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Une grossesse, lorsque l’on est historienne, se révèle une expérience extrêmement féconde, y compris du point de vue professionnel. C’est en tout cas ce que démontre la britannique Sarah Knott, professeure d’histoire à l’université de l’Indiana à Bloomington. Sa grossesse l’a poussée à s’interroger sur l’évolution de la maternité au fil des siècles, donnant naissance à Mother, un essai dans lequel elle exhume les archives personnelles et les lettres provenant de mères ayant vécu du XVIIe siècle à nos jours, en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne.

Le temps de l'interruption

Écrit à la première personne, l’ouvrage de Knott entremêle le récit de ces femmes à celui de l’expérience intime de l’auteure. « Ce procédé est fécond parce qu’il permet au lecteur d’expérimenter l’un des thèmes majeurs du livre : l’interruption. En cherchant dans des lettres des descriptions de la maternité, Knott est tombée sur des lettres courtes, interrompues et inachevées, qui donnent un aperçu de ce qu’est la maternité et de la façon dont le temps est découpé en segments sur lesquels nous n’avons aucun contrôle », commente Lara Feigel dans The Guardian.

L’historienne constate que la maternité n’a pas revêtu la même signification au fil des générations. « À un moment qui se situe entre le passé fécond et le présent parcimonieux, la maternité en tant que dilemme, en tant que question, a remplacé la maternité en tant que destinée », écrit-elle. Knott souligne que ce que nous tenons pour des caractéristiques naturelles du lien maternel sont en fait des constructions sociales. À l’instar de l’allaitement, qui n’est pas la pratique ancestrale que l’on pourrait imaginer. Dès le Moyen-Âge et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, il était de bon ton que les femmes aisées n’allaitent pas elles-mêmes leurs enfants mais les confient à des nourrices.

Les prérogatives des mères

Knott relève également que les mères n’ont pas les mêmes prérogatives selon les sociétés. Chez les Hopis d’Amérique du Nord, il est entendu que la belle-mère de l’accouchée assume ses tâches ménagères pendant vingt jours. Les mères britanniques, elles, bénéficient d’une moindre assistance. Si, dans les années 1960, elles restaient jusqu’à deux semaines à la maternité après leur accouchement pour y apprendre les gestes maternels, elles et leurs nouveaux nés y séjournent rarement plus d’une journée.

À lire aussi dans Books : « Coupables, forcément coupables »,juillet-août 2011

[post_title] => Mémoire de nos mères [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => memoire-meres [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-04-01 19:58:46 [post_modified_gmt] => 2019-04-01 19:58:46 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=58734 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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« Un excellent exposé du conflit nord-irlandais », juge l’écrivain irlandais Roddy Doyle dans The New York Times. « Un livre qui prendra place au côté des meilleurs ouvrages sur les Troubles » estime le journaliste Toby Harnden dans The Times. Anthony McIntyre, ancien militant de l’IRA, abonde dans leur sens sur son blog et regrette d’ailleurs que Say Nothing, du grand reporter américain Patrick Radden Keefe, n’ait guère suscité l’intérêt des médias irlandais. Mais ceux-ci avaient-ils envie de revenir une nouvelle fois sur la disparition de Jean McConville, une histoire qu’ils ont déjà si souvent ressassée ?

Le trouble d'une famille

Le livre s’ouvre sur l’enlèvement de cette veuve de 38 ans à son domicile de Belfast un soir de décembre 1972. Ses dix enfants, qui assistent à la scène, ne la reverront jamais. Ses restes ont été retrouvés sur une plage en 2003.

« Keefe suit l’histoire des McConville, compilant plus d’une centaine de sources et creusant de plus en plus profond, au point de se faire sa propre idée sur l’identité de son meurtrier », précise la critique Jennifer Szalai dans The New York Times.

Le destin de l'Irlande du Nord

Entrent en scène plusieurs figures de la lutte armée : les sœurs Price, Dolours et Marian, 21 ans et 18 ans à l’époque, jugées et incarcérées en 1973, après l’attentat contre l’Old Bailey à Londres ; Brendan Hughes, commandant de l’IRA, et le chef du Sinn Féin Gerry Adams, qui a toujours nié avoir participé à des actions paramilitaires.

