Montaigne et le grand âge

« Jusques aux moindres occasions de plaisir que je puis rencontrer, je les empoigne. »


Dans la Grèce antique et à la belle époque de Rome, la vieillesse ne survenait guère plus tôt qu’aujourd’hui. Quand Socrate est condamné à mort, il a 70 ans et n’est pas perçu comme un vieillard. Plusieurs Grecs dont le nom nous est resté sont morts centenaires. Dans son essai sur la vieillesse, Cicéron met en scène le très vert Caton l’Ancien, âgé de 84 ans. Il en va autrement dans l’Europe au sortir du Moyen Âge. Ronsard se déclarait vieux à 38 ans (il mourra à 68). Montaigne ne vivra que 59 ans et, dès 40 ans, se sent « engagé dans les avenues de la vieillesse » 1. C’est même vers l’âge de 30 ans qu’il aurait basculé dans la seconde moitié de son existence, observe le gériatre et historien de la médecine Philippe Albou : « Depuis cet âge, et mon esprit et mon corps ont plus diminué qu’augmenté, et plus reculé qu’avancé. Il est possible qu’à ceux qui emploient bien le temps, la science et l’expérience croissent avec la vie ; mais la vivacité, la promptitude, la fermeté, et autres parties bien plus nôtres,...
LE LIVRE
LE LIVRE

Essais, I, II et III de Michel Eyquem de Montaigne, Gallimard, 2009

ARTICLE ISSU DU N°102

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