L’art guérisseur
Publié le 26 octobre 2018. Par La rédaction de Books.
Le Jugement dernier, Van Der Weyden.
Le musée des Beaux-Arts de Montréal propose aux médecins canadiens de prescrire des visites gratuites à leurs patients dans le cadre de différentes pathologies, du diabète à la dépression.
Les hôpitaux ont longtemps été eux-mêmes un lieu privilégié d’exposition, rappelle le critique d’art britannique Richard Cork dans The Healing Presence of Art. À partir de la fin du Moyen Âge, de nombreux chefs-d’œuvre sont peints pour décorer ces établissements. Le premier d’entre eux est le polyptyque de la Miséricorde commandé à Piero della Francesca en 1445 pour orner l’Ospedale de Santa Maria della Scalla à Sienne. Sur le tableau central, la Vierge protège les chrétiens sous son manteau bleu, une image qui se veut réconfortante. Les hôpitaux sont alors des lieux de soin, mais surtout des refuges pour les miséreux. Les mécènes qui fondent ces lieux charitables pensent que l’art fait partie intégrante de leur mission et participe notamment à la guérison. Le bienfaiteur de la commanderie des Antonins à Issenheim, au sud de Colmar, demande ainsi expressément à ce que les malades soient conduits avant tout traitement devant le retable qu’il a commandé au peintre allemand Matthias Grünewald en 1506. Sur le panneau central, le Christ crucifié offre une image saisissante de la douleur physique. Sa vue devait remuer les malades et les convaincre de la possibilité d’un miracle.
De toute façon, personne ne comptait sur les médecins à l’époque. S’il y avait une possibilité d’une guérison, elle était entre les mains de Dieu. Sinon, mieux valait se préparer à la mort. C’était la mission de l’œuvre commandé par Nicolas Rolin, fondateur des hospices de Beaune : Le Jugement dernier, peint par Rogier van der Weyden entre 1443 et 1452. Le retable était d’ailleurs présenté dans la grande salle des pauvres pour que tous puissent l’avoir sous les yeux chaque jour.
À lire dans Books : Le livre, remède de l’âme et du corps, septembre 2015.