Années disco, années homo
Publié dans le magazine Books n° 14, juillet-août 2010. Par James Gavin.
Le disco ne fut pas le phénomène ringard et aseptisé que l’on dit. Conçue avant tout pour la danse, ce fut une musique de libération des corps, qui permit notamment l’affirmation de l’identité gay.
La plupart des clichés sur l’époque disco ne sont pas bien jolis : des blancs-becs se déhanchant sous les stroboscopes, le costume de polyester blanc et l’allure maniérée de John Travolta dans Saturday Night Fever, les foules en délire à l’entrée du Studio 54, la discothèque à la mode de l’époque… La musique est tout aussi facile à ridiculiser. Réglée comme une horloge, elle vous ordonnait de « boogie-oogie oogie » ou de « shake shake shake your booty ». Le disco a envahi les hit-parades de 1973 à 1979, mais de nombreux critiques y voient la bande originale d’une décennie insipide, où le laisser-aller avait remplacé les nobles luttes des sixties.
Mais pour tous ceux qui étaient en quête de frisson, les gays en particulier, ce fut le son d’une liberté chèrement gagnée. Cela signifiait danser jusqu’au bout de la nuit, souvent épaulé par la drogue, dans des clubs où n’importe qui pouvait aller avec n’importe qui. La pulsation du disco s’emparait de votre corps et chassait vos inhibitions. Une expérience qui, à son paroxysme, simulait le rapport sexuel, ou y menait tout droit… Les chanteuses é...
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