L’invention du diable
Publié le 5 mai 2017. Par La rédaction de Books.
FN oblige, les mots diabolisation et surtout dédiabolisation ont été fréquemment employés pendant cette campagne présidentielle. Satan n’en demandait pas tant, lui qui perd en influence depuis des siècles. La crainte du diable a en effet atteint son sommet au début de l’époque moderne. Dans sa nouvelle biographie de Belzébuth « Le diable et ses anges », l’éminent historien de philosophie médiévale, Kurt Flasch rappelle que les grandes chasses aux sorcières, ces femmes censées être possédées par le diable, datent des XVIe et XVIIe siècles. Ces traques étaient une autre version des procès en hérésie. L’Eglise leur reprochait en fait moins de vénérer le diable, que de ne pas aimer dieu. Car le diable est une invention totalement chrétienne, souligne Flasch.
Son personnage ne s’impose vraiment que dans le Nouveau Testament. Dans les écrits précédents, il n’est pas réellement présent. Il n’est pas le serpent du péché originel. Il n’est pas l’ « Adversaire » de Job, qui est présenté comme l’un des fils de dieu, un instrument destiné à éprouver Job. Les livres d’Amos et d’Isaïe réfutent totalement son existence. Alors pourquoi prend il tant d’importance par la suite ? Car il est très utile. Selon Flasch, l’élite spirituelle l’emploie dans un but bien précis : discipliner le peuple.
A lire aussi: Quand le diable est-il entré en lui ?, Books, février 2014.