On manipule bien les white trash

Depuis le XIXe siècle, des politiciens cyniques exploitent le ressentiment des prolétaires blancs américains. Leurs professions de foi populistes et racistes évacuent opportunément la question des inégalités.


©Bettman/Getty

En septembre 1957, Elizabeth Eckford fait sa rentrée à la Central High School de Little Rock (Arkansas). Derrière elle, une lycéenne blanche, Hazel Bryan, éructe des injures. L’incarnation de l’Amérique white trash.

Une photographie iconique du Mouvement pour les droits civiques a pour sujet une lycéenne noire de 15 ans, Elizabeth Eckford. On la voit alors qu’elle tente de pénétrer dans la Central High School de Little Rock, Arkansas, à qui la Cour suprême avait ordonné en 1957 d’admettre neuf élèves noirs. La jeune fille a l’air digne et sérieux. Derrière elle, une lycéenne blanche éructe des injures. Dans son nouveau livre White Trash, Nancy Isenberg reconnaît en elle « le visage des petits Blancs. Ignorants. Sans remords. Cruels par nature. Ayant pour seul horizon la reproduction à l’identique du mode de vie au sein duquel ils sont nés ». Cette jeune femme, Hazel Bryan, correspondait parfaitement à ce stéréotype. Elle avait grandi dans une maison sans eau courante, élevée par des parents qui n’avaient pas achevé leur scolarité, et battue par son père. Elle devait ensuite abandonner ses études, se marier et s’installer dans le logement par excellence du sous-prolétariat blanc américain au XXe siècle : une caravane. Un aspect moins connu de cette histoire concerne le lycée R. C. Hall. Situé dans...
LE LIVRE
LE LIVRE

White Trash: The 400-Year Untold History of Class in America de Nancy Isenberg, Viking, 2016

ARTICLE ISSU DU N°80

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