Amour-haine germano-russe
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Baptiste Touverey.
S’il est un pays qui entretient un lien ambivalent avec la Russie, c’est bien l’Allemagne. On l’a vu ces derniers mois. Ce lien complexe d’amour-haine, où se mêlent convergences d’intérêts et violentes rivalités, ne date pas d’hier. C’est ce que nous rappelle un livre sur les relations germano-russes au XXe siècle, écrit par l’historien Stefan Creuzberger avant l’invasion russe de l’Ukraine, mais qui, « à bien des égards, note Frank Breuner sur le site de la Norddeutscher Rundfunk, a un caractère prophétique ».
Prenez Guillaume II et Nicolas II : ils sont cousins, leurs sujets on ne peut plus interdépendants. « En 1913, rappelle Josef König dans le magazine Spektrum, l’empire tsariste achetait 47,6 % de ses importations totales à l’Empire allemand ; inversement, 44,3 % des exportations totales de marchandises russes étaient destinées à l’Allemagne. » Or, à partir de 1914, on se livre une guerre sans pitié. D’ailleurs, fait peu connu, « la première utilisation de...