Ambiance à « Roland »
Publié le 1 juin 2018. Par La rédaction de Books.
Championnat de France, Roland Garros, 1932.
Les Internationaux de tennis de Paris battent cette semaine leur plein. Le sport y a autant d’importance que l’ambiance et ce depuis les premières balles échangées dans le stade Roland-Garros, rappellent ces coupures de presse de l’époque rassemblées par RetroNews, le site de presse de la BnF. Elégance, intimité et chauvinisme rien ne manquait au tableau dans l’entre deux guerres déjà.
Ainsi le 16 mai 1928, à la veille des premiers Internationaux de France joués dans à Roland-Garros, Le Figaro publie cet entrefilet qui montre la prestance des lieux :
« Dans le magnifique cadre de verdure des serres de la Ville de Paris, à la porte d’Auteuil, quelques ouvriers travaillent à l’édification du nouveau stade de tennis qui portera le nom de Roland-Garros et servira à la finale de la Coupe Davis et aux championnats internationaux. Des ouvriers arabes ou algériens passent interminablement le pesant rouleau sur le court d’un rouge vif. — Il sera prêt dimanche ? demande un passant au chef d’équipe. — Hélas ! oui, monsieur. Je dis hélas ! Parce que c’est le plus beau court que j’aie fait de ma vie. Ils vont jouer là-dessus et l’abîmer. Quel dommage ! »
Et dix jours plus tard, toujours dans Le Figaro, les spectateurs ajoutent la touche finale à cette « atmosphère » :
« Malgré son titre pompeux de Championnats internationaux de France, la compétition de tennis qui se dispute au stade Roland Garros se déroule dans une atmosphère d’élégante intimité. On y voit les habitués de la Faisanderie et de la Croix-Catelan, et il est très chic de pouvoir parler des as de la raquette avec quelque familiarité. C’est ainsi qu’on n’entend jamais dire : — Lacoste et Mlle Bourgeois jouent en ce moment sur le central. Mais bien : — Yvonne et René jouent sur le central. Ou bien : — Jean (Borotra) a été extraordinaire et Henri (Cochet) faiblard. Quant à Toto (Brugnon), il est dans une forme… Ainsi, on a l’air d’être tout à fait de la compagnie. »
Mais autant qu’aujourd’hui le sort des joueurs français fait toute la différence comme le note Robert de Thomasson dans Paris-Match le 7 juin 1933 :
« « Ça manque d’ambiance, cette année ». J’ai entendu exprimer relie opinion par de nombreux habitués du stade Roland-Garros. Incontestablement, il est venu moins de monde que l’année passée. Mais je crois aussi que la médiocrité, des performances réalisées par les joueurs français n’était pas étrangère au défaut d’«ambiance » déploré…
Les Français sont, chauvins, comme chacun sait, en quoi ils s’apparentent d’ailleurs aux citoyens de la plupart des autres pays. Et l’intérêt qu’ils portent aux luttes sportives est directement fonction des succès qu’y remportent leurs compatriotes.
Surtout au tennis. Songez qu’en 1925, au tournoi de Wimbledon, nous nous adjugions simplement quatre épreuves sur cinq, soit le simple messieurs avec Lacoste, le double messieurs avec Borotra-Lacoste, le simple dames avec Suzanne Lenglen, et le mixte avec Lenglen-Borotra ! Et encore la cinquième, épreuve, le double dames, nous revenait-elle à moitié, puisqu’elle fut remportée par l’équipe Lenglen-Ryan… »