Tiananmen : une archive inédite du PC chinois
Publié le 7 juin 2019. Par La rédaction de Books.
Deng Xiaoping
Il y a trente ans Deng Xiaoping envoyait les chars réprimer brutalement les manifestations de la place Tiananmen. Le Parti communiste chinois a fait en sorte d’effacer le 4 juin 1989 des mémoires, mais cet événement marque toujours sa manière de gouverner, affirment les éditeurs de The Last Secret : The Final Documents From the June Fourth Crackdown. L’ouvrage tout juste publié par New Century Press, maison d’édition basée à Hong-Kong, présente les verbatim d’une réunion extraordinaire du Politburo convoquée deux semaines après le massacre. Le contenu de cette assemblée était resté secret jusqu’à aujourd’hui.
La réunion avait pour but de souder la direction du Parti autour de son leader Deng Xiaoping. Chacun des membres présents a dû exprimer rétroactivement son accord avec l’utilisation de la force sur la place Tiananmen et le limogeage du secrétaire général du parti Zhao Ziyang. Ces démonstrations de loyauté envers Deng prouvent que le système politique chinois est conçu comme une dictature personnelle. Il requiert une parfaite obéissance au chef, obtenue grâce à des purges périodiques et des promesses solennelles des survivants qui adoptent la version de la réalité promue par le nouvel homme fort du régime. En 1989, les manifestants sont présentés comme des jeunes leurrés par des agents perturbateurs étrangers. Aujourd’hui, la même explication est régulièrement avancée pour expliquer des protestations populaires.
Dans cette réunion censée promouvoir la cohésion, quelques anciens se permettent cependant de critiquer le processus de réformes engagé. Le Parti, alors et encore aujourd’hui, semble désemparé face aux conséquences sociales des transformations économiques qu’il a lui-même engagé.
Deng finira par se débarrasser de ce cercle informel d’anciens qui ne cessait de remettre en cause ses réformes. Il cède rapidement la présidence à Jiang Zemin, tout en continuant d’exercer son influence. Tous ses successeurs sont relativement faibles. Une sorte d’interrègne avant l’arrivée de Xi en 2012. Lui, organise rapidement une purge au sommet du régime (sous couvert de campagne anticorruption) et abolit le nombre limite de mandats à la présidence.
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