Comment « réensauvager » la nature
Publié dans le magazine Books n° 109, juillet/août 2020. Par Christopher Preston.
Les ours dans les Apennins, les bisons dans le Montana… Plusieurs expériences concluantes permettent à de grands mammifères d’avoir à nouveau droit de cité, en bonne entente avec les humains. Et en Angleterre, non loin de l’aéroport de Gatwick, un petit coin de paradis sauvage a été aménagé avec un succès inespéré.
Dans le parc naturel National Bison Range, dans le Montana, en 2019. Dans cet État du nord-ouest des États-Unis, les bisons ont le statut de bétail et non d’animaux sauvages.
Nous marchons sur un sentier escarpé dans l’Apennin central, en Italie. J’essaie de tenir l’allure de Mario Cipollone, qui avance d’un bon pas. Sous une froide pluie de juin, nous nous dirigeons vers une cabane de berger abandonnée, dans la réserve naturelle du mont Genzana. Nous franchissons une crête boisée à 1 200 mètres d’altitude ; les feuilles de hêtre tombées au sol forment un tapis fauve. En bordure du sentier, la présence occasionnelle de crottes de loup indique que ce relief accidenté n’abrite pas que des oiseaux et des écureuils.
Cipollone, un défenseur de l’environnement de 38 ans, les cheveux coupés ras comme un soldat des forces spéciales, scrute la forêt ruisselante de pluie à la recherche de quelque chose qu’il veut absolument me montrer. « Là ! s’exclame-t-il en pointant un arbre qui m’est familier. Un pommier ! Regarde comment nos bénévoles l’ont taillé ! »
Ce tronc noueux est un vestige de l’époque...