La monnaie du futur
Publié le 21 juin 2019. Par La rédaction de Books.
Victor Dubreuil, Tonneaux d'argent, 1897
Facebook a annoncé officiellement, mardi 18 juin, le lancement dans l’année à venir d’une cryptomonnaie baptisée libra.
Le Bitcoin, la monnaie virtuelle la plus connue, n’était en effet que le signe avant-coureur de grands changements, selon Edward Castronova, professeur d’économie et de télécommunication. « Nous vivrons bientôt dans un monde où n’importe qui pourra frapper sa propre monnaie et créer son propre système de paiement », écrit-il dans Wildcat currencies. Le tout est fondé sur les possibilités offertes par les outils numériques de créer des échanges de données garantis par des technologies sécurisées comme la blockchain. La prochaine étape est ce que Castronova appelle « le transfert de valeur digitale » (digital value transfer), quand ces nouvelles monnaies et les monnaies légales (dollar, euro, yen, etc.) seront employées indifféremment.
Nous employons tous déjà des monnaies virtuelles : points de fidélité du supermarché, miles de compagnies aériennes, jetons dans les jeux en ligne. Celles-ci fonctionnent en circuits fermés. Elles ne permettent des échanges qu’avec la société qui les émet. Certaines ont cependant réussi à passer dans « le monde réel ». Ainsi, le Linden dollar, la monnaie du jeu Second Life, dispose d’un cours en dollar américain. Les Linden dollars gagnés en ligne peuvent être échangés contre des billets verts. Et en Chine, la Banque centrale a fini par interdire de troquer des QQ Coins (la monnaie d’un jeu en ligne) contre des yuans, car trop de gens utilisaient des cartes QQ Coins pour acheter des biens et services dans l’économie réelle.
Ces interconnexions vont continuer de se développer, assure Castronova. Selon lui, notre richesse future ne dépendra plus des seules monnaies légales. Nous pourrons payer indifféremment une baguette en euros, en jetons du jeu World of Warcraft, ou dans la monnaie créée par notre employeur.
Selon Castronova, ces nouvelles formes de monnaies ont l’avantage de faciliter les transactions, de donner un moyen d’échange aux personnes qui n’ont pas accès au système bancaire, et d’offrir plus de flexibilité pour financer des projets. Mais elles soulèvent aussi nombre de questions : comment garantir leur stabilité ? Comment les États vont-ils faire face à ces transactions qui échappent à leurs lois et aux taxations ? La réponse à ces questions façonnera l’économie du futur.
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