Publié dans le magazine Books n° 88, mars/avril 2018. Par Fiona MacCarthy.
Le dernier grand smog de Londres date de 1962, mais ce brouillard mythique, dû à la fois à la situation géographique de la capitale britannique et à la pollution atmosphérique, continue à vivre dans la mémoire de ses habitants. Néfaste pour la santé, il a beaucoup inspiré les artistes.
«Londres. La session judiciaire de la Saint-Michel vient de se terminer, et le Lord Chancelier siège à Lincoln’s Inn Hall. Implacable temps de novembre. Autant de boue dans les rues que si les eaux du Déluge venaient tout juste de se retirer de la surface de la terre et qu’il n’était pas exceptionnel de rencontrer un mégalosaure de quarante pieds de long se dandinant comme un lézard éléphantesque pour gravir la colline de Holborn. La fumée tombe des tuyaux de cheminée en une bruine molle et noire, traversée de flocons de suie aussi larges que des flocons de neige adultes, dont on pourrait croire qu’ils portent le deuil du soleil. » (1)
Les lignes sur lesquelles s’ouvre le roman
Bleak House, de Charles Dickens
[dont le titre a parfois été traduit par La Maison d’Âpre-Vent
], évoquent un phénomène propre au climat anglais, qui a duré depuis l’époque élisabéthaine jusqu’au début des années 1960, avec un pic dans les dernières années du XIXe siècle. Cet épais brouillard de Dickens en était venu à caractériser Londres...