Publié dans le magazine Books n° 100, septembre 2019. Par Andrew Scull.
Foucault a incité bon nombre de jeunes chercheurs à s’intéresser à l’histoire de la folie. Mais sa critique de la psychiatrie est bâtie sur du sable. Il n’en reste pas moins l’universitaire en sciences humaines le plus cité du monde.
En 2007, le Web of Science, l’une des plus importantes bases de données universitaires, indiquait que Michel Foucault était l’universitaire en sciences humaines le plus cité au monde. Il a exercé une influence notoire sur un large spectre de disciplines – de l’histoire à la sociologie et aux sciences politiques en passant par l’anthropologie et la littérature. Pourtant, quand j’ai découvert le travail de Foucault, à la fin des années 1960, il était encore aux yeux des universitaires nord-américains une sorte d’obscur intellectuel français. Cette situation a changé du tout au tout au cours de la décennie suivante. En 1981, lorsqu’il est venu pour la première fois à l’université de Californie à Berkeley afin d’y donner un cycle de conférences, il était devenu une personnalité de premier ordre, perçu dans bon nombre de milieux comme l’un des intellectuels les plus importants du monde.
En France, Foucault avait accédé à la renommée un peu plus tôt, mais seulement depuis quelques années. Son premier livre,
Maladie mentale et personnalité – écrit en 1954, dans un état de grand trouble émotionnel et à la suite d’...