Les animaux apprennent, eux aussi, de leurs aînés
Publié dans le magazine Books n° 109, juillet/août 2020. Par Carl Safina.
Ceux qui cherchent à réintroduire des animaux dans la nature se heurtent à une difficulté inattendue : le rôle de la transmission des savoirs par les aînés. Lorsque cette transmission fait défaut, la réintroduction est problématique. C’est dire le rôle de l’apprentissage dans les sociétés animales.
Comme bien d’autres animaux, les aras ont une vie sociale et culturelle intense, remplie d’événements qui ont du sens pour eux. Ici des aras rouges au Costa Rica.
Au Costa Rica, le Macaw Recovery Network [« réseau pour le rétablissement des aras »], dirigé par Sam Williams, relâche dans la nature de jeunes aras rouges et aras de Buffon nés en captivité. Mais introduire des oisillons dans un milieu forestier complexe alors qu’ils ont été privés de l’éducation normalement dispensée par leurs parents est une entreprise hasardeuse et de longue haleine.
Les scientifiques s’accordent pour dire que la biodiversité opère à trois niveaux : la diversité des gènes au sein d’une espèce donnée, la diversité des espèces dans un milieu donné et la diversité des habitats (forêt, récif corallien, etc.). Mais est-ce bien tout ? Pas vraiment. Un quatrième niveau a été perdu de vue : la diversité culturelle.
La culture est l’ensemble des connaissances et des compétences qui circulent socialement d’un individu à l’autre et d’une génération à l’autre. Elle n’est pas inscrite dans les...