Publié dans le magazine Books n° 108, juin 2020. Par Cass R. Sunstein.
Le bonheur passionne les chercheurs en sciences sociales. Mais comment le définir et le mesurer ? Faut-il s’intéresser au niveau de satisfaction globale ou aux expériences vécues sur l’instant ? Une idée récente veut qu’il dépende de ce à quoi nous prêtons attention.
En 2010, alors que je travaillais dans l’administration fédérale américaine, j’ai demandé un jour à un collègue comment il allait. Il a eu cette réponse étonnante : « Pour ce qui est du bonheur au jour le jour, ce n’est pas ça. Mais mon niveau de satisfaction dans la vie est élevé. » Il se trouve qu’il s’intéressait aux travaux des chercheurs en sciences sociales sur le bonheur ou ce qu’on appelle souvent le « bien-être subjectif », et sa réponse faisait référence à deux façons différentes de mesurer ce concept difficile à définir.
La première méthode, qui est la plus utilisée, consiste à demander aux individus d’évaluer leur degré de satisfaction à l’égard de la vie, souvent sur une échelle de 0 à 10. Chose étonnante, la plupart des personnes n’hésitent pas beaucoup avant de répondre
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Si nous accordons du crédit à ces réponses, nous pouvons tirer des conclusions sur l’incidence qu’ont le revenu du ménage, le chô...