Publié dans le magazine Books n° 86, novembre / décembre 2017. Par Patrick Barkham.
Introduit en Angleterre au XIXe siècle, l’écureuil gris américain s’est multiplié aux dépens de son cousin européen au pelage roux. Dans les régions du Nord, une armée de bénévoles use de tous les moyens pour combattre cette espèce exotique envahissante.
Par une aube neigeuse de mars, je vais chasser l’écureuil dans le Lake District. Dans les bois silencieux et déserts au-dessous des chutes d’Aira Force, la seule chose qui bouge est un écureuil roux solitaire, en équilibre sur une mangeoire suspendue à un arbre et remplie de fruits secs. Si vous avez grandi, comme moi, entouré d’écureuils gris, en voir un roux fait un choc. Nous sommes habitués au gris, un animal au poil soyeux importé d’Amérique du Nord qui se pavane dans les parcs, avec son arrière-train dodu et ses yeux noirs proéminents, et pille les mangeoires des oiseaux. En comparaison, l’écureuil roux, bien qu’autochtone, paraît exotique : si délicat, si agile, avec ses jolies petites touffes de poils sur les oreilles. Là, dans la neige, ce petit lutin des forêts est animé d’un improbable et gracieux frémissement de ballerine et puis, schuss, il glisse sur le couvercle glacé de la mangeoire et tombe par terre. Sur ses pattes.
Julie Bailey, une ancienne gymnaste à la chevelure rousse en cascade, est venue me prendre avec son 4x4 pour aller admirer cet acrobate-né. Aux chutes d’...