Publié dans le magazine Books n° 99, juillet/août 2019. Par Elizabeth Pennisi.
L’ONU s’est fixé comme objectif de restaurer 350 millions d’hectares de forêt d’ici à 2030. Mais comment faire ? Il ne s’agit pas forcément de planter. Des études montrent l’intérêt d’encourager la nature à reprendre ses droits. C’est aussi bénéfique pour l’environnement que pour les populations.
Quand l’écologue Robin Chazdon commence à s’intéresser aux forêts tropicales, dans les années 1990, elle choisit de sortir des sentiers battus. Alors que la plupart des chercheurs étudient des forêts intactes avant qu’elles disparaissent, elle décide de se concentrer sur ce qui repousse une fois que les arbres ont brûlé ou ont été coupés. Elle délaisse les sous-bois ombragés, un écosystème célébré dans les films de Hollywood, au profit de parcelles déboisées, où elle travaille sous un soleil de plomb, couverte de la tête aux pieds pour se protéger des arbustes hérissés d’épines et des piqûres d’insectes.
Des décennies durant, Robin Chazdon travaille dans un relatif anonymat, recueillant les miettes des financements disponibles pour l’étude de ces forêts dites secondaires. Ses conclusions vont à l’encontre des thèses dominantes, qui veulent que la forêt tropicale ne peut pas se régénérer et que la forêt de seconde venue est un désert biologique. Au fil du temps, Chazdon et certains collègues animés du même esprit...