Bernie Sanders, un socialiste à l’Américaine
Publié le 2 février 2016. Par La rédaction de Books.
Bernie Sanders donne des sueurs froides à Hillary Clinton. Le sénateur du Vermont talonne l’ancienne secrétaire d’Etat à l’issue du caucus de l’Iowa. Ce candidat qui se définit comme socialiste ne fait apparemment pas peur à l’Amérique. Dans ce pays où l’idée d’intervention de l’Etat est pourtant traditionnellement honnie, son discours sur la réduction des inégalités et la « classe des milliardaires » séduit certains laissés-pour-compte, notamment les jeunes. « Ils ne sont pas aussi naïfs que les Américains l’étaient pendant la Guerre froide, souligne Peter Dreier, professeur de science politique à l’Occidental College. Ils savent qu’il existe différentes formes de capitalisme, qu’il y a des démocraties sociales en Scandinavie et au Canada, où le gouvernement joue un rôle plus important dans la régulation des entreprises et la protection sociale ».
De fait, le modèle scandinave est l’une des références du programme de Sanders. Mais, au-delà, quel genre de « socialiste » est-il donc ? Ses mémoires, publiées l’an dernier, Outsider in the White House (une simple mise à jour d’un livre écrit en 1997), permettent de s’en faire une idée.
Elu depuis un quart de siècle, Sanders a d’abord été maire avant de devenir sénateur. Mais s’il a jumelé sa ville de Burlington avec des bourgades du Nicaragua et d’Union soviétique (pays où il s’est rendu à cette occasion dans les années 1980), il n’a pas puisé là son inspiration politique. Il s’inscrit bien davantage dans le sillage du mouvement d’organisation communautaire mis sur pied par le sociologue Saul Alinsky dans les quartiers déshérités de Chicago au cours des années 1940. Il a appliqué la méthode à Burlington, où il a invité les associations de quartier à participer aux décisions d’urbanisme, où il a réuni des groupes de femmes, des syndicats, des écologistes et des policiers, notamment, pour façonner une politique de la ville progressiste. Des logements abordables ont été construits et le centre de la ville préservé des appétits des promoteurs. Cette capacité de mobiliser une base souvent négligée autour d’intérêts communs explique d’ailleurs en grande partie le succès de sa campagne.