 

Mais au-delà des histoires individuelles et du mystère qui donne à son livre des accents de thriller, Keefe s’intéresse au « déni collectif », à la façon dont une société gère la violence et les traumatismes légués par des décennies d’un conflit encore présent dans toutes les têtes. « Ce qu’il exprime le mieux c’est la tragédie, le gâchis, et l’idée de préjudice moral, ajoute Doyle. Dolours Price, a pensé comme beaucoup d’autres qu’avec la signature de l’accord du Vendredi saint, en 1998, les attentats à la bombe et les enlèvements n’avaient plus de justification morale. » Les McConville, eux, espèrent toujours pouvoir faire condamner les meurtriers de leur mère.

À lire aussi dans Books : Élégie pour une Irlande disparue, avril 2012. [post_title] => Troubles et destins en Irlande du Nord [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => troubles-destins-irlande-nord [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-04-18 14:49:55 [post_modified_gmt] => 2019-04-18 14:49:55 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=58606 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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    [post_content] => Avant même sa parution, le premier roman de la journaliste hispano-vénézuélienne Karina Sainz Borgo était déjà un phénomène d’édition. La hija de la española, dont l’action se déroule à Caracas, a fait sensation lors de la Foire du livre de Francfort en octobre dernier, les éditeurs d’une vingtaine de pays en ayant acquis les droits.

 

La situation actuelle du Venezuela n’est pas pour rien dans l’intérêt suscité par le roman. Pourtant, l’auteure insiste : il ne s’agit ni d’un reportage ni d’un récit autobiographique, mais bien d’une fiction. Sainz Borgo qualifie son roman de « biographie citoyenne ». « J’ai vécu tout le processus de démantèlement d’un État, d’une société, et ensuite, la violence est devenue le seul paysage », explique-t-elle dans un entretien au quotidien vénézuélien El Nacional.

Survivre dans Caracas dévastée

Le roman s’ouvre sur la mort de la mère d’Adelaida Falcón, le personnage principal. Adelaida est correspondante pour un média étranger et survit tant bien que mal dans une Caracas dévastée. Lorsque son appartement est envahi par les femmes de main de la « Maréchale », une allégorie du pouvoir, Adelaida se réfugie chez une voisine. Elle découvre le corps sans vie de cette dernière, que l’on appelait dans le quartier « la fille de l’Espagnole ». Sur la table, une lettre annonçant qu’un passeport espagnol lui a été accordé du fait de son ascendance. Adelaida décide alors d’usurper l’identité de sa voisine pour fuir le pays et s’installer en Espagne.   Sainz Borgo a quitté elle aussi Caracas pour l’Espagne, en 2006, du temps où Hugo Chávez était au pouvoir. Elle est « une journaliste respectée. Précisément pour ses qualités d’écriture (concision, usage de métaphores vives, goût raffiné, exigence intellectuelle) qui se déploient de façon encore plus manifeste dans ce premier roman », commente Carlos Pardo dans Babelia, le supplément culturel du quotidien El País.

Roman manichéen

Le critique reproche toutefois au roman son manichéisme. « “Les enfant de la révolution” sont vulgaires, tarés, semi-analphabètes, basanés, obèses et dégagent une odeur aigre et suspecte ». « Le roman ne parvient pas à transformer le ressentiment en véritable objet littéraire », estime Carlos Pardo.   Le roman sera-t-il lu au Venezuela ? C’est peu probable, l’industrie du livre y étant démantelée. Sans compter l’inflation galopante : « Mon livre doit coûter l’équivalent de six ou sept fois le salaire d’un professeur d’université. Ce n’est pas le régime qui va me censurer, mais l’isolement et la pauvreté », regrette Sainz Borgo dans une interview donnée à l’édition espagnole du HuffPost.   À lire aussi dans Books : « Survivre à Caracas », avril 2019. [post_title] => Dans l’enfer de Caracas [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => enfer-caracas [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-05-16 10:04:53 [post_modified_gmt] => 2019-05-16 10:04:53 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=58613 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )