Publié dans le magazine Books n° 81, janvier / février 2017.
Coqueluche des universités anglo-saxonnes, le philosophe français continue de défendre l’idée de la terreur émancipatrice.
« Principale exportation française », titrait récemment le magazine britannique
Prospect, Alain Badiou est une star dans les milieux anglo-saxons. Moins populaire que
son ami Žižek, il est omniprésent dans les facultés de lettres. C’est le dernier avatar de l’engouement pour la « French Theory ». Pas moins de 43 de ses livres ont été traduits en anglais, et 18 ouvrages en anglais lui ont été consacrés.
Žižek reconnaît sa dette à son égard au moins sur plusieurs points. En particulier celui-ci : « L’idée provocatrice de Badiou que l’on devrait aujourd’hui réinventer la terreur émancipatrice est l’une de ses plus profondes intuitions. » De ce point de vue, les deux philosophes sont plus proches de Georges Sorel que de Marx, relève le philosophe anglais John Gray. Dans un texte souvent cité, Badiou approuve les révolutionnaires qui ont guillotiné Lavoisier, attribuant à tort à Fouquier-Tinville la phrase célèbre : « La République n’a pas besoin de savants. »
Badiou et Žižek ont coédité deux gros volumes sur « l’idée du communisme ». Mais « le plus grand philosophe français vivant » (dit-il...