésiens possèdent un nom pour stigmatiser les histoires les plus idiotes que j’ai la manie de raconter à mes amis les plus chers m’en dit long sur le raffinement d’une langue dont j’ignore tout.

Jayus : nom indonésien désignant une plaisanterie si mal racontée et si peu drôle qu’on ne peut pas s’empêcher de rire. Nos meilleures histoires, nous les racontons aux inconnus, à des fins de séduction. Les pires, la blague la plus calamiteuse, le jayus intégral,c’est à nos meilleurs amis que nous les réservons. Il y a du joyau dans le jayus : nous y rions ensemble de la certitude que nous ne sommes pas bêtes à ce point-là.Exemple de jayus : « T’as vu Monte-Carlo ? Non, j’ai vu monter personne. » Hyper jayus : « T’as vu Monaco ? Non, j’ai vu monter personne. » Ah ! mes amis, faut-il que je vous aime, pour vous offrir pareils jayi !

Et combien me plaît ce desencuentro ­espagnol qui façonne nos existences infiniment plus sûrement que nos réalisations les plus abouties ! Desencuentro : substantif espagnol désignant le fait de ne pas s’être rencontré. Ils avaient tout pour se plaire, et tout les destinait à s’unir. De fait, ils se croisèrent une nuit, entre le soixante-quinzième et le soixante-­seizième étage de l’Empire State Building. Seulement, il grimpait par l’ascenseur B quand elle descendait par le A. Ce fut le desencuentro le plus désolant de la légende amoureuse.

Et que dire de la Schadenfreude allemande, cette joie mauvaise qu’on éprouve à voir le malheur des autres ? Le mot manque en français pour désigner les mises au pilori quotidiennes qui, en ces temps de dénonciations anonymes, réjouissent ce qu’il y a de plus bas en nous.

Sale époque, par ailleurs, que celle où l’on menace de fermeture une revue aussi généreusement ouverte que Books, signe que le monadisme l’emporte sur le nomadisme. J’aimerais tant que Books continue de paraître ! Au moins jusqu’à ce que soit fini mon dictionnaire des mots manquants. 

— Daniel Pennac

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Lémergence des lettres estoniennes est relativement récente. Elle remonte au réveil identitaire du XIXe siècle et se nourrit du folklore finno-ougrien. Aujourd’hui encore, cette jeune littérature, qui a connu un nouveau souffle depuis la restauration de l’indépendance en 1991, se fait l’écho d’une histoire troublée, marquée par les dominations étrangères à répétition. À partir de la christianisation de la région par les chevaliers Porte-Glaive allemands au XIIIe siècle, la petite nation estonienne a été soumise successivement aux puissances livonienne, danoise, germano-balte, tsariste, nazie et soviétique.

Témoin de l’engouement des Estoniens pour leur histoire, la « Chronique de la province de Livonie », écrite au XVIe siècle par Balthasar Russow, pasteur de l’église du Saint-Esprit à Tallinn : elle se hisse en deuxième position de la liste des meilleures ventes du principal réseau de librairies, Rahva Raamat. Ce texte fondateur a façonné la compréhension de la zone baltique durant des siècles. Il ne s’agit pas seulement d’un compte rendu sur la guerre de Livonie vue à travers les yeux d’un témoin direct des événements. C’est aussi l’une des rares sources évoquant les croyances préchrétiennes. Pays le plus tard christianisé et le moins croyant d’Europe, l’Estonie garde un attachement viscéral à la nature et aux pratiques néopaïennes.

En cinquième position du palmarès, Andrus Kivirähk est sans nul doute l’auteur estonien le plus emblématique (et le plus apprécié à l’international) : son livre L’Homme qui savait la langue des serpents (Le Tripode, 2013) a rencontré un beau succès en France. Jouant finement avec l’histoire et le folklore au moyen d’un humour grinçant, il s’efforce d’atteindre l’universel à travers le particulier. D’un genre hybride, son dernier livre, « Voyage sur la Lune », embarque le lecteur dans un périple plus métaphorique que réel, à travers un univers fantasque peuplé de personnages étranges mais d’autant plus humains. L’auteur fait s’attabler un cosmonaute dans un café : un être extraordinaire dans un lieu ordinaire, où le voyage qui se joue est avant tout intérieur.

Cette introspection, ancrée dans un folklore vivant, se retrouve chez Kristiina Ehin, poétesse et folkloriste très appréciée, dont le dernier recueil nous invite, au milieu des pandémies et des guerres, à rechercher la paix de l’esprit sur les rives de l’Ajajõgi (« le fleuve du temps »). Sa poésie fait d’ailleurs écho au chef-d’œuvre posthume de Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité, un kaléidoscope des paysages intérieurs de l’auteur et un voyage métaphysique au sein même de la réalité. 

