Apprendre à aimer les OGM
Publié le 15 décembre 2018. Par La rédaction de Books.
Le 10 décembre, la dernière d’une série d’études sur les conséquences sanitaires de la consommation de maïs OGM a été publiée dans la revue Toxicological Science. Comme les précédentes, celle-ci conclut que ces plantes n’ont eu aucun effet significatif sur la santé des rats de laboratoire. Fera-t-elle changer les anti-OGM d’opinion ? Pas si sûr. Le militant écologiste britannique Mark Lynas sait à quel point ce chemin est difficile. Lui-même anti-OGM de la première heure est aujourd’hui devenu un fervent défenseur de l’usage raisonné des technologies de modification génétique, comme il le raconte dans Seeds of Science.
Dans les années 1990, il travaillait pour Greenpeace et Earth First!. Il a cofondé le magazine Corporate Watch, dans lequel est paru l’un des tout premiers articles diabolisant les OGM. Au début des années 2000, il publie plusieurs livres sur le réchauffement climatique et notamment, en 2007, Six Degrees, qui lui vaut d’être distingué par la Royal Society, équivalent britannique de l’Académie des sciences. Dans ses ouvrages, il s’est appuyé sur de nombreux travaux scientifiques. Cela l’a incité à se plonger dans la littérature scientifique sur les OGM, ce qu’il n’avait pas fait jusque-là. Ce qu’il a lu l’a convaincu au point de faire des excuses publiques pour son écologisme anti-science.
Dans Seeds of Science, il souligne que si les militants se montrent aveugles et sourds face aux preuves scientifiques, les chercheurs et les industriels ont présenté le génie génétique de façon très maladroite au grand public. Commencer par l’utiliser pour mettre au point des plants résistants aux herbicides a créé un amalgame entre ce nouvel outil et l’industrie chimique, qui avait déjà mauvaise réputation. Si les premières créations avaient été des semences permettant aux agriculteurs d’utiliser moins de pesticide, tout aurait été différent, assure Lynas. Employer une nouvelle technologie implique un jugement moral sur les objectifs de celle-ci. « Utilisons la science comme l’outil merveilleux qu’il est », écrit Lynas, « mais respectons aussi les sentiments de la société, en n’allant pas au-delà de ce qu’elle estime être une intrusion humaine raisonnable dans la biosphère ».
À lire aussi dans Books : L’Afrique otage des OGM ?, septembre 2010.