La littérature fait rarement vivre son homme. Mais elle peut désormais le faire revivre. Non pas en chair et en os, mais sous forme d’interlocuteur virtuel avec lequel on peut poursuivre, post mortem, une conversation. C’est, parmi les récents exploits de l’intelligence artificielle, le premier sans doute à comporter une dimension métaphysique.
Le magazine américain
Wired raconte en effet cette histoire, touchante, édifiante, inquiétante : comment James Vlahos, un journaliste californien spécialiste des nouvelles technologies, a voulu perpétuer John, son père, auquel on venait de découvrir à 80 ans un cancer généralisé. Désireux d’exploiter le temps qu'il leur reste pour mieux connaître et comprendre l’auteur de ses jours, James entreprend d’interviewer massivement John : treize séances étalées sur trois mois en 2016, dont la transcription comportera 91 270 mots, soit plus de 200 pages A4 bien tassées.
Que faire de tout ce vécu ? Un livre publié à compte d’auteur à distribuer à la famille, comme cela se fait fréquemment chez les bonnes gens ? James a une meilleure idée. Il se souvient qu’il a été informaticien avant de devenir journaliste et qu’il...