Confessions d’un toqué de montres
Publié dans le magazine Books n° 85, septembre / octobre 2017. Par Gary Shteyngart.
Début 2016, alors que Donald Trump entame son ascension vers la présidence des États-Unis, un écrivain new-yorkais d’origine russe est pris d’une passion aussi subite que dispendieuse pour les montres. Et découvre un monde qui devient sa nouvelle terre d’asile.
Gary Shteyngart : « Quand j’étais enfant, mon premier ami fut une montre, une Casio H-108 12 Melody Alarm. Elle jouait douze mélodies, dont Kalinka, une chanson de ma Russie natale. »
Un jour de février, je prends le métro. Cela m’arrive rarement. Depuis que j’ai eu 40 ans, ma claustrophobie s’est aggravée. Il y a quelques années, je suis resté coincé pendant une heure dans un ascenseur avec un type qui pesait 160 kilos et ses deux chariots à provisions pleins à ras bord de sachets de Tostitos et de bouteilles de Canada Dry – une expérience à la fois terrifiante et solitaire. L’ascenseur avait tout bonnement lâché. Et si une rame de métro refusait elle aussi de bouger ? Du coup, je me suis mis à parcourir à pied soixante-dix pâtés de maisons ou à dépenser une fortune en taxis. Mais, ce jour-là, je prends la ligne N.
Quelque part entre la 49e et la 42e...