Publié dans le magazine Books n° 97, mai 2019. Par Amia Srinivasan.
Autant ces insectes n’attirent pas notre sympathie, autant ils inspirent les chercheurs. Les roboticiens sont fascinés par leur intelligence collective, les biologistes par leur faculté de transformer les végétaux en énergie. Mais sommes-nous en mesure de reproduire leurs exploits ?
Les humains ont souvent vu dans les insectes le reflet de ce qu’ils sont ou de ce qu’ils aimeraient être. Lorsque les premiers naturalistes européens ont jeté un œil à l’intérieur des termitières, des fourmilières et des ruches, ils y ont vu des microcosmes d’États bien organisés avec des monarques, des soldats, des ouvriers. En 1781, le naturaliste britannique Henry Smeathman rédige une communication pour la Société royale où il place les termites « en tête de liste des merveilles de la création », car ils « ressemblent le plus aux humains par leur prévoyance industrieuse et leur organisation sociale ». « Les termites, écrit-il, surpassent tous les autres animaux dans l’art de la construction », de même que « les Européens dépassent les sauvages moins cultivés. » De son point de vue, « il serait juste de parler de “noblesse” à propos de la caste “parfaite” des termites ailés, car ses membres ne travaillent ni ne peinent ni ne combattent, en étant parfaitement incapables », mais se consacrent en revanche à fonder de nouvelles colonies. Il considérait les termites ouvriers comme des « sujets volontaires » du « joli couple » que forment le roi et...