Publié dans le magazine Books n° 0105, mars 2020. Par Frank Dohmen, Alexander Jung, Stefan Schultz et Gerald Traufette.
L’Allemagne se voulait pionnière. Elle a dépensé 160 milliards d’euros en cinq ans pour passer aux énergies renouvelables. En pure perte ? En tout cas, les émissions de CO2 n’ont pas diminué et l’éolien terrestre est en panne. Des voix s’élèvent pour contester la décision d’arrêter complètement le nucléaire en 2022.
C'est une idée formidable, l’idée d’une énergie de demain : 675 fonctionnaires de la République fédérale d’Allemagne travaillent chaque jour à sa réussite, dans les ministères et les services subordonnés, dans divers organismes et départements, dans des comités et sous-comités. Ils travaillent pour un monde dont la beauté n’est pas restée simplement une idée mais est devenue une réalité… le temps d’une journée ; chez nous, en Allemagne. C’était le 22 avril 2019, le lundi de Pâques. Ce jour-là, le soleil a brillé du matin au soir, le vent a poussé les éoliennes à plein régime et, au crépuscule, sans que le moindre petit nuage de gaz à effet de serre se soit élevé dans le ciel, 56 GW (gigawatts) d’énergies renouvelables avaient été produits, ce qui couvrait presque toute la consommation de la quatrième nation industrielle du monde. Ce fut magique, une combinaison parfaite de la nature et de la technique moderne. Malheureusement, cela n’a duré que ce jour-là.
De nombreux autres jours, la réalité est sale et grise. Une grande partie de l’électricité utilisée...