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L’alliance de l’artiste, du chimiste et du hasard


Jean-Baptiste-Siméon Chardin, Attributs du peintre

Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont découvert par hasard un matériau absorbant 99,995 % de la lumière créant ainsi le noir le plus profond jamais observé, comme ils l’expliquent dans un article paru le 12 septembre dans la revue ACS-Applied Materials and Interfaces.

L’artiste Diemut Strebe a utilisé cette feuille composée de nanotubes de carbone pour recouvrir un diamant naturel de 16,78 carats, le faisant ainsi quasiment disparaître.

Cette alliance de la science, de l’art et du hasard est loin d’être inédite. Elle s’est répétée tout au long de l’histoire de la peinture, assure le journaliste scientifique Philip Ball dans Bright Earth. Certains pigments ont été découverts accidentellement, d’autres sont les sous-produits de recherches sans lien avec l’art… Et même quand l’intention des chercheurs était de créer une teinte, vu leur compréhension limitée des principes chimiques, les découvertes relevaient du hasard.

Les artistes du Moyen Âge et de la Renaissance confectionnaient leurs propres peintures. Le peintre italien Cennino Cennini a rédigé vers 1390 un traité dans lequel il donnait des recettes pour créer des colorants. L’ouvrage est parsemé de références à l’alchimie. Plusieurs pigments sont en effet le fruit des tentatives des alchimistes pour changer le plomb en or : c’est le cas du vermillon, combinaison de soufre et de mercure.

Certains peintres comme Lucas Cranach l’Ancien avaient eux-mêmes des notions de chimie. Ce qui explique peut-être que l’artiste allemand de la Renaissance utilisait l’orpiment, un jaune doré tirant sur l’oranger à base de sulfure d’arsenic.

À partir du XVIIIe siècle, face à la demande des industriels (particulièrement dans le secteur du textile), la couleur devient un enjeu commercial majeur. Cette course à la couleur enrichit rapidement les palettes de nouvelles teintes, parmi lesquels toute une gamme de violets, mais aussi des couleurs classiques produites à meilleurs prix comme l’ultramarine. Les Impressionnistes sauront faire usage de cette nouvelle richesse.

À lire aussi dans Books : De quelle couleur était la Vénus de Milo ?, juin 2019.

LE LIVRE
LE LIVRE

Bright Earth: The Invention of Colour de Philip Ball, Vintage, 2008

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