— Audrey Vermillard

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Les écrivains ont souvent voué une dévotion proche du fétichisme à leurs instruments. Voyez le calame, roseau taillé pour l’écriture, pressé dans l’argile au temps des cunéiformes puis trempé dans l’encre aux époques ultérieures : il a droit à une sourate dans le Coran et, quelques siècles plus tard, aux éloges d’Érasme. La plume métallique, elle, séduit tant Victor Hugo qu’il collectionne toutes les siennes, avec mention de l’œuvre qu’elles ont transcrite (mais Goethe juge son utilisation impropre à la poésie, à cause du désagréable bruit qu’elle produit). Le léger, le solide, le commode petit crayon est l’outil favori des auteurs qui marchent ou voyagent, bien qu’il ne soit pas très fiable : Rousseau, qui l’utilise pour consigner ses rêveries (sur des cartes à jouer) lors de ses promenades (solitaires), doit repasser ses notes à l’encre en rentrant. Quand à la fin du XIXe siècle arrive le stylo (à plume d’abord, puis à bille avant de se transformer en feutre), on lui trouve tous les avantages – portabilité, rapidité, fluidité, variété des couleurs – plus un : la sensualité du tracé. La machine à écrire (moins sensuelle mais moins fatigante et bien plus rapide) enfièvre bientôt toute la littérature, depuis Nietzsche (qui avait la vue basse) jusqu’à Henry James (qui aimait le cliquetis de l’engin) ou Gide. Dans sa version portative, elle devient l’emblème des écrivains-routards de la Beat Generation. Le zénith technique, c’est sans doute l’ordinateur avec traitement de texte qui l’incarne. Imaginez Proust avec. La Recherche aurait tutoyé les 10 000 pages.

Mais la main va-t-elle longtemps garder la main ? Avec l’efficacité croissante des systèmes de dictée vocale, verra-t-on la remontée en puissance du larynx ? Jadis, l’essentiel de la littérature était en effet dicté, les auteurs se reposant, s’ils le pouvaient, sur un amanuensis ou un secrétaire – esclave, bénévole ou (faiblement) salarié. L’Histoire n’a guère retenu les noms de ces humbles, sauf une poignée : la fille du poète aveugle Milton ou encore Jean-Louis Wagnière, victime du dicteur-dictateur Voltaire, qui lui inflige des journées de dix-huit heures (Montesquieu ne doit pas être plus compréhensif : dans sa carrière, il aura consommé trente secrétaires). Sans oublier la sensible et dévouée Anna Grigorievna, qui pleure à chaudes larmes sur ce que Dostoïevski lui dicte. Heureusement, la dictée d’aujourd’hui s’est démocratisée – et humanisée – avec l’électronique. Et d’autres évolutions se dessinent. Le texte peut déjà passer directement du larynx de l’écrivain (qui n’écrit plus) à l’oreille du lecteur (qui ne lit plus mais écoute des romans sur smartphone). Un jour lointain, si le projet Neuralink d’Elon Musk tient ses promesses, le texte pourrait même circuler directement par ondes cérébrales ! La littérature, qui ne cherche après tout qu’à faire passer une pensée ou une émotion d’une cervelle à une autre, aurait alors atteint son point ultime. 

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Fidèle à sa devise (« Du bon usage de l’esprit critique »), Books présente dans ce dossier la quasi-totalité des arguments avancés sur la question ô combien délicate de la restitution à leur pays d’origine des œuvres d’art pillées ou acquises par les puissances coloniales. Au fil de votre lecture, vous trouverez de quoi alimenter une autre devise, chère au dessinateur Sempé : « Rien n’est simple. » Le premier article raconte le pillage en 1897 des « bronzes du Bénin », dans l’actuel Nigeria, par les troupes britanniques. Il est signé d’un écrivain nigérian qui, surprise, ne se dit guère favorable à leur restitution. Après avoir donné à lire le très beau texte rédigé en 1978 par l’ancien directeur général de l’Unesco, le Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow, nous passons à l’examen du rapport qui a servi de base à Emmanuel Macron pour amorcer la restitution d’œuvres au Bénin, ex-colonie française du Dahomey. Des signes de rétropédalage se font jour, cependant, et l’article en page 30 montre comment un mouvement de grand enthousiasme en faveur de la restitution, entre les années 1960 et les années 1980, a été stoppé net par une savante coalition de conservateurs de musées européens. Et, à vrai dire, l’état de délabrement de nombreux musées africains laisse songeur, explique un spécialiste de la conservation. Le dossier s’achève par un reportage réalisé au Nigeria par un journaliste canadien ; il soulève des questions dérangeantes. Nous abordons aussi des sujets connexes, comme le pillage de chefs-d’œuvre italiens par Bonaparte, la revendication par le Mexique de la coiffe de Moctezuma ou encore le rapt de l’or des Scythes par l’armée russe en Ukraine. — Books

Dans ce dossier :

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