Le message de Voyager aux extraterrestres
Publié le 8 novembre 2019. Par Amandine Meunier.
En novembre 2018, la sonde Voyager 2 devenait le second engin fabriqué par l’homme à quitter le système solaire. Un an plus tard, les scientifiques dévoilent ce qu’elle a pu observer en pénétrant l’espace interstellaire à travers cinq études parues cette semaine dans la revue Nature Astronomy.
La sonde de la Nasa porte, comme sa jumelle Voyager 1, un message adressé aux formes de vie intelligentes extraterrestres. Sur un disque de cuivre recouvert d’or ont été gravés 118 images, 90 minutes de musique, des salutations dans 55 langues, des enregistrements sonores de bruits terrestres et l’activité cérébrale d’une jeune femme.
Une opération de relations publiques
L’objet et son contenu a souvent été tourné en ridicule, d’autant comme le rappelle le journaliste Jonathan Scott dans The Vinyl Frontier qu’il y a peu de chance qu’un extraterrestre le trouve. Ses concepteurs eux-mêmes, l’astronome Carl Sagan en tête, ne se faisaient aucune illusion sur le sujet.
Ce disque est d’abord une opération de relations publiques à destination des humains. L’important était d’ailleurs moins d’envoyer le message que de le concevoir, souligne Scott. Sa création a soulevé l’un des plus grands débats du XXe siècle : comment représenter la Terre et l’humanité à partir d’un nombre limité d’images et de sons ?
Des sondes et de la bonne musique
La réponse n’est pas le résultat d’une grande consultation publique mondiale. La Nasa a commandé l’enregistrement quelques mois à peine avant le lancement des sondes en 1977 et seule une petite équipe de scientifiques, d’artistes et d’écrivains a eu la lourde tâche et le privilège de définir ce qui constitue l’essence de l’humanité, et ce selon leurs propres critères. La sélection musicale devait ainsi, selon eux, être représentative des différentes cultures mais surtout inclure de la « bonne musique ». Une large part a alors été réservée au canon classique occidental (Beethoven, Mozart, Stravinsky et un triplé de Bach) et à la musique américaine.
L’enregistrement reste finalement un produit très marqué par son époque et son pays d’origine. La Nasa a tenu à censurer les organes génitaux des représentations anatomiques humaines, démontrant ainsi qu’elle tenait plus à préserver la morale puritaine de son pays qu’à informer d’éventuels extraterrestres. D’ailleurs même si les choix de l’équipe de Sagan sont plutôt inclusifs pour l’époque, beaucoup sembleraient colonialistes et condescendants aujourd’hui.
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