Publié dans le magazine Books n° 101, octobre 2019. Par David Reich.
Depuis les horreurs du nazisme, un consensus s’est figé, selon lequel les variations entre populations doivent être considérées comme négligeables. Cette orthodoxie est devenue un obscurantisme et doit aujourd’hui être bousculée au profit d’un débat informé. Il est absurde et dangereux de nier les différences.
En 1942, l’anthropologue Ashley Montagu publiait un livre qui allait faire date, « Le plus dangereux mythe de l’humanité : le mensonge de la race ». Il y soutenait que la race est un concept social sans bases génétiques. Un exemple classique, souvent évoqué, est la définition incohérente du mot « noir ». Aux États-Unis, une personne est « noire » si elle compte un ancêtre, même lointain, issu de l’Afrique subsaharienne. Au Brésil, on n’est pas « noir » si on a un ancêtre, même lointain, originaire d’Europe. Si le mot « noir » désigne des personnes différentes selon le contexte, comment peut-il avoir une quelconque base génétique ?
À partir de 1972, les avancées de la génétique sont venues conforter cette thèse. Cette année-là, le généticien américain Richard Lewontin publie une importante étude sur les variations dans certains types de protéines du sang. Il regroupe les populations qu’il étudie en sept « races » (Eurasiens de l’Ouest, Africains, Asiatiques de l’Est, Asiatiques du Sud, Amérindiens, Océaniens et Australiens) et constate que la variation dans ces types de protéines est imputable à 85 % à des...