Publié dans le magazine Books n° 83, mai / juin 2017.
Évoquant un monde provincial divisé par un projet d’éoliennes, la romancière Juli Zeh explore les contradictions identitaires de ses compatriotes.
«La littérature germanophone a la réputation d’être cérébrale, expérimentale, exigeante », constate Sieglinde Geisel dans le
Neue Zürcher Zeitung. Et il est vrai que les romans allemands contemporains présentent souvent le défaut de ces qualités : ils sont ennuyeux. « Pas facile de trouver le juste milieu entre le divertissement et l’ambition stylistique », poursuit Geisel, qui croit cependant avoir trouvé la perle rare avec
Unterleuten. Elle n’est pas la seule. Les lecteurs se sont arraché ce roman de 600 pages paru il y a quelques mois outre-Rhin. Juli Zeh était déjà une habituée des listes de meilleures ventes, mais ce dernier opus a dépassé toutes les attentes.
Unterleuten est le nom d’un village (imaginaire) du Brandebourg, à une heure de route de Berlin et néanmoins à des années-lumière de la capitale allemande. Un monde où l’on vit « entre soi » (c’est l’une des traductions possibles
d’unterleuten). Des habitants enracinés depuis plusieurs générations, qui ont connu les expropriations sous le communisme, entretiennent de vieilles rancœurs et cohabitent avec les nouveaux arrivants, des urbains...