Berlin, Francfort – Kleist le nomade
Publié dans le magazine Books n° 25, septembre 2011.
Il y a deux cents ans, au bord du lac de Wannsee, Heinrich von Kleist se donnait la mort en compagnie de son amie Henriette Vogel, atteinte d’un cancer incurable. Elle avait 31 ans, lui 34. Parmi d’innombrables hommages, notons la double exposition de Berlin et Francfort-sur-l’Oder, sa ville natale. On y découvre les projets fous qui germèrent dans l’esprit de l’écrivain : creuser un trou à travers la Terre jusqu’à atteindre l’autre côté, par exemple. Autre idée passablement délirante : envoyer le courrier à coups de canon, en remplaçant la poudre par des lettres et colis : « À chaque étape, les boulets de canon doivent être ouverts, les lettres destinées à ce lieu-là retirées et distribuées, de nouvelles mises à l’intérieur, puis on referme le tout et on recharge un mortier pour envoyer le boulet à la destination suivante. » Un dispositif parfait pour le nomade qu’était Kleist. Dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Hubert Spiegel rappelle...