Publié dans le magazine Books n° 86, novembre / décembre 2017. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Dans son encyclopédie des rêves, Artémidore de Daldis allait plus loin que Freud. Plus hardi dans la recension des fantasmes, il était aussi plus péremptoire dans leur interprétation.
Rêver que l’on est mort et enterré : voilà une prémonition, a priori, peu séduisante. Eh bien non, explique un Syrien du IIe siècle, Artémidore de Daldis. Il écrivait en grec, traduit ici dans le français du XVIIe : « Songer être mort signifie noces, à celui qui est à marier car mort et mariage se représentent. Et pourtant aussi aux malades songer de se marier et célébrer noces, est signe de mort. À celui qui a femme, le fait de mourir lui signifie séparation, ou de compagnons, parents et amis : car les morts ne sont pas avec les vivants, ni le contraire. À celui qui est chez soi, cela signifie aller dehors ; c’est un bon songe pour les pères, les poètes, orateurs et philosophes, car les premiers auront enfants qui vivront, les autres composeront œuvres de mémoire. » Autrement dit, en matière d’interprétation des rêves, tout est question de circonstances – qui est le rêveur, quelle est sa position sociale, dans quelle situation se trouve-t-il cette nuit-là ? Chaque rêve est spécifique, car chaque dormeur puise dans son réservoir propre et unique de métaphores (...