En réalité, la biodiversité s’accroît
Publié dans le magazine Books n° 109, juillet/août 2020. Par Gaia Vince.
Il faut se libérer du joug d’une vision pessimiste. Le vivant évolue et s’adapte aux pressions exercées par l’espèce humaine. La plupart des espèces préfèrent le chaud et les nouveaux hybrides pullulent.
La nature se débrouille étonnamment bien en cette ère dominée par l’humanité. Environ les deux tiers des animaux vivent à présent dans des habitats qui étaient encore impropres à leur survie il y a cinquante ans.
Les humains exercent aujourd’hui une telle domination sur la planète que les animaux et les plantes sauvages sont relégués aux oubliettes. Depuis 1970, la faune sauvage a diminué de moitié dans le monde, et le mouvement se poursuit. En cette nouvelle ère dominée par l’espèce humaine, l’anthropocène, nous occupons plus de la moitié de la surface terrestre pour nous nourrir, nous loger, nous déplacer et extraire des matières premières ; nous nous approprions plus de 40 % de la productivité primaire nette de la planète (c’est-à-dire tout ce qui est produit par les plantes et les animaux), et nous contrôlons les trois quarts des ressources d’eau douce. Chez les animaux de grande taille, nous sommes l’espèce la plus nombreuse avec, en deuxième position, les animaux d’élevage que nous avons créés pour nous nourrir et nous servir. La transformation que
nous avons fait subir à la planète est telle qu’une espèce sur cinq est aujourd’hui menacée, une proportion mille fois supérieure au taux d’extinction naturelle.