Comment faire du sport sans bouger un orteil

Plusieurs biologistes travaillent à la mise au point d’une molécule reproduisant les effets bénéfiques de l’activité physique sur l’organisme. Ce médicament, qui pourrait être extrêmement lucratif, pose des questions abyssales – qui en disent long sur l’évolution de notre société.


© Martin Parr / Magnum

Les bienfaits de l’activité physique sont avérés, et l’OMS recommande deux heures et demie d’exercice par semaine. Mais les chercheurs peinent encore à comprendre les processus à l’œuvre.

Nous sommes à la fin de l’été 2017. Les tours grises de l’Institut Salk, à San Diego, se fondent dans la brume océanique. L’austère cour centrale ­dallée de marbre est silencieuse et déserte. Sur la pelouse sud, un coin paisible où ont souvent lieu des cours de yoga et de tai-chi, aucune trace de vie non plus. Il émane toutefois des grilles d’aération de la bordure en béton une légère odeur d’ammoniaque provenant des quelque 2 000 cages de souris de laboratoire héber­gées au sous-sol. Dans un bureau avec vue sur l’océan, le biologiste ­Ronald Evans me présente deux spécimens : Gros Mollasson et Lance Armstrong. La souris Gros Mollasson a été élevée pour représenter l’Américain moyen. Son activité physique quotidienne se limite à se dandiner de temps à autre jusqu’à un bol rempli à ras bord de granulés contenant essentiellement des sucres et des graisses – granulés dont le goût rappelle, à ce qu’il paraît, celui de la pâte à biscuit et qui représentent la version de laboratoire du « régime alimentaire occidental ». Cette souris léthargique se prélasse...
LE LIVRE
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Sweat: A History of Exercise de Bill Hayes, Bloomsbury Publishing, 2019

ARTICLE ISSU DU N°91

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