Publié dans le magazine Books n° 84, juillet / août 2017. Par Jean-Louis de Montesquiou.
L’Ancien Testament regorge d’agents doubles et de séductrices intéressées. Très tôt, le peuple juif a pallié sa faiblesse militaire en tablant sur le renseignement.
Moïse envoie douze espions – un par tribu – s’informer de l’état des lieux (Nombres 13, 18-30) : « Comment est le pays où cette population habite : est-il bon ou mauvais ? Comment sont les villes où cette population habite : sont-elles des campements ou des forteresses ? Comment est ce pays : sa terre est-elle grasse ou maigre ? Y pousse-t-il ou non des arbres ? Rassemblez vos forces et prenez les fruits du pays. »
Le successeur de Moïse, Josué, enverra à son tour, « discrètement » deux espions, de vrais pros. Ceux-ci iront droit au bordel de Jéricho, s’acoquineront avec la prostituée Rahab, obtiendront d’elle des renseignements de première main qu’ils transmettront tels quels à Josué : « C’est bon, on peut y aller ».
« Rahab est la première espionne au service des Israélites », écrit Rose Mary Sheldon dans un livre consacré aux espions de la Bible. Rahab inaugure une longue liste de redoutables agentes secrètes. Suivront notamment Déborah la rusée, qui, grâce à l’agent double Heber, entraînera le roi de Canaan dans une embuscade fatale (Juges 4, 4-23). Puis Dalila, dont est épris Samson à la force magique. Les Philistins s’achèteront ses services contre 1 100 pièces...