À 2 milliards près…
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Stephanie H. Murray.
L’ONU n’a plus le monopole des projections concernant la population mondiale. Pour les dernières décennies du siècle, les divergences entre experts se creusent. Le pic attendu aura-t-il lieu dès 2064 ou après 2100 ? S’établira-t-il à 9,7 milliards, 10,9 milliards, voire 12,4 milliards ? Faut-il craindre la surpopulation ou surtout un vieillissement accéléré ?
La première tentative moderne et globale de prédire la trajectoire à long terme de la population humaine a eu lieu en 1945. Le nombre d’habitants sur Terre avait plus que doublé au cours du siècle et demi précédent, pour atteindre plus de 2 milliards, et les experts craignaient que la production alimentaire ne puisse suivre le rythme. Frank W. Notestein, directeur fondateur de l’Office of Population Research de Princeton, estima qu’il y aurait environ 3,3 milliards d’êtres humains sur la planète en l’an 2000.
Il ne s’est trompé que d’environ 3 milliards. À la fin du millénaire, la population mondiale a dépassé les 6 milliards, et a augmenté de près de 2 milliards depuis. Néanmoins, le travail de Notestein a été déterminant. En 1946, il fut nommé directeur de la toute nouvelle Division de la population des Nations unies (DPNU), qui continue aujourd’hui à établir des projections démographiques à l’échelle mondiale. Celles-ci aident les chefs d’État à anticiper la demande de nourriture, d’eau et d’énergie, ainsi qu’à...