Grand Nord : des baleines aux hydrocarbures
Publié dans le magazine Books n° 109, juillet/août 2020. Par Sophie Pinkham.
Baleines, morses, loutres de mer, renards, or, hydrocarbures… De part et d’autre du détroit de Béring, Américains et Russes se sont employés, chacun à leur façon, à surexploiter les ressources naturelles, mettant en péril l’équilibre fragile des écosystèmes et décimant les populations autochtones.
Dans la péninsule de la Tchoukotka, en 2018. Des dérogations sur la chasse à la baleine sont accordées aux populations autochtones.
« Nulle part ailleurs aux États-Unis vous ne trouverez autant de belles demeures, des parcs et des jardins plus somptueux qu’à New Bedford. D’où viennent-ils ? » interroge Herman Melville dans Moby Dick. Il connaît la réponse : « Ces jardins en fleurs et ces pimpantes maisons sortent tout droit des océans Atlantique, Pacifique et Indien. Toutes ces demeures ont été prises au harpon et arrachées au fond des mers. »
Dans Floating Coast, Bathsheba Demuth raconte justement l’histoire de ceux qui ont appris à gagner de l’argent grâce à la mer, et plus particulièrement aux eaux de la Béringie, cette région qui englobe une partie de l’Alaska et du Yukon, l’extrême nord-est de la Sibérie et les mers qui les bordent 1. Au départ, cet argent provient des loutres de mer et des baleines ; lorsque celles-ci commencent à se faire rares, au milieu du XIXe siècle, les morses qui dorment en tas sur les rivages glacés les...