Publié dans le magazine Books n° 88, mars/avril 2018. Par Martyn Rady.
Ancien libéral et opposant au régime communiste, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán est devenu l’artisan d’un système de plus en plus autoritaire, clientéliste et corrompu. Son discours, nationaliste et anti-européen, lui vaut même quelques sympathies au sein de l’UE.
En 2010, un institut de sondages tout ce qu’il y a de sérieux indiquait que plus de 70 % des Hongrois estimaient qu’ils vivaient mieux sous le communisme. Cette proportion élevée pouvait en grande partie s’expliquer par la nostalgie d’une époque de plein-emploi et de protection sociale pour tous. Huit ans plus tard, les Hongrois sont en mesure de vérifier par eux-mêmes si le régime communiste était meilleur, tant leur vie d’aujourd’hui ressemble à celle d’avant 1989. Ils vivent dans un État à parti unique, la Fidesz, qui, depuis 2010, a réécrit la Constitution et remanié le système électoral de sorte qu’il ne pourra pas être facilement délogé du pouvoir. À part quelques publications confidentielles, les médias sont sous le contrôle de l’État et les journalistes pratiquent de nouveau l’autocensure. La séparation des pouvoirs n’est plus, avec une Cour constitutionnelle inoffensive et des députés aux ordres votant tout ce que le gouvernement leur soumet. L’économie est en panne et maintenue sous perfusion par les subventions de l’Union européenne. Émigrer à l’Ouest semble la seule solution pour de nombreux...