Publié dans le magazine Books n° 81, janvier / février 2017. Par Annalee Newitz.
Ils se glissent dans les interstices des villes pour mieux en révéler les failles. Et si les voleurs dessinaient une nouvelle géographie du monde urbain ?
Ne vous fiez pas à son titre : le « Guide urbain du cambrioleur », de Geoff Manaugh, ne vous apprendra ni à pénétrer par effraction chez les voisins, ni à mettre en échec, grâce à d’ingénieux systèmes d’alarme, les habiles monte-en-l’air qui tenteraient de vous dévaliser. L’ouvrage explore une idée bien plus insolite et intéressante : pour Manaugh, le cambriolage est inscrit dans l’ADN des villes. Il est consubstantiel à l’architecture.
L’auteur s’intéresse aux « mauvais usagers » des villes, ces personnes qui refusent de laisser les murs, les portes et les plafonds entraver leur soif de rapine. Les cambrioleurs comptent en ce sens parmi les plus grands critiques d’architecture de l’histoire : ils trouvent la faille de tous les bâtiments et les reconfigurent de l’intérieur, creusant des tunnels sous le sol des banques ou ménageant des passages parfaitement découpés dans les murs entre deux appartements.
Manaugh fait alterner récits de malfaiteurs et témoignages de ceux qui les combattent. On y croise aussi bien des détectives à la retraite que des concepteurs de « panic rooms »
[chambres fortes destinées à accueillir les occupants...