Viktor Orbán, un « Trump avant l’heure »
Publié dans le magazine Books n° 111, octobre 2020. Par Ben Rhodes.
Le Premier ministre hongrois fait peu à peu de son pays une autocratie. Le parallèle s’impose avec le premier mandat de Donald Trump. Le président américain ne cache d’ailleurs pas son admiration pour lui, et sa réélection mettrait à mal la démocratie.
Viktor Orbán reçoit Vladimir Poutine à Budapest, en 2015. Sous sa houlette, la Hongrie, jusque-là méfiante à l’égard de la domination russe, a opéré un rapprochement avec Moscou.
En l’espace d’une décennie, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et son parti, le Fidesz, ont transformé une démocratie en quelque chose de proche d’une autocratie. Peu après sa première réélection, en 2014, Orbán a prononcé un discours dans lequel il exposait les grandes lignes de son projet politique. Invoquant les échecs socioéconomiques de la mondialisation, il défendait le cap qu’il avait fixé en observant que les pays les mieux préparés pour l’avenir n’étaient « pas les démocraties libérales, et peut-être même pas les démocraties ». S’appuyant sur ce message, il définissait les contours d’un nouveau type de régime : « La nation hongroise, disait-il, n’est pas une simple somme d’individus, mais une communauté qui doit être organisée, renforcée et développée. En ce sens, le nouvel État que nous construisons est un État illibéral, un État non libéral. »
La Hongrie devait être ancrée dans l’idée du nationalisme, estimait Orbán ;...